Dossier d’œuvre architecture IA26000301 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, Patrimoine industriel
Usine d'impression sur étoffes dite indiennerie Sanial puis cartoucherie nationale actuellement Folimage et école du film d'animation la Poudrière
Œuvre monographiée
Copyright
  • © Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Rhône-Alpes patrimoine industriel - Bourg-lès-Valence
  • Commune Bourg-lès-Valence
  • Adresse rue de Chony
  • Cadastre 1999 B 2587
  • Dénominations
    usine d'impression sur étoffes, usine d'armes
  • Parties constituantes non étudiées
    atelier de fabrication, cheminée d'usine, logement patronal, réservoir industriel

Cette ancienne usine d'impression sur étoffes est créée en 1855 (date portée) par Noël Sanial sur le vaste domaine de Chony qu´il a acquis trois ans auparavant avec une ferme, des terres et d´importantes sources canalisées alimentant un moulin à farine, une forge et la soufflerie d´une fonderie de fer. Il y construit sa propre manufacture après avoir mené en gérance diverses entreprises de filature ou d´indiennerie. L´entreprise connaît d´importantes vicissitudes. Des incendies successifs entraînent la fermeture des ateliers de filature, puis la spéculation sur le coton lors de la guerre de succession ruine les bénéfices de l´indiennerie. N. Sanial est acculé à la faillite en 1866. L´ensemble du domaine est mis en vente et racheté par l´Etat au lendemain de la guerre de 1870 pour y installer la cartoucherie nationale (dite de Valence par les militaires). Elle est opérationnelle en 1874. L´ancienne usine est transformée, agrandie à l´emplacement de l´ancienne cour intérieure. Divers ateliers, bureaux d´études, poudrières (1878), entrepôts, gare (1878) s´implantent sur l´ensemble du site fin 19e et dans le courant du 20e siècle. Avant de fermer en 1964, après avoir connu des périodes d´intensification extrême des productions en période de mobilisation et de guerre (un million de cartouches par jour, trois mille employés), la cartoucherie aura employé par centaine, des générations de Bourcains, les femmes aux ateliers de productions, les hommes aux bureaux d´études ou à l´atelier central. En ce qui concerne, le devenir du site le projet le plus élaboré de réutilisation est l´implantation de Folimage, studio d´animation valentinoise de renommée internationale (la prophétie des grenouilles). Avec l´ouverture de l´Ecole européenne du film d´animation en 1999 et les projets de développement de Folimage, est née l´idée d´un pôle image création à la Cartoucherie, avec studios, école (la poudrière) et résidence d´artistes. La construction de l´usine se fait assez rapidement sur la partie sud est du domaine (parcelle G 677). Les matrices cadastrales évoquent une teinture et un magasin achevés en 1856, une fabrique de foulards en 1859, et plus tardivement en 1861, des additions de constructions (maison d´habitation et manufacture). L´affiche de mise en vente mentionne 4 bâtiments de 100 mètres de longueur sur 25 mètres de largeur. Ils forment en quelque sorte un cloître industriel fermé sur une cour intérieure agrémentée d´un bassin. Ce quadrilatère n´a jamais constitué un carré parfait, l´aile nord partant en retrait à l´intérieur de la cour. Les deux ailes nord et est n´ont pas bénéficié du même traitement architectural mis en oeuvre pour les deux autres parties sud et ouest encore visibles aujourd´hui. En contrebas, une cour d´honneur sépare les batteries, lavage et ateliers de teinture de la manufacture, ce corps de bâtisse est traversé au centre par le ruisseau des Moulins renfermé dans un large canal bétonné. Outre la production industrielle, Noël SANIAL conserve la ferme et le domaine agricole où il fait aménager un jardin d´agrément avec arbres fruitiers. Sur la partie haute du domaine à l´est, au de là de l´actuelle rue Salengro, l´affiche de mise en vente fait état de 4 hectares plantés de vignes, de luzerne et de nombreux mûriers. Une grande prairie irriguée par des canaux et un bassin en occupe la partie basse, bordée par la voie de chemin de fer Valence - Grenoble en service depuis les années 1862. Au sud ouest de l´usine, les bâtiments du Moulin Rouge et de la forge font vis-à-vis à la fonderie. L´usine emploie plusieurs centaines d´ouvriers. Aux dires de l´historien A. Blanc certains logent sur place, dans les combles. Après ces débuts prometteurs, l´industriel connaît rapidement des déboires. En 1857, l´usine du Cheylard est ruinée par une violente inondation qui occasionne une perte de 400.000 francs. En 1858, la filature de soie est endommagée par un incendie et à l´instar de toute l´industrie du département de la Drôme l´usine subit de plein fouet la crise due à la baisse soudaine du prix de la soie. Le syndic de faillite mentionne un prix de vente de 60 à 70 francs le kilogramme, c'est-à-dire moins de la moitié du prix normal pour couvrir les frais pour des cocons achetés au prix de 7 à 8 francs le kilo. La crise est encore accentuée par la maladie des vers à soie. Si les années suivantes voient la reprise des affaires dans le département, la filature bourcaine ferme ses portes. Et en 1860, un nouvel incendie touche les bâtiments destinés à l´impression des étoffes, d´où une perte de plus de 80.000 francs. Noël Sanial ne pouvant faire face à ses créanciers est obligé de déposer son bilan le 23 mai 1866. L´historien, André Blanc, insiste sur le parcours professionnel de Noël SANIAL qui l´aurait mis en contact avec des personnalités inspirées par les pensées des utopistes du 19ème siècle, St-Simon, Fourier. D´après Gaston BORDET, spécialiste des utopies sociales du 19ème siècle, Noël SANIAL aurait été guidé par le phalanstère de Fourier que l´on peut percevoir dans l´architecture des lieux, le regroupement de la production et des habitations des ouvriers et dans la place accordée à la nature avec la ferme, le verger, le jardin. Bien plus tard, une matrice cadastrale des propriétés bâties de Bourg-lès-Valence mentionne l´existence d´une société anonyme le phalanstère Français de Bourg-les-Valence propriétaire dans les années 1892, d´une maison située route de Lyon en limite de la commune de Valence. Le conseil municipal bourcain attristé par la faillite de leur bienfaiteur qui avait eu rang d´adjoint avant de démissionner en 1865, lui rendent hommage : M. Sanial est qualifié d´honnête manufacturier, mal servi par les événements qui a amené une industrie à de si colossales proportions par son habileté, son intelligence, son activité infatigable. M. Sanial père s´est montré si généreux envers la commune de Bourg-les-Valence qu´il lui a fait don de la source des eaux qui alimentent les fontaines publiques et que cette donation est précieuse par ses résultats autant que par son importance. Vous n´ignorez pas non plus que les 2 ou 3 millions qu´il a versés en salaires dans les mains des nombreux ouvriers employés autrefois dans son usine ont profité à la commune entière, y ont entretenu le bien être. Les élus reconnaissants décident de vendre un terrain à prix coûtant à ses deux fils pour qu´ils y installent à nouveau une usine d´impression sur tissus à plus petite échelle aidés par leur père. Ils iront s´établir à Tournon peu de temps après tandis que Noël Sanial, selon André Blanc, condamné à 8 mois de prison ferme, aurait préféré s´enfuir vers la Suisse. Après la double saisie mobilière et immobilière de son usine. Le domaine et tout le matériel sont adjugés aux enchères à Messieurs Borel banquier, Marc Aurel imprimeur et Mallet Faure propriétaire viticulteur à Saint-Péray pour la somme de 144.000 francs. Selon André Blanc, les spéculateurs auraient pour projet d´exploiter un vignoble sur le coteau et de céder l´usine à un grand industriel peut être Révillond. La guerre de 1870 met un terme à tous ces projets et c'est ainsi qu'en 1874, l'état se porte acquéreur de l'ancienne filature et d´une partie des terrains alentour pour y installer une Cartoucherie Nationale. L'agglomération valentinoise a un passé militaire assez ancien, puisque dès le dix huitième siècle, Valence abrite plusieurs casernes et une école d'artillerie ; or il est question de transférer celle-ci à Nîmes car officiellement Valence ne fait plus partie de la circonscription du quinzième corps d'armée, c'est un coup dur pour la ville et ce départ imposé n'est peut être pas étranger à la mise en place d'une cartoucherie qui correspond bien à l'esprit et aux besoins du moment dans la France meurtrie par la défaite de la guerre de 1870 contre l'Allemagne. Les hommes politiques de différentes tendances, unis dans la volonté de reconstruire leur patrie entendent réorganiser l'armée et moderniser le matériel de guerre, les fusils du dix-neuvième siècle qui utilisaient des cartouches en carton sont remplacés par le fusil Gras avec des cartouches en laiton. Pour fournir la demande, il faut créer des établissements spécialisés dans ce type de production, d'où l'implantation d'arsenaux sur tout le territoire français. Petit à petit, le domaine de l'ancienne usine textile se transforme au fur et à mesure de la construction de différentes bâtisses : poudrières, magasins de stockage, gare, stand de tir qui occupent la partie haute du domaine ; l´ancienne manufacture elle-même est réaffectée à la production de cartouches. La Cartoucherie, nouveau pôle industriel, attire des ouvriers venus de toute l'agglomération valentinoise et du département voisin de l'Ardèche. L'emploi varie suivant les commandes et la gravité de événements. La crise de Fachoda provoque une embauche de trois cents personnes, quelque temps après, la direction veut licencier cent dix ouvrières et trente ouvriers; cette mesure ne sera pas appliquée grâce à l'intervention énergique du préfet. Les nuages s'accumulent à l'horizon et en août 1914, la France mobilise contre l'Allemagne, les hommes partent au front et les femmes prennent la relève. La Cartoucherie participe bien évidemment à l'effort de guerre et pour accroître sa capacité de production arrive à un effectif de près de quatre mille personnes embauchées parfois pour quelques mois seulement, suivant les besoins. A la signature de l'armistice, beaucoup d'ouvriers regagnent leurs foyers et des places sont réservées aux mutilés de guerre qui par une formation accélérée, apprennent les subtilités du métier de cartouchier dispensées normalement au sein de l'école d'apprentissage maison. Pour répondre à la demande et à une production qui requérait un savoir faire poussé lié à une haute technicité, on avait très tôt ressenti le besoin de créer une école d'apprentissage qui formerait des ajusteurs ou des tourneurs destinés à travailler dans l'Atelier Central. Chaque année, lors d' un concours d'entrée qui se passait généralement au mois de juillet, la commission d'examen composée de différents représentants de la direction, des cadres et du personnel recrutait une promotion de six à huit apprentis futurs tourneurs ou ajusteurs. Une formation poussée qui alternait cours et pratique leur était dispensée pendant trois ans, sanctionnée par la production finale d'un chef-d'oeuvre. Ceux qui recevaient une note supérieure à quinze entraient à la Cartoucherie pour y poursuivre leur carrière tandis que les autres trouvaient facilement une place dans les différentes entreprises de la région et pouvaient espérer rapidement accéder à l'encadrement car l'école d'apprentissage jouissait d'une bonne réputation. Le personnel de la Cartoucherie se divisait en huit catégories qui allaient de l'ouvrier le moins qualifié jusqu'à l'ingénieur du bureau d'études. Le cartouchier avait la possibilité d'intégrer une catégorie supérieure sur avis du chef de service pour les quatre premiers grades, et en passant un examen professionnel dans leur spécialité, pour les suivants. Chaque catégorie se décomposait elle même en huit échelons, que l'on gravissait par ancienneté, ou sur proposition du chef de service. Le cartouchier, ouvrier d'état, assimilé fonctionnaire bénéficiait d'un statut particulier dépendant du ministère de la Défense. Si les ouvriers étaient civils, la direction de l'établissement restait militaire. Entouré d'une enceinte fermée sur l'extérieur, le petit monde de la Cartoucherie ressemblait à une petite ville avec ses rues, ses bâtiments, tous datés, numérotés, ses trois grandes cheminées repérables de loin. Cette cité laborieuse et bourdonnante du bruit des machines n'a cessé de s'agrandir au fil du temps. La guerre de quatorze a vu une floraison de nouvelles bâtisses, témoins de la multiplicité des activités, des besoins de guerre accrus et petit à petit les terrains de la partie basse jusqu'alors inoccupés se sont vus investir à leur tour, jusqu'à la voie de chemin de fer reliée directement à l´usine. Les femmes travaillaient plutôt dans l'administration et dans les ateliers de production où elles exerçaient le plus souvent des tâches extrêmement pénibles et parfois dangereuses, liées à la fabrication de cartouches de différents calibres, qui se décomposait en de multiples opérations accomplies par des ateliers bien distincts : - fabrication des étuis avec différentes phases : façonnages, étirages à partir du flan de départ; - fabrication des balles obtenues à partir d'un godet; - les différentes opérations effectuées dans les ateliers du chargement : amorçage et chargement de l'étui après dosage et pesage de la poudre, enfoncement de la balle, vernissage du joint balle - étui; - les contrôles multiples et variés; - essais de tir effectués dans des stands de tir; - conditionnement réglementaire des cartouches avec marquage, codification et étiquetage. Une bonne partie des hommes travaillait dans l'Atelier Central. Ajusteurs, tourneurs s'affairaient à entretenir et à réparer les machines des ateliers de production. Ils fabriquaient également l'outillage dont ils avaient besoin. Pour accroître le rendement et augmenter les performances techniques des machines, ils y apportaient des modifications, des améliorations sous la direction du Bureau d'Etudes. Entre les deux guerres, les machines continuent à se moderniser, les alimenteurs automatiques apparaissent et augmentent ainsi la capacité de production dans un temps plus restreint. Les effectifs se sont considérablement réduits mais atteignent encore huit cent cinquante ouvriers plaçant la Cartoucherie aux tout premiers rangs des entreprises de l'agglomération valentinoise. Celle-ci joue un rôle attractif non négligeable pour la commune qui voit de nouveaux quartiers prendre forme. Les ouvriers, souvent cartouchiers de père en fils, et de mère en fille, préfèrent s'installer non loin de leur lieu de travail. En 1936, lors de la victoire du Front Populaire, les cartouchiers sont à l'unisson de la joie populaire et bénéficient de la réduction du temps de travail. En tant qu'ouvriers d'état, ils avaient déjà droit à des congés payés. Malgré le regain de tension internationale, ils veulent encore croire à la paix et au traité de Munich. L'arrivée de la guerre vient anéantir leurs espérances et la production à nouveau s'emballe durant la drôle de guerre. Plus d'un million de cartouches sortent quotidiennement de l'usine qui donne du travail à plus de trois mille personnes. Dès le 17 juin 1940, la direction licencie une bonne partie du personnel en ramenant à cent cinquante ouvriers l'effectif des ateliers de fabrication. Le détachement italien de la commission d'armistice fait plomber certaines machines et en affecte d'autres à une production civile : boîtes, changements de vitesse, pièces pour usines de chaussures... Vers 1942, la fabrication des cartouches 7.65 pour les gardes mobiles est reprise, elle stoppera à nouveau en 1943. L'occupation allemande suscite le renforcement du noyau de résistance au sein même de l'entreprise. Quelques cartouchiers arrêtés lors d'une descente de la Gestapo connaîtront la déportation. A la libération la Cartoucherie assure à nouveau une production la plus élevée possible. Les cartouchiers voient le retour de leurs camarades déportés. Certains prisonniers bénéficient d'une formation accélérée et trouvent un travail à la Cartoucherie. La production reprend un rythme normal. La direction et le Bureau d'Etudes se penchent à nouveau sur une optimisation du rendement : l'automatisation gagne du terrain et l'on chronomètre à tout va les différents processus de fabrication afin d'épargner le plus possible un temps devenu très précieux. La Cartoucherie connaît un nouvel et dernier accès de fièvre lors de la guerre d'Indochine qui favorise à nouveau une embauche massive dans les années 1951 - 1952. Après quoi la Cartoucherie Nationale de Valence amorce une longue période de déclin et dés 1955 planent des menaces de fermeture. En 1957, Monsieur Métayer, secrétaire d'état à la Défense veut fermer l'établissement. Devant la mobilisation générale des syndicats, des forces politiques et les interventions de monsieur Pic, alors ministre, le projet est ajourné pour être remis au goût du jour lors de la visite de monsieur Messmer. Un petit livre blanc distribué à tous les ouvriers de l'A.V.E. explique en préambule les raisons officielles qui ont motivé le choix de la fermeture. L'usine ne correspond plus aux objectifs des programmes d'armement et doit subir une conversion susceptible d'éviter des licenciements dus à une baisse de production. D'autre part l'industrie nucléaire implantée à Pierrelatte génère de nouveaux besoins et la SOGEV (Société Générale Du Vide se trouve être le repreneur idéal de la vieille entreprise. La transition doit se faire en douceur, en préservant les avantages acquis, en donnant le choix aux ouvriers soit d'intégrer la nouvelle société privée, soit de continuer à être ouvrier d'état, en demandant leur mutation. Une page d'histoire est définitivement tournée. Depuis 1993, la ville de Bourg-lès-Valence est propriétaire, au quartier Chony, d´un site d´environ 6 ha, à l´état de friche industrielle, qui témoigne encore de ce qui aura été, vraisemblablement l´établissement industriel le plus important de son histoire, la Cartoucherie nationale, implantée en 1874 à l´emplacement et en partie, dans les bâtiments d´une ancienne usine textile. Sont inscrites au titre des Monuments Historiques par arrêté du 5 février 2003, les parties suivantes : le bâtiment principal et la cheminée d´usine, l´entrepôt de 1902, la poudrière de 1878, la gare, ainsi que le bassin avec ses annexes et canalisations, figurant au cadastre de Bourg-lès-Valence (Drôme) section B, sous le n° 2587 d´une contenance de 6ha. Les travaux de réhabilitation démarrent en 2006 sous la maîtrise d´oeuvre de l´architecte du patrimoine Philippe Prost. Concernant les bâtiments de l´ancienne indiennerie et de la cour intérieure, ils vont permettre l´implantation de Folimage, «studio d´animation valentinoise de renommée internationale» animée par Jacques-Henry Girerd (la prophétie des grenouilles). Avec l´ouverture de l´Ecole européenne du film d´animation en 1999 (la Poudière) et les projets de développement de Folimage, est née l´idée d´un pôle image création à la Cartoucherie, avec studios, l´école de la Poudrière et l´Equipée, une association de diffusion du cinéma d´animation. Ces trois entités vont impulser une nouvelle dynamique à ce bâtiment emblématique.

Un témoignage architectural de l´industrie textile du milieu XIXe siècle et de l´histoire d´une cartoucherie nationale. Le bâtiment principal (100m x 25m), construit en 1855 (date portée), présente une unité architecturale intéressante, un plan en L, un corps principal allongé accosté de deux pavillons rectangulaires plus hauts. L´un des deux pavillons, plus ouvragé, abritait le logis de maître. Ce bâtiment conserve un impact architectural important avec sa silhouette particulièrement imposante mais équilibrée, caractérisée par l´opposition des matériaux et les alignements de façades aux percements réguliers. Le caractère monumental avec pavillons d´angle, voire ornemental n´exclue pas des recherches d´ordonnancement dans les élévations et les plans en équerre. Ce bâtiment principal, construit en moellon de calcaire, comprend un corps central, orienté nord-sud, de quatre niveaux, avec un étage de soubassement présentant un léger fruit, composé de 12 travées de portes rectangulaires encadrées de pierre, la travée centrale étant occupée par un escalier extérieur. Les trois autres niveaux sont percés d´une série de fenêtres en plein cintre séparée entre elles par un pilier en brique. La porte d´entrée est située au second niveau qui est en fait un rez-de-chaussée surélevé. Les pavillons latéraux sont composés de cinq niveaux avec cinq travées par niveau, le dernier étant en surcroît (moins élevé), avec bandeaux d´étage, chaînes d´angle en pierre de taille, ainsi qu´une corniche moulurée. Les deux pavillons sont percés de baies rectangulaires. Le pavillon sud, logement de maître, se signale par des encadrements plus soignés, consoles moulurées, bossages encadrant la porte d´entrée sur perron et balcon central en fer forgé. La façade est, sur cour intérieure, est de deux niveaux, très régulièrement percés d´alignements de baies cintrées à encadrements de briques. Au premier niveau, plusieurs des baies en plein cintre sont des portes, le dernier niveau est longé par une coursive métallique. Le toit est orné d´un clocheton (flèche) à quatre pans en zinc, relié à la pendule (disparue aujourd´hui) située dans la travée centrale . Le retour sud sur cour, rectangulaire en retour d´équerre, est également de deux niveaux sur étage de soubassement, régulièrement percés de baies cintrées identiques à encadrement de briques. Côté rue de Chony, cette aile sud est ornée au troisième niveau, de fausses fenêtres décoratives pour garder le rythme du bâtiment qui est prolongé en retour par un petit bâtiment postérieur, datant de la cartoucherie, globalement enduit, présentant un rez-de-chaussée à baies cintrées et un étage à baies rectangulaires. Le bâtiment principal renfermait des ateliers, plafonnés en poutraison de bois reposant sur des alignements de colonnettes en fonte, deux séries dans le corps central, une seule dans l´aile sud. Les deux niveaux supérieurs du corps central ont été aménagés en bureaux et appartements, il ne reste aucune machine en place dans les ateliers, si ce n´est les poulies et arbres de transmission ; le logement de maître, lambris à hauteur d´appui, corniches moulurées, quelques trumeaux, a perdu, après pillage, toutes ses cheminées. L´étage de soubassement est formé de voûtes en berceau segmentaire en brique retombant sur des piliers en pierre. Un toit à longs pans et à croupe, couvre le corps principal et des toits de plans massé à croupes sur les pavillons, couverture de tuiles mécaniques. La cheminée circulaire en brique, d´un mètre de diamètre et environ 30 mètres de hauteur est portée par une haute base (environ 5 mètres) à pans coupés de forme octogonale. Elle présente sur toute sa hauteur un décor de brique à effet torsadé.

  • Murs
    • pierre
    • brique
  • Toits
    tuile mécanique
  • Plans
    plan rectangulaire régulier
  • Étages
    étage de soubassement
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • Typologies
    cartoucherie ; usine textile
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Protections
    inscrit MH, 2003/02/05

Un témoignage architectural de l´industrie textile du milieu XIXe siècle et de l´histoire d´une cartoucherie nationale. En 1993, la commune de Bourg Les Valence rachète les vieux bâtiments de la Cartoucherie toujours en place et entame une réflexion globale quant à leur devenir. Les travaux de réhabilitation, entamés en 2006, sous la maîtrise d´oeuvre de l´architecte du patrimoine Philippe Prost, concernant les bâtiments de l´ancienne indiennerie et de la cour intérieure, vont permettre l´implantation de Folimage, studio d´animation valentinoise de renommée internationale animée par Jacques-Henry Girerd (la prophétie des grenouilles). Avec l´ouverture de l´Ecole européenne du film d´animation en 1999 (la Poudière) et les projets de développement de Folimage, est née l´idée d´un pôle image création à la Cartoucherie, avec studios, l´école de la Poudrière et l´Equipée, une association de diffusion du cinéma d´animation. Ces trois entités vont impulser une nouvelle dynamique à ce bâtiment emblématique.

Documents d'archives

  • AM Bourg-lès-Valence : non coté. Plan sur calque, aquarellé, daté par mention manuscrite rapporté octobre 1883, plan d'ensemble de l'usine de Chauny, annexe de l'arsenal de Valence et les terrains qui en dépendent. 1883

Bibliographie

  • DASPRES G., DROGUE-CHAZALET I., Mémoires de cartouchiers, travailler dans une cartoucherie nationale à bourg-lès-Valence, Centre Louis Jourdan, Ateliers d'écritures, 1994 à juin 1995, Impressions Modernes-Guilherand-Granges, 1995

  • DROGUE-CHAZALET Idelette. Histoires d'utopies la cartoucherie de Bourg-lès-Valence. Plaquette Journées du patrimoine 2003

  • BLANC, André. Noël Sanial de Bourg-lès-Valence, Saint-Simonien, précurseur des S.C.O.P., Cahiers Drômois, Académie Drômoise des Lettres, 1983, n° 7.

    p. 35-43
  • BLANC, André. Bourg-lès-Valence, deux mille ans d'activité industrielle, Imprimeries Réunies, Valence, 1985

  • Ville de Bourg-lès-Valence, La cartoucherie histoire d'un chantier, 2009.

Annexes

  • Historique
  • Le leg de l'industrie (article 2007)
Date d'enquête 2004 ; Date(s) de rédaction 2004
© Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel