L'ancien presbytère
Avant 1831, le presbytère est situé au "village de l'église", en face de l'église (1732 1756 : maison, cour et placeage, avec son jardin au n°1755, appartenant comme l'église et le cimetière au chapitre Notre-Dame d'Aix). Les archives conservent des traces de travaux sur cet édifice (1823, demande d’autorisation pour faire réparer le toit du presbytère et construire deux berceaux en pavé ; 1825, exécution d’une porte, 9,75 £, paroi, 26,25 £ et montée, 56,90 £).
Le rapport sur l'opportunité d'acheter l'immeuble de François Marin Laflèche pour y déplacer l'église et le presbytère, établi par le capitaine ingénieur de 1ère classe du Génie civil Ernest Melano, 18 octobre 1831 (AD Savoie. 11FS : 629), donne le plan de l'édifice et le décrit : il se compose d’un rez-de-chaussée avec cuisine, salle, chambre à lit (lettre E du plan), cabinet, dépense, corridor (lettre C), petite écurie. Les fenêtres sont des "trous" sauf celle de la chambre. Le bâtiment est humide car encaissé sur 1,50 m côté sud et est : ses planchers et soupieds sont en mauvais état. La pièce A est humide et sert de passage vers les latrines F et la chambre E. Le placard situé dans l’angle G, où le curé range des livres, est humide. L'édifice est humide et ses murs sont trop fragiles pour permettre d'élever un 1er étage sans lourds travaux.
Après son transfert, l’ancien presbytère est acheté par le révérend Laurent Daumezin, domicilié à Aix (AD Savoie, 11FS : 627). Cet édifice a disparu avant 1936.
Le nouveau presbytère
L'immeuble choisi pour construire la nouvelle église, le presbytère et le cimetière est une demeure bourgeoise située dans le hameau voisin de Verlioz. Si l'emplacement qu'elle occupe est déjà bâti en 1732 (n°1689 à 1693 : maison, cour, grange, jardin et masure, appartenant à César Lambert), selon des emprises similaires à celles occupées par la maison et la grange-étable avant 1831, ces deux dernières sont inversées (la grange occupe la place de la maison et vice versa). La maison aurait été reconstruite en 1752 par un Lambert, avocat à Chambéry (selon La Vie nouvelle) ; la date de 1757 est gravée sur le linteau de la porte d'entrée. Cependant, la mention d'un bâtiment "presque neuf" par Ernest Melano (voir plus bas) est peu compatible avec cette date (la maison de l'avocat Lambert aurait eu 80 ans en 1832). On peut supposer que l'implantation de ce domaine bourgeois est ancienne (avant le 18e siècle ?), mais que les bâtiments ont été plusieurs fois reconstruits (plus ou moins partiellement), la dernière fois à la fin du 18e siècle ou au début du 19e. On peut aussi souligner qu'en 1732 César Lambert est propriétaire d'un vaste domaine foncier à Trévignin : des champs et des prés à proximité de la maison, et plusieurs prés, teppes et broussailles dans la partie haute de la commune.
En 1831, la demeure appartient à François Marin Laflèche (conseiller municipal). Elle comprend "une maison de maître, des bâtiments rustiques, un jardin clos de murs, une cour dans laquelle se trouve un puits à pompe et une partie de verger", vendus 5000 £ (promesse de vente du 16 mai 1831 ; "les immeubles ci-après faisant partie de ceux acquis par lui, Marin, de Laurent Daumezin [ou Damesein] par contrat du 8 mai courant, Rebaudet notaire"). La commune prévoit de financer en partie cet achat par la vente des anciens église et presbytère, qui rapporterait 2000 £. Le presbytère doit occuper la maison et ses dépendances, sauf la grange ou "bâtiment rustique", qui doit être démolie pour construire l'église à sa place (et la vente des matériaux de démolition doit rentrer pour 1200 livres neuves dans le financement de la construction) ; le cimetière doit être implanté dans le verger, au nord du jardin (AD Savoie, 11FS : 627).
Le rapport établi par l'architecte Tournier pour le devis de construction de l'église décrit ces immeubles : "La maison que la commune souhaite acheter [pour servir de presbytère, qui] se compose d’un rez-de-chaussée avec vestibule, salle à manger, chambre à coucher, cuisine, cabinet derrière la cuisine, cellier ; 1er étage de cinq pièces. Toit en ardoise en bon état, plancher du 1er à refaire. Vaste cour au levant de la maison [avec un hangar en face de la maison], jardin au couchant, grange au nord de la maison, sur laquelle serait construite l’église, plus précisément décrite plus loin : "bâtiment rustique couvert en chaume, construit en pierre, composé de deux vastes écuries, d’une aire et d’une habitation de grangers, le tout de 60 pieds de long sur autant de large". (AD Savoie, 11FS : 627).
Le rapport sur l'opportunité d'acheter l'immeuble de François Marin Laflèche pour y déplacer l'église et le presbytère, établi par le capitaine ingénieur de 1ère classe du Génie civil Ernest Melano, 18 octobre 1831 (AD Savoie. 11FS : 629), donne le plan de l'édifice et le décrit : la maison est de construction qui "peut être regardée comme récente", "presque neuf" et "exécuté d'après un plan donné". Le rez-de-chaussée compte cinq pièces, des latrines, un cellier et escalier en pierre de taille ; la "même disposition" se répète au 1er étage. Il y a donc "quatre pièces à lit sans compter celle qu’on pourrait utilement destiner pour chambre consulaire". Le toit est en ardoise, "peut-être l’unique dans cet endroit ainsi couvert". Le rapport ne prévoit que des réparations mineures de peinture et badigeon. Le plan (les lettres ne sont pas légendées) montre l'escalier implanté contre la façade, dans l'angle sud-est de l'édifice. La pièce ajoutée au nord était peut-être le cellier. Le plan de la grange-étable permet de supposer que l'habitation du granger était située dans les deux pièces non communicantes à l'ouest ; le bâtiment comprend ensuite une étable, l'aire et la grange, en retour de laquelle est édifié un hangar sur poteaux (appelé "échoppe" sur le plan) avec à l'extrémité un four à pain.
En 1842, la commune budgète 1000 £ pour la reconstruction du toit du presbytère. L'intendant confie le projet à Pierre Louis Besson, architecte à Chambéry, qui rend un rapport d'expertise en juin 1843 (les gros bois sont en bon état, les lattes et ardoise de Maurienne en mauvais état), avec un devis de 2454,40 £. L'adjudication est faite le 27 juillet 1843, à François Bogey, charpentier, et Claude Clerc dit Crozet, charpentier, fils de feu Jean, de Trévignin, pour 2444 £ (bien que François Rajat, charpentier à Aix, ait proposé auparavant de refaire le toit pour 1900 £. Le cahier des charges prévoit de changer toutes les pannes même sablières, en sapin ou peuplier, les chevrons en sapin et les ardoises, en ardoise de Cevin. La commune conserve les vieilles ardoises et vieux clous pour construire un petit bâtiment pour l'école (AD Savoie, 11FS : 628).
Des travaux sont effectués en 1871, par Alban Cochet, entrepreneur, peintre et plâtrier domicilié à Aix-les-Bains, d'après un devis dressé par Lubini architecte (AD Savoie, 48F : 655) : réparations à faire aux toits de l’écurie et de la cave (en ardoise de Cevins), enduit au plâtre (glaçage) des murs de la chambre nord-ouest au 1er étage (partie non réalisée : percer une porte dans cette chambre, monter une cloison dans la chambre nord-est pour faire un couloir d’accès vers cette porte, achat de deux huisseries), pose d'une porte en sapin pour le bûcher dans la cour (Barré : deux serrures à clef avec demi-tour provenant des fabriques de Picardie, avec garniture et poignées à olives, en cuivre), réparation à la voûte plate de la cave et reconstruction d'une partie du carrelage en brique au-dessus, peinture et tapisserie pour la salle à manger, le salon, les deux chambres à coucher au 1er étage, exhaussement d’une partie du mur de l’écurie pour augmenter le pente du toit. Dans les travaux imprévus figure l'achat de molasse pour le foyer de la cheminée de la cuisine et pour le potager, portée depuis Montcel (avec démolition et replacement du potager).
Le dernier curé a cessé d'occuper le presbytère en 1989. L'édifice a été restauré pour servir de local aux associations communales, au rez-de-chaussée, et d'appartements locatifs à l'étage, à la fin du 20e siècle et au début du 21e (travaux en 1996-2003). La couverture d'ardoises a été remplacée par de la tuile plate écaille.
Chercheur au service de l'Inventaire Rhône-Alpes puis Auvergne-Rhône-Alpes (1999- )