Dossier d’œuvre architecture IA69007202 | Réalisé par
Delavenne Magali (Contributeur)
Delavenne Magali

Conservatrice du patrimoine, chercheure au Service de l'Inventaire (2014- ).

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  • inventaire topographique, Inventaire de la Ville de Lyon
Église Notre-Dame-du-Mont-Carmel (vestiges)
Œuvre monographiée
Copyright
  • © Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
  • © Ville de Lyon

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Lyon Urgences
  • Commune Lyon 5e
  • Adresse 2 chemin de Montauban
  • Cadastre 2012 AB 30  ; 1831 R 236
  • Dénominations
    église
  • Vocables
    Notre-Dame-du-Mont-Carmel
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante
  • Parties constituantes non étudiées
    clocher, portail

L'église du couvent des carmes déchaussés est construite à partir de 1622, dans le prolongement de la maison du Grand Thunes. La première pierre est posée entre 1622 et 1625 par le chanoine-comte de Saint-Jean Edme de Foulquier, seigneur de Vitrey, sous le priorat de Valère de Sainte-Anne. Lorsque l'église est consacrée le jour de la Pentecôte de 1640, la construction de la nef et des deux chapelles latérales situées à l'ouest était probablement achevée. La chapelle Sainte-Thérèse est concédée à Barthélémy de Lumague le 1er juillet 1627 ; la chapelle Saint-Joseph est concédée à Pernette Boissier, veuve de Julien Gratiani le 15 septembre 1635. Le 26 avril 1637, les religieux passent convention avec l'abbesse de La Bénisson-Dieu, sœur du fondateur du couvent, le marquis de Nérestang décédé, pour le financement du portail, du chœur (grande chapelle), du maître-autel et du mausolée du fondateur. Les deux chapelles latérales situées à l'est ont vraisemblablement été ajoutées dans la deuxième moitié du 17e siècle : la chapelle Sainte-Geneviève est attestée en 1665 (Annales des carmes déchaussez, par Louis de Sainte-Thérèse), mais la chapelle des Trois-Marie est concédée à Jacques Regioli en 1666 seulement. Des travaux de décoration sont engagés à la fin du 17e siècle : commande d’un grand tabernacle en noyer en 1660-1663 (Jean Tiery, sculpteur), boiseries du chœur des religieux et de la sacristie en 1679. Cinq tableaux du 17e siècle ornaient les retables du chœur et des chapelles au moment de l’inventaire des œuvres d’art du couvent en 1791 (Le Guerchin, 1634 ; Vignon, 1636 ; Adrien Dassier,1653 et 1688 ; Perrier, 1656). Puis, l'église connaît une importante campagne d'embellissement et de décoration dans le deuxième quart du 18e siècle. En 1729-1730, une nouvelle façade est élevée par les architectes Jacque ou Jacob Roche (dit Roche l'aîné) et vraisemblablement Jean-Baptiste Roche, qui signe uniquement de son patronyme. La menuiserie de la porte est exécutée en 1732 par Claude et Joseph Rigollet. Le mobilier de l’église est presque intégralement renouvelé entre 1730 et 1743 : en 1731, deux tableaux ornant le chœur par Daniel Sarrabat et de leur encadrement de boiseries par Claude Ray, balustrade ou grille de communion par Marc II Chabry (auj. chapelle de l'hôtel-Dieu) ; en 1732, remplacement de la balustrade de la chapelle Sainte-Thérèse par Marc II Chabry ; entre 1733 et 1735, réalisation de la chaire à prêcher (auj. chapelle de l'hôtel-Dieu) sous la direction de Marc II Chabry, sur un dessin du sculpteur académicien Grillot ; en 1735-1736, commande de trois tableaux pour la nef à Trémolières (auj. église Sainte-Blandine) ; en 1742, devant d'autel réalisé par Pierre Fossati architecte et Marc II Chabry.

Pendant la Révolution française, le mobilier de l'église est entièrement dispersé. En 1803, à l'occasion de la vente du couvent à Jean-Baptiste Gargot, l’ensemble des marbres et boiseries demeurés en place, ainsi que deux statues d’anges adorateurs et trois tableaux (portrait en médaillon d’un religieux provenant du grand corridor, deux tableaux de moyen et grand format représentant sainte Thérèse) sont transférés à l’évêché à la demande du Cardinal Fesch. En revanche, la fontaine et les boiseries du réfectoire ainsi que les trois autels des chapelles Saint-Joseph, Sainte-Geneviève et des Trois-Maries sont cédés aux acquéreurs en compensation d’une importante dégradation du pavement de l’église. L’horloge du clocher et deux bénitiers en forme de coquille sont maintenus en place, mais restent propriété de la Nation sous la garde du nouveau propriétaire. Au milieu du 19e siècle, lorsque le couvent est transformé en caserne de passagers, l'église est subdivisée en cinq ou six compartiments servant de dortoirs. Après la restauration du couvent par les carmes déchaussés, l'église est officiellement réconciliée le 8 septembre 1859, le jour même où est signé l'acte de vente de la propriété aux pères carmes, et deux nouvelles cloches sont baptisées par le cardinal de Bonald. Les travaux de restauration du couvent et de l'église sont confiés à Pierre-Marie Bossan et à l'entrepreneur Bernard. Les caveaux situés sous l’église doivent être ouverts pour permettre l’écoulement des eaux de pluie, et livrent un grand nombre d’ossements de religieux et de fidèles. Une petite sacristie est construite dans l'intervalle des deux chapelles latérales sud et une chapelle supplémentaire est aménagée au sud du porche. En 1867, un tableau de Claudius Barriot est installé sur l'autel des âmes du Purgatoire (La Vierge secourant les âmes souffrantes). Pendant la guerre de 1870, l'église est dégradée par les volontaires italiens qui l'occupent, mais en 1874, Léopold Niepce la déclare en bon état de conservation général et propose de la rendre au culte. En 1907, l'église est entièrement détruite à l'occasion de la transformation du couvent en dépôt d'archives départementales, à l'exception de la partie inférieure de la façade, transformée en porche couvert d'une toiture en terrasse, et du clocher que l'architecte qualifie d'"ancienne horloge des mariniers lyonnais".

L'église des carmes déchaussés se composait d'une nef voûtée d'arêtes, flanquée de chaque côté de deux chapelles latérales séparées par une petite cour. En raison de la situation du terrain, l'église était orientée vers l'ouest, la façade principale étant tournée vers la ville. La nef était éclairée en partie haute par quatre grandes baies couvertes en arc surbaissé au-dessus des chapelles latérales. Le chevet plat directement accolé au bâtiment central était prolongé par le chœur des religieux (dit "chœur d'en bas") dans lequel les moines entendaient la messe séparés des fidèles. Cette pièce communiquait avec l'église par deux portes percées de part et d'autre du maître-autel. Le clocher très élancé, couvert d'un petit dôme avec épi de faîtage était implanté en surplomb sur les voûtes de la sacristie, dans l'angle formé par la nef et le chœur, côté nord. Après la destruction de l'église, l'architecte a dû recréer des fondations et un soubassement qui n'existaient pas. La façade élevée au 18e siècle se composait de deux registres d'ordres superposés (corinthien et composite) couronnés par un fronton triangulaire. La façade en maçonnerie était ornée de pilastres corinthiens "en pierre de choin duement bien taillée à la fine boucharde" au premier registre, alors qu'au deuxième registre seuls les socles, bases et chapiteaux étaient réalisés en pierre blanche, les pilastres étant en stuc. Le chambranle de la porte était en pierre noire polie. Le fronton était décoré de deux vases et de deux figures sculptées d'une hauteur de six pieds (Vierge à l'Enfant ?) en pierre blanche, et sommé d'une croix en pierre de taille. Au-dessus de la porte, le décor héraldique aux armes de la congrégation soutenues par deux anges était également en pierre blanche. La corniche, la frise et l'architrave étaient également en stuc "à la manière de Rome". Seul le premier niveau de la façade a été conservé, ainsi que les premiers mètres de la nef transformés en porche couvert d'une terrasse à balustrade : on retrouve dans le porche le pavement original de l'église à carreaux noirs et blancs. La porte couverte en arc surbaissé, à deux vantaux de menuiserie richement sculptée, est conservée ainsi que le décor héraldique qui la couronne sur lequel les armes et la devise de l'ordre des carmes déchaussés ont simplement été remplacées par celles de la ville de Lyon.

  • Murs
    • calcaire pierre de taille
  • Toits
    ardoise
  • Couvrements
  • Couvertures
    • dôme carré
  • État de conservation
    vestiges
  • Techniques
    • sculpture
  • Représentations
    • armoiries, pilastre, ordre corinthien, ordre composite

Documents d'archives

  • AD Rhône, 3 E 4599. Archives de Floris Dumont, notaire royal, actes en feuilles. 1626-1628.

    AD Rhône : 3 E 4599
    1er juillet 1627 : traité de concession d'une chapelle à construire dans l'église des Carmes-déchaussés de Lyon, sous le vocable de Sainte-Thérèse, à Barthélémy de Lumague.
  • AD Rhône, 12 H 14. Fondations de messes, d’anniversaires ou de chapelles, élections de sépultures en l’église des carmes-déchaussés. 1646-1786

    AD Rhône : 12 H 14
    15 septembre 1635 : concession d'une chapelle à construire à Pernette Boissier, veuve Gratiani
  • AD Rhône, 12 H 18. Fondations de messes, d’anniversaires ou de chapelles, élections de sépultures en l’église des carmes-déchaussés. 1666-1718.

    AD Rhône : 12 H 18
    1666 : concession d'une chapelle à Jacques Regioli
  • AD Rhône : 12 H 29. Carmes déchaussés de Lyon : décoration et mobilier de l'église, 1650-1712.

    AD Rhône : 12 H 29
    14 janvier 1729 : convention faite avec Mrs Roche entrepreneurs pour le portail de notre église. Conventions avec des artistes et des entrepreneurs pour la construction d'un tabernacle, la réalisation de tableaux et de statues, le boisage et l’établissement d'une balustrade de marbre à l'entrée de la grande chapelle, la construction d'une chaire en marbre et du devant d'autel.
  • AD Rhône : 12 H 28. Carmes déchaussés de Lyon : construction des locaux du couvent et de ses dépendances, de l'église et de la muraille ; réparations aux locaux. 1650-1712.

    AD Rhône : 12 H 28
    26 avril 1732 : contrat pour la construction d'un portail, avec croquis, par Claude Rigollet.
  • AC Lyon : 310 WP 1281. Contributions directes, biens nationaux, 1791-1815.

    AC Lyon : 310 WP 1281
  • AC Lyon : 475 WP 025/8. Édifices cultuels, travaux divers : église des Carmes déchaussés, 1801-1816.

    AC Lyon : 475 WP 025/8
    Projet de transformation en maison de détention (an IX), demande de transfert de mobilier et oeuvres d'art.
  • AP Carmes déchaux, province d'Avignon-Aquitaine : Annales manuscrites des carmes déchaux de France du XIXe siècle.

    Volume 1, p. 321 et suivantes
  • AD Rhône, 12 H 2. Actes capitulaires du couvent des carmes déchaussés de Lyon. 1720-1789.

  • AC Lyon, 315 WP 067. Alignement : chemin de Montauban.

    AC Lyon : 315 WP 067
    1868 : autorisation d'ouvrir une croisée dans le mur de l'église des carmes déchaussés, sur le chemin de Montauban, par l'entrepreneur Bernard domicilié rue H. Flandrin.

Bibliographie

  • SAINTE-THERESE, R.P. Louis de. Annales des carmes deschaussez de France. Paris : chez Charles Angot, 1665. 796 p.

  • CLAPASSON, André. Description de la ville de Lyon avec des recherches sur les hommes célèbres qu'elle a produits. Lyon : impr. A. Delaroche, 1741. XVI-283 p. ; 17 cm. [Réimpr. Lyon, 1761 ; rééd. annotée et ill. par G. Chomer et M.-F. Perez. Seyssel : Champ Vallon, 1982]

  • GIRAUD, Jules (abbé). Le Couvent des Carmes-déchaussés de Lyon. Bulletin historique du diocèse de Lyon, 1907.

  • MARTIN, Jean-Baptiste. Histoire des églises et chapelles de Lyon. Lyon : H. Lardanchet,1908-1909. 2 vol., 490 p., 498 p. : ill. ; 30 cm,

    p. 165-172
  • PIOCH, Laurence. Les constructions liées à l'implantation de nouveaux ordres religieux et congrégations à Lyon. Lyon : 2001. 178 p. Mémoire de DEA, sous la direction de Bernard Hours : Lyon 3 : 2001.

  • BRUYERE, Gérard. Les tableaux des églises de Lyon : trois inventaires révolutionnaires. Travaux de l'Institut d'Histoire de l'art de Lyon, 1991, cahier 14, p. 1-45.

  • PEREZ, Marie-Félicie. Les Carmes déchaussés. In [Exposition. Lyon, Université Lyon 2] L'art baroque à Lyon. CRDP / INHA. Lyon, 1972, p. 61-62

  • TERNOIS, Daniel. Les tableaux des églises et couvents de Lyon. In Actes du colloque L'Art baroque à Lyon (Lyon, Université Lyon-II, Institut d'histoire de l'art, 27-29 octobre 1972). Lyon : 1975, p. 201-288

  • TRICOU, Jules. Le Guerchin des Carmes-déchaussés de Lyon au musée d'Aix-en-Provence. Nouvelle revue héraldique, 1946, n°2, p. 49-56.

Documents figurés

  • Couvent des carmes-déchaussés : portail Louis XV / E. Poix ou Edmond Pernet (?) ca 1900. 1 photogr. nég : sur verre, 13 X 18 cm. (AC Lyon, 8 PH 00318)

    AC Lyon : 8 PH 00318
  • Clocher de l'ancienne église des Carmes-Déchaussés démolie en 1907 / Joannès Drevet. 1911. 1 est. (ill.) Dans "Vieilles pierres lyonnaises" / Emmanuel Vingtrinier, p. 286.

  • Démolition de l'église des Carmes-Déchaussés / Joannès Drevet. 1911. 1 est. (ill.) Dans "Vieilles pierres lyonnaises" / Emmanuel Vingtrinier, p. 278.

  • Archives départementales : réparations au clocher / 1929. 2 photogr. (AC Lyon, 1 PH 00504/1-2).

    AC Lyon : 1 PH 00504/1-2

Annexes

  • ANNEXE 1 : Convention pour la construction de la façade de l'église, 14 janvier 1729.
  • ANNEXE 2 : liste des artisans et artistes employés à la décoration du couvent des carmes déchaussés
Date(s) d'enquête : 2014; Date(s) de rédaction : 2014
© Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
© Ville de Lyon
Delavenne Magali
Delavenne Magali

Conservatrice du patrimoine, chercheure au Service de l'Inventaire (2014- ).

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