• enquête thématique régionale, inventaire du patrimoine viticole de Clermont-Auvergne-Métropole
Architecture liée à la culture de la vigne sur le territoire de Clermont-Auvergne-Métropole
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    Clermont-Auvergne-Métropole

Architecture liée à la culture de la vigne

L’enquête a permis de constater que le bâti lié à l’activité viticole le plus présent sur le territoire de la métropole de Clermont est l’habitat, la « maison vigneronne ou de vigneron » située en agglomération, du village à la ville en passant par le gros bourg. Cet habitat se caractérise par une grande variété de formes (de 1 à 3 ou 4 niveaux, avec ou sans escaliers extérieurs, développé en largeur ou en hauteur…), de taille, de qualité de construction (de la plus petite maison populaire à la demeure bourgeoise) et de dispositions. Elles ont été retenues, soit car les maisons possédaient des espaces, des dispositifs, internes ou externes, consacrés aux activités vinicoles et/ou à la conservation du vin, soit parce que des relais locaux nous les avaient signalées. Le dispositif le plus répandu est la présence, en rez-de-chaussée ou en niveau semi-enterré ou enterré, d’une cave et/ou d’un cuvage qui peuvent être juxtaposés, séparés, superposés (cave sous le cuvage). Les caves, chais ou cuvages peuvent également être installés à proximité immédiate de la maison - accolés ou autour d’une cour - ou à quelque distance – dans une autre rue. Dans certaines communes (Aubière, Châteaugay, Romagnat) les caves ou chais sont établis en zone périphérique, entre agglomération et vignes, et regroupés à flan de talus le long de voies de circulation. Cette situation est courante par exemple à Aubière, où la nappe phréatique affleure trop en centre-bourg pour que les caves puissent se développer sous les habitations.

Un type particulier de construction viticole est la cabane de vigneron, appelée « tonne » localement (cadoles ou bories ailleurs), souvent installée à l’époque au milieu des vignes, mais aussi parfois plus près des villages, non loin des habitations. Les tonnes sont généralement de petits édifices à un ou deux niveaux, chacun ne comportant qu’une seule pièce, mais sont parfois construites au-dessus d’une cave. Seuls de rares exemples ont survécu à la réduction drastique, voire à la disparition de l’activité viticole, beaucoup sont aujourd'hui à l'état de ruines. Quelques sauvetages et réhabilitations récents sont à signaler.

Plus éloignées des dispositions types du bâti vigneron, figurent les structures autres qui valent d’être citées, mais ne peuvent susciter, par leur caractère unique, de commentaire analytique et comparatif :

- coopérative agricole et viticole de Châteaugay, 3e quart 20e siècle : témoin d’un passé viticole coopératif auvergnat - dont l’histoire reste à écrire - plus de moyens semble-t-il (coopérative d’outillage) que de production.

Coopérative agricole et viticole de ChâteaugayCoopérative agricole et viticole de Châteaugay

- l’ancienne distillerie coopérative de Lempdes (1906) : l’action de distillerie, plus technique, a suscité davantage d’efforts de regroupement de la part des producteurs ; Lempdes recelait par ailleurs plusieurs ateliers de taille et de greffage, ce qui dut en faire une commune très “à la pointe” des techniques viticoles et inciter à l’installation d’établissements de ce type.

Ancienne distillerie coopérative de LempdesAncienne distillerie coopérative de Lempdes

- la maison de négociant en vin (milieu 19e siècle) au 20 avenue de Gergovia à Romagnat (Bellard, maison fondée en 1635), à la fois cave, cuvage, magasin de vente et habitation semble-t-il.

Maison de négociant en vins (Romagnat, 20 avenue de Gergovia)Maison de négociant en vins (Romagnat, 20 avenue de Gergovia)

- et la maison de courtier en vins de Blanzat au 148 rue de la République, grande bâtisse en centre bourg, avec enseigne ancienne peinte, rare témoin de l’activité de négoce en vins qui fit la réputation des Auvergnats aussi au-delà de leurs frontières régionales.

Maison de courtier en vins (Blanzat, 148 rue de la République)Maison de courtier en vins (Blanzat, 148 rue de la République)Maison de courtier en vins, Blanzat, vue de détail : enseigne peinteMaison de courtier en vins, Blanzat, vue de détail : enseigne peinte

Objets

Outre l'aspect architectural dominant de cette étude, l'enquête a mis en évidence des objets de dévotion, statues de saints et croix de chemin, qui sont souvent les objets les plus anciens dans les communes et qui attestent de l'importance ancienne de l'activité vigneronne. Ainsi 3 statues de saint Verny (Lempdes, Aubière, Ceyrat : classée MH - 21 déc. 1978) et une de saint Vincent (Blanzat) datent du 17e siècle, 3 croix de chemin ou de carrefour de même datation (Romagnat, Nohanent, Ceyrat : inscrite MH - 30 mai 1984, actuellement en dépôt), une statue de saint Verny de la fin du 18e siècle à Beaumont (classée MH - 30 nov. 1984), et une autre croix de chemin probablement de même datation au Cendre ; et d'autres exemples du 19e siècle (statue de saint Verny à Châteaugay : classée MH - 23 oct. 1974, et à Montferrand), une statue de saint Verny (inscrite MH - 20 avril 1993 ; statue datée 1891) et une croix de chemin à Pérignat…

Statue de saint Verny, église de BeaumontStatue de saint Verny, église de Beaumont

Croix de chemin, vue générale, RomagnatCroix de chemin, vue générale, RomagnatCroix de chemin, vue de détail, RomagnatCroix de chemin, vue de détail, Romagnat

Enjeux : menaces pesant sur l'architecture liée à la culture de la vigne et mise en valeur à envisager, protections possibles

 

Le patrimoine viticole du Clermontois est peu connu y compris localement, peu identifié comme tel, banalisé, et donc peu pris en compte par les particuliers possédant ces demeures ou les communes avec ce type de bâti. 

La présente étude permet de commencer à mieux appréhender ce patrimoine, de mieux cerner son caractère et son identité propres et par là de mieux le respecter. 

Quelles sont les menaces qui pèsent sur ce patrimoine ?

La première d’entre elles peut-être résulte du défaut d’entretien et des risques de déshérence.

Les tonnes sont notamment concernées par ce problème. Devenus inutiles en raison de la baisse voire de la disparition de l’activité vinicole, ces petits édifices ont été laissés à l’abandon et tendent peu à peu à  disparaître, non entretenus, envahis par la végétation, soumis aux aléas climatiques. 7 sur les 24 de notre corpus - il doit s’en trouver bien plus, l’étude ne s’intéressant que secondairement à ces édifices - sont réduites à l’état de ruines.

Les cuvages séparés disséminés dans les villages ou les caves isolées peuvent également être laissés à l’abandon et leur état peut se dégrader, entraînant une décision de destruction de la part des propriétaires ou de la commune. Néanmoins, pour ce type de locaux, on constate surtout une évolution de l’usage : ils deviennent souvent des lieux de stockage de véhicules, de matériel, de biens divers et variés, certains même sont reconvertis en habitations. Dans tous ces cas de figure, bien que leur bâti subsiste, leur fonction originelle est perdue et leur nouvelle affectation peut entraîner des modifications structurelles importantes (ajout d’un niveau) ou des destructions (perte des équipements viticoles).

Les rénovations entreprises peuvent également porter atteinte à ce patrimoine. Les maisons de vignerons en effet demeurent, pour la plupart, bien vivantes et occupées, utilisées. Cette permanence de l’occupation a entraîné au fil des décennies et entraîne toujours d’inévitables transformations visant pour l’essentiel à adapter cet habitat ancien (près de deux siècles d’âge moyen) au confort moderne, aux goûts et besoins de notre époque. Parallèlement, avec la fin de l’activité viticole, la fonction utilitaire de certaines pièces ou bâtiments a évolué vers des usages agricoles, de stockage, de garage, voire de transformation en espace d’habitation.

Plusieurs types de dégradations du bâti originel (modifications de l’apparence extérieure) ont été constatés lors de l’enquête de terrain :

- application d’un enduit très couvrant sur l’intégralité de la surface des murs qui fait disparaître du regard notamment les encadrements de baies.

- percement de nouvelles baies (notamment de fenêtres supplémentaires) ou modification de baies anciennes, agrandissement ou diminution, entraînant la disparition du linteau ou faussant la lecture de la façade, entraînant la disparition des appuis incurvés chantournés si caractéristiques de l’architecture locale… Il n’est pas rare notamment de voir les accès aux cuvages, larges sans être anciennement des accès charretiers, être élargis pour pouvoir faire passer la voiture ; pas rare non plus de voir la descente de cave, conçue aussi large que la largeur des tonneaux à en remonter, rétrécie pour éviter les courants d’air.

- ajout d’éléments “greffés” sur la façade : vérandas, balcons, marquises (jusqu’à un ascenseur). Si les balcons ont fréquemment fait partie du programme de construction des maisons vigneronnes à partir du milieu du 19e siècle, les marquises initialement sont exceptionnelles (et récentes : plutôt caractéristiques des années 1900 et postérieures), les vérandas tout à fait étrangères à cette architecture.

- nombre de maisons vigneronnes présentent une faible surface habitable : maisons modestes souvent, elles datent d’époques où l’on vivait bien plus à l’extérieur qu’aujourd’hui. Leur adaptation à un mode de vie plus intérieur est parfois passé par une surélévation (souvent des derniers étages de fenil/grenier) dommageable pour la lecture des façades, ou bien s’est faite par agrandissement (adjonction de bâtiments annexes) qui parfois ne permet plus de lire/comprendre les dispositions anciennes.

il n’est pas rare d’assister à la transformation radicale des huisseries (baies vitrées à la place de fenêtres à petits bois, fenêtres ou volets roulants dont l’installation a parfois entraîné des modifications de l’encadrement des baies, suppression des volets en bois…), dont l’effet visuel peut être négatif.

Certaines parties sont plus touchées par les rénovations : les escaliers notamment, et surtout ceux extérieurs, parfois complètement renouvelés ou bien largement consolidés au ciment.

Ces modifications peuvent être structurelles (percements de baie) ou esthétiques (type et format des huisseries, enduits). Ces modifications sont fréquemment effectuées sans respect ni du gabarit, ni des matériaux (notamment les huisseries), ni des échelles de l’existant parce que très souvent réalisées avec des éléments standards.

Les maisons de vignerons pâtissent de conditions souvent considérées comme défavorables :

- elles sont souvent situées dans les centres bourgs, qui aujourd’hui sont peu prisés du fait du bâti resserré où la promiscuité est réelle, des rues étroites où la circulation est difficile et par effet du peu de lumière arrivant aux maisons ; centres bourgs du reste largement abandonnés par les commerces et les activités et dont le bâti est peu attractif du fait des travaux importants à prévoir pour arriver au niveau de confort souhaité ;

- bâti qui, de plus, s’échelonne sur plusieurs niveaux, loin de l’esprit pavillonnaire qui a prévalu les dernières décennies passées.

- travaux nécessaires non seulement pour l’apport du confort dans les volumes existants (isolation…) mais également pour la construction de nouveaux volumes, ceux subsistants étant parfois insuffisants. Face à ces difficultés, nombre d’entre elles n’ont pas trouvé preneur, sont restées à l’abandon, plus ou moins longtemps. Nous les avons trouvées ainsi plus intactes, “dans leur jus”, mais ainsi elles s’éloignent encore plus des nécessités du logement moderne et du marché de l’immobilier.

On notera la rareté des extensions très contemporaines de ces maisons (en hauteur ou au sol).

Une protection de ce patrimoine est-elle possible ?

Confrontés à cette situation - à la fois d’un patrimoine resté en partie intact mais aujourd’hui  largement désaffecté et par delà menacé - peut-on envisager inscrire au PLU voire protéger au titre des monuments historiques certains des témoins les plus notables ?

Une des principales difficultés - par rapport à une région comme la Champagne par exemple ou d’autres régions viticoles - est que la production de vin a presque complètement disparu et ne se maintient que de manière presque anecdotique, même si un sursaut récent est sensible. Le souvenir en reste sans doute bien présent pour les habitants des villages (peut-être moins à Clermont-Ferrand même où l’histoire industrielle “cache” probablement cet autre aspect de l’histoire locale) mais pour un observateur extérieur cet aspect peut être complètement ignoré. Pour qui ne sait pas “lire” une architecture et y déceler la trace des dispositions viticoles, seules quelques traces dans les villes et bourgs témoignent de l’existence de cette ancienne activité : ici un pressoir sur une place ou un rond-point, là des fontaines sur le thème de la vigne... Tous témoins mémoriels qui, s’ils peuvent raviver les consciences ou tout le moins poser question, anecdotisent aussi le sujet qui perd ainsi de sa réalité, son accroche avec le concret du monde présent. L’existence d’un musée de la Vigne et du Vin à Aubière est un autre indicateur fort, tout comme la présence de caves et entrées de caves ou cuvages, pour les visiteurs éclairés. Il n’en reste pas moins qu’un gros travail de mise en valeur doit donc être mené pour ramener cet aspect de l’histoire locale à la conscience du plus grand nombre. Qui selon nous doit s’appuyer sur cet existant menacé, la maison vigneronne et ses déclinaisons, tonnes, maisons de vigne, caves, cuvages...

A l’échelle des communes, un travail d’information touristique (panneaux dans les rues), de circuits patrimoniaux peut contribuer à rappeler l’histoire de cette activité et ses traces matérielles. Dans d’autres régions et contextes, la création d’un écomusée du vin, soit dans une exploitation vinicole complexe (à cour et bâtiments) soit dans une petite ou moyenne maison de vigneron traditionnelle, a pu efficacement dynamiser la perception de ce type de sujet. Des caves et/ou cuvages indépendants  pourraient être agrégés à un tel musée ainsi éclaté en plusieurs sites se répondant. Les caves toujours intéressent, en ouvrir en permanence certaines pourraient attirer une clientèle nouvelle et l’intéresser.

Certaines communes ont pris conscience de l’intérêt de la mise en valeur de leur patrimoine lié à l’activité viticole, en voici quelques exemples : 

- à Aubière (qui il est vrai est la commune qui a été la plus viticole du secteur) il existe un musée de la Vigne et du Vin ainsi qu’une association pour la sauvegarde des caves ; un rond-point présente une vis et mécanisme de pressoir ;

- à Aulnat des panneaux présentent le patrimoine (et le passé viticole) ;

- à Beaumont, la commune a engagé un repérage des éléments bâtis viticoles marquants de la commune, et a publié plusieurs beaux ouvrages thématiques sur la ville et son histoire (collection) ;

- à Ceyrat, la commune a rédigé une charte architecturale pour son bâti, qui tient bien compte du patrimoine viticole, et a publié le meilleur ouvrage sur la vigne et l’activité viticole locale (Jean-Claude Quesne : Le vigne à Ceyrat et Boisséjour, 207 p., 2003).

- à Châteaugay, le petit patrimoine viticole et notamment les tonnes ont été inventoriés par l’association locale de défense du patrimoine (association pour la Sauvegarde de l’ancien Châteaugay : Atlas du petit patrimoine, prix Achard-Gardette 2017 de l’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Clermont-Ferrand) ;

- à Cébazat, l’association Cébazat d’Hier et d’Aujourd’hui est très impliquée dans la connaissance du patrimoine viticole ;

- au Cendre, deux associations (Le Cendre autrefois et Les Vignes du Cendre) s’intéressent au patrimoine viticole et à le réactiver ;

- la ville de Clermont-Ferrand est en train de se doter d’un SPR, qui peut-être intégrera le paramètre viticole dans son approche ;

- à Cournon d’Auvergne, l’association de connaissance du patrimoine local a monté tout un dossier sur la maison vigneronne, la commune a engagé plusieurs restauration de tonnes et planté un conservatoire des cépages anciens et a aménagé une “salle de l’alambic” proche du centre bourg ;

- à Gerzat la ville, et son passé viticole, sont présentés par des panneaux historiques disséminés dans les rues ;

- la commune de Pont-du-Château comporte un musée de la Batellerie (dont un des rôles était de transporter le vin) et son histoire est évoquée par des panneaux historiques. Son centre ville est une ZPPAUP. L’association La grappe ponteire a replanté des vignes.

- à Lempdes et Châteaugay enfin sont présentes des fontaines “viticoles”.

Ciblage des éléments particulièrement sensibles dont la préservation seraient à privilégier :

- les menuiseries d’origine (notamment grandes portes en bois des bâtiments d’exploitation et/ou cuvages), les encadrements de baies, les ferronneries des balcons ou portails ;

- respecter les matériaux d’origine : pierre pour les escaliers, bois pour les portes et fenêtres, enduits d’aspect “ancien”, fer forgé ou fonte des garde-corps…

- la réfection des toitures, du réseau d’écoulement des eaux, devrait être faite avec circonspection : le risque est fort en effet de porter atteinte aux dispositifs architecturaux en rapport, outre la toiture (forme, pente, élévation, couverture…), tels que les corniches hautes et noues, les canons de gouttière...

Quelles sont les caractéristiques des édifices à caractère viticole protégés monuments historiques ?

Il n’existe que peu d’édifices à vocation viti-vinicole protégés au titre des monuments historiques ; tous sont inscrits, dans leur intégrité ou partiellement, aucun n’est classé. 

Ils sont situés dans plusieurs régions viticoles : Bourgogne (Saône-et-Loire, Côte d’Or), Bordelais (Gironde), Alsace (Haut-Rhin) mais aussi le Rhône, la Dordogne, l’Aisne. Il s’agit principalement de châteaux (Bordelais, Bourgogne) ou demeures bourgeoises (vendangeoirs monumentaux de l’Aisne), mais aussi de domaines, fermes et plus rarement de maisons, chais, caves... Ces inscriptions sont plutôt récentes et datent pour l’essentiel des années 2000 et 2010. Ce sont surtout des sites anciens (16e-18e siècles) qui sont protégés, bien que l’on compte parmi eux également quelques édifices du 19e siècle. Ce sont surtout des ensembles de bâtiments ayant conservé leurs dispositions vinicoles, des demeures de qualité, ou bien des équipements spécifiques tel qu’un bâtiment renfermant un pressoir ancien et d’autres équipements liés à la production du vin. Peu de simples maisons de vignerons sont protégées au titre des monuments historiques.                                         

Dans le Clermontois, une seule entité ayant un rapport avec l’activité viticole est protégée au titre des monuments historiques, il s’agit, à Clermont-Ferrand, du “palais épiscopal” (PA00092539), occupé actuellement par des logements et un restaurant, qui a été inscrit partiellement en 1991 pour une salle voûtée en rez-de-chaussée et l’ensemble complexe de ses caves sur trois niveaux. 

Non loin du Clermontois, toujours dans le Puy-de-Dôme, le village de Châteldon (arrondissement de Thiers) possède un ensemble de maisons de vignerons, propriété de la commune, datant de la fin du 17e siècle au début du 19e siècle, qui ont été inscrites MH en 2000 (PA63000023 : “Ensemble de maisons en pisé et pans de bois qui correspond à un type d'habitat issu de la période médiévale et constamment utilisé du 16e au 18e siècle par une paysannerie de petits vignerons. Elles ont été progressivement abandonnées à la suite de la crise du phylloxéra et du départ des vignerons pour les verreries de Puy-Guillaume”).

Certains types de bâti en relation avec le monde viticole ont semble-t-il retenu davantage l’attention du législateur : les tonnes et loges de vigne notamment en pierre sèche, dont 25 d’entre elles sont protégées au titre des monuments historiques à l’échelle du territoire national, les protections du reste  étant un peu plus anciennes (années 1980 et 1990). Il semble que leur disparition progressive pour cause d’inutilisation et leur fragilité relative aient prévalu pour activer ces protections.

On peut retenir de ces tendances : la sélection des cas les plus monumentaux et anciens (mais aussi certains du début du 19e siècle) et des cas les plus typiques et fragiles ou supposés l’être. La protection de l’ensemble de Châteldon apporte quelques indications de contexte. Ont paru importants : 

- leur appartenance à une typologie locale qui s’inscrit dans le long terme,

- leur rattachement à une catégorie sociale clairement identifiée (paysannerie de petits vignerons),

- et leur état de déshérence dû aux évolutions de l’histoire (phylloxéra et industrialisation de l’emploi),

… toutes conditions qu’il est possible de retrouver aussi avec la plupart des maisons vigneronnes clermontoises, y compris la dernière citée : phylloxéra et concurrence de l’emploi industriel (Michelin...).

Les maisons de vignerons du Clermontois ne sont donc pas concernées pour l’instant par les protections monuments historiques. Cependant, les menaces pesant sur elles touchant essentiellement à leur authenticité et entraînant de ce fait la disparition progressive, au moins visuelle, d’un type caractéristique du Clermontois (et communes viticoles alentours) devraient inciter à étudier la possibilité de quelques protections au titre des monuments historiques, ou tout le moins, et en complément, de leur mention comme élément patrimonial listés aux PLU et PLUi, au sein desquels il pourrait être intéressant de créer un chapitre / une approche spécifique “patrimoine viticole”.

Au vu de ces constats, il semblerait difficile d’aboutir à une protection assez large du bâti vigneron local : en raison de sa datation plutôt basse (essentiellement la 1ère moitié du 19e siècle) et de la simplicité générale de sa construction, d’autant plus que la tendance semble plutôt actuellement à la diminution du rythme des protections, qui engagent rappelons-le à la fois scientifiquement (expertise et conseil) et financièrement les services de l’Etat. Néanmoins, on l’a vu, le bâti vigneron du clermontois, même modeste, a des arguments. Certaines maisons typiques de la demeure vigneronne, de beaux exemples de fermes vinicoles à plusieurs bâtiments, maison de maître et ensemble de caves en sous-sol, bâtis en pierre de Volvic, ou encore des représentants du type singulier des maisons vigneronnes en hauteur, pourraient être proposés à la protection. Évoquons également les tonnes, typiques du département (le mot même ne semble pas usité ailleurs, où l’on parle plutôt de loges de vignes, cadoles ou cabornes…) et les quelques maisons de vignes remarquables signalées par l’étude (Nohanent, Pérignat-lès-Sarlièves). 

Par ailleurs, plusieurs ensembles de caves installées à flanc de coteau en périphérie des bourgs (Aubière, Châteaugay) ou aux entrées alignées le long des routes et aux cheminées d’aération ponctuant le paysage pourraient également faire l’objet d’une demande de protection.

Ces quelques exemples, s’ils aboutissaient, pourraient ensuite servir de sites de référence pour une prise de conscience plus générale. 

  • Période(s)
    • Principale : 19e siècle, 18e siècle, 17e siècle, 16e siècle
Date(s) d'enquête : 2019; Date(s) de rédaction : 2020
© Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
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