Dominant la ville de Faverges, l´ancienne usine du Haut-Bourg connaît plusieurs histoires. Simple moulin à blé, cet établissement devient en quelques siècles, l´une des usines les plus importantes de la commune de Faverges.
Situé à l´entrée sud de la ville sur le tracé du canal la Fontaine, cet artifice fait partie d´un chapelet de petits ateliers qui bordent les rives de ce bief. Remontant, selon une légende orale, au XIIIe siècle, la dérivation de la source la Fontaine est créée pour protéger la colline du château dont elle épouse les courbes. A l'origine, ce canal servait à irriguer les terres. La ville de Faverges prospère au Moyen Âge, l´agriculture et le travail du fer constituant deux de ses principales activités économiques. Aussi les habitants prennent soin de se protéger des caprices du torrent du Saint-Ruph, au XVIIIe siècle, en construisant des digues. Alimentant initialement ce cours d´eau, la source la Fontaine en est détournée pour alimenter en énergie hydraulique les usines et pour irriguer la plaine de Faverges.
Le moulin du Haut-Bourg était une dépendance appartenant aux religieuses de Sainte-Catherine d´Annecy. Ces dernières disposent de propriétés foncières importantes. En 1738, les religieuses vendent ce moulin au marquis de Faverges, avec d´autres possessions. L´atelier de meunerie est transformé en papeterie en 1805 puis désaffecté après la fermeture de cette dernière.
L´usine du Haut-Bourg devient la propriété des industriels Gourd-Croizat-Dubost et Cie, qui possèdent le château de Faverges ainsi qu´une usine textile aux portes nord de la ville et plus en aval de cet atelier. Ce rachat permet de relancer l´activité traditionnelle du site. A côté du moulin à blé, une scierie est installée, puis un atelier de dévidage de la soie qui fonctionne avec l´usine de la rue du Coq (située à la porte nord) et les filatures du château de Faverges (IA74001055).
Les industriels lyonnais vendent les trois sites à la Compagnie Stünzi qui se spécialise dans la production de la soie, puis le site passe progressivement dans le domaine des frères Stäubli. Les industriels suisses décident de fonder en 1909 une filiale à Faverges de la maison mère de Horgen. Rudolf Schelling et Hermann Staübli codirigent leur atelier de construction mécanique à Faverges. Employant plus de 30 salariés en 1914, l´effectif est porté à 70 personnes à la veille de la Première Guerre mondiale. Pendant ce conflit, le site connaît une période de chômage de quatre années. Les frères Hermann et Robert Staübli font redémarrer la production du site en 1924. En 1928, l'usine du Haut-Bourg est jugée trop petite, aussi les propriétaires rachètent "l´ancienne usine de confiture" près de la gare de Faverges où ils installent le contrôle final et l´expédition. Le site connaît une activité florissante jusqu´en 1937, mais un incendie finit par ravager une grande partie des ateliers. Les bâtiments sont en partie reconstruits et modernisés mais la production est délocalisée dans la nouvelle usine construite près de la gare de Faverges. Jusqu´en 1944, l´activité du site stagne et fléchit, il faut attendre la fin du conflit armé pour voir une reprise de l´activité.