• enquête thématique régionale, Patrimoine industriel
Eglise Saint-Martin
Œuvre monographiée
Copyright
  • © Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
  • © Ville de Vienne

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Vienne patrimoine industriel - Vienne
  • Hydrographies la Gère
  • Commune Vienne
  • Lieu-dit Vallée de la Gère
  • Adresse 9 rue de la Gère
  • Cadastre 2005 AO 330

On se trouvait à l'intérieur des murs de la ville.A cet emplacement, une première église, dédiée à Saint Martin, avait été édifiée au Vème siècle par Saint Nizier, évêque de Vienne. Elle a ensuite été associée à un monastère, le 2ème plus important de Vienne au VIIème siècle, derrière celui de Saint-Pierre.Lors de l´invasion des Sarrasins au VIIIème siècle et pendant les guerres de religion au XVIème siècle, l´église et le monastère ont été successivement détruits et reconstruits pour devenir au final le prieuré de l´ordre de Saint Ruf. L'église ne sera reconstruite qu'au début du XVIIème siècle. En 1635, un incendie endommage peu les constructions mais nécessitent toutefois des réparations. Au XVIIIème, les bâtiments conventuels se démantèlent de plus en plus : ils sont loués à des laïques et notamment à des industriels. En 1737, la Maison Charvet, manufacture de draps créée en 1718 et érigée en Manufacture Royale en 1754, installe dans les locaux du prieuré Saint Martin et dans l´ancien cimetière les métiers à tisser, les greniers d´étendage et les magasins d´ensemble. L´église actuelle date de 1845, lorsque des travaux de restauration et d´agrandissement, portant sur la toiture, la nef, le clocher et le choeur, modifient fortement l´église. Ces travaux ont été réalisés d'après les plans de l'architecte voyer Haour de 1839.En 1875, tous les édifices ayant appartenu au monastère sont sous la propriété de Vitoz Félix, teinturier, et sont désignés sous l'appelation usine, maison et cour. L'église appartient à la Commune de Vienne.En 1933, Maurice Denis (1870 -1943), peintre symboliste et fervent catholique, orne le choeur d'une fresque A la gloire de l'Eucharistie. Riche en symboles propres à l´eucharistie (l´eau transformé en vin, le pain, les vignes), les scènes sacrées sont situées à l´intérieur même du quartier Saint Martin. Les personnages bibliques, tels que le Christ et les apôtres côtoient des personnages historiques, comme l´évêque de Saint Martin, des fidèles de la paroisse ou des ouvriers. L´arrière plan dévoile le paysage caractéristique de la vallée de la Gère avec ses grandes usines et ses hautes cheminées fumantes. Le peintre s´inspire ici du réalisme social du lieu pour donner à cette composition religieuse une autre portée. Le temps historique semble prolonger le temps sacré. En 1939, il complétera son oeuvre par quatre autres fresques. Lors de la reconstruction du quartier Saint Martin, les bâtiments qui étaient accôtés à l'église sont démolis. On voit encore les traces de l'élévation et des arrachements. En 2000, l'intérieur de l'église est totalement restauré.

Cette église orientée se situe sur la rive droite de la Gère. Elle est délimitée au nord par la résidence Saint-Martin, au sud par la place Saint-Martin, à l'est par le square du même nom et à l'ouest par la rue de Gère. L'angle sud-ouest de l'édifice a été abattu pour faciliter la circulation des piétons. Le bâtiment mesure environ quarante deux mètres sur vingt. Le clocher et la sacristie forment un avant-corps. La construction des murs est en maçonnerie de moellons avec chaînage d'angle en pierre de taille. Les encadrements de baies sont en briques. Quelques décors de façade sont en grand appareil ou en pierre sculptée. La charpente porte une toiture à deux versants et à quatre pans. Les pans supérieurs sont couverts d'ardoises et les pans inférieurs sont couverts de tuiles canal. La façade principale est rythmée verticalement par deux grands pilastres qui séparent la nef des deux collatéraux et horizontalement par deux bandeaux filants interrompus au niveau de la nef. L'entrée dans le bâtiment s'effectue depuis la rue par un emmarchement à degrés adoucis. Le portail est formé d'une porte à arc plein-cintre inscrite dans une travée toscane, couronnée d'un entablement et d'un fronton triangulaire à modillons rampants. Le tympan est orné d'un triangle rayonnant qui représente la Sainte Trinité et de quelques chérubins. Le portail est surmonté d'une rose à six occuli quadrilobés et un occulus polylobé. Le sommet du pignon est orné de deux modillons et d'un décor de bande lombarde rampante. Les parties qui correspondent aux deux collatéraux sont percées par deux baies barlongues superposées, très légèrement décorées. L'angle sud de la façade a été modifié afin de faciliter le passage des piétons, une partie est en surplomb au-dessus du trottoir.La façade latérale gauche est percée par sept baies hautes en plein-cintre. Une baie à arc en molasse est bouchée par des moellons, elle témoigne d'un ancien niveau de la rue. Quelques ancres de tirants ponctuent cette façade. La sacristie forme un avant-corps. Un occulus en pierre de taille est bouché par des moellons et une marque de tâcheron est visible sur une pierre en saillie. Le mur nord de la sacristie est aveugle, seul un corbeau qui ne soutient plus rien est en saillie.La façade arrière est divisible en trois parties. Au nord, l'entrée de la maison paroissiale s'effectue par une porte dont le perron est protégée par une marquise. Cette entrée est flanquée de deux baies rectangulaires à droite et d'un appentis à gauche. La partie centrale de la façade arrière est occupée par le clocher. Son plan rectangulaire mesure environ six mètres sur huit. Il est flanqué de part et d'autre par trois séries de baies plein-cintre qui éclairent le déambulatoire. Cette construction hors-oeuvre est accessible par une porte sur la place Saint-Martin. La chambre de cloches est éclairée, sur chaque face du clocher, par deux baies en plein-cintre obstruées par des abat-son. Le toit à l'impérial est couvert en ardoise et le petit dôme qui protège le lanternon est couvert en zinc. Une croix chrétienne est plantée au sommet. Les murs ont perdu leur enduit par endroits et sont décorés par trois bandeaux filants qui semblent séparer quatre niveaux. Au sud, le déambulatoire est directement visible. Trois pans de murs permettent à la façade de tourner. Chaque pan est percé par une baie en plein-cintre. L'enduit est strié afin de donner l'illusion d'un mur en grand appareil. La façade latérale droite est percée par les huit baies hautes qui éclairent le collatéral sud. Leurs arcs en plein-cintre, doublés par un léger décor, sont en brique. On remarque sur cette façade un cadran solaire qui semble porter une date.L'espace intérieur est divisé en trois parties: une nef et deux collatéraux. Le vaisseau central est séparé des bas-côtés par une arcature. Deux séries de six piliers cruciformes d'ordre toscan soutiennent des arcs diaphragmes en plein-cintre. L'échine, le tailloir et l'astragale sont peints en rose alors que le pilier est blanc. Une corniche à denticules, également peinte en rose, délimite la naissance de la voûte d'arêtes. Les collatéraux emploient le même vocabulaire architectural que la nef. Chaque travée est éclairée par une baie en plein-cintre ornée d'un vitrail. Le massif-antérieur est occupé sur deux niveaux. Au premier niveau, l'entrée dans l'édifice s'effectue par un tambour en bois. Deux petites pièces sont aménagées au nord et au sud. Au second niveau, une tribune à balustrade en bois porte l'orgue dans l'axe du choeur et est occupée par des prie-Dieu au nord et au sud.Le choeur occupe deux travée en plus du chevet. Les deux piliers cruciformes sont unis par deux petits arcs en plein-cintre jumelés avec retombée pendante. Les sept colonnes qui séparent l'abside du déambulatoire, supportent des arcs outrepassés. L'abside est couverte par une voûte en cul-de-four. La clôture de choeur et l'autel sont en marbre blanc veiné. Le sol est recouvert de mosaïques modernes à motifs géométriques.Le programme iconographique de la fresque du choeur est intitulé A la gloire de l'Eucharistie. La Cène est représentée au centre, on lit l'inscription ACCIPITE ET MANDUCATE EX HOC OMNES. HOC EST ENIM CORPUS MEUM. A gauche, plusieurs figures de l'ancien testament prennent place: sacrifices d'Abel, Abraham, Melchisédek, la Manne, Elie réconforté par un ange, Cana. A droite, les bénéficiaires sont représentés: St Pie X favorisant la communion des enfants, le Saint curé d'Ars et Saint Martin. Quelques habitants du quartier sont présents. A l'arrière plan, le paysage de la vallée de la Gère dévoile ses usines et ses cheminées fumantes. On reconnaît les ruines de la Bâtie et le mont Pipet.

  • État de conservation
    bon état
  • Statut de la propriété
    propriété publique

La riche histoire de cette église en fait un monument majeure de la vallée. Elle constitue un ensemble harmonieux avec le pont Saint martin et le Front de Gère. Ce sont des points de repères indispensables qui retracent l'Histoire de la vallée de l'époque gallo-romaine au XIXème siècle. Elle est d'autant plus importante qu'elle est la seule église de la vallée qui subsiste. En 1933, Maurice Denis (1870 -1943), peintre symboliste et fervent catholique, orne le choeur d'une fresque A la gloire de l'Eucharistie.

Bibliographie

  • RAYMOND, F., Plan général d'alignement à parcelles fermées de la ville de Vienne, accompagné de son index de noms, échelle 1/2000, CREAM, 1875 RAYMOND, F., Plan dressé par le géomètre soussigné, échelle 1/2000, CREAM, 1891

  • AC Vienne, 2 M 1 - 4 Monuments publiques, Eglise Saint-Martin AC Vienne, 1 D 6 Délibérations municipales ZANNETTACCI, M., Vienne, (Isère), vallée de Gère, service archéologique municipal, Vienne, document interne mars 2003 DUFROID, R., Vienne, Petit dictionnaire encyclopédique, les vallées de Gère et de la Véga, SL, SD, Vienne, catalogue d'exposition : d'usines en usines : Paysage industriel à Vienne. Exposition au Cloître de Saint André le Bas, sous la direction de Roger Lauxerois, Vienne, imprimerie de La Tour 1997

Documents figurés

  • Plan napoléonien, échelle : 1/2500ème, services techniques, Mairie de Vienne 1824

Date d'enquête 2006 ; Date(s) de rédaction 2009