Entre les deux guerres, au moment où l'automobile entre peu à peu dans les moeurs française, de nombreux magasins et garages automobiles se sont élevés dans toute la France, pour répondre au besoin de ce marché nouveau. André Citroën, dès 1919, dote sa firme d'un service architecture, spécialement chargé de la réalisation de ses points de vente. Entre 1924 et 1934, ce service dirigé par l'architecte Jacques Ravazé, établit les plans et dirige les travaux de construction de magasins et ateliers dans une quarantaine de villes en France et à l'étranger. Il existe à Lyon un petit magasin Citroën, bien localisé, place de Viste (à l'angle de la place Bellecour de la rue de la République et de la rue de la Barre) qui servait de vitrine de la marque Citroën, ce magasin est occupé aujourd'hui par un magasin de chaussures. C'est en 1928, que la Société Citroën décide alors de doter Lyon de ce que l'on appelle alors une organisation centralisée regroupant les différents services d'exposition, de vente, de stockage, de réparation de voiture ainsi qu'un atelier de sellerie et de peinture. Construite entre 1930 et 1932, dans le quartier de l'Université, (sur l'emplacement de l'ancienne vitriolerie de la Guillotière), la succursale de Lyon est la plus monumentale de cette série et l'une des dernières. En effet, après la faillite de Citroën en 1934, la création de succursales ne reprend qu'à la fin des années 1950, avec des établissements localisés en dehors des villes, à proximité des nouveaux réseaux autoroutiers. La caractéristique du bâtiment est de traduire le plus exactement possible par ses façades les différentes fonctions de chacun des étages. Les magasins d'exposition ont été prévus en façade sur les rues très fréquentées (rue de Marseille et rue de l'Université). Le rez-de-chaussée et l'entresol sont réservés à la commercialisation des voitures neuves, le 1er étage à la vente des voitures d'occasion, le deuxième et troisième étage aux ateliers de réparation, le quatrième étage aux stockage des voitures neuves. Du fond du hall, sont placés le départ de la rampe montante et l'arrivée de la rampe descendante. Les deux rampes d'accès à sens unique, placées l'une au-dessus de l'autre, le long de la façade rue Béchevelin, utilisent les mêmes points d'appui jusqu'au 5ème étage. Les étages sont desservis par les dites rampes dont le développement est de 350 mètres, la pente de 13, 5% qui permettent le doublement de deux voitures normales et l'accès des autobus. Cette organisation est la même aujourd'hui. Au travers de ce rideau de glace et derrière les balustrades en ferronnerie, les voitures s'installaient "au parterre, loges et balcons" suivant le parti retenu par Laprade et Bazin pour le garage Marbeuf à Paris (1929). Malheureusement, en 1971, l'installation d'un plancher intermédiaire au 1er étage est venu dénaturer l'esprit théâtral des volumes d'origine de ce hall. L'organisation du travail, à l'intérieur de la succursale est pensée de façon rationnelle et utilise des moyens techniques d'avant-garde comme les élévateurs hydrauliques. Une plaquette publicitaire de l'époque présente la succursale de Lyon comme "la plus grande station-service du monde". C'est le plus monumental et le mieux conservé de la série de garages construits par Maurice-Jacques Ravazé accompagné de Jean Prouvé pour la société Citroën, le seul à avoir conservé l'ensemble de ses fonctions initiales. Le succursale Citroën a employé jusqu'à 500 personnes. Actuellement 75 personnes sont employées au garage. Durant la Seconde Guerre mondiale, des salariés du garage ont été déportés pour avoir fait acte de résistance lors de la fabrication de batteries. Une plaque commémorative localisée sur la façade ouest (rue de Marseille) rappelle ce fait et les noms des personnes décédées en déportation.
Une annexe existe à Vénissieux. Le garage est doté d'une capacité de 150 voitures par étage. Monument représentatif de l'architecture des années 30, très peu modifié, c'est aussi un édifice symbolique, véritable palais du XXe siècle, consacré à l'automobile appelé par le personnel du garage dès les années 1960 "la cathédrale". En 1992, le garage est inscrit en totalité au titre des monuments historiques, sur une proposition et avec l'aide d'un des employés du garage monsieur Régis Malartre (neveu du directeur du musée de l'automobile de Rochetaillée).
Octobre 2011 : le garage vient d'être acquis par le groupe immobilier lyonnais 6e Sens, projet de développer sur 30 000 m² 200 places de parking et 13 500 m² de bureaux. C’est en 2011 que 6ème Sens Immobilier devient propriétaire des lieux et entreprend la requalification de l’édifice. En 2012, SUD Architectes en collaboration avec ALEP Architectes, réinvestissent le volume du garage pour faire cohabiter plusieurs programmes tout en veillant à conserver l’identité du bâtiment qui s’appelle désormais le New Deal (cf annexe reconversion).