Dossier d’œuvre architecture IA38000517 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, Patrimoine industriel
Câblerie Grammont dite Tréfimétaux à Pont-de-Chéruy
Œuvre monographiée
Copyright
  • © Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Rhône-Alpes patrimoine industriel - Pont-de-Chéruy
  • Commune Pont-de-Chéruy
  • Adresse route de Lyon
  • Cadastre 2005
  • Dénominations
    câblerie, cité ouvrière
  • Parties constituantes non étudiées
    atelier de fabrication, cheminée d'usine, cité ouvrière

Les établissements Grammont sont créés en 1849 à Pont-de-Chéruy par Etienne-Claude Grammont. Il installe en effet des ateliers de tréfilage, fonderie, laminage à froid et à chaud sur les bords de la Bourde. En 1890, Alexandre, son fils, de retour des Etats-Unis est associé et développe la fabrication de matériels électriques. Comme l´indique Cécile Zervudacki, ethnologue (cf bibliographie) des Grecs de Turquie en 1916, puis des Grecs chassés d´Asie mineure par les Turcs, comme les Arméniens, arrivent également à Pont-de-Chéruy entre 1923 et 1928, la cité du réveil est construite à ce moment -là. Ce bâtiment d'une grande longueur rythmé par une série de lucarnes, rappel l'architecture de bâtiment conventuel comme les chartreuses ou également le siège du Catholicos à Etchmiadzine en Arménie.

En 1914, la Première Guerre mondiale offre l´occasion d´un développement spectaculaire de ces établissements en raison de l´effort de guerre. Cette entreprise créée en plein espace rural, va voir arriver à partir de 1916 une grande vague d´immigrés. Une nouvelle cité ouvrière (cf : IA38001005) est construite à la même date. Elle est localisée en périphérie de la commune. Le bâtiment du « Réveil » est un immeuble collectif dédié aux Grecs avec une annexe composée d’une église et d’une école grecque accolée. Le bâtiment d’habitation de la cité compte 80 logements similaires de 25 m², pièce unique avec mezzanine permettant le dédoublement de l'espace habitable, selon un module simple répété dans tout le bâtiment. Assez rapidement sera prévu deux bâtiments supplémentaires destinés à des équipements collectifs - une cuisine et un lavoir - respectivement en août et novembre 1916. Un projet plus élaboré de quartier est resté en suspens. Le Réveil est le seul exemple de cet ensemble urbain qui à perdurer et à fonctionner de manière un peu autarcique. La population l'a adopté et fait de ce quartier, un morceau de ville à part entière. Qu'un lieu de culte ait été réalisé avant tout aménagement de "confort", puis une école d'apprentissage de la langue grecque, interroge encore aujourd’hui. Le bâtiment longiligne borde le chemin de Vilette d'Anthon. A Charvieu/Pont-de-Chéruy, soit on ignore cette entité qui demeure un peu lointaine, soit on en parle comme d'une "enclave" grecque. Des Grecs de Turquie en 1916, puis des Grecs chassés d´Asie mineure vont arriver à Pont-de-Chéruy. Puis entre 1923 et 1928, viennent des Italiens, des Espagnols puis des Polonais qui vont également être recrutés par des bureaux d´embauche dans leur pays même, des Russes. Puis dans les années 1950-65, ce sont les Grecs venus de Macédoine et l´émigration grecque vers les pays industrialisés et également des Maghrébins en majorité Algériens.

Valorisation

La sauvegarde des archives de l´ancienne société Grammont devenue Tréfimétaux, relève de deux temps Une genèse du projet de l'agglomération de Pont-de-Chéruy pour le développement du patrimoine industriel de l'agglomération reste un rare cas en France. En effet, ce projet émerge parce qu'à la fin des années 1980 un ouvrier, Jean-Yves Saintsormy, affilié à la Confédération Générale des Travailleurs (CGT) de l'entreprise Tréfimétaux (ancienne société Grammont), est préoccupé par la disparition de la mémoire de cette usine : entre autres choses des documents photographiques et des archives papier. Avec d'autres collègues de la CGT, choisis par le comité d'entreprise, ils s'adressent dans un premier temps à l'Écomusée Nord Dauphiné, situé à trente kilomètres de la commune et fondé au début des années 1980. L'Écomusée a réalisé à partir de ces archives, trois expositions temporelles (1986, 1988, 1990) et quatre films. Le premier « Le patrimoine dans des affiches » était ambulant et montrait les images résultant des archives de la fabrique Grammont. Ce qui a permis aux anciens ouvriers de l'entreprise de retrouver une mémoire de cette entreprise. Le deuxième « Les Champs et des sirènes » a été projeté dans le château de Grammont ; il présentait les transformations sociales et économiques de l'agglomération pendant les 150 dernières années. Le troisième, « Sur le fil de la connaissance » rendait compte des secteurs distincts d'activité dans l'agglomération d'aujourd'hui. Le dernier film Boulevard des tréfileries se rapportait aux mémoires des immigrants par rapport au développement industriel de l'agglomération.

En 2002, monsieur Jean-Yves Saintsorny (syndicaliste), toujours salarié de la société Tréfimétaux qui est sur le point de fermer, faisant partie également du comité d´entreprise, contacte le service de l´inventaire, pour l´informer qu´il reste dans cette usine une collection de plaques de verre photographiques (environ 2000) ainsi que des archives concernant les fichiers du personnel. Une première rencontre est organisée en février à laquelle se joingnent les archives départementales du Rhône et un chercheur au Cnrs du centre Pierre-Léon. Est découverte une très belle collection de plaques de verre qui renseigne sur les années 1915 à 1925 de l'usine et plus largement : comment ces archives racontent à la fois le souci de la mémoire et de la valorisation médiatique d´une politique sociale d´avant-garde de la société Grammont. Le fichier du personnel est tout aussi riche d´informations. Des fiches d´embauche correspondant à chaque personne recrutée par la société Grammont dès les années 1916, avec une photographie d´identité sur la plupart des fiches. Ce fichier rappelle le fichier du personnel du Creusot (usine Schneider) sur lequel a travaillé l'universitaire Thierry Bonnot ; cela correspond également à la même période, effort de guerre, avec venue de main-d´oeuvre étrangère (asiatique dans le cas du Creusot). Aujourd’hui une partie de ces archives se trouve à l´Ecomusée Le Creusot-Montceau (Saône-et-Loire) et une autre partie à la fondation Bourdon. Avec l´accord de monsieur Jean-Luc Marchand, chef des établissements Tréfimétaux, une autorisation de dépôt aux archives du département du Rhône est décidée, sous le numéro de série 158 J. La mémoire de l´immigration de cette agglomération, unique par sa richesse est sauvegardée et qui sera consultable par tous (en cours de classement).

Actuellement le château et le parc de la famille Grammont sont occupés par l'école de musique de Pont-de-Chéruy. Des maisons d'ingénieurs (5 maisons) sont localisées le long de la rue principale (la rue du Travail) également.

[1] ZERVUDACKI (C.), Religion et urbanisme : à propos de la communauté grecque de Pont-de-Chéruy, Terrain n° 7, pp. 45-53, oct. 1986, p. 45-53.

  • Période(s)
    • Principale : 1er quart 20e siècle
  • Dates
    • 1912, daté par source, porte la date

Le site se compose de grandes halles avec lanterneau, une cheminée en brique de grande hauteur avec date portée.

  • Murs
    • résidu industriel en gros oeuvre
  • Toits
    tuile mécanique, verre en couverture
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • shed
    • lanterneau
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler

Etude en collaboration avec les AD Rhône (Maryse Dal Zotto), visite du site en 2005 avec les AD 69, le Larhar-Université Lyon 2. Les archives de l'entreprise ont été transférées à la demande du DRH de l'entreprise aux AD Rhône sous la série 158 J. Une très belle collection de photos plaque de verre font partie de ces archives ainsi qu'un important fichier employé, l'ensemble ayant été sauvegardé dans l'urgence.

Documents d'archives

  • Archives orales : Entretien avec Jean-Yves Sainsorny, syndicaliste, et visite du site. mars 2005

Bibliographie

  • ZERVUDACKI (C.), Religion et urbanisme : à propos de la communauté grecque de Pont-de-Chéruy, Terrain n° 7, pp. 45-53, oct. 1986

    p. 45-53
  • Patrimoine et culture industrielle, programme Rhône-Alpes, Recherche en sciences humaines, imprimerie Bosc frères, (textes réunis par M. Rautenberg et F. Faraut. janv. 1994

  • BAROU (J.), Pont de Chéruy, microcosme de l´immigration en France, Hommes et Migrations. 1995

  • BOYER (N.), La mutuelle reconnaissance sociale des immigrations : un jeu de solidarité pour l´agglomération de Pont de Chéruy, mémoire de DESS SADL, Université Lyon 2, 103 p. 2003

  • PARDON, S. (ss la direction de) Instants d'années, Ecomusée nord-dauphiné, images du travail dans l'agglomération de pont-de-chéruy 1990

  • TILBIAN S., De l'Ararat à Charvieu, "sans retour possible", histoire des Arméniens du bassin industriel de Charvieu-Pont-de-Chéruy, maison de la culture Arménienne Monte Melkonian, sept. 2016.

    AP

Documents audio

  • PELLIGRA (D.), PARDON (S.) Boulevard des tréfileries, film produit par l´Ecomusée Nord Dauphiné, VHS, 52 minutes 1989

Annexes

  • Lieux de mémoire de l´immigration et patrimonialisation en Rhône-Alpes
Date(s) d'enquête : 2005; Date(s) de rédaction : 2005
© Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel