AD 69, 10 M 246 (syndicat des sculpteurs sur bois, ouvriers, 1875)

Département du Rhône. Construction d'un hôtel de préfecture. Cabinet de l'architecte. Agence des travaux : cours de la Liberté, 17. Lyon, le 26 juin 1888. Objet : ouvriers sculpteurs italiens.

Monsieur le Secrétaire général,

Je m'empresse de répondre à la communication qui m'a été faite, de votre part, de la lettre ci-jointe à vous adressée par votre collègue Monsieur le Secrétaire général de la police ; lettre relative à l'emploi dans les travaux de l'hôtel de préfecture d'ouvriers sculpteurs d'origine italienne, à l'exclusion des ouvriers Français.

1° Les ouvriers français ne sont point exclus des travaux, et le jour où j'en fis le contrôle en présence de Monsr le Président de la Commission départementale, il n'y avait que 3 Italiens sur 18 ouvriers.

2° Il est faux que Messieurs Miaudre et Breton aient passé leur entreprise à des sous-traitants. (Monsr Miaudre a pour associé Monsr Bayol son gendre dont le nom figure dans le marché autorisé) ni l’un ni l’autre n’ont cédé leur entreprise ; ils ont exécuté eux-mêmes leur modèle sous mes yeux.

Ils ont, comme toujours, fait marché avec divers ouvriers pour la mise à exécution de ces modèles. Parmi ces ouvriers, Monsr Breton a deux italiens très habiles auxquels il fait exécuter les 14 chapiteaux composites du grand escalier, et dont l'un habite Lyon depuis vingt-cinq ans. Monsieur Causse s'est rendu compte de l'importance de ce travail qu'on ne peut faire terminer que par ceux qui l'ont mis en œuvre.

Monsr Bayol avait un ouvrier italien, il l’a, sur ma demande, retiré du chantier pour l’occuper dans son atelier.

3° Il n'existe, dans le cahier des charges, aucune clause réservant le travail aux ouvriers français ni interdisant l'emploi d'ouvriers étrangers.

4° Je n'ai pas à intervenir, du point de vue du salaire, dans les marchés passés entre les entrepreneurs et leurs ouvriers mais je dois reconnaître que les ouvriers sculpteurs italiens sont généralement plus habiles que les ouvriers français, et j'ai dû faire renvoyer un de ces derniers pour cause d'incapacité.

En résumé les ouvriers Français sont quatre fois plus nombreux que les étrangers et Monsr Breton a demandé qu'on l'autorisât à faire achever par l'Italien qui les a commencées les sculptures du grand escalier après quoi il le retirera du chantier de la Préfecture.

Ainsi que je l'ai exposé plus haut, j'ai eu l'honneur il y a 15 jours, de m'entretenir de cette affaire avec Monsieur Causse auquel j'ai remis une note, à peu près pareille à celle-ci et qu'il a dû communiquer à Monsieur le Président de la Commission de contrôle,

Veuillez agréer, Monsieur le Secrétaire général, l'expression de mes sentiments les plus dévoués,

signé : An Louvier