SYNTHESE
(par Alain Canal)
J. Mouxy de Loche avait daté, sur des critères typologiques, ce monument du début du principat d'Auguste. Or, d´après l´étude environnementale et les relations stratigraphiques observées lors de la fouille du parking de la place Maurice-Mollard et lors de la relecture des vestiges des thermes antiques, cette hypothèse doit être abandonnée au profit de celle formulée par J. Prieur qui a placé l´édification de l´arc à la fin du Ier siècle de notre ère.
Le monument isolé dans le contexte antique d'Aix continue de susciter l'intérêt des chercheurs. Son emplacement aux abords du temple et des thermes permet de s'interroger sur sa fonction exacte : arc funéraire, arc commémoratif ou honorifique ? Qui était, en effet, ce L. Pompeius Campanus pour avoir édifié de son vivant un tel monument ? Citoyen, évoqué par le tria nomina, et riche notable allobroge de la cité de Vienne ? On remarquera qu'aucune tombe contemporaine n'a été découverte en association ou dans l'environnement immédiat de l'arc, la nécropole connue la plus proche se situe à trois cent mètres au nord. Un sarcophage, dégagé en 1854 sous l´hôtel Astoria, dans le jardin Vidal, a été daté par J. Mouxy de Loche du IIIe siècle. L'objection principale à l'interprétation funéraire, réside dans l´interdit religieux romain portant sur les sépultures urbaines.
On note que l'arc n'a pas une orientation en rapport avec une voie nord-sud, qui aurait pu longer la nécropole, mais, qu'il est orienté avec les constructions monumentales du temple et des thermes. On ajoutera que les inscriptions situées sur la face occidentale de l'arc offraient une perspective unique à quiconque arrivait aux thermes. L'ensemble de ces observations crédibilisent une autre hypothèse consistant à interpréter le monument comme une porte monumentale ouvrant vers les thermes. Dans le carnet personnel manuscrit où sont consignées les fouilles qu´il a conduites avec Jomard en 1834, Charles Despine témoigne de l'existence sous l'arc d'un "passage pavé de larges dalles usées sur lesquelles on voyait la trace des roues des chars qui y passaient".
Par ailleurs, la disposition des niches, alternativement en cul-de-four et à fond plat, réunies en deux groupes symétriquement ordonnés par rapport à l'axe de l'ouverture, évoque les fenêtres présentes dans les parties hautes des portes de villes, comme le propose A. Küpper-Böhm. Au plan chronologique, la construction de l'arc correspondrait à celle du temple ainsi qu´à l'agrandissement et l'embellissement des thermes. A. Küpper-Böhm le fait rentrer dans une série représentée dans la péninsule ibérique et en Dalmatie. Par rapport aux précédents arcs de Narbonnaise, l'arc d'Aix-les-Bains introduit une nouveauté par la place qu´il fait à l´autocélébration des élites, distinguant ainsi les Pompeii du reste des familles attestées dans l´épigraphie aixoise.