HISTORIQUE ET DESCRIPTION
1. Historique
En 1856, Mgr Melchior de Marion-Brésillac, ancien évêque de Karumattampatty en Inde, fonde à Lyon la Société des Missions africaines, chemin du Petit Sainte-Foy, dans des locaux acquis des carmélites, et en confie la direction à l´abbé Augustin Planque. Celui-ci achète, en 1860, un domaine, 243 Grande rue de La Guillotière, ayant appartenu au XVIIIe siècle à Martin d´Ossaris, et s´étendant jusqu´au tracé du cours de Brosses (LE NAIL B. Un grand institut missionnaire). Il charge l´architecte Clair Tisseur d´en construire les bâtiments, en particulier la chapelle, perpendiculaire au cours de Brosses et le bâtiment du grand séminaire qui accueille les futurs missionnaires pour un enseignement de deux années de philosophie et de 3 années de théologie ; avec la succursale du Caire, le séminaire des missions africaines reçoit cent étudiants au début du XXe siècle (L´Echo des Missions africaines, 1902, n° 2, p. 32-33). Ce bâtiment, de 3 étages, parallèle au cours de Brosses, est construit à l´extrémité de la chapelle (doc. 3, fig. 6, 7). La chapelle, voûtée d´arêtes, se termine par un chevet plat, percé de quatre niches accueillant des statues (fig. 19). L´ensemble est achevé en 1871 et continue de s'agrandir jusqu'à la Grande rue de la Guillotière : une demande de permis de construire est déposée par l'abbé Planque en 1896 pour une construction 257 Grande rue de la Guillotière (La construction lyonnaise).
Une partie des bâtiments est réservée au musée organisé à partir des collections du Salon africain ouvert dans les locaux de Sainte-Foy.
Après la Première Guerre mondiale, des travaux importants sont entrepris. On commence à reconstituer le musée qui avait dû être fermé et même dispersé au moment de la séparation de l´église et de l´état. Il s´organise autour de trois salles : la première, consacrée aux missionnaires, présente des objets ayant appartenu à Mgr de Marion-Brésillac, au père Planque et à Mgr Paul Pellet, successeur du père Planque ; les deux autres sont réservées à l´art africain (L´Echo des Missions africaines, 1921, n° 1, p. 150).
Les bâtiments actuels sont édifiés en 1923 par les architectes Francisque Chevallet et E. Martin, sous l´administration du père Jean-Marie Chabert. Ils comprennent deux corps principaux en L, à l´angle du cours Gambetta et de la rue Robin, avec un petit corps en retour le long de la rue Nicolaï, permettant l´accroche de la chapelle de Clair Tisseur qui est conservée (fig. 14, 15, 16). L´entrée principale se fait cours Gambetta, dans la partie droite du bâtiment, par un grand vestibule, ouvrant sur un second, désaxé, d´accès à la chapelle (fig. 22). Sur le côté de ce second vestibule se trouve l´escalier principal (fig. 18). Le séminaire compte une deuxième entrée, à l´angle en pan coupé du cours Gambetta et de la rue Robin. Cette entrée ouvre sur un escalier suspendu, et au-delà sur un vestibule desservant les deux ailes du bâtiment. Une entrée secondaire est située à l´extrémité sud du corps de la rue Robin. Une partie du bâtiment est affectée au musée. Des bâtiments annexes, imprimerie en sous-sol (fig. 30 à 33) et salle de réunion en rez-de-chaussée sont placés dans l´angle intérieur des deux ailes. Le jardin se développe à l´arrière (AC Lyon. 0344 WP 134).
Les 18-20 mars 1928 est célébré le centenaire du père Planque (L´Echo des Missions africaines, 1928, n° 3, p. 50) ; à cette occasion, les restes de Mgr de Marion-Brésillac et ceux du père Planque sont rapportés au séminaire.
La chapelle de Clair Tisseur continue d´être utilisée et reçoit un décor (cf. sous-dossier) de Jean Coquet en 1932, lequel peint également le vestibule en 1933.
Dans la 2e moitié du XXe siècle (1970 ?), la chapelle de Clair Tisseur est en grande partie détruite. Seule demeure la première travée, sous la tribune, fermée au sud par un mur intégrant des vitraux et qui sert aujourd´hui de chapelle, le bas-côté est faisant office de sacristie et le bas-côté nord d´oratoire. Les terrains situés le long de la rue Nicolaï et de la rue Jules-Brunard ont été vendus et le jardin limité à la longueur des corps de bâtiments.
Les deux premiers étages du musée, qui prend le nom de Musée africain, sont rénovés en 1979, et le 3e étage en 2000.
Le séminaire des missions compte en 2005 28 résidents ; le musée accueille 10 200 personnes par an.
2. Description
L´édifice est composé de trois grands corps de bâtiment de trois étages, alignés sur le cours Gambetta et la rue Robin, ponctués pour chacune des trois entrées (150 cours Gambetta, 6-8 rue Robin) par une tour de quatre étages. A l´arrière, plusieurs corps de bâtiment d´un, deux ou trois niveaux accueillent salle de réunion, chapelle, documentation et circulation et ouvrent sur le jardin. A l´exception des tours couvertes de toits en pavillon, les bâtiments sont couverts de toits terrasse.
L´entrée principale, 150 cours Gambetta, est marquée par un léger avant-corps, avec portail d´entrée et trois baies jumelées à chaque étage, flanqué de part et d´autre d´une travée de baies jumelées. Les façades sont soulignées de lignes horizontales marquant le soubassement des caves hautes, le rez-de-chaussée et la corniche, et rythmées par les baies plus ou moins rapprochées. Les architectes mêlent une tendance moderniste (géométrie des lignes) à un vocabulaire néo-roman (baies à meneau, fenêtres jumelées en plein-cintre, portail à voussures).
Le vestibule principal est triple : la première partie rectangulaire ouvre sur un degré de trois marches desservant à droite le bureau du gardien, à gauche une salle d´accueil (porte aujourd´hui murée) et en face le grand vestibule. Le vestibule principal, de forme octogonale, dessert, à gauche et à droite, les corps d´habitation par des degrés de trois marches et des entrées surmontées de toiles marouflées de Jean Coquet (cf. sous-dossier) ; il est couvert d´une voûte à pénétrations qui s´achève par un oculus central composé de vitraux (blanc, jaune, orange, brun) éclairé par un dallage de verre à l´étage au-dessus (musée). Ce vestibule communique, également par un degré de trois marches, et de façon désaxée (voir historique), avec un second vestibule donnant accès par un degré de cinq marches à droite à une grande salle (lingerie) et à gauche à l´escalier principal donnant accès au musée ; au fond, il ouvre sur la chapelle ; il est couvert d´une coupole et éclairé également par un oculus central à vitraux.
La chapelle (fig. 45 à 47)
La chapelle actuelle correspond à la première travée de la chapelle de 1871, autrefois surmontée de la tribune.
De part et d´autre de l´entrée sont placés les tombeaux du père Planque et de Mgr de Marion-Brésillac (cf. sous-dossier). La chapelle se compose d´une salle rectangulaire allongée, flanquée à gauche de la sacristie et à droite d´un oratoire, Le chevet, au sud, est un mur plat percé de huit baies rectangulaires verticales occupées par des vitraux (verres cathédrales, américains, mécaniques) rouge, blanc et jaune, non signés. Le sol est moquetté et le plafond surbaissé est formé de dalles isolantes. Sacristie et oratoire sont séparés de la chapelle par deux colonnes ; ils sont couverts de voûtes d´arêtes reposant sur des culots sculptés de feuilles d´acanthe et de palmettes. Un lavabo de pierre polie façon marbre est inclus dans l´angle sud-est de la sacristie. Sacristie et oratoire communiquent avec le jardin.
Le séminaire
Les corps de bâtiment sur rue sont desservis par un couloir longitudinal côté cour, ainsi que le corps de bâtiment perpendiculaire (fig. 43). Trois escaliers tournants à volées droites desservent ces bâtiments. Les caves hautes sont occupées en partie par l´ancienne imprimerie située sous la cour et éclairée par des verrières (fig. 38, 53).
Le musée
Le second vestibule ouvre sur un passage donnant accès à droite au grand escalier tournant à deux volées droites, la première volée centrale et la deuxième double à montées parallèles, desservant le premier étage du musée (fig. 48). Cet escalier est différent de celui proposé par l´architecte lors du dépôt du permis de construire. Les salles du musée sont situées le long du cours Gambetta. Un escalier droit construit contre le mur sud conduit aux deuxième et troisième étages (fig. 51, 52). Les escaliers du musée ont des garde-corps à balustres de béton.