Dossier collectif IA42001300 | Réalisé par
Guibaud Caroline
Guibaud Caroline

Chercheur au service de l'Inventaire Rhône-Alpes puis Auvergne-Rhône-Alpes (1999- )

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  • inventaire topographique
Les pigeonniers du canton de Montbrison
Copyright
  • © Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    pigeonnier
  • Aires d'études
    Montbrison
  • Adresse
    • Commune : Loire

Préambule : point sur la définition des termes employés

Le terme de pigeonnier (synonyme : fuie) désigne toute construction servant d’abri pour des pigeons élevés en liberté, contrairement à la volière où les oiseaux sont captifs. Il s’agit d’un aménagement dans un bâtiment ayant une autre destination. On parle de pigeonnier pour désigner un espace cloisonné dans le comble d'un logis ou d’une dépendance, avec une ouverture pour la sortie des pigeons, souvent signalée par un encadrement peint en blanc et un perchoir. La fuie est une simple caisse en planche plaquée sur la façade et parfois protégée par un avant-toit, et divisée en nichoirs.

Le colombier (synonyme : pigeonnier à pied) désigne un bâtiment dont la fonction principale est de servir de pigeonnier. Le thésaurus de l’architecture en donne la définition suivante : "pigeonnier en forme de tour comprenant une charpente formée d’un poteau central et d’une échelle tournante permettant d’atteindre les nids". Aucun colombier correspondant exactement à cette définition n’a été rencontré dans le canton de Montbrison : la majorité des colombiers n’a en effet pas de charpente reposant sur un poteau central (le toit le plus répandu est le toit-chauffoir), et beaucoup n’ont pas (ou plus ?) d’échelle tournante. Le terme pigeonnier a ainsi été retenu pour désigner également les "pigeonniers à pied", quelle que soit sa toiture.

Seuls les pigeonniers à pied conservant un type identifiable ont fait l’objet d’un recensement systématique (en dossier individuel, partie constituante étudiée ou non étudiée ; voir annexe). Les pigeonniers simples et les fuies, présents dans de nombreuses fermes recensées (une centaine de cas), sont mentionnés dans les parties constituantes non étudiées de ces dernières.

Historique

Avant le 19e siècle, les pigeonniers, dont la possession constitue un privilège, se trouvent essentiellement dans des châteaux ou des domaines appartenant à un seigneur noble : l’un des plus anciens pourrait être celui de Vaure (Savigneux), qui est peut-être antérieur au 18e siècle ; on peut également citer comme exemples l’avant-cour du château de Vergnon, bordée au 18e siècle de deux pigeonniers (Savigneux, IA42003402), ou le château de Vaugirard (IA42003048), où le dernier niveau d’une tour du 17e siècle est aménagé en pigeonnier.

Aucun des pigeonniers recensés ne porte de date. Ils ont été datés en fonction du style des maçonneries et des encadrements, de la datation des ensembles bâtis dont ils pouvaient faire partie, de leur présence sur le premier cadastre (établi selon les communes autour de 1810) et d’indications orales, et ont majoritairement été élevés dans la 2e moitié du 19e siècle. Le corpus devait être bien plus important, car de nombreux édicules ont disparu dans le dernier quart du 20e siècle ; leur existence est connue par la documentation (premier cadastre, comme par exemple pour le pigeonnier de la Pommière, voir IA42003495 ; archives, comme les pigeonniers du prieuré de Champdieu, voir IA42001487 ; photographies anciennes, comme pour le pigeonnier du presbytère de Lézigneux, voir IA42002257) ou les témoignages oraux (comme à Savigneux, pigeonniers à Barge et Champage, voir IA42001384). Les destructions sont parfois volontaires (libération d’un espace pour une nouvelle construction dans une cour de ferme), mais elles sont souvent liées à un défaut d’entretien, l’élevage des pigeons ayant cessé : un pigeonnier du bourg de l’Hôpital-le-Grand s’est ainsi partiellement écroulé dans le temps de l’étude (voir IA42003645).

La répartition des types de colombiers dans le temps suit la même évolution que dans le canton voisin de Boën (voir IA42001189) : les pigeonniers les plus anciens, avant le 19e siècle, sont à toit en pavillon (type B, 20 % ; par exemple à Vaure ou au Vergnon, à Savigneux, ou aux Bichets à Saint-Paul-d’Uzore), puis à partir du milieu du 19e siècle les colombiers de ferme, à toit dit "chauffoir" (type A), deviennent prédominants (ils représentent la moitié du corpus). Les pigeonniers de plan circulaire sont peu nombreux : hormis les tourelles de châteaux, mais dont l’aménagement en pigeonnier n’est pas forcément d’origine (Vaugirard, la Garde), et les exemples détruits (dont le plan ne peut pas être totalement assuré : la Pommière), deux pigeonniers du canton adoptent cette forme : celui de Bullieu, mais qui n’existe plus qu’à l’état de vestiges, et celui des Rayons, où le toit chauffoir est curieusement adapté au plan circulaire. Deux pigeonniers présentent un plan octogonal, et font partie des édicules de la fin du 19e siècle qui ont avant tout un rôle d’ornement et d’apparat (la Tuilière, voir IA42003281 ; Lachaud).

Description

Implantation

Les pigeonniers sont essentiellement construits sur le coteau et dans la plaine du Forez : leur élevage ne s’accorde pas avec le climat rude des montagnes (bien qu’ils n’en soient pas totalement absents), où l’on cultive peu de céréales. La commune où ils sont le plus nombreux est Savigneux (six pigeonniers à pied repérés ; le chiffre s’élève à 10 si on leur ajoute les disparus), suivie par Chalain-le-Comtal (quatre), Précieux et Champdieu (trois). Si on comptabilise les pigeonniers compartimentés dans les combles de logis ou les fenils et les fuies, les communes les plus dotées sont Lézigneux (23 repérés) et Champdieu (18).

Un tiers des pigeonniers recensés est édifié dans la cour d’une ferme, des dépendances d’une demeure ou d’un château, et accolé à un autre bâtiment (seul le pigeonnier de Faury, à Savigneux, est isolé au milieu de la cour séparant la ferme de la maison des maîtres). Les autres pigeonniers sont construits à l’écart, souvent en bordure d’un clos (huit cas, mais certains clos ont sans doute disparu) ; ils forment alors en général un volume unique (une petite dépendance est accolée au pigeonnier de Boissieux, à Chalain-d’Uzore).

Matériaux et typologie

Les pigeonniers recensés sont en pisé, à l’exception de ceux de Roche (situé en commune de montagne, au-dessus de la limite des constructions en pisé), de Lachaud (Grézieux-le-Fromental) et la Tuilière (Montbrison), édifiés en moellon de granite et en brique. Les encadrements de baies sont en granite (plus rarement en brique). Le pisé est soigneusement enduit, avec parfois des plate-bandes claires autour des baies, en particulier de l’ouverture destinée aux pigeons, que la couleur blanche est censée attirer. Cette ouverture (ainsi que la trémie situé dans le toit pour les toits-chauffoirs) devait pouvoir être fermée (par un volet ou un grillage) à certaines époques, comme les semailles ou la moisson, afin d’empêcher les pigeons d’endommager les cultures. L’ouverture destinée aux pigeons est située au sud ou à l’est, côtés les mieux exposés. Dans le cas (majoritaire) des colombiers en forme de tour carrée, des plaques métalliques sont disposées dans les angles pour empêcher que les prédateurs n’escaladent le mur pour s’introduire à l’intérieur.

La typologie s’appuie essentiellement sur la forme du toit (sauf pour les types F, en tour ronde, ou G, autre plan). Les toitures ayant pu être modifiées (réfection avec simplification de la forme du toit, comme le passage de quatre à deux pans ou la suppression des pignons débordants ou d’un lanternon), la répartition par type est peut être un peu faussée. Le type de toiture le plus répandu (la moitié des cas) est le toit dit chauffoir, c’est à dire avec un versant orienté au sud protégé des vents par les murs pignons débordants. Ce versant de toit peut être brisé en deux pans de même orientation mais de niveaux différents ; la jonction entre ces deux pans est assurée par une planche à trous pour de la sortie des pigeons. La brisure se situe plus ou moins près du faîte du mur gouttereau nord, parfois au faîte même. Le toit peut avoir un seul versant (type A1, trois cas), ou, le plus souvent (dix cas), deux versants (type A2). Les toits chauffoir sont en tuiles creuses (plus rarement en tuiles plates mécaniques, pour les toits refaits ou les exemples les plus tardifs). Le type de toit appelé "en parabande" par Olivier de Serres (type C), toit chauffoir à un versant sans brisure dans le toit ni planche trouée, n’est pas représenté dans le canton. Les autres pigeonniers présentent un toit en pavillon (type B : cinq cas), parfois couronné d’un lanternon (Fontannes, à Chalain-le-Comtal), ou en bâtière (type D : trois cas). Le toit est en général en tuile creuse, plus rarement en tuile plate mécanique (souvent posée à la suite d’une réfection), ou parfois en tuile écaille (pigeonnier de château ou demeure).

Dispositions intérieures

A l’intérieur, le rez-de-chaussée constitue souvent un espace séparé (pour 17 des pigeonniers où il a été possible de visiter l’intérieur), à usage de cellier, remise ou étable ; la loge-pigeonnier des Bourrus (Champdieu) constitue une exception.

La partie supérieure est dévolue aux pigeons et comporte des nichoirs. Lorsque tout l’édifice est à usage d’abri à pigeons seulement, la partie basse des murs est dépourvue de nichoir, afin d’isoler les oiseaux de l’humidité du sol et des prédateurs. L’aménagement destiné aux nids des pigeons prend la plupart du temps la forme de trous creusés dans le pisé, appelés boulins, d’une trentaine de centimètres de profondeur, munis d’un petit rebord, et chaulés : l’enduit intérieur doit être lisse pour ne pas donner de prise aux rongeurs. Parfois la cavité est constitué par des pots en terre cuite noyés dans le pisé, matériau réputé le plus sain (seulement deux cas dans le canton : Lachaud à Grézieux-le-Frommental, les Bichets à Saint-Paul-d’Uzore). Enfin, certains colombiers sont pourvus de casiers en bois (qui peuvent coexister avec les trous ; quatre exemples dans le canton). Pour le nettoyage mensuel ou la récolte des œufs, des pigeonneaux ou de la colombine, certains colombiers (les plus importants) étaient munis d’une échelle tournante, fixée sur un poteau central pivotant ; faute d’entretien, ce système a souvent disparu (repéré seulement dans trois colombiers : à Boissieux, Chalain-d’Uzore ; Lachaud ; L’Hôpital-le-Grand).

  • Période(s)
    • Principale : 19e siècle, 18e siècle

Typologie :

Type A : tour carrée, toit chauffoir

Type A1 : tour carrée, toit chauffoir à un versant

Type A2 : tour carrée, toit chauffoir à deux versants

Type B : tour carrée, toit en pavillon

Type C : tour carrée, toit « en parabande »

Type D : tour carrée toit en bâtière

Type E : tour carrée autre

Type F : tour ronde

Type G : autre type

  • Toits
  • Décompte des œuvres
    • bâti INSEE 0
    • repérés 30
    • étudiés 8

Bibliographie

  • Inventaire général des monuments et richesses artistiques de la France. Thésaurus de l'architecture. CHATENET, Monique (dir.), VERDIER, Hélène (dir.) ; DAVOIGNEAU, Jean (réd.), BENOIT-CATTIN, Renaud (réd.), DE MASSARY, Xavier (réd.) [et al.]. Publié par la Sous-direction des études, de la documentation et de l'inventaire, Direction de l'architecture et du patrimoine, Ministère de la culture et de la communication. Paris : Éd. du Patrimoine : Caisse nationale des monuments historiques et des sites, Luisant : Impr. Durand, 2000. 169 p. ; 27 cm (Documents & méthodes ; 7).

    p. 86

Périodiques

  • BERNARD, Louis. GARNIER, Roger. Les pigeonniers foréziens, Bulletin de la Diana, T. XLIV, 1979

Annexes

  • Liste des pigeonniers à pied recensés en parties constituantes non étudiées
Date(s) d'enquête : 2005; Date(s) de rédaction : 2008
© Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
© Conseil général de la Loire
Guibaud Caroline
Guibaud Caroline

Chercheur au service de l'Inventaire Rhône-Alpes puis Auvergne-Rhône-Alpes (1999- )

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