TEXTE COMPLEMENTAIRE
Ce groupe HBM fait partie de l'importante vague de construction de logements sociaux qu'a connue Lyon au cours des années 20 (PIERRON, t. 2, p. 185 ss). Implanté à côté de la cité Quivogne, commencée une dizaine d'années avant, il vient renforcer le caractère majoritairement ouvrier des logements de cette zone afin de répondre aux besoins créés par la présence des nombreuses usines du quartier. Il illustre l'intégration progressive du vocabulaire moderne dans l'architecture "à bon marché".
Le projet, dressé par Louis-Charles Lambert et son fils Louis-Eugène, remonte à 1922 (AC Lyon : 0002 S 01120), mais la 1ère tranche (immeubles rue Ravat) ne fut achevée qu'en 1927, après plusieurs modifications des plans et devis (AC Lyon : 0001 S 00264, 0002 S 00120, 01122 à 01124) : elle comprenait les trois corps de bâtiment donnant sur la rue Ravat. La construction de la 2e tranche, au sud, se déroula de 1930 à 1932 (PIERRON, Ibid.).
Le projet des Lambert est présenté dans la revue La Construction moderne du 1er juin 1924 : ils veulent "créer des maisons solides, confortables, hygiéniques, et d'un aspect agréable", et excluent les cours fermées. Ils prévoient 5 maisons de 5 et 4 étages sur caves, avec 2 magasins d'angle. Pour chaque appartement, une salle commune de 22 m², contiguë à un petit local faisant office de "laverie-cuisine", ouvre sur un balcon-loggia ; chaque chambre comporte un placard, et peut accueillir 2 lits ; entre deux chambres, un espace peut être aménagé en penderie ou en douche. La surface d'un appartement de 4 pièces fait 100 m².
Le plan d'ensemble de la cité n'est guère innovant (la cour, notamment, est petite et peu ouverte à la circulation de l'air), mais l'évolution du projet au cours des années est intéressante : le traitement des façades, notamment, traduit autant la baisse des moyens disponibles pour réaliser le groupe que la volonté de rompre avec l'architecture académique. Les premiers projets chargeaient en effet les façades d'une décoration, non retenue dans les projets finalement réalisés (fig. 1, 3 et 4). Mais le corps de bâtiment central rue Ravat (B) était déjà couvert en terrasse. Les portes d'entrée sur les rues Delandine et Quivogne sont traitées différemment dans les deux tranches mais toujours avec des moyens modernes, tout comme les baies des cuisines, rue Quivogne. En cela cette cité témoigne de l'évolution de l'architecture depuis la réalisation du groupe Quivogne, situé juste en face.