Un moulin et un battoir appartenant à Joseph Milliet, marquis d'Arvillard sont visibles sur la mappe sarde de 1732 (parcelle 1175).
En février 1861, Étienne Champiot-Bayard, propriétaire du site, demande le maintien en activité de ses artifices qui se composent alors d'un moulin, d'un battoir et d'une scierie (FR.AD073 47SPC1). L'autorisation est accordée par arrêté préfectoral du 19 décembre 1862. Le moulin, le battoir (parcelle 127) et la scierie (parcelle 125) apparaissent sur le premier cadastre français de 1893 (section A, feuille 1) ainsi qu’une petite forge (parcelle 123). A cette date, ils appartiennent au meunier Antoine Bouclier (fils de Joseph) dit Perousaz.
En mai 1906, la veuve d’Antoine Bouclier, Eulalie Champiot-Bayard, vend la propriété à la Société Bouchage, Pia, Viard et Voiron (acte passé chez maître Milan, le 22 et 29 mai 1906). Le 3 décembre 1909, la Société des Forces motrices du Bens devient propriétaire du site. En juin 1911, la société passe une convention avec les établissements Leborgne du Pont de Bens (situés en aval, IA73003444) par laquelle elle s'engage à réaliser un bassin de compensation entre son canal de fuite et la prise d'eau Leborgne (actes passés chez Maître Raymond, 12 et 14 juin 1911).
Le 23 mai 1914, M.Loriot, directeur de la Société des Forces motrices du Bens demande l'autorisation de construire une centrale hydroélectrique. Dès 1915, la société engage 4 millions pour équiper la chute. M.Loriot est mobilisé et le projet est suspendu. Par pétition en date du 21 juillet 1917, M.Lépine (ingénieur à Grenoble), administrateur délégué de la société, renouvelle la demande de construire une centrale. Les travaux commencent; "Le travail paraissait pouvoir être terminé dans le délais d'un an, mais les 60 prisonniers de guerre qui travaillaient au tunnel ayant été retirés fin juillet 1917, il en résulte qu'un délai de 2 ou 3 ans sera nécessaire pour son achèvement" (FR.AD073, S1364).
L'autorisation de construction est accordée par arrêté préfectoral du 30 avril 1918. La société dispose d'un délai de deux ans pour réaliser la construction. Toutefois, la difficulté de trouver les tôles métalliques en temps de guerre empêche l'installation de la conduite forcée et les travaux ne sont pas exécutés dans les temps.
En 1920, les Forces Motrices du Haut-Grésivaudan absorbent les Forces Motrices du Bens. Les travaux de la centrale reprennent. Par lettre en date du 27 août 1921, la Société des forces motrices du Haut Grésivaudan informe l'ingénieur ordinaire des Ponts et chaussées de l'avancée des travaux : le barrage et le tunnel de dérivation et l'usine sont achevés. La conduite forcée est pratiquement installée, à l'exception d'un tronçon d'une centaine de mètres. Les essais sont prévus pour le mois de septembre. La visite de récolement se déroule le 27 octobre 1921. Le règlement d'eau est révisé en 1922. Par la suite, la centrale est exploitée par la Société Force et Lumière.
Elle est nationalisée en 1946 par EDF. La centrale est rénovée en 1976. Elle fait partie du groupement du Bréda jusqu'en 2000. Depuis cette date, elle est intégrée au groupement du Cheylas qui compte six centrales : la centrale du Bens (Savoie), la centrale du Bréda, la centrale du Cernon, la centrale de Pontcharra, la centrale de Fond de France et la centrale du Cheylas (Isère). Actuellement la centrale du Bens est toujours en activité. Elle est désormais commandée à distance.