Ce décor architectural situé sur l'élévation antérieure de l'immeuble s'inspire des arts du deuxième quart du XVIIIe siècle. Selon la définition donnée par Laurence de Finance et Pascal Liévaux dans l'ouvrage Ornement, vocabulaire typologique et technique édité par les Éditions du Patrimoine en 2014, une singerie est une "composition mettant en scène des singes mimant les activités humaines (...). La Grande Singerie de Chantilly [attribuée au peintre Christophe Huet, spécialiste du genre, vers 1735] est une allégorie des sciences et des arts (guerre, chasse, peinture, sculpture, géométrie, etc.) où des Chinois sont accompagnés de singes". Dans l'article Chinoiserie : "Le décor à la Pillement met en scène des figurines chinoises asymétriquement disposées dans un décor végétal ou de fleurs de fantaisie."
Ce type de décor, usité dans la peinture (sur caisse de clavecin, Huet, 1733, château de Thoiry ; sur lambris de revêtement, cabinet en camaïeu bleu, Alexis Peyrotte, vers 1748, château de Champs-sur-Marne), la sculpture sur bois, la tapisserie (paravent à six feuilles en tapisserie de la Savonnerie orné, entre autres, d'une singerie, vers 1735-1740, Musée Nissim de Camondo, premier étage, Grand Salon), la céramique, est rare en architecture. Le monde animal est, au 9 rue Ferrandière, mis à l'honneur, chacun semble pris sur le vif et l'effet de mouvement est accentué par l'enroulement des rinceaux feuillagés.
On ne sait quelle était la volonté du commanditaire. Peut-être voulait-il rendre hommage à Jean-Baptiste dit Jean Pillement, né et mort à Lyon (1728-1808) dans la paroisse de Saint-Nizier (Henri Algoud, « Jean Pillement, décorateur de soierie », La Soierie de Lyon : organe du Syndicat des fabricants de soieries de Lyon, mai 1935, p. 131-135. Disponible en ligne https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56070315/f32.item.zoom), à moins que ce ne soit au peintre ornemaniste Alexis Peyrotte né dans le Vaucluse en 1699 mais qui, selon Renaud Serrette, se serait distingué à Lyon en travaillant pour les soyeux, avant de poursuivre sa carrière à Paris dès 1745 ? Selon Hélène de la Selle (1986), "Rue Ferrandière se trouvaient les brasseries du Coq-Noir, La Chinoise et au numéro 9, la Brasserie des Concerts, siège de la société Saint-Hubert, décorée de tableaux de chasse et de natures mortes." : l'adresse précise de La Chinoise n'est pas donnée. Était-elle voisine de la Brasserie des Concerts et sa proximité aurait-elle inspiré l'artiste qui mêlent en un même décor Chinois et animaux divers, ces derniers rendant hommage à saint Hubert, patron des chasseurs ?