Unité hydraulique du lac d'Aiguebelette et du Tier
L´unité hydraulique du Lac d´Aiguebelette et du Tier intègre trois aspects, à savoir l´organisation spatiale, l´historicité des usages et les impacts paysagers et humains. Ces éléments confèrent une identité particulière à cette portion du bassin-versant du Guiers. La maîtrise de l´eau a dessiné une organisation singulière avec des prises d´eau, des dérivations et des barrages. La continuité des usages et l´impact sur le paysage naturel et bâti ont renforcé le caractère hydraulique de ce territoire. Ainsi, l´exploitation de la force énergétique de l´eau a atténué l´identité agricole dominante de l´Avant-Pays savoyard.
Une organisation spatiale dense
L´unité hydraulique regroupe 26 sites allant des petits artifices à la centrale hydroélectrique. Les domaines de l´artisanat et de l´industrie sont présents et offrent un panorama continu des usages de l´eau. Les premiers sites inventoriés datent du XVIIIe siècle, ils concernent principalement des artifices liés aux activités de meunerie et de sciage. Le XIXe siècle amorce le basculement des activités vers l´industrie. Le point d´orgue est la construction de la centrale hydroélectrique de La Bridoire en 1911.
Les activités artisanales sont réparties sur l´ensemble de l´unité hydraulique. La partie amont du lac compte 9 sites dont 6 moulins et 3 scieries le long des ruisseaux de Leysse, des Moulins et de la Tuilerie. En partie aval du lac, les bâtiments artisanaux sont au nombre de 16 dont 1 sur la commune de Dullin, 12 sur la commune de La Bridoire, 2 sur la commune de Belmont-Tramonet et 1 sur la commune de Domessin répartis entre les activités de meunerie et de métallurgie Le secteur industriel est bien représenté avec 5 sites uniquement sur La Bridoire répartis entre le secteur de la métallurgie, du textile, de l´ameublement et de la production d´électricité. Les dynamiques hydrauliques sont plus complètes et plus denses en aval du lac. Ainsi sur cinq kilomètres, une série de prises d´eau a été aménagée le long du ruisseau du Tier, cet espace est un modèle réduit de développement à partir de l´énergie hydraulique.
Une historicité des usages hydrauliques
Du XVIIIe siècle jusqu´au milieu du XIXe siècle, une logique d´implantation pour répondre aux besoins locaux
Les sites inventoriés dans ce cadre chronologique sont principalement des moulins ; les implantations sont dispersées sur plusieurs cours d´eau. L´objectif premier de ces artifices était de répondre aux besoins de transformation des ressources locales notamment des céréales en farine. Le travail dans ces artifices était intermittent en raison de la fluctuation des débits des cours d´eau et du caractère saisonnier des activités.
Du milieu du XIXe siècle jusqu´à 1911, l´arrivée de nouveaux capitaux et de nouvelles techniques
Les années qui suivent le rattachement de la Savoie à la France apportent un souffle nouveau avec deux fabriques de tulle et un site de production métallurgique. Ces trois usines sont installées sous l´impulsion de capitaux extérieurs à la Savoie. L´arrivée de l´électricité avec la première centrale hydroélectrique à La Bridoire, la centrale de Tines en 1897, marque un réel tournant dans les activités avec l´introduction des premières techniques hydromécaniques.
De 1911 à nos jours, une concentration du potentiel hydraulique vers un unique usage : l´hydroélectricité
L´année 1911 correspond à la mise en eau de la centrale hydroélectrique de La Bridoire. Cet équipement va bouleverser le paysage hydraulique à plus d´un titre. Tout d´abord, la mise en route de la centrale hydroélectrique va modifier les usages hydrauliques de l´unité en concentrant les potentiels énergétiques sur un seul site.
De plus, l´arrivée de la force électrique va bouleverser les logiques énergétiques avec le raccordement direct aux lignes électriques. L´attrait des berges des cours d´eau disparaît au profit de la souplesse de la fourniture d´énergie via une prise de courant. Cette évolution s´accompagne de la montée en puissance du site production des tissus métalliques et de vis de la société des Produits Tréfilés de La Bridoire.
Impacts paysagers et humains : une nature en mutation
Le développement de sites hydrauliques au sein de l´unité a donné une image originale à ce territoire ; les étapes successives d´implantation ont influencé le tissu social, les constructions industrielles et l´habitat sans toutefois changer la nature rurale de ce territoire. L´unité hydraulique du Lac d´Aiguebelette et du Tier est l´unique témoignage d´un développement artisanal et industriel mêlé sur le bassin-versant du Guiers. Le lac d´Aiguebelette est le second élément représentatif de ces mutations. Les besoins croissants en énergie mécanique puis électrique vont faire évoluer l´essence de ce lac naturel. Avec le démarrage de la centrale hydroélectrique de La Bridoire, le lac est devenu un réservoir, au même titre qu´un lac de barrage. EdF exploite les eaux du lac dans le respect d´une cote haute et basse. En-dehors des périodes de production, EdF régule le niveau du lac en cas de crue mais aussi arrête ses prélèvements lors des périodes sèches.