I. HISTORIQUE
1. ÉDIFICES ANTERIEURS
1.A. BÂTIMENTS ROMAINS
De nombreux vestiges romains ont été découverts à l'emplacement de l'actuelle École vétérinaire, en particulier lors des travaux du milieu du 19e siècle (COMARMOND, Description du musée lapidaire, p. 67, 101-102, 126, 133, 140, 141 189-190, 233, 259, 336). Un certain nombre d'entre eux sont conservés au musée de la civilisation gallo-romaine, à Lyon : trois chapiteaux (réserves du musée), l'un en marbre blanc (COMARMOND, id., p. 233 ; cf. fig. 5), les deux autres identiques, en calcaire blanc de Tournus (COMARMOND, id., p. 102 ; cf. fig. 6) ; un bas-relief (salle XVI du musée ; COMARMOND, id., p. 101-102 ; cf. fig. 7), ainsi que des fragments de tuiles romaines (réserves du musée ; COMARMOND, id., p. 259).
En 1865, découverte quai Pierre-Scize d'une inscription mentionnant des thermes (salle VIII du musée ; cf. fig. 8).
En 1951, mise à jour de substructions d'un édifice romain lors de la construction de l'annexe K de l'École vétérinaire, en bordure du quai Chauveau (AUDIN, Essai sur la topographie..., p. 144). Ces diverses découvertes ont amené Amable Audin à émettre l'hypothèse de l'existence à cet endroit de thermes publics (ibid.)
Il existait par ailleurs, sur le quai, un petit édifice appelé le "Tombeau des Deux-Amants" (cf. fig. 9), qui a donné son nom au tènement où s'est installée l'École vétérinaire. Ce monument fut détruit en 1707, car il gênait la circulation (A.C. Lyon, BB 267, délibération du 7 juin). Plusieurs hypothèses ont été émises sur sa destination : les historiens du 17e et du 18e siècle (SPON. Recherche..., p. 123 ; COLONIA. Histoire littéraire ..., p. 290), s'appuyant sur l'inscription découverte à proximité du monument (COMARMOND, op. cit., p. 44) pensaient qu'il s'agissait du tombeau d'un frère et d'une sœur nommés Amandus ; Allmer y voyait un laraire (ALLMER, DISSARD, Musée de Lyon. Inscriptions antiques, t. II, p. 316-317). Aujourd'hui M. Audin pense qu'il pourrait s'agir du sacellum d'une source alimentant les thermes envisagés ci-dessus (AUDIN, op. cit. , p. 144).
1.B. HÔPITAL DES DEUX-AMANTS
Situé au sud du tombeau des Deux-Amants, il dépendait de la collégiale St-Paul (Polyptique..., p.20). Date de fondation inconnue ; première mention vers 1170 (GUIGUE, Documents inédits..., p. 44). D'après Bullioud, il aurait déjà été désaffecté en 1369 et une partie de ses pierres aurait servi à la construction de l'église Saint-Pierre de Vaise (annexe A).
Supprimé le 14 novembre 1492 par une bulle d'Alexandre VI (PAVY, Les Cordeliers..., p. 260) et rendu au roi Charles VIII par les chanoines de Saint-Paul en 1493 (annexe B).
1.C. COUVENT DES CORDELIERS DE L'OBSERVANCE
Décidé à réformer l'ordre des Cordeliers et à revenir à la "stricte observance" de la règle de saint François, le frère Bourgeois obtint de Charles VIII la permission d'établir un couvent à l'emplacement de l'ancien hôpital des Deux-Amants (id.) : 21 mars 1493, lettres de fondation du couvent de Notre-Dame-des-Anges, dit de l'Observance (MONFALCON, Histoire monumentale..., t. V, p. 143) ; première pierre posée par Charles VIII et Anne de Bretagne, dont les armes ornaient encore le portail de l'église au 18e siècle (CLAPASSON, Description..., p. 179). Achevé en 1496, le couvent se composait alors "d'une petite église de style gothique et d'un cloître à deux ailes" (MONFALCON, op.cit., t. V, p. 141). Il fut en partie détruit par les protestants en 1562 (id., t. II, p. 129).
Il fut reconstruit et enrichi à la fin du 16e siècle grâce aux libéralités des marchands lyonnais et italiens installés à Lyon (cf. fig. 10 et 11). 23 mai 1593, vote par le consulat d'une somme de 180 écus pour la reconstruction du portail de l'église (A.C. Lyon : BB 130).
Le poète René Gros Saint-Joyre fit restaurer le portail du cloître et placer au-dessus "une statue de la Vierge tenant d'une main l'Enfant Jésus et de l'autre une rose ; au-dessus, deux anges aux ailes éployées [soutenaient] une couronne" (VINGTRINIER, Le Lyon de nos pères..., p. 295). Un quatrain, que l'on pouvait voir encore au début du 19e siècle, et dont les trois derniers mots seraient l'anagramme de René Gros, accompagnait cette statue : "Filz qui n'es en degré / Bien moindre que ton père/ De la main de ta mère / Prends cette rose en gré" (COCHARD, 26e lettre lyonnaise, p.326-327, n° 2).
Plusieurs chapelles furent ajoutées à l'église primitive (cf. fig. 12) : chapelles Saint-François, Saint-Louis ornée d'un retable Renaissance (VINGTRINIER, op. cit., p. 295 ; cf. fig. 13); chapelle des Lucquois, érigée aux frais des marchands lucquois sur le côté gauche du choeur : considérée par les contemporains comme l'une des plus belles de Lyon, elle était décorée d'ornements corinthiens, dont quatre grosses colonnes de pierre (CLAPASSON, op. cit., p. 179 ; cf. infra 1, 3 ; fig. 14 et 15). Le cardinal Bonvisi offrit au couvent, en 1599, un tableau de Francesco Vanni, la Vision de Saint-François d'Assise ; ce tableau, vendu en 1785 à Claude Tolozan d'Amarante, a été retrouvé au musée de Rhode Island, à Providence (CLAPASSON, op. cit., p. 179-180 ; Art baroque à Lyon..., p. 222-224).
1614, installation de stalles et de boiseries dans le chœur de l'église (MONFALCON, op. cit., t. V, p. 152). 1667, restaurations importantes au cloître, à la voûte de l'église et à la chapelle Saint-Louis, restaurations rendues nécessaires, l'église ayant été ébranlée par les coups de canons tirés lors des entrées des rois (annexe C).
Restaurations du chœur entre 1740 et 1768 (TRICOU éd., Notes et souvenirs de Antoine Sabatier, p. 37).
En 1789, le couvent de L'Observance ne comptait plus que 5 religieux. Le domaine, saisi comme bien national, fut divisé en trois lots : la nation se réserva l'église ; les bâtiments claustraux et les jardins furent acquis par Tripier et Guillot (annexe D). Cet édifice, qui inspira beaucoup les dessinateurs lyonnais du début du 19e siècle (cf. fig. 16 à 18), fut laissé à l'abandon jusqu'à l'agrandissement de l'École vétérinaire.
1.D. MONASTÈRE DE SAINTE-ELISABETH DES DEUX-AMANTS
Il existait au 16e siècle, à l'emplacement du tènement des Deux-Amants, divers corps de bâtiments légués à l'Aumône générale de Lyon, par Jacques Moyron, baron de Saint-Privier, le 11 octobre 1651 (annexe E ; cf. fig. 10).
2 janvier 1657, acquisition du tènement des Deux-Amants par les religieuses de Sainte-Elisabeth (annexe E).
Ces religieuses, se trouvant trop à l'étroit dans leur couvent de Bellecour, demandèrent le dédoublement de leur communauté : mars 1660, lettres patentes autorisant l'établissement des religieuses de Sainte-Elisabeth aux Deux-Amants (A.D. Rhône : 8 H 320). Les travaux effectués pour leur installation comprenaient seulement l'aménagement d'un corps de bâtiment à l'est, le long de la rue, et l'installation d'une église (annexe F). 7 juillet 1675, pose de la première pierre de l'aile droite du couvent par l'archevêque de Lyon, Camille de Neuville (cf. inscription infra II, 3A, g). Les travaux furent exécutés par Mathieu Chavagny, Jean Seyty et Georges Lourdan, maîtres maçons (annexes G), Claude Renaud, Claude Penet fils et François Gautier, maîtres charpentiers, et Etienne Raiot, maître serrurier (A.D. Rhône: 8 H 320).
Premier juin 1677, construction d'une porte cochère dans le mur de clôture de l'est (ibid.)
2 août 1707, reconstruction du portail de l'église (ibid.). Il semble que le monastère de Sainte-Elisabeth (cf. fig. 19) était alors en pleine prospérité : l'église, perpendiculaire à la rue, possédait au moins trois chapelles, celle de la Sainte-Vierge, de l'Enfant Jésus, et des morts ; le maître-autel et l'autel de la Sainte-Vierge étaient en bois doré avec des retables garnis de tableaux ; le chœur était orné de boiseries et de 8 tableaux. Il y avait 3 chapelles dans le clos à l'ouest du couvent : celles de la Sainte-Vierge et de Saint-François, décorées de 6 colonnes de marbre en façade, et celle de la Madeleine (annexe F). Une de ces chapelles existait encore en 1837 (cf. fig. 32). A la Révolution, le monastère qui comptait 37 religieuses, devint propriété de la Nation (B.M. Lyon : Fonds Coste, ms 294).
1.E. INSTALLATION DE L’ÉCOLE VETERINAIRE
En 1762, création à Lyon de la première école vétérinaire de France, fondée par Bourgelat, et installée dans le quartier de la Guillotière (ARLOING, Le Berceau..., p. 30-36).
Le 6 Floréal an III (25 avril 1795), arrêté de transfert de l'Ecole vétérinaire au monastère des Deux-Amants et nomination de l'architecte Cochet pour dresser les plans de l'installation (A.D. Rhône : 1 L 516). Devant le mauvais état des bâtiments (surtout des corps de bâtiment sud et est) et leur exiguïté pour loger les animaux, le directeur de l’École, Claude-Julien Bredin, intervient auprès du gouvernement pour obtenir cession des bâtiments des Cordeliers : le 13 Messidor an X (2 juillet 1802) ; le gouvernement cède à l’École le jardin qui séparait les deux. Anciens couvents (ARLOING, op. cit., p. 67). D'après Arloing, c'est à ce moment que l'on aurait construit le bâtiment des forges en bordure de l'actuel quai Chauveau ; or, d'après un plan dressé en 1807 (cf. fig. 20), le premier bâtiment des forges aurait été construit à l'ouest de la cour.
Le 12 Vendémiaire an XII (5 octobre 1803), arrêté du gouvernement abandonnant provisoirement l'église des Cordeliers à l’École pour en faire un magasin à fourrages (A.D. Rhône : V 35 ; cf. fig. 13 et 14).
En 1807, premier projet de restauration (annexe H ; cf. fig. 20), dressé par l'architecte lyonnais Louis-Cécile Flachéron, comportant en particulier :
- la démolition du mur de clôture sur le quai, remplacé en partie par une grille, et l'ouverture d'une porte cochère dans le bâtiment de
façade ;
- la régularisation de la grande cour et le prolongement du portique le long du corps de bâtiment oriental ;
- la construction d'une écurie dans la cour des forges ;
- la construction d'une chapelle à la place de l'ancienne église du monastère des Deux-Amants : le projet de chapelle circulaire présenté par Flachéron est repoussé par le Conseil des Bâtiments civils qui préfère s'en tenir à un édifice de forme rectangulaire ;
- la construction d'un amphithéâtre semi-circulaire dans l'aile nord.
Seuls les trois premiers points de ce programme (démolition du mur de clôture, ouverture de la porte cochère et régularisation de la cour) semblent avoir été réalisés alors.
Des travaux de consolidation des corps de bâtiments sud et est sont entrepris sous la direction de Flachéron. Construction d'un bâtiment neuf à la place de l'ancienne église des Deux-Amants entre 1809 et 1811 ; ce bâtiment reste inachevé, car la construction de l'escalier intérieur qui devait le desservir, a été ajournée du fait du mauvais état du bâtiment sur rue sur lequel il devait s'appuyer (A.N. : F13 1790, lettre de l'inspecteur général des Écoles vétérinaires au ministre de l'Intérieur, 16 novembre 1810 ; A. École vétérinaire Lyon : lettres du directeur de l’École au ministre de l'Intérieur, 16 août 1810 ; au préfet du Rhône, 5 juin 1813 ; annexe I).
2. CONSTRUCTION DE L’ÉDIFICE
Devant la lenteur des travaux d'installation de l’École, des propositions de transfert à Toulouse sont envisagées ; aussi le conseil municipal de Lyon décide-t-il, le 4 août 1818, le vote d'un crédit permettant l'ouverture des travaux. La direction en est assurée par Flachéron jusqu'en 1822, puis par Antoine-Marie Chenavard (A.C. Lyon : Procès-verbaux des séances..., t. V, p. 66 ; Almanach historique, 1822, p. 234 ; 1823, p. 209). Ces travaux (annexe J ; cf. fig. 21) comprennent :
- la destruction du bâtiment sur rue ;
- la construction de l'aile sud (b) et de la moitié de l'aile ouest (a) dans le prolongement des parties conservées du monastère (c), en en maintenant la même disposition au rez-de-chaussée ;
- l'achèvement du portique autour de la cour.
Cependant tous les travaux prévus ne sont pas exécutés :
- le raccord au niveau des toitures entre l'ancien et le nouveau bâtiment n'est pas fait ;
- les fenêtres des anciennes cellules n'ont pas été agrandies ;
- la cage du grand escalier prévu au centre du bâtiment occidental reste vide.
Dans le même temps, aménagement de la cour des forges (actuelle cour de clinique) : construction du bâtiment des forges (C) en façade, de la salle de clinique, des écuries et du chenil (ARLOING, op. cit., p. 71 ; cf. fig. 22 et 23).
En 1826, installation en bordure du quai d'une grille provenant du château de la Balme (ARLOING, id., p. 70).
Pendant ces travaux, les élèves s'installent dans l'ancien couvent des Cordeliers acquis par l’État en 1808 (ibid. ; A.D. Rhône : V 35). A partir de 1823, à l'instigation de l'abbé Barbier, la ville accepte de convertir l'ancien couvent des Cordeliers en Refuge pour les jeunes condamnés (ARLOING, id., p. 72-73 ; cf. fig. 24). Ce projet est abandonné et l'on décide de rendre l'église des Cordeliers au culte comme chapelle de secours pour la paroisse Saint-Paul Un premier devis de restauration est établi en 1827 par Flachéron, prévoyant le rétrécissement de la chapelle des Lucquois et la construction d'une nouvelle entrée (A.D. Rhône : V 35). Non exécuté. Un second devis est établi le 21 juin 1836 par Chenavard (ibid. ; cf. fig. 25, 26 et 27). Ce devis prévoit une restauration stricte de l'édifice ancien. Non exécuté.
Parallèlement Chenavard établit le plan d'achèvement des travaux du bâtiment principal (A) de l'école, le 27 décembre 1836 (annexe J) :
- agrandissement des fenêtres des anciennes cellules ;
- construction du grand escalier central du corps de bâtiment occidental ;
- construction d'un escalier dans l'aile nord ;
- redistribution intérieure des pièces et réfection des "anciens planchers" ;
- nivellement des toitures.
Ces travaux ne sont pas exécutés et l'on ignore pour quelle raison la restauration de l’École est confiée à Pierre-Prosper Chabrol, exerçant à Paris, en octobre 1838 (A.N. : F21 1437).
Son projet d'octobre 1839 prévoit déjà l'amphithéâtre d'honneur, l'installation d'un jardin à la française en terrasse, la restauration du bâtiment de clinique, l'installation d'une serre et d'une orangerie dans le jardin botanique, et d'une chapelle à la place de l'actuelle salle du conseil (cf. fig. 28 à 31). Non exécuté.
Les projets d'implantation de l’École sont modifiés du fait de la construction de la montée de l'Observance qui entraîne le démantèlement de la pépinière départementale (cf.fig. 32).
12 janvier 1843, accord entre la Ville de Lyon et l’État : la Ville cède à l’État les terrains des Cordeliers de l'Observance, ainsi que l'emplacement des 2 premières travées de l'église, qui doivent être démolies pour l'agrandissement de l’École ; en échange l’État se charge de la restauration de l'église et de la construction d'une école à côté (A.N. : F21 791 ; cf. fig. 33).
A la suite de ces mesures administratives, rédaction d'un nouveau projet de Chabrol, soumis au Conseil général des bâtiments civils, le 16 janvier 1843 : agrandissement de la cour d'honneur ; mises en places des dépendances, clinique, écuries, chenils, anatomie (A.N. : F 21 1437). Ce projet ne subit que des modifications de détail jusqu'à son achèvement en novembre 1857 (A.N. F21 791 ; cf. fig. 34).
a. Bâtiment principal (A) [cf. fig.35 à 38] : en 1848, les travaux sont en cours d'achèvement (A.N. : F21 1437, lettre de Chabrol au ministre des Travaux publics, 18 juillet 1848). Comble en fer de l'amphithéâtre par Achille Leturc, entrepreneur de serrurerie à Paris ; couverture en plomb par L. Muzard, entrepreneur de plomberie à Paris (A.N. : F 21 1440, soumissions, 20 décembre 1849).
b. Bâtiment de clinique (D) [cf. fig. 39 à 42] : bâtiment à un étage avec 2 corps latéraux en rez-de-chaussée ; conformément à l'avis du Conseil général des bâtiments civils du 16 janvier 1843, Chabrol remplace les terrasses des bâtiments latéraux par des toits.
c. Écuries et étables (E), chenils et bergerie : légère modification des projets du 27 avril 1844 quant aux façades des écuries et des étables (cf. fig. 43 à 47). Au sud de la cour, construction de la bergerie et des chenils (cf. fig. 48 à 51).
d. Bâtiment d'anatomie (G) : modification du projet initial (cf. fig. 52 à 54) par adjonction de 2 petits corps de bâtiments à la façade postérieure (cf. fig. 34).
e. Chapelle de l'Observance : le mauvais état de l'église des Cordeliers rendant sa restauration impossible (annexe K), sa démolition est autorisée le 28 mars 1846 (A.N.: F21 1437). Chabrol décide la construction d'une chapelle sur pilotis, avec entrée sur le quai, flanquée au nord et au sud des bâtiments des écoles primaires (A.C. Lyon : O, 5ème division, 500, séance du conseil municipal du 8 juin 1936 ; cf. fig. 34, 55 à 62). Les quatre colonnes corinthiennes de la chapelle des Lucquois qui devaient être remployées dans cette construction sont considérées en trop mauvais état (A.N. : F21 1437, lettre de Chabrol au ministre des Travaux publics, 18 juillet 1848).
Les travaux de décoration intérieure sont confiés au peintre parisien Alexandre Denuelle qui orne le chœur d'un couronnement de
la Vierge par le Christ, flanqué de chaque côté de saint Pierre et de saint Paul (A.N. : F21 3114 1, décompte de paiement, 24 décembre
1854), et au sculpteur Léon Cottebrune, exerçant à Paris, pour l'autel, les bénitiers et les deux tympans (ibid. : id., 19 avril 1860).
Au-dessus du chœur, inscription : DOM / SUB INVOCATIONE BEATAE MARIAE VIRGINIS / DEI GENITRICIS, SINE LARE ONCEPTAE (PELADAN, Guide de l'amateur..., p.124).
Chaire à prêcher de François Viala, menuisier à Lyon (A.N. : F 21 1440, soumission, 25 novembre 1854).
Cloche en cuivre et étain de 267 kg, par Burdin fils ainé, fondeur à Lyon (ibid. : id., 22 août 1859).
Grille de communion et grille d'entrée de la chapelle, par Jules Everaert, serrurier ornementiste à Paris (ibid. : id., 28 août 1859).
Rose de la façade par Oudinot, entrepreneur de peinture sur verre à Paris. (A.N. : F21 3114[I], décompte de paiement, 26 octobre 1859).
En 1861, dans le cadre de la reconstruction du pont de Serin, les Ponts-et-Chaussées décident un exhaussement du quai de l'Observance (actuel quai Chauveau). Chabrol entreprend alors la construction du corps de portique (d) (annexe L).
3. DÉGRADATIONS, RESTAURATIONS, RECONSTRUCTION, CHANGEMENTS D'AFFECTATION
(Nous n'étudions ici que les restaurations qui ont entrainé des modifications dans l'architecture des bâtiments.)
A partir de 1868, les travaux de restaurations de l’École sont: confiés à Sainte-Marie-Perrin, qui travaille en collaboration avec le physiologiste Chauveau pour adapter les bâtiments aux nouvelles techniques scientifiques (le bâtiment d'anatomie-physiologie conserve encore actuellement les appareils inventés par Chauveau).
1872-1873, transformation du bâtiment d'anatomie (G) d'après les plans de cet architecte. L'amphithéâtre, jugé trop grand, est transformé en salle de dissection-musée, avec installation de vitrines et de tribunes sur les côtés ; un nouvel amphithéâtre plus petit est aménagé dans la partie orientale du bâtiment (A.N. : F21 791, lettre du directeur de l’École au ministre de l'Agriculture, 19 octobre 1872 ; cf. fig. 63 et 64).
1876, projet de percement de fenêtres en demi-cercle sous le portique (A. École vétérinaire Lyon : exercice 1876) ; celles de l'aile nord (réfectoire, c) n'ont pas été réalisées.
1878-1879, construction de petites annexes en rez-de-chaussée à l'ouest et à l'est de la salle d'anatomie (A.N. : F21 791, lettre de l'inspecteur général de l’École vétérinaire au ministre des Travaux publics, 26 mai 1878 ; cf. fig. 65 et 66). Construction des services de zootechnie (I) à l'ouest du bâtiment d'anatomie, et de ceux d'histologie (H) au sud (A.N. : id. ; ARLOING, Le Berceau..., p. 86, fig. 18).
1893, percement de 2 fenêtres sur le quai, dans le bâtiment du secrétariat (C) (A. École vétérinaire Lyon : mémoire de travaux de maçonnerie exécutés par François Parot entrepreneur).
1894, projet de décoration peinte du grand amphithéâtre (e), établi par Sainte-Marie-Perrin, et concernant les 7 tables ovales de la voûte qui devaient être ornées de sujets représentant : "L a Conquête du cheval, Un agronome romain donnant des prescriptions, Groupes d'hippiatres s'occupant du cheval, Bourgelat, détaché du groupe étudie la médecine avec Pouteau et Charmetton, Scène d'anatomie moderne, Scène d'étude physiologique sur le cheval, Scène d'étude pathologique moderne sur les animaux" (ibid.). On ne sait si cette décoration correspond aux projets de Chabrol que Sainte-Marie-Perrin avait fait rechercher (ibid.: lettre de Sainte-Marie-Perrin à Chabrol fils, 18 avril 1894). Ce projet est abandonné au profit de la réalisation actuellement en place confiée d'abord au peintre Lucien Simon (ibid : lettre de Sainte-Marie-Perrin au sous-secrétaire d’État aux Beaux-Arts, 15 mars 1905), puis à F. Humbert (ibid. . id., 19 août 1907).
1897, démolition de l'ancienne bergerie et construction du bâtiment de médecine opératoire (F) (ibid. : Mémoire des travaux de terrassements exécutés en 1897 ; montants des travaux effectués en supplément des travaux ordinaires d'entretien, 1897-1899).
L'état de l’École après les travaux de Sainte-Marie-Perrin est attesté par les 2 maquettes exécutées en 1900 par L. Marillier et conservées dans le vestibule de l'amphithéâtre d'honneur (cf. sous-dossier).
1905-1906, les anciens lambris du réfectoire en trop mauvais état, sont remplacés par un revêtement en ciment (ibid. : État sommaire des propositions faites pour les travaux de réfection et de grosses réparations à exécuter... pendant l'exercice 1903).
1929, incendie de la bibliothèque, entraînant la destruction des pièces situées au sud du bâtiment principal (ROGUINSKY, Contribution..., p. 46 ; cf. fig. 38).
8 juin 1936, délibération du Conseil municipal de Lyon décidant la démolition de la chapelle de l'Observance que son mauvais état rend trop dangereuse(A.M. Lyon : O, 5e division 500). Ne subsiste de cette chapelle que deux bases de colonnes dans le mur d'enceinte (cf. fig. 62).
23 mai 1937, inauguration du bâtiment de clinique (D) remanié par Tony Garnier qui agrandit le bâtiment en prolongeant les corps latéraux (Inauguration de la nouvelle clinique..., p. 1-11 ; cf. inscription, II, 3C, g ; fig. 67).
27 novembre 1938, inauguration du bâtiment de physiologie et d'anatomie (G), remanié par Tony Garnier qui agrandit le bâtiment en régularisant le plan (TAGAND, Inauguration des nouveaux laboratoires..., p. 1-72 ; cf. inscription II, 3F, g ; fig. 68).
1954-1955, construction du bâtiment de chimie-zootechnie (K) par M. Bourdeix, architecte.
1963, construction du bâtiment de maladie microbienne (L) par le même (cf. fig. 69).
II DESCRIPTION
1. SITUATION
Édifice établi sur la rive droite de la Saône, en bordure du quai Chauveau, au pied de la colline de Fourvière (cf. fig. 70) sur un terrain de périmètre irrégulier bordé au sud et à l'ouest par la montée de l'Observance. Au sud-est, enclave formée par une école communale (cf. historique).
2. COMPOSITION D'ENSEMBLE (cf. fig. 2 et 69)
Ensemble de bâtiments organisés en deux parties bien distinctes tant par leur implantation que par leur fonction :
1. Le bâtiment principal (A) autour de la cour d'honneur et les deux corps de passage (B et C), ouvrant sur le quai, essentiellement réservés aux services administratifs, culturels (amphithéâtre d'honneur, musée, bibliothèque, études) et au logement des élèves et du personnel (appartements, chambres individuelles, cuisines, réfectoire...).
2. Les bâtiments (D à L) réservés aux services scientifiques ou techniques et à leurs annexes, organisés (à l'exception des bâtiments K et L de construction récente) autour de trois cours fermées, communiquant entre elles par des passages couverts et s'étendant au sud du bâtiment principal.
Ensemble complété, au nord, par un jardin botanique avec entrée monumentale sur le quai (B) et à l'ouest par un parc en terrasse avec escaliers d'accès et murs de soutènement disposés symétriquement par rapport à l'axe longitudinal de l'amphithéâtre (M) (cf. fig. 71 et 72).
3. ÉTUDE DE CHAQUE CORPS DE BÂTIMENT
La présente étude porte sur les bâtiments construits avant 1900 ainsi que sur ceux repris par Tony Garnier au 20e siècle.
3.A. BÂTIMENT PRINCIPAL (cf. fig. 3 et pl. Il)
Orienté à l'est, composé de 5 corps de bâtiments :
- 3 corps rectangulaires (a, b, c) disposés en U autour d'une cour carrée, fermée à l'est par un corps de portique (d) (cf. fig. 73, 74, 75) ;
- corps de bâtiment (e) de plan cintré abritant l'amphithéâtre d'honneur, adossé à la façade postérieure du corps central, dans l'axe du bâtiment.
a. Matériaux
Construction en pierre :
- corps a, b et c : gros œuvre en moellons équarris ; encadrements, piliers du portique et fronton du corps central en pierre de taille (grand et moyen appareil). Façades crépies. Corniches en bois peint. Sol de la cour d'honneur pavé.
- corps de portique (d) : pierre de taille. Colonnes monolithes.
- amphithéâtre (e) : pierre de taille, grand appareil : soubassement en pierre de Villebois, murs en pierre de Tournus (cf. Chabrol, L’École vétérinaire..., col. 114). Matériaux de couverture : tuiles mécaniques sur l'ensemble à l'exception de l'amphithéâtre couvert de plaques de plomb et du corps de portique bitumé.
b. Coupe
- corps a, b et c : un rez-de-chaussée et trois étages. Cave plafonnée sous la moitié gauche du corps central (a), voûtée en berceau plein cintre sous l'extrémité antérieure du corps gauche (b).
- amphithéâtre (e) : précédé d'un vestibule à l'italienne s'élevant, au centre du corps central, sur la hauteur du rez-de-chaussée et de deux étages carrés. Amphithéâtre, à vaisseau unique, de la hauteur du vestibule à l'italienne. Entre l'amphithéâtre et le vestibule, au rez-de-chaussée, couloir, à l'étage, tribune béante ouvrant directement sur l'amphithéâtre.
c. Élévations extérieures
Élévations en travées, à 4 niveaux (corps a, b et c).
- élévations antérieures sur la cour d'honneur.
1. Corps central (a) : façade à 9 travées, les trois travées centrales, couronnées d'un fronton, formant avant-corps (cf. fig. 76 et 77).
2. Corps latéraux (b et c) (cf. fig. 78) : 13 travées. Légère avancée des extrémités est, sur la largeur de 3 travées, au niveau de la jonction avec le corps de portique.
3. Sur l'ensemble des façades antérieures, premier niveau (portique) limité par une double moulure, autres niveaux non limités.
- élévations latérales (est) (cf. fig. 70).
Façades à 4 niveaux et 3 travées. Premier niveau, percé de fenêtres en plein cintre, limité par une double moulure dans le prolongement de celle des façades antérieures.
- élévations postérieures.
Ouverture en plein cintre au premier niveau, rectangulaires aux trois autres niveaux. Corps central (a) : façade postérieure partiellement masquée par l'amphithéâtre, à droite de celui-ci 6 travées, à gauche 5 travées. Corps latéral gauche (b) : 16 travées (cf. fig. 79). Corps latéral droit (c) : 14 travées plus une fenêtre à l'étage, au-dessus du corps de passage (B).
- élévations extérieures de l'amphithéâtre (cf. fig. 80).
Façade à deux niveaux et 9 travées, sur soubassement. A la base, plinthe régnante, au sommet corniche moulurée. Niveaux limités par un bandeau et travées séparées par des pilastres. Premier niveau percé de niches concaves (cf. fig. 81) et à ses extrémités de 2 baies en plein cintre ; deuxième niveau percé de baies en demi-cercle.
d. Combles et toitures (cf. fig.2 et pl. I)
- corps a, b et c : toits à deux versants, croupes aux extrémités orientales. Charpente en châtaignier (poutres équarries, ensemble des pièces chevillées, pose de la toiture sur lattis).
- amphithéâtre : toit en dôme couvert en plomb. Charpente en fer, comble perdu.
e. Distribution intérieure
Répartition des pièces, des passages et des escaliers sensiblement symétriques par rapport à l'axe est-ouest du bâtiment avec, au centre et sur la hauteur de deux étages, le vestibule d'accès à l'amphithéâtre (cf. fig. 82, 83 et 84).
Au sud et au nord, dans le prolongement du corps de portique, passages couverts voûtés en berceau plein cintre (moitié du passage nord plafonné).
Escaliers intérieurs d'accès aux étages : escaliers identiques, rampe sur rampe, au sud et au nord, dans le prolongement du portique du corps central (cf. fig. 85 et 86) et escaliers tournants avec jour central aux extrémités est des ailes.
- rez-de-chaussée : simple en profondeur. Portique et corps de portique voûtés d'arêtes (cf. fig. 87, 88 et 89). Ouverture directe des pièces sur l'extérieur. A droite du vestibule central, pièces voûtées, à gauche, pièces plafonnées.
1. Pièces de droite (en partant du vestibule) : dans le corps central, salle de douche voûtée en berceau en anse de panier à lunettes et éclairée, côté cour, par deux baies en demi-cercle ; latrines, de plan carré, couvertes de quatre voûtes d'arêtes retombant, au centre, sur une colonne à chapiteau cubique festonné (cf. fig. 90). Dans l'aile droite, garde-manger et réfectoire couverts tous deux d'une voûte en berceau en anse de panier à lunettes (cf. fig. 91 et 92), office et cuisine plafonnés.
2. Pièces de gauche : foyers des élèves (éclairés côté cour, par des baies en demi-cercle), bureaux de l'intendance et salle du conseil, cette dernière présentant un parquet en point de Hongrie, un lambris de demi-revêtement et une cheminée (cf. fig.93).
- étages : extrémités est des ailes (b et c) occupées sur les trois étages, par des appartements. Logement des élèves aux deuxième et troisième étages.
1. Premier étage : double en profondeur. Corps central : galerie (ancien musée) et bibliothèque aux parquets en points de Hongrie et plafonds à solives apparentes (cf. état ancien fig. 37 et 38). Aile droite : bureaux, salles de cours et amphithéâtre.
2. Deuxième étage. Corps central : chambres des élèves ouvrant sur une galerie (salle de jeux) située au-dessus de la galerie du premier étage. Aile droite : double en profondeur. Lingerie et chambres. Aile gauche : double en profondeur avec couloir médian distribuant les chambres.
3. Troisième étage : double en profondeur avec couloir médian.
- amphithéâtre d'honneur : séparé du vestibule par un couloir transversal voûté d'arêtes. De part et d'autre de l'entrée de l'amphithéâtre, petites pièces de plan carré, voûtées en berceau à lunettes. Au-dessus du couloir, tribune béante (cf. fig. 94) ; au-dessus des deux pièces latérales, tribunes découvertes (cf. fig. 95), toutes trois accessibles par le premier étage du corps central (deuxième niveau du vestibule). Amphithéâtre (cf. fig. 96, 97 et 98) : voûte en cul de four à 7 quartiers et ouverture zénithale, précédée d'une travée droite voûtée en berceau plein cintre. Éclairage par 9 baies en demi-cercle à pénétration. Gradins divisés en deux parties : à l'avant et au centre, 11 gradins légèrement courbes, destinés aux élèves ; à l'arrière, 3 gradins épousant la forme de l'amphithéâtre accessibles par des emmarchements latéraux et destinés aux auditeurs libres.
f. Parti de décor
- décor mobilier (cf. sous-dossiers) concentré essentiellement dans la cour d'honneur (bustes sous le portique et statue en pied au centre), la salle du conseil (bustes et peinture), le réfectoire (peintures), le vestibule et l'amphithéâtre (sculpture et peinture).
- décor architectural réservé au vestibule et à l'amphithéâtre. Vestibule : ordres superposés. Colonnes et pilastres en pierre. Au deuxième niveau, lambris de demi-revêtement et garde-corps ajourés en noyer (cf. fig. 83), plafond à caissons (cf. fig. 84). Couloir : arcs doubleaux, décorés de moulures géométriques, retombant sur des pilastres. De part et d'autre de l'entrée de l'amphithéâtre, niches concaves avec figure nichée (cf. sous-dossier). Amphithéâtre : décor symétrique par rapport à l'axe longitudinal (cf. fig. 94 et 95). Association de divers matériaux : marbre beige pour les colonnes, noir pour les tables rapportées dans l'entablement, bronze pour les vases d'amortissement et les hauts-reliefs (cf. sous-dossiers), noyer pour les lambris, les gradins et les garde-corps ; et de différentes techniques : moulures pour la voûte, les encadrements de portes, et l'entablement, sculpture en bas-relief pour le décor des moulures, en haut-relief pour les dessus-de-portes, en ronde-bosse pour le buste en plâtre de Bourgelat, peinture à l'huile sur toile pour les panneaux de l'entrée (cf. sous-dossier).
g. Inscriptions
1. Fragment scellé dans la façade antérieure du corps central (cf. fig.99) : DOMAINE DE LION QUI / DECLI [N] LE 7ME AVRIL / 1697.
2. Plaque scellée dans la façade de l'aile droite (cf. fig. 100) : CETTE PREMIERE PIERRE A ESTEE POSEE / DANS LE SECOND MONASTERE DE SAINCTE / ELISABETH DE LYON CE IOVR DHUV 7 DU / MOIS DE IULLIET L'ANNEE 1675 PAR / MONSEIGNEUR CAMILLE DE NEVVILLE / ARCHEVEQUE ET COMTE DE LYON / PRIMAT DE FRANCE ET COMMANDEVR DES / ORDRES DU ROY ET LIEUTENANT GENERAL / POUR SA MAJESTE AV GOUVERNEMENT / DE LA VILLE DE LYON ET PROVINCES / DE LYONNOIS, FORESTS ET BEAVIOLLOIS.
3. Plaque scellée dans la façade de l'aile gauche (cf. fig. 101) : L'ECOLE IMPERIALE VETERINAIRE / DE LYON A ETE ETABLIE DANS LE SECOND MONASTERE DE SAINTE ELISABETH / EN L'AN V / LES TRAVAUX D'AGRANDISSEMENT / ET DE RESTAURATION DES ANCIENS / BATIMENTS ONT ETE COMMENCES / EN MDCCCXLIII ET TERMINES / EN MDCCCLX / SUR LES PLANS DE L'ARCHITECTE / CHABROL.
4. Date gravée au centre de la voûte de la première travée de l'amphithéâtre : MDCCCLIV.
3.B. CORPS DE PASSAGE (B et C)
a. Situation
De part et d'autre du bâtiment principal (A), en retour d'équerre sur le quai. Passages donnant accès, au nord, au jardin botanique, au sud, à la cour de clinique. Façades antérieures orientées à l'est.
b. Matériaux
Construction en pierre : pierre de taille pour la plinthe, l'avant-corps central, les encadrements (grand appareil) et le premier niveau de la façade antérieure sur rue (petit appareil). Moellons équarris crépis pour la façade sur cour et le deuxième niveau de la façade sur rue. Matériaux de couverture : tuiles mécaniques.
c. Parti général et plan (cf. fig. 4 et p1. III)
Corps de bâtiment B et C, sensiblement identiques, de plan rectangulaire allongé, composés d'un rez-de-chaussée et d'un étage. Au centre, sur toute la hauteur du corps, passage couvert en plein cintre. Cave sous le corps B.
d. Élévations
Symétrie des façades antérieures et postérieures par rapport au passage médian.
- façades antérieures (cf. fig. 102 et 103) : avant-corps central percé d'une arcade en plein cintre et couronné d'un fronton. De chaque coté de cet avant-corps, façade à deux niveaux, limités par un bandeau, et trois travées. Ouvertures : ler niveau percé de 2 baies rectangulaires jumelées, encadrées de 2 jours oblongs (1 seul dans la partie droite du corps B), deuxième niveau percé de trois jours oblongs.
- façades postérieures (cf. fig. 104) : même composition que les façades antérieures. ler niveau : ouvertures en plein cintre (1 porte encadrée de deux fenêtres pour le corps C, 3 portes pour le corps B). 2e niveau : petites baies rectangulaires.
e. Toitures
Toits à deux versants, croupe à l'extrémité sud du corps C.
f. Distribution intérieure
Entrée principale sur façade postérieure. Accès à l'étage et aux combles par escaliers intérieurs situés de part et d'autre des passages couverts, avec entrées sous ceux-ci. Caves d'enfilade sous le corps B.
3.C. BÂTIMENT DE CLINIQUE (D)
a. Situation
Bâtiment adossé à la colline, formant le fond de la cour de clinique. A l'arrière, terrasse rachetant la dénivellation du terrain (de la hauteur d'environ les 2/3 du rez-de-chaussée) accessible par deux escaliers latéraux. Dans la partie antérieure du bâtiment, terrain en pente douce. Façade principale orientée à l'est.
b. Matériaux
- partie postérieure des corps latéraux et corps central construits en pierre : moellons équarris pour le gros œuvre, pierre de taille pour les chaînes d'angle, les encadrements et les façades latérales du corps central.
- corps antérieur et partie antérieure des corps latéraux construits en béton armé.
Ensemble des façades crépies à l'exception des façades latérales du corps central. Toits couverts en tuiles mécaniques, terrasses bitumées.
c. Parti général et plan (cf. fig. 67)
Bâtiment de plan rectangulaire comprenant deux parties distinctes : d'une part, un corps central à vaisseau, d'autre part, trois corps en U, sur un niveau, entourant le corps central.
d. Élévations extérieures
Plinthe sur les façades antérieures et latérales rachetant la dénivellation du terrain. Pilastres corniers aux deux niveaux. Premier niveau couronné d'une corniche régnante moulurée, deuxième niveau d'un entablement toscan. Bandeau régnant à hauteur de l'appui des baies du 2e niveau.
- façade antérieure (cf. fig. 105) : composition symétrique par rapport à la parte médiane. Premier niveau divisé verticalement en 3 parties par des pilastres. Deuxième niveau percé de 3 baies jumelées, séparées par des pilastres.
- façades latérales droites et gauches identiques : partie postérieure (ancienne) légèrement plus élevée, séparée de la partie antérieure par un pilastre et percée d'une porte à encadrement mouluré et de deux baies rectangulaires (cf. fig. 106 à 107). Partie antérieure divisée verticalement en deux parties percées chacune de deux baies jumelées.
- façade postérieure premier niveau flanqué sur toute sa longueur d'une construction basse. Façade du deuxième niveau identique à la façade antérieure.
e. Couverture
- Corps central : toit en pavillon.
- Partie postérieure des corps latéraux : toits à croupe.
- Corps antérieur et partie antérieure des corps latéraux : terrasse.
f. Distribution intérieure
Entrée unique en façade. Corps antérieur, simple en profondeur, formant vestibule et distribuant le reste du bâtiment. Corps central (amphithéâtre) : vaisseau unique, plafonné, s'élevant sur deux niveaux. Corps latéral gauche simple en profondeur : pièces d'enfilade. Corps latéral droit semi-double : suite de pièces séparées du corps central par un couloir.
g. Inscription
Gravée sur une plaque de marbre située dans le vestibule à droite de la porte de l'amphithéâtre : CLINIQUE / INAUGURÉE / LE 23 MAI 1937 / PAR Mr ÉDOUARD HERRIOT / PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE / DES DÉPUTES / MAIRE DE LYON / Mr ÉMILE BOLLAERT / ÉTANT PRÉFET DU RHÔNE / ET Mr LOUIS JUNG / DIRECTEUR DE L'ÉCOLE.
3.D. LES ÉCURIES (E)
a. Situation et composition d'ensemble
Ensemble de trois bâtiments bas disposés en U autour de la cour des hôpitaux et reliés entre eux par des appentis (cf. fig.69). Cour fermée, au sud, par le bâtiment de médecine générale.
b. Matériaux
Murs en moellons équarris et crépis. Plinthe, encadrements, bandeau en pierre de taille. Encadrements des lucarnes en bois. Couvertures en tuiles mécaniques. Sols de la cour et des bâtiments pavés : pavage constitué de briques en épi à l'intérieur et devant chacun des bâtiments. Matériaux de couverture : tuiles mécaniques.
c. Parti général et plan
Bâtiments de plan rectangulaire allongé, composés d'un rez-de-chaussée et d'un comble à surcroît, simples en profondeur. Bâtiments est et ouest de même longueur, bâtiment nord plus long avec, en son centre et sur toute sa hauteur, un passage couvert voûté en plein cintre.
d. Élévations extérieures
Même parti d'élévation pour les trois bâtiments : division horizontale en trois niveaux limités par des bandeaux régnants. Division verticale par des pilastres, élévation en travées (rythme des ouvertures et des pilastres différent selon les bâtiments). Ouverture : portes rectangulaires au premier niveau, jours oblongs au deuxième niveau et lucarnes passantes au troisième.
- Bâtiment nord (cf. fig. 108).
Façades antérieure et postérieure semblables : partie centrale formant avant-corps ; de part et d'autre, répartition des pilastres toutes les trois travées et répartition des 14 travées d'ouverture selon un rythme ternaire (aux extrémités, travée isolée). Façade latérale gauche aveugle.
- Bâtiment est (cf. fig. 109).
Façade antérieure : 7 travées délimitées chacune par un pilastre et alternées selon un rythme binaire. Façade postérieure : identique à la façade antérieure à l'exception du premier niveau aveugle. Façades latérales aveugles.
- Bâtiment ouest (cf. fig.110).
Même composition que les façades du bâtiment est, mais modification des ouvertures. Façade antérieure : 2e et 6e travée, fenêtres rectangulaires passantes entre le premier et le deuxième niveau. Façade postérieure : mêmes fenêtres passantes à la première, cinquième et sixième travée en partant de la gauche. Façade latérale gauche : une travée centrale d'ouverture (1 porte et 1 jour oblong).
e. Toitures
Toits à croupes (charpente non étudiée).
f. Distribution intérieure
Bâtiments simples en profondeur comprenant un rez-de-chaussée, éclairé par des jours, et un étage de comble, servant de fenil, éclairé par des lucarnes. Accès au rez-de-chaussée par les façades antérieures et aux combles par des escaliers intérieurs situés aux extrémités des bâtiments. Divisions intérieures correspondant aux divisions extérieures des façades par les pilastres :
- Bâtiment nord : dit "des grands écuries", divisé intérieurement en 4 pièces (2 de chaque côté du passage couvert) divisées elles-mêmes en stalles (cf. fig. 111).
- Bâtiment est, dit des "Petites écuries". Division intérieure en 6 boxes (cf. fig. 112) et une cage d'escalier sans communication entre eux. Accès individuel directement par la façade antérieure.
- Bâtiment ouest : anciennes étables. Aux extrémités : cages d'escaliers ; au centre : deux grandes pièces avec stalles.
3.E. BÂTIMENT DIT DE "MEDECINE GÉNÉRALE" (F)
a. Situation
Bâtiment allongé séparant la "Cour des hôpitaux" de la cour de physiologie-anatomie. Façade antérieure orientée au nord.
b. Matériaux
Construction en pierre : pierre de taille pour le rez-de-chaussée, la plinthe, les encadrements et les chaînes d'angle. Façades antérieure et postérieure du rez-de-chaussée appareillées en bossage continu en table. Étages construits en moellons équarris, façades crépies. Toits couverts en tuiles mécaniques.
c. Parti général et plan (cf. fig. 69)
Bâtiment élevé, de plan rectangulaire, composé de cinq corps de bâtiments, dans le même alignement (numérotés de gauche à droite) comportant chacun un rez-de-chaussée et deux étages simples en profondeur. Accents verticaux donnés par le corps de passage (2) et la tour d'escalier (4), corps plus étroits et légèrement plus élevés.
d. Élévations extérieures
- Façade antérieure (cf. fig. 113).
Corps 1 : élévation à 3 niveaux et 5 travées, ouvertures rectangulaires. Corps 2 : 3 niveaux limités et 3 travées, au centre arcade plein cintre empiétant sur le deuxième niveau. Troisième niveau percé de trois grandes baies en plein cintre. Corps 3 : même façade que celle du corps 1 avec seulement une porte au premier niveau au lieu de deux. Corps 4 : façade étroite, à 3 niveaux et une travée d'ouverture, couronnée d'un entablement. Corps 5 : façade à 3 niveaux, sans travée. Premier niveau percé d'une porte et d'une fenêtre rectangulaire horizontale, deuxième et troisième niveaux de trois baies jumelées, séparées par des pilastres, au même aplomb.
- Façade postérieure.
Partie gauche (corps 5) partiellement masquée par le bâtiment I. Façade semblable à la façade antérieure à l'exception d'ouvertures murées ou feintes (baies en plein cintre du corps 2).
e. Toitures (charpentes non étudiées)
Corps 1 : toit à deux versants et une croupe à gauche. Corps 2 : toit à croupes. Corps 3 : toit à deux versants. Corps 4 : toit en pavillon. Corps 5 : toit à deux versants et une croupe à droite.
f. Distribution intérieure
Accès aux étages du corps 1 et 2 par escalier intérieur situé dans la partie droite du corps 1 (escalier tournant dans cage rectangulaire). Accès aux étages des corps 3 et 5 par escalier intérieur dans tour dans-œuvre (4) de plan rectangulaire proche du carré (escalier tournant à 4 volées droites).
Divisions intérieures : corps 1, 3 et 5, 1 seule pièce au rez-de-chaussée pour chacun des corps, plusieurs aux étages ; corps 2, au-dessus du passage couvert, voûté en berceau plein cintre, amphithéâtre occupant toute la largeur du corps et éclairé par des baies en plein cintre.
3.F. BÂTIMENT DE PHYSIOLOGIE-ANATOMIE (G)
a. Situation
Extrémité sud de l’École vétérinaire, au centre d'une cour rectangulaire fermée sur ses quatre côtés par d'autres bâtiments. Ensemble des façades peu dégagé. Façade antérieure orientée au nord.
b. Matériaux
Construction en béton armé et pierre calcaire. Façades crépies. Sur chaque façade, parties visibles en pierre de taille (façade antérieure : corniches des parties latérales. Façades latérales et postérieures : plinthe, corniche, pilastres et encadrement des baies de la partie médiane). Toits couverts de tuiles mécaniques, terrasse bitumée, lanterneau vitré.
c. Parti général et plan (cf. fig. 68)
Bâtiment de plan massé comprenant deux parties distinctes d'une part, un corps central de plan rectangulaire, d'autre part, trois corps en U, légèrement plus élevés, entourant ce corps central et comportant un rez-de-chaussée et un étage carré.
d. Élévations extérieures
- Façade antérieure (nord).
Façade du corps central légèrement en retrait, percée d'une porte rectangulaire encadrée de 2 grandes baies et surmontée d'un jour oblong. Élévation des corps latéraux à deux niveaux, limitée par un bandeau, couronnés d'une corniche moulurée. A chaque niveau et au même aplomb, 3 baies jumelées séparées par des pilastres.
- Façades latérales.
Élévation à deux niveaux limités et à 7 travées. Travées latérales limitées verticalement par deux pilastres. Ouverture : porte médiane (2 portes sur la façade droite) surmontée de deux baies rectangulaires verticales et 6 travées de baies rectangulaires horizontales.
- Façade postérieure.
Divisée horizontalement en deux niveaux par un bandeau plat, verticalement en 3 parties inégales par des pilastres, et couronnée d'une corniche moulurée. ler niveau : 5 baies jumelées au centre, 2 baies à droite et 1 à gauche. 2ème niveau : 3 baies jumelées séparées par des pilastres pour chaque partie.
e. Toitures (charpente non étudiée)
- Corps central : terrasse comportant en son centre un lanterneau.
- Corps latéraux : toits à deux versants avec croupes dans la partie antérieure.
f. Distribution intérieure
Symétrie parfaite par rapport à l'axe nord-sud du bâtiment : à l'est, service de physiologie, à l'ouest service d'anatomie, au nord, sur toute la hauteur du corps central, amphithéâtre commun aux deux services. Entrée, vestibule et escalier indépendants pour chacune de ces parties avec cependant une communication directe entre l'amphithéâtre et les deux services.
- amphithéâtre : escalier à double volée divergente, au revers de la façade principale.
- service d'anatomie, physiologie : deux escaliers tournants, dans des cages rectangulaires, symétriques par rapport à l'axe nord-sud du bâtiment, au centre de celui-ci et sans communication entre eux.
g. Inscriptions
Gravées sur des plaques de marbre rose scellées au-dessus des portes latérales de l'amphithéâtre.
- Plaque gauche : EN CES LABORATOIRES / FURENT RÉALISES LES TRAVAUX / DE PHYSIOLOGIE, DE BACTÉRIOLOGIE / ET D'ANATOMIE COMPARÉE / DE J.B.A CHAUVEAU / DE S. ARLOING ET DE F.X LESBRE / QUI DEVAIENT PORTER DANS LE / MONDE ENTIER LE RENOM DE / L'ÉCOLE VETERINAIRE DE LYON.
- Plaque gauche : LE 27 NOVEMBRE 1938 / ONT ETE INAUGURES PAR / Mr ÉDOUARD HERRIOT / PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE DES DÉPUTES / MAIRE DE LYON / Mr J. JULIEN MINISTRE / Mr E. BOLLAERT ÉTANT PRÉFET DU RHONE / Mr L. JUNG DIRECTEUR DE L'ÉCOLE VETERINAIRE / CES LABORATOIRES RÉNOVES PAR / Mr TONY GARNIER ARCHITECTE EN CHEF.
III CONCLUSIONS
Du couvent du 17e siècle ne restent que les rez-de-chaussée de l'aile nord et de la partie nord du corps central (cf. annexes F et J). Flachéron (dates d'intervention : 1807-1822) arrête le parti général de la cour d'honneur.
Chenavard (1823-1836), contrairement à ce que veut la tradition, ne semble pas avoir marqué le bâtiment. Il se contente de poursuivre les projets de Flachéron en assurant la direction des travaux ; il établit également un nouveau devis de restauration de l'église de l'Observance.
Contraints par l'exiguïté du terrain, les projets de Flachéron et de Chenavard restent limités. Chabrol (1838-1861), qui bénéficie de la possibilité d'extension sur l'emplacement des Cordeliers, conserve le bâtiment de Flachéron, mais en accentue son caractère monumental (fronton, corps de portique sur le quai) et donne à l'École vétérinaire son aspect définitif, avec ses bâtiments autour de cours fermées et ses jardins en terrasse. Il s'attache aux moindres détails de son œuvre : les lampadaires de la cour d'honneur, les vases d'amortissement de l'amphithéâtre portent sa signature. Les travaux postérieurs de Sainte-Marie-Perrin (1868-1900) et de Tony Garnier (1937-1938) n'ont pas transformé la physionomie générale de l'École.
Cette construction se situe dans la tradition des bâtiments officiels de la 1ère moitié du 19e siècle, où les architectes donnent libre cours à leur admiration pour l'antiquité gréco-romaine : régularité et symétrie des formes et des décors, portiques à arcades, succession d'ouvertures en plein cintre, ordres superposés, prédominance du motif central (vestibule à l'italienne et amphithéâtre) où se concentre tout le décor. La chapelle de l'Observance, également construite par Chabrol lors de cette campagne, relève du même esprit : porche à colonnes, fronton, richesse du décor peint intérieur exécuté par Denuelle.
On peut remarquer que l'ancienne École vétérinaire de Toulouse construite en 1843 par Laffon présente certaines analogies avec celle de Lyon, en particulier son plan en U et son portique autour de la cour (cf. fig. 114 et 115).
Par contre, l’École vétérinaire de Maisons-Alfort, construite également par Chabrol, en même temps que celle de Lyon, ne présente que peu de ressemblances avec cette dernière. Si au niveau du plan, nous retrouvons la même régularité, les mêmes hémicycles, il semble que les élévations soient traitées avec plus de sécheresse. A Maisons-Alfort, Chabrol parait s'être plus attaché à l'aspect fonctionnel des bâtiments. Il y a employé systématiquement une structure de poutrelles métalliques visibles, même dans l'amphithéâtre où il a laissé peu de place au décor (cf. fig. 116 et 117), alors qu'à Lyon, les structures de métal (charpentes) ne sont pas apparentes. Au niveau de la technique de construction, Chabrol apparaît comme l'un des architectes représentatifs du 19e siècle, qui sait allier l'utilisation de la pierre, matériau traditionnel, et du fer de plus en plus employé jusqu'à l'emploi révolutionnaire du béton.
Flachéron s'écrit parfois Flacheron. L'architecte lui-même signait avec ou sans accent