La Rodade est l'une des cités Michelin construite dès les années 1910 puis agrandie dans les années 1920, implantée à la fois à proximité de l'usine de Cataroux (côté est) et en lisière du Vieux Montferrand. Elle aurait été implantée sur d'anciennes vignes ayant appartenu en partie aux Hospices de Clermont.
Douze premières maisons, au nord entre la rue de la Grolière et la place de la Rodade, datent de la période 1911-1914 : un premier permis de construire 4 maisons est délivré en janvier 1909 (2 maisons à 2 logements en rez-de-chaussée et 2 maisons de 4 logements à un étage). Il s'agit vraisemblablement des habitations situées au nord-ouest de la cité, et dont il ne reste aujourd'hui que les deux maisons à étage (de type B), les deux autres (de type A) ayant disparu sous le tracé de la rue de la Grolière. Quatre mois seulement plus tard, en mai 1909, un deuxième permis est accordé pour 3 nouvelles maisons (de type F), qui correspondent aux 2 maisons encore visibles, à étage et deux logements, du côté ouest de l'Allée Centrale au croisement avec la rue de la Grolière et à une troisième dans le même alignement, détruite. Très vite un nouveau projet est lancé, et en avril 1910, ce sont 5 nouvelles habitations qui sont autorisées : une maison de 4 logements à un étage et 4 maisons en rez-de-chaussée représentant 10 logements (sans doute les 3 maisons de type A dédoublé encore en place sur l'Allée Centrale, au sud de l'immeuble collectif - voir infra -, ainsi que la maison en rez-de-chaussée à 4 logements de type A et celle à étage et 4 logements de type B à l'ouest de ce même immeuble).
Elles sont donc conçues selon un type A pour 6 d'entre elles (demi-type A pour 5 et un type A complet pour 1), selon le type B pour 3 autres au nord ; parmi ces dernières, celle à l'angle de la place de la Rodade et de l'Allée Centrale a été reconstruite selon un modèle inspiré du type B d'origine mais transformé en fonction de l'époque (fin des années 1940). Un troisième type a été implanté dans la cité d'origine : il d'agit de 3 maisons du type F (à un étage et deux logements), dont la construction a été autorisée par le permis de construire de mai 1909.
Parmi ces douze maisons d'origine, une seule, la plus à l'est, semble encore à peu près dans son état d'origine en 2020 (3 ont été totalement détruites - voir supra). Toutes les autres ont soit subi des dommages lors du bombardement de l'usine voisine en mars 1944 (c'est le cas pour deux d'entre elles, restaurées en 1944-1945 par des apprentis Michelin et toujours en place en 2020), soit ont été détruites puis reconstruites immédiatement en 1944-1945 pour trois d'entre elles, ou un peu plus tardivement pour les trois autres, entre 1947 et 1953 (la plus au nord porte une plaque rappelant que sa reconstruction est due, là encore, aux apprentis Michelin, en 1949-1953). Neuf maisons originellement construites au début du siècle sont donc encore en place en 2020, mais parfois restructurées par rapport à leur forme originelle.
Un autre édifice daté de cette première période est situé au nord de la cité : il s'agit de l'immeuble collectif ouvrier de 3 étages cité plus haut, dont le permis de construire date de mai 1915. Le PV de récolement des travaux est dressé fin décembre 1916. Toujours en place, ce collectif a cependant été touché lui aussi par le bombardement de 1944 et a priori restauré peu après.
Une deuxième importante campagne de construction s'est déroulée quelques années plus tard, en 1923-1924 : en février 1923, une demande d'autorisation est faite pour la construction de 20 maisons de type O ; l'arrêté de permis de construire est signé en mai 1923. Cette vingtaine d'habitations vient s'ajouter au sud, au sud-ouest et au sud-est des maisons d'origine, laissant alors une vaste surface de parcelles non construites au centre de cet ensemble. Il s'agit donc de bâtiments à étages regroupant chacun quatre logements. Là encore, le bombardement de 1944 a fait des dégâts, endommageant 7 de ces maisons et en détruisant 5. Toutes ont été réparées ou reconstruites immédiatement en 1944-1945 ou quelques années après, entre 1947 et 1953 (sur un modèle de type O légèrement différent de celui d'origine). Sur un total de 10 maisons des années 1920 encore en place en 2020, 8 n'ont pas subi de dommages dus à la guerre.
Puis plusieurs séries de démolition ont eu lieu, l'une entre 1994 et 1996 pour 3 maisons (au nord-ouest et au sud), mais la plus importante, entre 2000 et 2004, a touché 9 habitations lors de la réalisation d'un nouveau tracé pour la rue de la Grolière et l'installation du musée de l'Aventure Michelin à proximité immédiate de la cité, côté ouest : une partie des parcelles libérées a permis de dégager les abords et de créer des places de parking.
Enfin, toujours entre 2000 et 2004, 7 immeubles collectifs (a priori non Michelin) ont été construits sur l'ancienne partie centrale vacante de la cité.
Cartographe-dessinatrice au service de l'Inventaire général du patrimoine culturel.