• enquête thématique régionale, Patrimoine industriel
cité ouvrière impasse Brachet
Œuvre monographiée
Copyright
  • © Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
  • © Ville de Lyon

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Lyon patrimoine industriel - Lyon
  • Commune Lyon 8e
  • Lieu-dit Grand-Trou
  • Adresse impasse Brachet , rue Croix-Barret , rue Montagny
  • Cadastre

L’impasse Brachet a été composée comme un petit îlot urbain, cohérent par M. Brachet dont elle porte le nom, à la fois propriétaire des terrains et commanditaire de la petite cité ouvrière. Créée dans les dernières années du XIXe siècle (probablement à partir de 1896, Cf. L. Maynard, Rues de Lyon, 1922), elle a été achevée et pour la plus grande partie lotie dès le début de l’année 1900. Elle est demeurée par la suite voie privée plus d’une décennie durant malgré les pétitions successives des propriétaires et habitants en 1900 et 1903 qui en demandaient le rattachement à la vicinalité publique. Mais l’absence de débouché de l’impasse en diminuait grandement l’intérêt (notamment en termes de circulation urbaine), si bien que la ville reporte le temps d’en assurer l’entretien et l’éclairage. L’administration pose entre autres conditions aux pétitionnaires la continuation de l’impasse qui permettrait de lui offrir un véritable débouché ; soit vers l’ouest pour arriver sur le chemin de Montagny voisin, soit sur le grand axe nord-sud de la route de Vienne via l’ancienne église Saint-Vincent-de-Paul (construction des années 1856-1862 dont le devenir est alors en réflexion, avant sa reconstruction totale dans les années 1920). L’impasse qui longe l’église sur son flanc sud, qu’on retrouve sous le nom de « Impasse du Presbytère », attestée au moins depuis 1885 (Cf. Hours et Vanario, Les rues de Lyon), ne sera prolongée que très tardivement jusqu’au chemin de Montagny (elle est déjà indiquée sur un plan de situation de 1953 comme « à créer »), croisant perpendiculairement l’extrémité sud de notre impasse sans que l’intimité de celle-ci en soit jamais attaquée, un fin mur de clôture assurant encore aujourd'hui la séparation entre les deux voies.

Suite à la décision de la Commission départementale du 25 octobre 1913, l’impasse Brachet est enfin classée dans la vicinalité communale, entraînant de par ce fait son nivellement et son classement sous le nom de « Chemin vicinal ordinaire n°201 ». Les premières indications concernant l’entretien de l’impasse par la Commune de Lyon concernent l’année 1929, où la commune pourvoit d’une part à l’éclairage public avec installation de trois lampes de 600 bougies chacune, dont les charges (15000 francs) sont aux frais des habitants. Dans le même temps, par suite des réclamations de ceux-ci, l’impasse est remise en état de viabilité, ce qui comprend la réfection de la chaussée empierrée par l’emploi de pierre cassée, la réfection des bordures des trottoirs dont l’initial béton monobloc de mauvaise qualité est remplacé à l’occasion par des bordurettes de granit, ainsi qu'un aménagement de rigoles de 60 cm de largeur.

On remarquera que les modifications significatives apportées au quartier du Grand Trou (percement de la rue du Presbytère, lotissements de l’impasse Caton, …) laissent l’impasse Brachet relativement inchangée au moins dans son aspect extérieur, les remaniements se limitant à des changements de destination ou surélévation. Les jardins ont fait l’objet des modifications majeures, par agrandissement des habitations ou adjonction d’espaces supplémentaires. On peut néanmoins signaler quelques aménagements relativement mineurs, la plupart du temps situés au niveau des « zones-tampons » aux extrémités nord et sud de l’impasse, en préservant l'intégrité. On peut ainsi citer les travaux de Mme Veuve Bozon en 1923 pour la création d'un hangar à l’angle de l’impasse avec la rue Croix-Barret. Le cas d’un agrandissement se présente en 1953 pour les propriétés de Mme Fournier, qui fait appel à l’architecte Vialleton pour modifier sa résidence du n°39 pour reporter l’escalier à l'extérieur et aménager un garage au rez-de-chaussée. Cette même Mme Fournier possédait également les numéros 3 et 37 pour lesquels elle avait requis un agrément de garnis collectifs, ce qui lui permettait de louer respectivement quatre et cinq chambres dans chaque maison, à raison de deux par étage et d’une extension côté jardin au n°37. Un peu plus tard en 1957 sur la parcelle attenante, on notera les travaux concédés à la société Morel & Dochez pour un entrepôt de fers profilés. Cet entrepôt était relié du reste à une vaste propriété qui s’étendait à la perpendiculaire de l’impasse et se composait notamment d’une usine couverte en shed, allant de la rue de Montagny à l’ouest jusqu’à l’impasse Martin, actuelle impasse Caton. Cette société possédait également les habitations des numéros 38 et 40. Leur grande propriété à l'issue de l'impasse, tout en longueur, semble être attestée par le parcellaire à partir de la fin XIXe, où l'on aperçoit un grand terrain non loti confinant à l'est avec un terrain de boules et avec un passage commun ouvrant sur la route de Vienne, ancêtre de l'impasse Martin puis Caton du nom de son propriétaire principal. On remarquera par ailleurs avec intérêt que la rue du Presbytère qui prolonge l'impasse éponyme et qui a totalement recouvert cette grande propriété n’existait pas encore en 1957 alors qu'elle semblait être prévue dès 1953 .

Une mention de cette impasse concerne l’année 1978 avec la réclamation de M. Delamadeleine habitant des lieux, qui fait référence à la venue de M. Pradel maire de Lyon en 1958, au cours de laquelle ce dernier aurait promis à ses administrés un certain nombre de travaux dont l’assainissement des écoulements des eaux usées de l’impasse ainsi que l’élargissement de la rue Croix-Barret. Il y déplore l’absence de considération de la Municipalité pour certains quartiers plus périphériques dont celui du Grand-Trou en pointant la non-réalisation de ces travaux pourtant prévus de longue date. On ignore si ces travaux ont été réalisés par la suite.

L´impasse Brachet est composée pour l'essentiel d´une série de deux barres d´un étage d´habitat ouvrier qui peut être comparée à une petite cité ouvrière modeste, mais cohérente, une typologie avec jardin sur l'arrière peu fréquente à Lyon. Il serait intéressant que le futur projet urbain tienne compte d´une ambiance urbaine de quartier populaire très riche de part sa variété. Cet ensemble est situé à l'angle de la rue Croix-Barret et non loin de la route de Vienne, dans un quartier appelé le Grand Trou. L'organisation spécifique de ce territoire autour de ces anciens tracés viaires, avec une trame du parcellaire historique forte ainsi que la présence de grandes emprises SNCF et industrielles, contribuent à identifier ce quartier comme un morceau de ville remarquable. Ce quartier est marqué par un tissu de faubourg, relativement dense. Les parcelles profondes permettaient d'installer le long des rues les constructions d'habitations ou locaux d'activités sur lesquels se développaient les logements; puis des jardins ouvriers en fond de parcelle.

L’impasse Brachet s’étend selon un axe nord-sud sur 133m de longueur et 10m de largeur et comprend 40 maisons et leurs jardins respectifs sur l’arrière. Conçues suivant un plan régulier, les maisons d’une architecture simple et dénuée de décor, toutes accolées, composent la perspective de cette impasse suivant une ligne d’égout continue jusqu’au mur de clôture terminal qui la sépare d’un percement récent. On pourra dès lors parler de « cité-barre » de par la grande horizontalité de l’ensemble. L’élévation de chaque unité se compose d’une travée de fenêtres et d’une porte latérale, cette dernière placée de façon à ce que les entrées des habitations particulières soient accolées deux à deux. L’appartement-type se compose donc d’une sorte de duplex, les deux niveaux étant reliés par un escalier à rampe droite légèrement tournante en partie haute, inséré dans une des parois latérales.

L’impasse, située dans la proximité immédiate des grandes lignes SNCF du côté est, est indiquée dans les archives comme appartenant au quartier de La Mouche, quoiqu’elle soit de fait comprise aujourd’hui dans le quartier dit du « Grand Trou ». Elle est demeurée peu ou prou inchangée dans son tracé malgré les percements et modifications de voirie des abords, notamment le percement de la rue du Presbytère, qui prolonge l’ancienne impasse du Presbytère jusqu’à la rue de Montagny, ou encore le lotissement important de l’impasse Caton voisine, ancienne impasse Martin dite encore « du Grand-Trou », qui part perpendiculairement de la route de Vienne vers la moitié de sa longueur.

  • Murs
    • enduit
  • Toits
    tuile mécanique
  • Étages
    1 étage carré
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • État de conservation
    bon état
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler

L´impasse Brachet est composée d´une série de deux barres d´un étage d´habitat ouvrier avec jardins sur l'arrière de l'habitation qui peut être comparée à une petite cité ouvrière modeste, cohérente, urbaine, très bien intégrée à ce quartier encore préservé en limite du 7e et 8e arrondissement de Lyon en lisière de la voie ferrée.

pour citer cette étude :

Coulon H., Halitim-Dubois N., la cité ouvrière impasse Brachet, une cohérence urbaine de la ville : https://patrimoine.auvergnerhonealpes.fr/dossier/cite-ouvriere-impasse-brachet/19fc864b-9693-4958-ae76-9af9ee1ac2d9

https://patrimoine.auvergnerhonealpes.fr/recherche/globale?texte=IA69001583&type=

Documents d'archives

  • carte postale 1906 : 4FI/11061

    344W/661/ /1071 (20 impasse Brachet): Constructions neuves 1926. Autorisations : plan, rapport, permission de voirie, arrêté.

    922WP/19/5 Rue Brachet 7e arr. - prolongement et déclassement de la dite rue … (1903-1929).

    923WP/188 (Eclairage public… - 1925-1933).

    1097W/619 Hygiène de l’habitat. Immeubles insalubres. Travaux d'office : fichier sanitaire du 8e arr., imp. Brachet n°1 à 41 (1953-1974).

    1110WP/13 SECURITE PUBLIQUE : Immeubles menaçant ruine, 1939.

    428WP/90 VOIRIE URBAINE : élargissement, bitumage (1959-1978).

    2637W/117 /2005/427 : 1 impasse Brachet (2005-2006).

    AC Lyon

Annexes

  • Quartier de faubourg
  • Entretien habitant de l’impasse Brachet, vendredi 28 février 2020 dans l’impasse devant sa maison.
Date(s) d'enquête : 2020; Date(s) de rédaction : 2020
© Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
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