• inventaire topographique
prieuré Saint-André de Sarçon, puis ferme dite domaine Saint-Bernard
Œuvre étudiée
Copyright
  • © Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Grignan
  • Commune Grignan
  • Lieu-dit Sarson
  • Cadastre 1836 G 97-100  ; 1960 G 68
  • Dénominations
    prieuré, ferme
  • Vocables
    Saint-André
  • Appellations
    de Sarçon, domaine de Saint-Bernard
  • Parties constituantes non étudiées
    cour, église, puits, lavoir, four à pain

Sarçon est mentionné pour la 1ère fois dans un acte de 1160, en la personne de son prieur Rostaing, attestant l'existence d'un prieuré. Ce prieuré, dépendant de celui Saint-Marcel-les-Sauzet, de l'ordre de Cluny, apparaît ensuite à maintes reprises dans des actes de la fin du 13e siècle et du début du 14e, en 1278 et 1281d'abord, à propos de limites de propriété entre le prieuré et l'abbaye d'Aiguebelle, puis en 1284 et 1301, pour des litiges de vassalité et de propriété du fief entre Raymond de Grignan, prieur de Saint-André de Sarçon, et Giraud Adhémar, baron de Grignan. Le choeur de l'église, rare vestige subsistant, dénote en effet le milieu ou la fin du 13e siècle. Un texte de 1363 cite Sarçon comme "castrum Sersoniis", indiquant que le lieu était fortifié. Les actes postérieurs donnent des indices sur la propriété foncière, affermée à des particuliers ; ainsi, en 1381, il y avait un colombier vers la maison du prieuré, et, au début du 15e siècle, une verrerie contiguë à l'église Saint-André du prieuré de Sarçon, arrentée à un certain Roband, qui fit l'objet d'un procès en 1440, car il la laissait tomber en ruines. Vers 1480, les biens temporels et droits seigneuriaux de Sarçon sont cédés au baron de Grignan, tandis que ressurgissent les litiges de délimitation de territoire entre Sarçon, Aiguebelle et Réauville, finalement réglés en 1494 par la plantation de nouvelles bornes. Au 16e siècle, l'église est desservie par un curé distinct du prieur et forme, avec son cimetière, une paroisse dépendant du diocèse de Saint-Paul-Trois-Châteaux. Pendant les guerres de Religion, en 1556, la "maison claustrale" est incendiée et l'église subit certainement des dégâts, car les actes n'en parlent plus jusqu'au milieu du 17e siècle. La visite pastorale de 1662 donne l'état de l'église et du mobilier, fort pauvre. En 1686, Louis Marie, prieur et curé de Sarçon depuis 1683, agrandit son église paroissiale, bénite en 1688, puis fait construire une maison curiale en 1700. Mais trop isolé, Sarçon fut supplanté par Bayonne où ce même prieur avait élevé une chapelle en 1730 ; aussi, en 1770, le dernier curé desservant transféra-t-il sa résidence et le service paroissial à Bayonne, et l'église de Sarçon, dès lors abandonnée, se dégrada rapidement. Quant à la seigneurie et maison de Sarçon, inféodées en 1518 à Antoine de Boulogne, seigneur de Salles, elles sont vendues en 1634 au comte de Grignan, puis en 1732 au marquis du Muy, acquéreur du comté. Parmi les biens du comte répertoriés en 1789, figure le domaine de Sarçon où se trouvaient "les vestiges d'un château démoli depuis peu d'années". Les héritiers du Muy conservent ce domaine jusqu'en 1840, date à laquelle Dom Orsise, abbé d'Aiguebelle, l'acquit pour en faire une grange, appelée Saint-Bernard. C'est probablement à partir de cette période que la ferme est reconstruite (en remployant les pierres taillées trouvées sur place) et restructurée, car sur le plan cadastral de 1835 les corps de bâtiment n'ont pas la même configuration qu'aujourd'hui ; dans l'angle nord-ouest de la cour, un hangar a été ajouté à la fin du 19e siècle ou au début du 20e, un bâtiment en ruines occupe l'angle opposé. Cependant sont conservés des vestiges de l'église ainsi qu'une grande partie du mur de clôture, qui reprend probablement le tracé de l'enceinte du prieuré, tandis qu'une remise est bâtie sur l'emplacement du cimetière, au sud-est de l'église. Actuellement le domaine, qui n'appartient plus à l'abbaye d'Aiguebelle, est toujours une exploitation agricole en activité.

  • Période(s)
    • Principale : 13e siècle
    • Principale : 4e quart 17e siècle , (détruit)
    • Principale : milieu 19e siècle
    • Secondaire : 14e siècle , (détruit)
    • Secondaire : 1ère moitié 15e siècle , (détruit)
    • Secondaire : limite 19e siècle 20e siècle
  • Dates
    • 1686, daté par travaux historiques
    • 1700

La ferme est construite dans une vaste cour entièrement clôturée par un mur de pierre, dans lequel est pratiqué, côté sud, un portail en pierre de taille aux piédroits couronnés d'une boule d'amortissement sur pyramide tronquée. Le bâtiment, de plan en L pour le corps de logis, situé dans l'axe du portail, et la grande dépendance agricole qui fait retour à gauche, est en moellon de calcaire enduit et couvert de toits à longs pans de tuiles mécaniques, creuses sur le corps de logis et plates sur l'aile en retour ; un puits se loge dans l'angle des deux corps. D'autres dépendances, plus éparses à droite, en rez-de-chaussée ou à deux niveaux, sont en moellon apparent et couvertes d'appentis en tuile creuse ; elles englobent les vestiges de l'ancienne église paroissiale Saint-André, et peut-être des parties de l'ancien prieuré. Le four à pain se situe au centre des bâtiments et un grand hangar sur piliers de briques s'adosse au mur de la cour dans l'angle nord-ouest ; la fosse à fumier est repoussée à côté du portail d'entrée. La façade du corps de logis, exposée au sud, présente cinq travées et deux niveaux : rez-de-chaussée et étage, auquel on accède par un escalier intérieur. L'aile en retour, perpendiculaire à la pente, abrite les étables et écurie à l'étage de soubassement, couvert de voûtes d'arêtes et de berceaux surbaissés à lunettes, et le fenil au-dessus. Un contrefort s'appuie à gauche du mur pignon, contre lequel, à droite, une rampe d'accès latérale construite en moellon mène à une porte charretière desservant le fenil ; de petites resserres sont aménagées sous la rampe. Les divers corps de bâtiment de droite, comprenant porcherie, poulailler, chenil et hangar avec remise à laquelle s'adosse un lavoir, entourent la chapelle, dont le sommet dépasse un corps en appentis, contenant étables et grenier, accolé à son élévation sud ; ce corps, dont l'étage est accessible par un escalier extérieur droit, pourrait être un vestige d'ancien logis. De l'église dépourvue de toit subsistent la travée de choeur surmontée de la base d'une tour carrée (donjon ou clocher ?) et une partie du mur latéral nord de la nef avec la naissance de la voûte. Les murs de la travée de choeur et de la tour sont bâtis en maçonnerie fourrée et moyen appareil de calcaire en parement, la voûte en petit appareil, le mur de la nef en petits moellons assisés. Un arc doubleau légèrement brisé, en pierre blanche appareillée sur impostes moulurées (piédroits disparus), ouvre sur la travée de choeur voûtée en berceau légèrement brisé, aux reins soulignés d'un cordon en cavet qui surmonte deux arcs formerets en plein cintre. Dans le mur est, où se superposent deux arcs brisés appareillés, est percée une fenêtre axiale en plein cintre à ébrasement intérieur ; l'arc inférieur à impostes moulurées, qui donnait sur l'abside, est muré. Au-dessus de cette travée, la face sud des vestiges de la tour conserve une assez grande baie en plein cintre murée, en grès.

  • Murs
    • calcaire
    • enduit
    • moyen appareil
    • moellon
  • Toits
    tuile creuse, tuile creuse mécanique, tuile plate mécanique
  • Plans
    plan régulier en L
  • Étages
    étage de soubassement, 1 étage carré
  • Couvrements
    • voûte en berceau brisé
    • voûte d'arêtes
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • appentis
    • pignon couvert
    • noue
  • Escaliers
    • escalier de distribution extérieur : escalier droit en maçonnerie
    • escalier intérieur
  • Typologies
    ferme de type D et plan en L
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Éléments remarquables
    église

La ferme, en activité, est intéressante non seulement par son plan et ses bâtiments agricoles en bon état (à noter les voûtes de l'écurie), mais encore par son histoire liée à celle du prieuré ; l'état des vestiges de l'église est malheureusement proche de la ruine.

Date(s) d'enquête : 2000; Date(s) de rédaction : 2005
© Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel