Pétition des représentants de plusieurs communes de la région (Givors, Loire-sur-Rhône, Echalas, Chasse, etc.) adressée à la marquise de la Roque, dame de Chavannes-lès-Givors, s.d. (v. 1782) (extr. de : AN, H4 2977, dossier 329 : Dossier sur l´établissement d´un bac à traille à Givors) :

Ils lui demandent de "faire construire des pilliers en gins necessaires pour etablir une traille à cordage soit dans le même endroit ou la dite dame a actuellement un bac et un port etably, soit partout ailleurs dans toutte l´etendue de son fiel ou elle a droit d´en etablir un, que plus que jamais aujourd´huy cette entreprise devient indispensable si lon considere d´une part l´affluance des passagers le debarquement des marchandises et bestiaux dans le port qui se multipliant journellement a cause de l´etablissement du canal de communication du fleuve du rhone à la loyre et a cause de touttes les differentes routes du vivarez et des montaignes voisines qui y aboutissent et d´autre part que loint que cette entreprise puisse nuire elle ne peut etre que d´une très grande utilité au public et a ladite dame de chavannes sans gener la navigation [...] a ce qu´il plaise a ladite dame marquise de la roque dame de chavannes, vû la presente requette faire construire et elever a l´un et a lautre bord du fleuve du rhone dans létendue de son fief et dans lendroit quelle jugera a propos des piliers soit en maçonnerie soit en bois avec les engins et outils necessaires pour y attacher solidement une traille à cordages a la hauteur convenable afin que la navigation n´en soit point genée ; faire construire un nouveau port ; demander a cet effet a sa majesté et à nos seigneurs de son conseil les pieds et les allignements necessaires sous loffre que font les supliants de continuer a payer comme par le passé les droits de bac et passage conformement au tarif qui sera arreté".

Auparavant on se servait d´un bateau volant.

Notes extr. de : AN, H4 3165-2 :

Note d´un arrêt qui ordonne que dans deux mois pour tout délai la dame de la Roque sera tenue de faire construire un bac à traille sur le fleuve du Rhône au lieu de Givors (figure dans une Note des arrêts qui se trouve au Bureau des Péages et que les décrets de l´Assemblée nationale ont empêché d´adresser à MM. les intendants pour le faire exécuter, 1790).

Si dans deux mois, la dame de la Roque ne le fait pas, elle sera déclarée déchue de toutes ses prétentions et droits audit bac et le sieur Robichon autorisé à former cet établissement après les dits deux mois révolus sans qu´il soit besoin d´autre arrêt.

Extrait des registres du Conseil d´état, 25 avril 1790 :

Un procès opposait depuis 1786 la demoiselle de la Roque de la baume de Pluvinel aux sieurs Peillon et Laurençon, représentés par l´avocat Marc Robichon, propriétaire de la verrerie royale de Givors ; un arrêt du 11 janvier 1786 avait en effet autorisé Peillon et Laurençon à établir un bac à traille à Givors et la dame avait fait appel. Le père de la dame, le sieur de Valernod, avait fait faire à grands frais des chaussées de long de son fief et ailleurs un quai et fait escarper de rochers pour le port de la tour de Bans et le port était garni de bateaux en nombre suffisant pour passer et repasser à pied et à cheval, ainsi que pour les voitures ; l´embarquement et débarquement étaient très commodes et sans danger [...]. Tout cela est contesté par la partie adverse qui dit qu´il n´y a eu aucune réparation aux ports et chemins pour parvenir au bac, que le chemin est en si mauvais état que plusieurs voitures se sont précipitées dans le Rhône ainsi que plusieurs personnes qui y ont péri et que les escarpements des roches que la dame de la Roque dit avoir faits ne l´ont été que pour son château de Chavanne ; que le bac est d´une nécessité indispensable pour le sieur Robichon, que le bateau actuel ne peut traverser une voiture chargée ou vide et qu´il est notoire que lorsqu´il fait le moindre orage il est dangereux de traverses le fleuve dans un pareil bateau [...].

Le Conseil d´état ordonne donc la construction d'un bac à traille par la dame de la Roque.