Dossier d’œuvre architecture IA74002476 | Réalisé par
Daviet Jérôme (Rédacteur, Enquêteur)
Daviet Jérôme

Chargé de mission patrimoine bâti au Parc naturel régional du Massif des Bauges, en convention pour réaliser l'inventaire du patrimoine bâti de 2009 à 2023.

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Guibaud Caroline (Rédacteur)
Guibaud Caroline

Chercheur au service de l'Inventaire Rhône-Alpes puis Auvergne-Rhône-Alpes (1999- )

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  • inventaire topographique, Inventaire du Parc naturel régional du Massif des Bauges
Les alpages de la montagne de Charbon
Œuvre monographiée
Copyright
  • © Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays de Faverges et du Laudon
  • Commune Chevaline
  • Lieu-dit Charbon, Charbonnet, le Rosay, le Planay
  • Cadastre 1732  ; A8, A9
  • Dénominations
    ensemble pastoral

Évolution historique

Les nombreux petits enclos de pierres observables dans l'alpage de Charbonnet et connus sous le nom de "parcs à moutons", ne sont pas sans rappeler les enclos de bergers de la protohistoire étudiés en Vercors et en Diois.

La plus ancienne mention connue des alpages de la montagne du Charbon remonte au XIIIe siècle. Comme dans la quasi totalité des cas dans le massif des Bauges, ces alpages apparaissent comme déjà existants et exploités par les habitants des villages environnants.

La plus ancienne mention historique de ces alpages est la donation faite en 1213 par deux nobles de La Compôte (Etienne et Synifred) de la montagne du Charbon à la chartreuse d'Aillon. Dès 1215, les hommes de La Compôte, avec à leur tête deux autres nobles du village, revendiquent une partie de la montagne. Un compromis, approuvé par le comte de Savoie et négocié grâce à la médiation du curé de Doucy-en-Bauges, d'un clerc du prieuré de Saint-Jeoire et de trois nobles des environs, aboutit au partage de la montagne. En 1238, les hommes de Doucy-en-Bauges contestent le droit des chartreux à utiliser un chemin d'accès à l'alpage pour y conduire leurs brebis. Après une médiation du curé de Doucy-en-Bauges, les moines renoncèrent à l'usage du chemin en échange d'un autre accès cédé par les habitants de la paroisse.

Il est toutefois difficile de savoir quelle réalité géographique se cache derrière l'appellation "montagne du Charbon" dans les textes du XIIIe siècle. S'agit-il de toute la montagne ou simplement de l'alpage de Charbonnet, couramment appelé Charbon dans le Cœur des Bauges? Selon Laurent Morand, la propriété des moines d'Aillon sur la montagne du Charbon représentait la moitié de la paroisse de Chevaline.

En 1693, une transaction foncière concernant la montagne du Charbon, entre les chartreux d'Aillon d'une part et les paroisses de Chevaline, Doussard, Lathuile avec les hameaux de Vesonne, le Villard et Mont-Bogon d'autre part, laisse penser que la division de la montagne à la fin du XVIIe siècle était sensiblement la même que lors de l'établissement de la mappe sarde en 1730.

Sur la mappe sarde, la montagne est divisée en trois mas :

-le mas de Charbonnet, propriété des chartreux d'Aillon, qui y ont trois étables et un chalet

-le mas du Planay, appartenant aux communautés des paroisses de Chevaline, Doussard et Lathuile, qui y possèdent quelques bâtiments, tandis que d'autres bâtiments situés sur ce mas appartiennent aux habitants des hameaux de Vesonne, le Villard et Mont-Bogon sur la paroisse de Faverges

-le mas du Charbon, appartenant aux communautés des paroisses de Chevaline, Doussard et Lathuile, qui y possèdent quelques bâtiments.

L'alpage de Charbonnet était donc réservé aux troupeaux de la chartreuse d'Aillon tandis que les autres alpages étaient ouverts aux troupeaux des habitants des villages propriétaires des alpages. Les familles qui montaient des bêtes en alpage payaient alors à la commune une taxe par tête de bétail.

Cette situation étant facteur de conflits récurrents, les paroisses de Chevaline, Doussard et Lathuile se mettent d'accord en 1760 pour se partager la montagne. Toutefois, cet accord exclue les habitants des hameaux de Vesonne, le Villard et Mont-Bogon sur la paroisse de Faverges, ainsi que les habitants d'Entrevernes séparés de Lathuille cette même année.

En 1772, les habitants des trois hameaux de Faverges, soutenus par la paroisse de Doussard, qui s'estiment lésé par le partage de 1760, portent plainte devant le Sénat de Savoie à Chambéry. Les paroisses de Chevaline et Lathuile reconnaissent alors que ce partage n'est pas juste mais affirment que les habitants des hameaux de Faverges n'ont des droits que sur le Planay. Au contraire, ceux des hameaux de Faverges prétendent avoir des droits sur l'ensemble de la montagne du Charbon en vertu de la transaction de 1693. Les paroisses de Chevaline, Doussard et Lathuile s'appuient alors sur un acensement de 1736 pour prouver que les habitants des hameaux de Faverges n'ont jamais eu jouissance de la totalité des alpages. Dès lors, les habitants des hameaux de Faverges renoncent au droit de copropriété sur l'ensemble de l'alpage et s'associent au hameau d'Arnand pour revendiquer la propriété exclusive du Planay.

En 1837, un arrêt du Sénat de Savoie met fin au conflit et stipule :

-que le partage de 1760 est nul et sans effet

-les communes de Chevaline, Doussard et Lathuile conviennent de partager les biens comme suit : la moitié pour Doussard, un huitième pour Chevaline et trois huitièmes pour Lathuile qui cèdera à son tour un huitième à Entrevernes

-les hameaux de Vesonne, le Villard et Mont-Bogon sont déclarés copropriétaires, avec le hameau d'Arnand, de l'alpage du Planay ; en outre ils recevront un douzième du Rosay

-les trois hameaux de Faverges recevront 3000 livres de dommages de non jouissance, payés par les communes dans les mêmes proportions que le partage. Entrevernes paiera à Lathuile un tiers du montant dû par cette commune Lathuile

-en attendant le partage, les alpages restent indivis pour leur usage.

-le partage sera fait par des experts.

En 1849, le partage est réalisé. En 1856, la commune de Chevaline rachète la partie attribuée à Entrevernes afin de constituer un alpage d'une taille suffisante. En 1857, une partie du Rosay est cédée aux hameaux propriétaires du Planay en contrepartie d'un renoncement au droit de pâture sur le douzième du Rosay.

L'alpage de Charbonnet, étranger à toutes ces transactions, reste quant à lui propriété de la chartreuse d'Aillon jusqu'à la Révolution française. Il est alors vendu à Jacques Bertin, du Châtelard, et Pierre-Joseph Guerraz, de Lescheraines. En 1971, l'Etat rachète l'alpage à l'occasion de la création de la Réserve Nationale de Chasse et de Faune Sauvage.

Éléments de description

Les alpages de la montagne du Charbon occupent une succession de combes s'étageant entre 1300 m et 2000 m d'altitude. Les chalets sont édifiés au-dessus de 1500 m d'altitude (entre 1510 pour le Planay et 1660 pour le Charbon ; le chalet du Charbonnet est le plus haut du massif, à 1830 m).

Bien que toutes situées sur la commune de Chevaline, les cinq unités pastorales de la montagne du Charbon appartiennent à des propriétaires publics différents. Ainsi, du nord au sud, l'alpage de La Combe (IA74001535) est propriété de la commune de Lathuile, l'alpage du Charbon (IA74001536) appartient à la commune de Doussard, l'alpage du Rosay (IA74001538) à la commune de Chevaline, l'alpage du Planay (IA74001539) aux habitants des hameaux de Vesonne, le Villard, Mont-Bogon (commune de Faverges) et Arnand (commune de Doussard), et l'alpage du Charbonnet (IA74002308) à l'Etat.

L'architecture

Ce sont des chalets à bâtiments dissociés, composés d'un bâtiment d'habitation et fabrication de plan massé, sur deux niveaux (une cave en étage de soubassement, cuisine et fabrication au rez-de-chaussée, couchages dans le comble ; au chalet du Rosay, la cave est au fond du rez-de-chaussée et les couchages dans un étage carré), en moellon de calcaire, et d'une grande étable de plan allongé, en général en charpente et bardage (sauf au Rosay, où elle est en pierre). Les tois sont en tôle, à croupes (demi-croupes au Rosay).

Le chalet du Charbonnet, reconstruit au 21e siècle sans vocation pastorale, n'est pas compris dans l'analyse de l'architecture.

Les clairières existent déjà sur la mappe sarde (1732).

  • Période(s)
    • Principale : 2e moitié 19e siècle, 1er quart 20e siècle

  • Murs
    • calcaire moellon enduit
    • bois pan de bois
  • Toits
    tôle ondulée, tôle nervurée
  • Étages
    rez-de-chaussée
  • Couvrements
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
    • toit à longs pans demi-croupe
  • Statut de la propriété
    propriété publique
  • Protections

Date(s) d'enquête : 2010; Date(s) de rédaction : 2017
© Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
© Parc naturel régional du Massif des Bauges
Daviet Jérôme
Daviet Jérôme

Chargé de mission patrimoine bâti au Parc naturel régional du Massif des Bauges, en convention pour réaliser l'inventaire du patrimoine bâti de 2009 à 2023.

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Guibaud Caroline
Guibaud Caroline

Chercheur au service de l'Inventaire Rhône-Alpes puis Auvergne-Rhône-Alpes (1999- )

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