AC Montbrison : série 4W 59.

Monsieur le Maire. J’étais en voyage lorsque vous m’avez fait écrire que vous acceptiez les conditions que je vous ai fait connaître. Pour mes honoraires, j’avoue que je supposais que l’établissement du jardin que la ville se propose de faire s’élèverait à un chiffre plus élevé que celui que vous m’annoncez.

Mon voyage et le temps que je dépenserai pour l’établissement du plan et de ses détails seront peu rémunérés, je ne reviendrai pas sur ma parole, mais afin que cela ne me soit pas trop onéreux, je vous prierai de m’accorder quelques délais, jusqu’à ce que j’ai affaire à Lyon. C’est moi qui suis chargé de la direction des plantations et dessins des jardins que la ville a fait exécuter depuis deux ans. J’espère aller à Lyon vers la fin de juillet, j’aurai l’honneur de vous écrire quelques jours à l’avance de l’époque fixée pour mon voyage.

Soyez persuadé Monsieur le maire que malgré mon observation les intérêts de la ville ne seront pas sacrifiés aux miens. J’ai l’honneur d’être Monsieur le Maire votre très humble serviteur Denis Bühler, 147 rue de Grenette, [à Paris].

Lettre du Directeur du service des Cultures de la Ville de Lyon au Maire de Lyon. 21 août 1924. AC Lyon. 726 WP/120, dossier 10.

République française. Ville de Lyon. Direction des Cultures au Parc de la Tête d'Or.

Lyon, le 21 août 1924,

Le Directeur du service des Cultures de la Ville de Lyon à Monsieur le Maire de Lyon,

Vous avez bien voulu m'informer que le budget de la taxe de séjour pour 1924, qui vient d'être approuvé par Monsieur le Préfet du Rhône, contient notamment un crédit de 10000 fr pour travaux au jardin botanique du Parc de la Tête d'Or.

Vous me priez de me concerter avec Monsieur Antoine Rivoire, vice-président de la Chambre d'Industrie touristique1 et de vous adresser ensuite pour être soumis au Conseil municipal les projets d'exécution de ces travaux avec les indications de leurs modes d'exécution. Vous ajoutez qu'il est désirable que ces travaux soient entrepris le plus tôt possible afin d'éviter le report au budget de 1925 des crédits ouverts.

Les travaux envisagés doivent amener une amélioration notable de la pièce d'eau dans laquelle, et au pourtour de laquelle, sont cultivées des plantes ornementales de pleine eau et des terrains humides supportant notre climat (nymphéas dont il a été créé dans ces derniers temps une très riche collection, nénuphars, iris parmi lesquels les iris du Japon sont aussi beaux que les belles orchidées, etc., etc.).

Ainsi que je vous l'exposais dans un rapport en date du 22 novembre 1913, touchant à l'emploi du legs Douvillé, fait par Madame Ve Bosson pour l'amélioration du jardin botanique, l'installation actuelle des aquatiques de plein air laisse fort à désirer : les cultures y sont difficiles parce que les dispositions adoptées il y a trente ans n'ont pas répondu aux espérances. En creusant tout simplement une dépression sur le parcours de La Rize on espérait que le sol se colmaterait vite et tiendrait l'eau, ce qui ne s'est point produit, de plus les rats d'eau en creusant leurs galeries amènent la formation de conduits par lesquels l'eau s'échappe en quantité, de telle sorte que pour maintenir le plus d'eau un apport incessant de liquide s'impose, à la suite, l'eau n'a pas le temps de s'échauffer et les cultures languissent faute du calorique voulu.

Divers moyens ont été mis en œuvre pour porter remède à cette situation. Les résultats meilleurs obtenus ne se sont jamais maintenus longtemps. La lutte n'aura de fin que le jour où le bassin, cimenté, aura été rendu étanche.

Le 16 février 1914, le Conseil municipal affectait à ce travail le legs Douvillé. Les opérations devaient commencer en automne. Les hostilités ont empêché la réalisation du projet et aujourd'hui le montant du legs Douvillé (4758 f 68) est devenu tellement insuffisant que nous avons été contraint d'abandonner l'idée de lui donner cette destination, nous réservant de vous présenter un nouveau mode d'emploi.

Le 29 septembre 1922, dans un rapport qui vous a été adressé, a été émise l'idée que les fonds devenus nécessaires (une vingtaine de mille francs) pourraient être fournis par le produit de la taxe du tourisme. A la suite, la Chambre d'Industrie touristique proposait de mettre cette somme à la disposition du Jardin botanique en deux annuités (budget de 1924 et 1925) de 10000 f chacune. Du moins les choses étaient ainsi présentées dans le budget d'une durée quinquennale, dressé à un certain moment par la Ch. d'Industrie touristique.

Aujourd'hui, 10.000 francs sont mis à la disposition du Jardin botanique pour 1924, mais les travaux ne pouvant être entrepris que si l'assurance est donnée que le complément des 20000 f sera fourni à bref délai. En effet, par mesure d'économie, nous proposons d'exécuter le travail en régie, ce qui entraine des paiement fréquents de la main d'œuvre qui absorbera environ 11000 f, les fournitures de gravier, sable, chaux et ciment entrainant une dépense d'environ 5000 f, l'achat des plantes 4000 f.

On peut certes commencer avec les dix mille francs obtenus, mais à cette condition expresse que le reliquat des 20000 f indispensables ne manquera pas et, mieux encore, qu'il ne se fera pas attendre en 1925 : le terrassement et la maçonnerie devant être exécutés dans les derniers mois de 1924 et les premiers de 1925. L'achat des plantes attendra la fin, l'automne de 1925.

Les plantes flottantes seront cultivées en bacs cimentés faisant corps avec l'ensemble et placés en contrebas du radier. Chaque plante aura son logis nettement délimité et, ainsi, seront évités les luttes pour l'occupation du terrain par les plantes voisines, luttes dans lesquelles les plus belles, ordinairement aussi les plus délicates, succombent sous les espèces rustiques plus voraces.

Les bords du bassin tenus humides supporteront les espèces ?essées des marécages ainsi qu'une île en miniature.

Le devis que nous présentons fait état des 20000 f promis. Il s'établit par chapitres de la façon suivante :

Terrassements : 4399.20

Bétons et ciment (maçonnerie) : 10227.00

Reconstitution de la collection des Aquatiques : 3900.00

A valoir pour imprévus : 1473.80

au total : 20000.00

Les travaux seront exécutés en régie.

Les plantes ne pouvant se rencontrer toutes chez le même fournisseur seront acquises de gré à gré.

signé R. Gérard

note 1 : Le présent rapport exprime le désir de Monsieur A. Rivoire.