• inventaire topographique, Inventaire de la Ville d'Aix-les-Bains
Groupe scolaire, dit groupe scolaire du Centre
Œuvre monographiée
Copyright
  • © Archives municipales d'Aix-les-Bains

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Ville basse
  • Commune Aix-les-Bains
  • Lieu-dit Ville basse
  • Adresse place des Ecoles
  • Cadastre 1879 D 728 ; 770 p. ; 803 p. ; 804-805  ; 2004 CD 480 ; 513 ; 515 ; 550 ; 914

Les constructions scolaires à Aix-les-Bains

I) Le corpus : les premiers bâtiments d’école

Huit ensembles scolaires ont été étudiés (recherches en archives et enquête de terrain) :

  • le groupe scolaire du Centre : l’ancienne école de garçons (2004, parcelles CD 513, 550 et 913) ; l’ancienne école de filles (2004, parcelle CD 515) ; l’école maternelle (2004, parcelle CD 480)
  • le groupe scolaire de Lafin (2004, parcelles BS 57-58 et 241)
  • le groupe scolaire de Choudy (2004, parcelle BH 98)
  • le groupe scolaire de Marlioz (2004, parcelle CH 171)
  • le groupe scolaire de Boncelin (2004, parcelles BZ 196-197)
  • le groupe scolaire de Saint-Simond (2004, parcelles BV 166-167)

La création de ces ensembles scolaires entre 1878 et 1930 s’est incarnée dans la construction de bâtiments d’école. Pour répondre à l’augmentation démographique de la commune au cours du XXe siècle, des agrandissements sont intervenus : soit directement sur les bâtiments d’origine ; soit par la construction de nouveaux édifices dans l’enceinte scolaire. Quelque soit le type d’intervention, l’architecture extérieure et bien souvent l’organisation générale intérieure des constructions primitives ont été peu modifiées.

Le texte qui suit s’intéresse uniquement à ces bâtiments d’origine, construits entre 1880 et 1930. Il s’appuie sur les recherches en archives et sur l’enquête de terrain réalisée ainsi que sur une étude plus générale sur les constructions scolaires menée par Michel Lainé et publiée en 1997 (LAINE Michel. Les constructions scolaires en France. Paris : PUF, 1997. 239 p.).

II) La création et la construction d’écoles communales

Avant la création et la construction d’écoles communales à la fin des années 1870, l’instruction à Aix-les-Bains était assurée par les congrégations. L’école de filles, fondée en 1812, était tenue par les sœurs de Saint-Joseph ; l’école de garçons, créée au cours des années 1820, était confiée aux Frères de la doctrine chrétienne.

Entre 1878 et 1930, la municipalité s’est dotée de plusieurs établissements scolaires publics et laïcs implantés au centre du bourg et dans les hameaux :

  • le groupe scolaire du Centre : une école de garçons en 1883, une école de filles en 1885 et une école maternelle en 1938
  • l’école de Lafin en 1901
  • les écoles de Choudy et Marlioz en 1910
  • les écoles de Saint-Simond et Boncelin en 1932

Les créations et les constructions de ces écoles, et plus particulièrement celles de l’école du Centre, accompagnent le mouvement républicain qui s’intensifie après la défaite de 1870 en s’appuyant notamment sur la diffusion de l’instruction.

C’est au sein de la population qu’émergent les demandes de création d’écoles communales : pétition de 1877 des habitants pour demander la création d’une école de garçons publique et laïque qui donne lieu à la construction de l’école du Centre ; l’école de Lafin trouve ses origines dans une pétition des habitants de hameaux datée de 1887 ; celle de Saint-Simond doit son édification notamment à une demande réitérée des habitants de hameaux en 1925. Si la demande de 1877 semble motivée par un élan républicain, les pétitions ultérieures adressées par les habitants éloignés du bourg mettent l’accent sur la nécessité de disposer d’écoles plus proches que celles du centre urbain et réparties équitablement dans tous les hameaux.

Un effort financier important de l’État accompagne et permet la construction de ces établissements. La caisse des écoles, mise en place en 1878, donne la possibilité aux communes d’accéder à des subventions ainsi qu’à des emprunts facilités. L’État assure en outre le traitement des instituteurs.

La Ville, sous la pression exercée par l’État, saisit les opportunités financières proposées par ce dernier et répond favorablement aux demandes des habitants. Assurer l’instruction des enfants des habitants représente également la possibilité de libérer ces derniers afin qu’ils puissent assurer le fonctionnement de la ville thermale.

A l’exception de l’école de garçons et de la salle d’asile (école maternelle) du Centre, logées quelques années dans des locaux existants, la création de chacune de ces écoles entraîne la construction d’un nouveau bâtiment.

La création du groupe scolaire du Centre, comprenant une école de garçons, une école de filles et une salle d’asile (école maternelle), est décidée en 1878 et sa construction envisagée sur plusieurs années. L’école de garçons, dont l’ouverture immédiate est souhaitée, s’installe dès 1878 dans un local loué par la mairie avant d’emménager dans une construction neuve en 1883. Le bâtiment de l’école des filles est inauguré dès 1885 tandis que la salle d’asile est logée pendant quelques années dans une construction existante avant d’être dotée de son propre bâtiment en 1908 et d'emménager dans un nouvel édifice en 1938.

La construction des écoles du Centre à la fin du XIXe siècle est suivie par l’édification d’établissements scolaires dans les hameaux de la commune conformément à la loi de 1883 (loi du 20 mars 1883 qui impose aux communes la construction d’écoles dans les hameaux situés à plus de trois kilomètres) ainsi qu’aux souhaits de la population.

La première école de hameau, l’école de Lafin, ouvre en 1901 et accueille une classe de filles et une classe enfantine.

Au début du XXe siècle, les écoles publiques doivent faire face à une augmentation soudaine des effectifs liée à la fermeture des écoles congréganistes décidée par les lois de 1901 et 1904. Afin d’accueillir ces élèves supplémentaires, les écoles du Centre sont réaménagées et la construction de deux nouvelles écoles de hameau, à Marlioz et à Choudy, est décidée. Ces deux écoles de hameau mixtes abritent chacune une classe pour chaque sexe et une classe enfantine. Elles ouvrent en 1909. Vingt ans plus tard, le conseil municipal réitère cette démarche par la construction simultanée des écoles de Boncelin et de Saint-Simond.

III) L’architecture des premiers bâtiments

Si l’État encourage la construction d’établissements scolaires par la mise à disposition d’aides financières aux communes, il impose par ailleurs des normes constructives dictées principalement par des impératifs hygiénistes. En 1880, la législation sur l’instruction se dote d’un règlement sur les constructions illustré par des figures de l’architecte Felix Narjoux (Règlement pour la construction et l’ameublement des maisons d’école, 17 juin 1880) ainsi que d’un comité des bâtiments scolaires chargé d’examiner les projets et les chantiers de construction (arrêté du 24 septembre 1880). Les dessins, les cahiers des charges et les devis proposés par les architectes doivent donc s’inscrire dans un ensemble de normes avant d’être approuvés par le comité. Le respect des prescriptions conditionne en partie l’accès aux aides financières (subventions et emprunts).

Progressivement, l’édifice scolaire est pensé comme un ensemble caractérisé par la présence d’éléments qui le singularise.Il est enserré dans une enceinte dont la présence matérialise la limite temporelle et spatiale de l’instruction. Les préaux qui l’agrémentent témoignent d’une attention de plus en plus grande à la fin du XIXe siècle à la formation du corps et à la nécessité pour les enfants de se détendre par une activité récréative. L’établissement scolaire contient des salles de classes dédiées au travail intellectuel et bien différenciées des salles spéciales dédiées aux travaux pratiques (dessin, couture, etc.). Il abrite également des logements pour les instituteurs. Enfin, une stricte séparation des sexes doit être observée : soit par la construction d’écoles différenciées, comme ce fut le cas pour les écoles du Centre, soit par des salles de classes de garçons et des salles de classes de filles, solution retenue pour les écoles des hameaux.

Les écoles de garçons et de filles du Centre

Par leurs dates de construction et par leur ampleur, l’architecture et l’organisation des écoles de garçons et de filles du Centre constituent de belles illustrations des prescriptions de 1880. Elles se situent sur des terrains placés à proximité directe du centre urbain et sont donc facilement accessibles. Elles sont bâties en pierre c’est-à-dire dans des matériaux locaux solides. Leur architecture extérieure se caractérise par une relative sobriété décorative puisque les bossages développés sur la hauteur du rez-de-chaussée, la forme et les encadrements très simples des baies ainsi que la présence d’un fronton constituent les seuls éléments ornementaux. La forme des ouvertures traduit bien l’utilisation des locaux : de hautes et larges baies éclairent les salles de classes tandis que les logements de fonction, situés au dernier étage, prennent le jour par des fenêtres plus étroites et garnies de balcons à l’école de garçons. A l’intérieur, les plans indiquent bien une séparation des salles de classes et des salles de travaux pratiques, ces dernières étant logées dans un corps de bâtiment distinct au sein de l’école de garçons. Conformément aux prescriptions, les salles de classes adoptent une forme rectangulaire et présentent un cubage d’air permettant d’y loger une cinquantaine d’enfants. Elles sont éclairées par la gauche et suivent ainsi les résultats d’études précises menées sur les meilleurs systèmes d’éclairage à adopter pour enrayer le développement de la myopie chez les élèves. Elles sont accessibles indépendamment les unes des autres par un couloir de desserte prenant le jour par des baies. Celui-ci joint les deux extrémités du bâtiment occupées par deux escaliers dont l’emplacement et le nombre étaient imposés aux écoles de plus de deux cent élèves.

Les écoles de hameau

Bien qu’une trentaine d’années sépare les constructions de la première école de hameau, celle de Lafin (1901), et celles des écoles de Boncelin et Saint-Simond (1932), ces bâtiments ainsi que ceux des écoles de Marlioz et Choudy présentent des formes générales extérieures et des organisations intérieures similaires. C’est principalement dans leur traitement stylistique qu’elles se différencient.Les constructions s’organisent autour d’un corps central encadré de deux ailes et se développent sur un étage de soubassement, un rez-de-chaussée surélevé et un étage carré. A l’intérieur, le rez-de-chaussée est occupé par : un vestibule, placé à l’avant du corps central, qui dessert une classe dans chacune des ailes (classe de filles et classe de garçons ou classe enfantine pour l’école de Lafin) ; un escalier, logé à l’arrière du corps central, qui donne accès aux logements de fonctions situés au premier étage. De même qu’aux écoles de filles et de garçons du Centre, les fenêtres éclairant les classes se différencient par leur taille plus importante des baies qui éclairent les logements du premier étage. Les écoles de Lafin, Choudy et Marlioz, ces deux dernières étant des écoles jumelles, adoptent un parti extérieur proche de celui des écoles de filles et de garçons du Centre. A l’inverse, les deux autres bâtiments jumeaux que sont les écoles de Boncelin et de Saint-Simond, se différencient par un style années 1930 régional marqué par une grande toiture, un large auvent régnant sur l’ensemble des élévations et un corps central polygonal doté d’un balcon-loggia.

L’école maternelle du Centre

Bien que l’école maternelle du Centre adopte une organisation similaire aux écoles de hameau (un corps central abritant vestibule et escalier ; classes indépendantes les unes des autres et réparties dans les ailes), son architecture se distingue des écoles de Saint-Simond et Boncelin bâtie à la même période.Ses lignes géométriques, ses nombreux accès à l’extérieur par l’intermédiaire de terrasses, sa toiture plate prévue pour être utilisée comme solarium, inscrivent ce bâtiment dans un style années 1930 proche des réalisations aixoises de l’architecte Roger Pétriaux (Thermes Pétriaux, Plage d’Aix, Aquarium, aménagements du parc des Thermes).Ce bâtiment n’était pas destiné à abriter une école mais une goutte de lait et une crèche et sa construction devait être en grande partie financée par des libéralités de l’Aga Khan. La destination du bâtiment, libéré des normes de constructions scolaires, et la qualité du commanditaire, qu’il fallait honorer, expliquent peut-être cette singularité.

Deux écoles congréganistes existaient à Aix-les-Bains depuis le début du XIXe siècle : l’école des filles, tenue par les sœurs de Saint-Joseph et fondée en 1812 (voir dossier École des sœurs de Saint-Joseph puis tribunal, Justice de Paix) et l’école de garçons, gérée par les Frères de la doctrine chrétienne et créée dans les années 1820 (voir dossier École des frères de la doctrine chrétienne).

A la fin des années 1870, les habitants expriment vivement le souhait de création d’une école publique et laïque (Délibération du conseil municipal, 17 février 1877). En 1878 et sur les conseils du recteur d’académie, le conseil municipal décide de fonder un groupe scolaire complet, comprenant une école de garçons, une école de filles et une salle d’asile (école maternelle). Pour mener à bien ce projet, la construction de chacune de ces écoles est envisagée de manière successive afin d'étaler les dépenses (Délibération du conseil municipal, 5 août 1878).

L’école de garçons est inaugurée en 1883 (AC Aix-les-Bains. 4 M 3) et l’école de filles en 1885 (PALLIERE, Johannès. Les Ecoles dans l'histoire d'Aix-les-Bains de 1870 à 1914. Aix-les-Bains : Imp. de l'Avenir, 1983. 216 p. ; 24 cm. p. 195). Des cours complémentaires, transformés par la suite en écoles supérieures, sont immédiatement créés au sein de ces deux établissements (Délibérations du conseil municipal : 9 décembre 1881 ; 17 août 1884 ; 25 octobre 1885 ; 21 juillet 1889). La salle d’asile est quant à elle installée en 1885 dans un bâtiment préexistant jusqu’alors occupé par les Frères de la doctrine chrétienne (voir dossier École des frères de la doctrine chrétienne).

Au début du XXe siècle, les écoles publiques et laïques sont confrontées à une hausse importante et soudaine des effectifs d'élèves liée à la fermeture des écoles congréganistes, suite aux lois de 1901 et 1904. Des aménagements sont entrepris dès 1902 à l’école de filles et en 1906 à l’école de garçons : des classes supplémentaires sont créées dans les locaux existants aux dépens des logements du personnel et de salles dédiées aux travaux pratiques. C’est l’exigüité des locaux liée à ces aménagements hâtifs qui explique le transfert des écoles supérieures dans d’autres bâtiments. Le conseil municipal vote en 1909 la construction d’une école supérieure de garçons (Délibération du conseil municipal, 13 septembre 1909), qui s’installe sur le boulevard des Anglais (voir dossier École supérieure de garçons Bernascon). L’école supérieure de filles est quant à elle transférée en 1911 dans le bâtiment occupé par la salle d’asile (voir dossier École des frères de la doctrine chrétienne) (Délibération du conseil municipal, 23 février 1911). Cette dernière libère en effet les lieux pour intégrer le bâtiment de l’école maternelle dont la construction a été décidée par le conseil municipal en 1908 (Délibération du conseil municipal, 11 septembre 1908) sur ordre du ministère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts (Délibération du conseil municipal, 3 novembre 1901). L'école maternelle occupe ces locaux quelques années avant d'emménager en 1939 dans un bâtiment neuf. Initiée au début des années 1930, la construction de celui-ci correspondait à la volonté d'abriter une crèche et une goutte de lait avant qu'il ne soit destiné à l'usage de l'école maternelle (voir dossier École maternelle du Centre).

Aujourd’hui, l’école primaire du centre occupe majoritairement l’ancienne école de garçons et partiellement l’ancienne école de filles. L’école maternelle se situe quant à elle toujours dans le même bâtiment.

Le groupe scolaire du Centre se situe, comme son nom l'indique, au centre ville. Il se compose de trois bâtiments disposés de part et d’autre des rues Vaugelas et Cabias. L’école primaire est abritée dans deux bâtiments distincts, placés des deux côtés de la rue Vaugelas : l’ancienne école de garçons, située à l’ouest, et l’ancienne école de filles, placée à l’est et en contrebas du boulevard de Paris. L’école maternelle prend place à l’ouest de la rue Vaugelas et au nord de l’ancienne école de garçons dont elle est séparée par la rue Cabias.

  • Murs
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune

Documents d'archives

  • AC Aix-les-Bains. 1 D. Registre des délibérations conseil municipal.

    AC Aix-les-Bains : 1 D
  • AC Aix-les-Bains. 4 M 3. École primaire de garçons, 1877-1936.

    AC Aix-les-Bains : 4 M 3
  • AC Aix-les-Bains. 4 M 4. École primaire de filles, 1881-1936.

    AC Aix-les-Bains : 4 M 4
  • AC Aix-les-Bains. 4 M 26. École de garçons du Centre, travaux et affaires diverses, 1949-1966.

    AC Aix-les-Bains : 4 M 26
  • AC Aix-les-Bains. 4 M 26. Écoles du Centre, école des filles, 1963-1966.

    AC Aix-les-Bains : 4 M 26
  • AC Aix-les-Bains. 4 M 27. Écoles du Centre Filles, 1966-1967.

    AC Aix-les-Bains : 4 M 27

Bibliographie

  • PALLIERE, Johannès. Les Ecoles dans l'histoire d'Aix-les-Bains de 1870 à 1914. Aix-les-Bains : Imp. de l'Avenir, 1983. 216 p. ; 24 cm (AC Aix-les-Bains : A2650).

    AC Aix-les-Bains : A2650
  • Ville d’Aix-les-Bains. M. J. MOTTET, maire, MM. GUIBERT et FOLLIET, adjoints. Compte-rendu de la gestion municipale de 1900 à 1912. Aix-les-Bains: Imprimerie moderne, F. Blanc. 1912. 138 p. ; illus ; 25 cm. (AC Aix-les-Bains. A 2576).

    AC Aix-les-Bains : A 2576
    p. 10

Documents figurés

  • [Vue aérienne de l’école primaire du Centre. Ancienne école primaire de filles et ancienne école de garçons] / S.n. Aix-les-Bains, fin XXe siècle. 1 diapositive : couleur (AC Aix-les-Bains. FRAC73108_9Fi01_0913)

    AC Aix-les-Bains : FRAC73108_9Fi01_0913

Annexes

  • ANNEXE 1 Les répercussions de la fermeture des écoles congréganistes
Date d'enquête 2014 ; Date(s) de rédaction 2014
© Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
© Ville d'Aix-les-Bains