Le 4 décembre 1465, une reconnaissance féodale est passée par Joseph Reuillet en faveur du prieuré de Bellevaux pour le moulin, le battoir et la scierie établis sous le château du Châtelard (FR.AD073, 1FS2445). A cette époque, les eaux du Chéran dépendent du fief de Bellevaux et les terres du château appartiennent au duc de Savoie.
Par la suite, le site est évoqué dans d'autres actes de reconnaissance féodale (28 avril 1478 : reconnaissance pour Jean Remilliet, feu François ; 21 février 1487, reconnaissance pour les Sieurs Nicoud ; 24 novembre 1562 : reconnaissance pour le sieur Mayninet).
Au XVIIIe siècle, le site est géré par la famille Despine. Il comporte alors un moulin (parcelle 1919) et un battoir à chanvre (parcelle 1922) visibles sur la mappe sarde de 1733 au nom de Claude François Despine. En 1760, Jean Baptiste Despine (avocat au Sénat) acense à Laurent Bouvier (fils de Georges Bouvier) et à sa belle sœur, Jeanne Bouvier (fille de Dominique Laperrière) la propriété qui se compose alors de deux moulins, d'un battoir et d'un pressoir à huile. Par un acte d'affranchissement du 11 novembre 1784, Jean Baptiste Despine (avocat au Sénat) devient propriétaire du site.
En 1844, le site appartient à François Thiaffet (demeurant à Lyon) et au baron Charles Antoine Despine (fils de Joseph Despine, médecin né et vivant à Annecy). Celui-ci demande l'autorisation d'utiliser toute l'eau du Chéran pour les besoins du site. Les frères Laperrière, meuniers du moulin amont (IA73002815) font la même demande (FR.AD073, 1FS2445). Par un acte du 12 avril 1844, passé chez Maître Burgos (notaire au Châtelard), les frères Laperrière acceptent d'utiliser les eaux du Chéran pour l'animation d'une unique roue afin de ne pas pénaliser les artifices "de sous le château". Aimé Miguet assiste au contrat en tant que témoin. Le 19 juin 1844, le baron Humbert Despine (médecin et directeur de l'établissement thermal d'Aix-les-Bains) renouvelle sa demande auprès de l'administration pour obtenir la dérivation des eaux du Chéran. Il adresse de nombreux courriers à l'administration pour faire valoir sa légitimité sur les moulins en joignant les titres anciens. Une lettre de 1845 précise que le site comporte à cette date deux moulins à farine, une scierie, un battoir à chanvre, un battoir à tan et un pressoir à huile animés par six roues hydrauliques (FR.AD073, 1FS2445).
Le 13 septembre 1856, Mathilde de la Pallud (veuve de Jules de Rochette, domiciliée à Lovagny) et Zénaïde Portier de Belair (veuve de Charles de Rochette, domiciliée à Poisy) achètent la propriété à Félix Thiaffet.
Le 18 novembre 1861, Jean Domenge, l'homme d'affaire de Charles Antoine Despine demande le maintien en activité des artifices.
En 1862/1863, Aimé Miguet (fils de Simon Miguet), meunier et locataire d’artifices appartenant aux dames de Rochette, devient propriétaire du site. En 1863, il établit une scierie sur la propriété. Le 21 mai 1864, il demande l'autorisation de maintenir en activité les artifices (scierie, moulin et deux battoirs). Celle-ci est accordée par arrêté préfectoral du 30 juin 1865.
En 1865, le barrage et le canal de dérivation sont en mauvais état et laissent échapper une grande partie d’eau ce qui prive le site d’une partie de son potentiel. Le moulin pourrait bénéficier d'une puissance de 19 chevaux et la scierie de 13 chevaux mais ils ne fonctionnent qu’avec 4 chevaux. Le procès-verbal de récolement du 24 octobre 1869 précise que les vannages ont besoin d'être réparés et que le propriétaire est mis en demeure d'effectuer les travaux.
Le site est visible sur le premier cadastre français de 1882 (section E, feuille 2). A cette date il est exploité par Jean François Miguet, (le fils d'Aimé) et comporte un moulin (parcelle 167), un battoir (ou un moulin à tan) et une scierie (parcelle 164). Le site appartient ensuite à Louise Miguet (fille de Jean-François Miguet), puis à son fils Léon Menjon. Il est revendu au milieu des années 1990.
Actuellement, le moulin est occupé par un logement. La scierie qui a fonctionné jusque dans les années 1940 a été démolie. Le battoir est utilisé jusqu'au milieu des années 1950 pour broyer les pommes à cidre. Actuellement, il n'existe plus.