Dossier d’œuvre architecture IA63001244 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, pentes de la commune de Thiers
Monument aux morts
Œuvre étudiée
Copyright
  • © Région Auvergne - Inventaire général du Patrimoine culturel, ADAGP

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Auvergne - Thiers
  • Commune Thiers
  • Adresse rue des Grammonts
  • Dénominations
    monument aux morts
  • Précision dénomination
    de la guerre de 1914-1918, de la guerre de 1939-1945, de la guerre d'Algérie

Le programme de concours pour un "monument aux Combattants de la Grande Guerre et aux enfants de la commune morts pour la France" est établi en 1922. Il s’agit d’élever ce monument dans le square des Grammonts, installé à l’époque depuis une quarantaine d’années sur l’emplacement du jardin des grammontains, au nord-est du centre ville ; ce square est rebaptisé square de Verdun à la suite de l’installation du monument, inauguré le 5 août 1923. Le lauréat du concours est l’architecte thiernois Gabriel Deroure, chargé de l’exécution générale du projet, tandis que les sculptures sont confiées à un sculpteur de Boën (Loire), Joanny Durand, classé deuxième au concours.

Le devis fourni par Deroure le 25 mai 1922 spécifie que "c’est à l’emplacement actuel de la fontaine du square des Grammonts, au pied de l’escalier donnant accès à la Place aux Arbres [actuelle place Duchasseint], que sera situé le monument. Il se détachera sur un fond constitué par les murs de l’escalier et sera encadré par les masses sombres des arbres d’essence résineuse actuellement existants" 1. Une certaine mise en scène est donc déjà envisagée. Si la pente n’est pas expressément citée dans ce devis, elle n’en reste pas moins présente en filigrane, puisqu’est évoquée la présence de l’escalier d’accès à la place située en contre-haut. En cet endroit, le dénivelé entre le square et cette place est particulièrement important ; un peu plus d’une dizaine de mètres, en moyenne, sépare le niveau de la rue des Grammonts de celui de la place Duchasseint (situées à une cinquantaine de mètres à vol d’oiseau l’une de l’autre) et c’est par une rupture pratiquement à la verticale, au fond du jardin, que se fait le passage d’un espace à l’autre, marqué par un immense mur de soutènement.

Le square lui-même, installé en longueur parallèlement à la rue, présente une légère déclivité transversale nord-sud, nécessitant quelques marches pour y accéder, lorsqu’on entre par la rue des Grammonts. On monte donc vers le monument qui fait face à l’entrée, ce qui, en le rendant plus imposant, participe déjà à sa mise en scène. La date de construction de l’escalier montant à la place aux Arbres, qui a donc préexisté au monument sans que l’on sache sous quelle forme exactement, n’est pas connue ; il n’apparaît sur aucun des plans dont nous disposons, avant le cadastre actuel : ni sur le plan de la ville du milieu du 18e siècle, ni sur l’atlas des propriétés du chapitre de Saint-Genès en 1768, ni même sur le plan cadastral de 1836. La question se pose même de savoir si, au 18e siècle, la déclivité n’était pas plus progressive - mais forcément très importante -, sans maçonnerie de soutènement. Sur le plan de 1836 figurent cependant à la fois un double trait longeant la partie nord des propriétés des grammontains, qui pourrait signifier la présence d’un mur de soutènement et un autre escalier permettant d’accéder à la place aux Arbres par son extrémité est depuis la rue de Lyon, escalier toujours existant sous une forme plus récente.

L’accès direct à la place haute depuis le jardin public a donc été très probablement conçu entre 1836 et la Première Guerre mondiale, afin d’éviter le large détour par la rue de Lyon, mais il a été remanié pour le nouveau projet : démolition des anciennes marches et reconstruction de nouvelles. Le bassin de l’ancienne fontaine évoquée dans le devis a lui aussi été vraisemblablement détruit - il a en tout cas disparu.

Il semblerait que lors de la genèse du projet, Gabriel Deroure ne songe qu’à adosser sa construction à l’escalier existant, puisqu’il n’est question que de "fond constitué par les murs de l’escalier" ; cette structure préexistante sera finalement réutilisée. Le projet réalisé intègre en effet au monument la symétrie de trois volées doubles d’un escalier rampe sur rampe. Les murs d’échiffre de chacune de ces volées, retravaillés pour l’occasion, deviennent les supports d’inscriptions directement en rapport avec la guerre de 1914-1918 : en l’occurrence y sont inscrits tous les toponymes des lieux où se sont déroulées les grandes batailles. À l’avant, la partie principale du monument décline, outre les noms des soldats morts au front (plus de 500), les symboles habituels du genre, coq, personnages éplorés, couronnes et, figure moins répandue, un solide Gaulois tenant sous sa protection un Poilu.

L’originalité du projet réside donc pour l’essentiel dans l’utilisation de l’arrière-plan qui, avec le jeu symétrique des volées déployées, donne toute son ampleur à l’ensemble 2. Les grilles et les plantations d’arbres de la place supérieure elles-mêmes, qui couronnent le tout à la manière d’un attique, sont mises au service de la monumentalité. De cette façon, sont magnifiés à la fois le monument aux morts, qui gagne ainsi une nouvelle dimension en devenant partie prenante de l’urbain, et tout l’ensemble urbain du square et de la place qui prend, lui, un aspect monumental.

Ce monument est inscrit au titre des Monuments historiques depuis le 10 avril 2019.

1AD 63 : ancienne cote O 0396/1 (en cours de reclassement).2La ville de Nantes possède un monument aux morts de la Grande Guerre conçu plus ou moins sur le même principe, sans avoir toutefois la même ampleur, le dénivelé étant beaucoup moins important ; mais là aussi, un mur de soutènement, encadré par deux volées d’escalier de part et d’autre, sert de support à des plaques commémoratives.

Le projet d"un monument aux morts de la guerre de 1914-1918 dans le square des Grammonts date de 1922. Il est inauguré le 5 août 1923 et le square prend alors le nom de square de Verdun. L'auteur du projet général est l'architecte thiernois Gabriel Deroure. Les sculptures du monument sont dues à Joanny Durand, sculpteur à Boën (Loire). Le monument a été inscrit au titre des Monuments historiques le 10 avril 2019.

Le monument est, selon le devis descriptif, construit en pierre de taille "de Villebois" - calcaire fin - reposant sur une "assise en béton de chaux hydraulique". Il consiste en un assemblage regroupant le monument principal à l'avant, et l'escalier monumental auquel il s'adosse. Le monument central proprement dit présente, outre les noms des soldats morts au front, gravés en lettres peintes en rouge sur des plaques de "marbre bleu turquin", plusieurs éléments symboliques : des couronnes, un coq, un groupe sculpté représentant un solide Gaulois tenant sous sa protection un Poilu, et de part et d'autre, un bas-relief montrant un ouvrier (à gauche) et une femme du peuple (à droite) éplorés, agenouillés. Toutes ces figures sont également en pierre calcaire ("pierre de Lens" pour le groupe sculpté et le coq, et "liais de Senlis" pour les bas-reliefs).

Le tout s'adosse à un escalier rampe sur rampe, symétrique, à trois volées doubles. Prévues pour être réalisées en pierre de Villebois, les marches semblent avoir été finalement taillées dans de l'andésite.

Les murs d’échiffre de chacune de ces volées portent les inscriptions gravées de tous les toponymes de lieux où se sont déroulées les grandes batailles (en lettres "antiques" de même couleur que les noms des soldats).

Les noms des victimes de la seconde guerre mondiale et de la guerre d'Algérie sont venus s'ajouter au monument, en particulier sur des plaques fixées à l'avant du monument.

  • Murs
    • calcaire pierre de taille
    • marbre pierre de taille
    • andésite pierre de taille
  • Statut de la propriété
    propriété publique
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Protections
    inscrit MH, 2019/04/10

Documents d'archives

  • Projet d'érection d'un monument aux combattants de la Grande Guerre et aux enfants de la commune morts pour la France. Dossier comprenant devis descriptif et estimatif, élévations, coupes, détail du groupe sculpté central, traité de gré à gré, ..., par Gabriel Deroure, architecte à Thiers, 1922.

    AD Puy-de-Dôme : O 0396/1 (en cours de reclassement)
    Dossier

Documents figurés

  • [Thiers, projet du monument aux morts de la guerre de 1914-1918], par Gabriel Deroure, architecte, tirage photographique noir & blanc sur papier, s.n., s.d. [vers 1922].

    AD Puy-de-Dôme : O 0396-1 [ancienne cote]
  • [Thiers, projet de groupe sculpté pour le monument aux morts de la guerre de 1914-1918. Poilu soutenu par un guerrier gaulois], par Joanny Durand, sculpteur, tirage photographique noir & blanc sur papier, s.n., s.d. [vers 1922].

    AD Puy-de-Dôme : O 0396-1 [ancienne cote]
Date(s) d'enquête : 2008; Date(s) de rédaction : 2013
© Région Auvergne - Inventaire général du Patrimoine culturel
Articulation des dossiers
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