Le devis du décor de la salle d'audience, cosigné le 2 octobre 1698 par le maître d'ouvrage et le peintre décorateur Pierre Paul Sevin, indique en premier lieu la technique à employer pour le plafond : le plancher recevra d'abord deux couches préparatoires de blanc de Troyes, et le tout sera peint à bonne colle ; il donne ensuite la composition générale du décor : les trois faces de poutres, (les côtés et le dessous), seront ornées de trophées d'armes, de paix, de justice, de médailles, devises et autres sujets symboliques, tous ces motifs en couleur sur des fonds blancs ; le plafond et les soliveaux sont davantage détaillés : les faces inférieures des soliveaux seront semées de fleurs ou d'autres ornements, au gré du peintre qui pourra les varier de l'un à l'autre, et les côtés, peints en gris perle, avec un filet couleur or, feront ressortir le fond bleu azur entre les soliveaux, semé de fleurs de lys jaune d'or ; celles-ci devront être assez grandes pour qu'on puisse les voir d'en bas, et ombrées pour paraître en relief ; lors d'une visite de chantier, la description (anonyme) du décor du plafond en cours d'exécution montre la conformité au projet : le fond de tout le plancher est azuré, semé d'un nombre infini de fleurs de lys, et les soliveaux couverts d'une riche ornementation colorée, aussi et soignée que celle des poutres ; certains sont semés de fleurs au naturel, d'autres décorés d'entrelacs, de frises, de rinceaux d'olivier ou de laurier, d'autres enfin compartimentés, puisent dans le répertoire ornemental classique pointes de diamant, fleurons etc ; à la Révolution, certains motifs du plafond sont couverts d'un badigeon, puis repeints de fleurs de lys sous la Restauration ; en 1985, l'atelier parisien A.R.C.O.A. consolide la couche picturale écaillée des poutres et réalise des sondages entre les soliveaux pour retrouver le décor original