Dossier d’œuvre architecture IA69007207 | Réalisé par
Delavenne Magali (Contributeur)
Delavenne Magali

Conservatrice du patrimoine, chercheure au Service de l'Inventaire (2014- ).

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  • inventaire topographique, Inventaire de la Ville de Lyon
Cuisines du couvent des carmes déchaussés
Œuvre monographiée
Copyright
  • © Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
  • © Ville de Lyon

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Lyon Urgences
  • Commune Lyon 5e
  • Adresse 2 chemin de Montauban
  • Cadastre 2012 AB 30  ; 1831 R 236
  • Dénominations
    cuisine
  • Destinations
    salle d'exposition, archives
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante
  • Parties constituantes non étudiées
    fontaine, bassin

Le bâtiment des cuisines a été construit dans la deuxième moitié du 17e siècle sur des structures préexistantes, qui étaient probablement des aménagements de jardin (deux bassins, une fontaine évoquant la fontaine aménagée sur les terrasses de l'hôtel de Gadagne). Le cahier de toisage, non daté, qui se rapporte à la construction des bâtiments conventuels de l'aile nord (1650) et de l'aile des cuisines, fait référence au "mur qui retient les terres au devant des fontaines... au devant de la cuisine ja fondé" et au "mur de la cuisine à rehausser sur les pilastres des arcades des fontaines aussi de bise ja fondé". La construction du corps de logis accueillant les cuisines et dépendances était apparemment prévue dans le projet général du couvent dès 1650, mais semble avoir été ajournée jusqu'en 1663, où elle fait l'objet d'un acte spécifique (prix fait du 11 juin 1663 reconduisant les clauses et conditions du prix fait de 1650). Les maîtres maçons Sébastien Baillond et Estienne Symon dit Terman sont chargés de l'aménagement d'"un corps de logis pour servir de cuisine, chauffoir, infirmerie et autres logis à prendre depuis le degré joignant leur cuisine et réfectoire jusqu’au bout du corps de logis tenant du costé du couchant", dont les fondations étaient déjà jetées, et de la construction de latrines à l'extrémité du bâtiment. L'acte mentionne le "grand démolissement qu'il y a à faire dans le susdit corps de logis" sans donner d'indications permettant de préciser la nature des bâtiments démolis. En 1664, les deux planchers sont établis par Michel Paquin ou Saquin, charpentier (prix fait du 27 novembre 1664). Sous l'Ancien régime, le bâtiment comprenait en sous-sol, les fontaines ; au rez-de-chaussée la cuisine, la dépense et la "voûte du charbonnier" ; au premier étage un vaste chauffoir et les latrines du premier dortoir ; au deuxième étage l'infirmerie, subdivisée en deux à trois chambres, une pièce appelée la classe et une petite chapelle, ainsi que les latrines de l'infirmerie, puis sous les combles des greniers.

Dans la deuxième moitié du 19e siècle, lorsque les carmes déchaussés restaurent leur couvent, les moines se réservent cette aile de dimensions modestes et dotées de toutes les commodités utilitaires, et affectent les grands dortoirs de l'aile nord au noviciat. Une chapelle secondaire ou oratoire est aménagée au deuxième étage de l'aile des cuisines, à l'emplacement de l'infirmerie : en 1862, elle est décorée de trois peintures monumentales de Paul Borel (peintures à fresque ou à la détrempe représentant L'Adoration des Mages, L’Adoration des Bergers et La Mort de saint Joseph, connues par des reproductions dans JB. Martin, p. 168-169). Après l'expulsion de la congrégation en 1882, les quelques religieux restés sur place comme gardiens du bâtiment se retirent dans l'aile des cuisines qu'ils dotent d'une porte d'entrée séparée sur le chemin de Montauban, alors que le reste du couvent est loué à une institution scolaire. En 1890, il leur est reproché d'autoriser des femmes du voisinage à assister à la messe dominicale dans leur chapelle. En 1907, l'aile des cuisines ne fait pas partie des bâtiments aménagés en priorité en dépôt d'archives, et connaît peu de modifications hormis la rénovation des façades et toitures. Le bâtiment des latrines semble avoir été démoli dans la première phase de travaux. En août 1909, l'aménagement des magasins dans cette aile est ajourné pour raisons financières. Seules les deux pièces du rez-de-chaussée sont immédiatement utilisées comme dépôts de papiers inutiles (repiquage et badigeon des murs intérieurs, établissement d'un sol en ciment). Les étages sont progressivement colonisés par l'installation de magasins : le premier étage avant 1935, puis en 1935 le deuxième étage à l'exception de la chapelle dont les peintures sont alors toujours en place (AD Rhône, 4 N 383), et enfin les combles. La date de disparition des peintures n'est pas connue. Le rez-de-chaussée de l'aile des cuisines, conservant les éléments patrimoniaux les plus remarquables du couvent, est remis en valeur à partir de 1977 et utilisé comme salle d'expositions et de conférences. La fontaine du réfectoire y est déplacée en réemploi à une date inconnue.

L'aile des cuisines est un bâtiment de plan trapézoïdal irrégulier épousant la courbe du chemin de Montauban. Les façades sud, donnant sur le chemin de Montauban, et ouest, donnant sur le jardin, sont entièrement aveugles. La façade nord donnant sur la terrasse est marquée par une galerie voûtée d'arêtes ouverte par cinq arcades en plein cintre retombant sur des piliers en pierre de taille. Elle est percée de cinq fenêtres rectangulaires sans décor au premier et au deuxième étage, de trois petites baies éclairant l'étage de combles. Un petit bâtiment moderne en appentis a été accolé à l'extrémité ouest, accueillant les sanitaires et le réfectoire du personnel des archives départementales. Au sous-sol se trouvent deux bassins en pierre de plan rectangulaire et trapézoïdal, dont l'un est semi-enterré. Tous deux sont alimentés en eau courante par une source qui traverse ensuite le bâtiment. Une niche de fontaine en plein cintre, dont l'arc et les piédroits sont cannelés et la paroi ornée d'un motif de coquille, est aménagée dans le mur sud. Deux galeries au moins sont percées dans le mur sud. On accède aux fontaines par un couloir rejoignant l'escalier, situé en dessous de la galerie à arcades du rez-de-chaussée. Légèrement plus haut que le niveau des bassins, il en est séparé par quatre importantes arcades maçonnées en plein cintre. Le bâtiment compte deux pièces au rez-de-chaussée. La première, voûtée d'arêtes, a conservé une cheminée monumentale en pierre dorée, dont le manteau compte trois arcs surbaissés retombant sur deux colonnes bombées. Le mur est recèle deux ouvertures de fours. La deuxième pièce est couverte d'une voûte d'arêtes retombant sur deux colonnes à chapiteaux cubiques. Une fontaine sculptée en marbre, provenant du vestibule du réfectoire, a été placée en remploi dans le mur ouest. Elle se compose d'une niche cantonnée de volutes, ornée de trois tritons ou dauphins entrelacés en relief, couronnée par un fronton semi-circulaire en marbre noir portant l'inscription latine "LAVAMINI, MUNDI ESTOTE". Au registre supérieur, un bas-relief montre une croix noire cantonnée d'un rameau d'olivier et d'une branche sèche, au sein d'un décor rocailleux. La vasque en marbre noir a été retirée à une date ancienne.

  • Murs
    • calcaire moellon enduit
    • calcaire pierre de taille
    • travertin (incertitude)
  • Toits
    tuile mécanique
  • Étages
    sous-sol, rez-de-chaussée, 4 étages carrés
  • Couvrements
    • voûte d'arêtes
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
  • État de conservation
    bon état
  • Techniques
    • sculpture
  • Représentations
    • dauphin, croix, olivier, arbre, pierre
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Éléments remarquables
    fontaine, cheminée, bassin

Documents d'archives

  • AD Rhône : 12 H 28. Carmes déchaussés de Lyon : construction des locaux du couvent et de ses dépendances, de l'église et de la muraille ; réparations aux locaux. 1650-1712.

    AD Rhône : 12 H 28
    11 juin 1663 : Priffait pour la construction d‘un corps de logis pour servir de cuisine, chauffoir, infirmerie et autres par Sébastien Baillon et Etienne Simon dit Terman maitres massons dudit Lyon - 27 novembre 1664 : priffait pour faire deux planchers à l’infirmerie classe et chauffoir des carmes, par Michel Paquin - [milieu 17e s.] : thoisage du bâtiment neuf pour les RR. PP. carmes deschausser de Lyon
  • AD Rhône : 4 N 382. Propriétés départementales : Archives départementales, travaux d'aménagement, 1908-1934.

    AD Rhône : 4 N 382
    1924-1928 : logement de l'archiviste en chef ; 1925-1926 : projet de dépose des peintures de Paul Borel
  • AD Rhône : 4 N 383. Propriétés départementales : Archives départementales, aménagement de nouvelles salles de dépôt, 1923-1939.

    AD Rhône : 4 N 383
    1935 : aménagement d’un local pour archives du Greffe du Tribunal civil et réfection des enduits de la façade est côté parc, au-dessus des arcades, menuiserie et parquets, rayonnages, nettoyage et raclage des anciens badigeons écaillés sur le plafond à la française

Documents figurés

  • Ancien monastère des Carmes-Déchaussés : les cuisines [dessiné en 1905] / Joannès Drevet. 1905. 1 est. (ill.) Dans "Vieilles pierres lyonnaises" / Emmanuel Vingtrinier, p. 282.

  • Petite fontaine lavabo avec armoiries, dans un vestibule de l'ancien monastère des Carmes-Déchaussés / Joannès Drevet. 1911. 1 est. (ill.) Dans "Vieilles pierres lyonnaises" / Emmanuel Vingtrinier, p. 284.

  • Archives départementales du Rhône, 11 vues extérieures et intérieures / Jules Sylvestre. 1920. 11 photogr. : noir et blanc, 18 X 24. (AC Lyon 1 PH 0419/1-11)

    AC Lyon : 1 PH 0019/1-11
    N° 6 : Vue des anciennes cuisines transformées en dépôt d'archives.

Annexes

  • Annexe 1 : inventaires du mobilier de la cuisine des carmes déchaussés
  • Annexe 2 : Peintures de l'oratoire des carmes déchaussés - Paul Borel, 1862
  • Annexe 3 : Descriptions de la fontaine du réfectoire des carmes déchaussés
Date(s) d'enquête : 2014; Date(s) de rédaction : 2014
© Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
© Ville de Lyon
Delavenne Magali
Delavenne Magali

Conservatrice du patrimoine, chercheure au Service de l'Inventaire (2014- ).

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