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  • © Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    maison
  • Aires d'études
    Courchevel 1850
  • Adresse
    • Commune : Saint-Bon-Tarentaise

I - LA TYPOLOGIE

La typologie descriptive des constructions du genre "maisons » proposée dans cette note est établie à partir :

1 - d'un inventaire de toutes les constructions de la station de Courchevel 1850, effectué sur le terrain entre le printemps 1994 et l'hiver 1996, y compris la visite de plusieurs constructions ;

2 - de la rencontre avec plusieurs maîtres d'oeuvre concernés par la réalisation de ces constructions, notamment :

- Laurent Chappis, architecte urbaniste créant l'Atelier d'Architecture à Courchevel en 1946, concepteur du plan d'urbanisme de Courchevel et de plusieurs réalisations à Courchevel ;

- Jean Chedal, charpentier à la Perrière (Brides les bains), constructeur de chalets et de charpente à Courchevel depuis 1947 ;

- Denys Pradelle, architecte créant l'Atelier d'Architecture à Courchevel en 1946, résidant à Courchevel de 1946 à 1958, concepteur de nombreuses réalisations à Courchevel ;

- Guy Rey-Millet, architecte à l'Atelier d'Architecture à Courchevel, résidant à Courchevel de 1957 à 1965, concepteur de nombreuses réalisations à Courchevel.

3 - de la consultation d'archives, notamment :

- les archives de l'Atelier d'Architecture en Montagne (A. A. M.) ;

- les archives de Laurent Chappis ;

- les archives du S.E.A.T.M.

4 - de la rencontre avec plusieurs propriétaires, témoins de la réalisation de ces constructions, parmi lesquelles on peut citer Madame Hélène Langevin, Madame Paule Michaud, Monsieur Dominique Claudius-Petit.

La typologie des constructions du genre "maisons" est organisée de la façon suivante :

1 - LE "CHALET À PATTES".

2 - LE "CHALET PLEIN"

3 - LE "MAZOT-GRENIER"

4 - LE CHALET "TYPE A" OU "CHARBONNIÈRES A"

5 - LE CHALET "TYPE B" OU "CHARBONNIÈRES B"

6 - LE CHALET "TYPE BARBARA"

Chaque type de construction est décrite à partir du plan suivant :

le concept

II s'agit de définir et préciser la nature du programme d'habitation envisagé et sa traduction en projet, soit le "parti" d'architecture retenu ;

l'implantation

II s'agit de la description du principe d'installation du projet dans le terrain, son rapport à la déclivité, la nature de son raccordement au sol, etc... ;

forme et disposition

II s'agit de la description du plan, de la disposition dans l'espace des différentes fonctions et des agencements intérieurs prévus ;

matériaux et construction

II s'agit de la description des matériaux et des techniques de construction employés ;

concepteurs - date de construction

II s'agit de mentionner le rôle des concepteurs et préciser les dates de construction et de conception ;

évolution du type

II s'agit de décrire l'évolution du type de construction, voire de sa transformation ou sa disparition.

A - LE "CHALET A PATTES"

concept

Le "chalet à pattes" s'affranchit de la pente du terrain par une conception en "pont" de l'édifice. La totalité du logement est disposée dans la partie supérieure de la construction, supportée par deux piliers : l'un massif généralement dans la partie haute du terrain servant d'accès avec une entrée et parfois une pièce, tandis que l'autre "pile" est faite d'un portique en béton armé au profil élancé vers le ciel, dressé vers le haut, fondé dans la partie aval du terrain. L'ensemble porte ainsi d'un seul jet le "tablier" de la construction. Denys Pradelle, architecte, concepteur de ce type de chalet en 1949, emploie lui-même ce terme de "chalet à pattes" pour en présenter son principe général, y compris dans sa correspondance avec ses clients à qui il propose ce parti là (cf. projet Lang, projet Joliot-Curie).

implantation

Les "chalets à pattes" sont généralement implantés dans des terrains fortement pentus, dont la pente est orientée soit défavorablement vers le nord-est (chalet Lang à Bellecôte), soit sud-ouest (chalet "Dzarko" au Jardin Alpin), soit encore au sud-est (chalets "Le Trappeur" et "Le Toutounier" aux Chenus).

forme - disposition

Le plan est généralement en longueur, développé sur un seul niveau. La cuisine et le living-room sont disposés au-dessus de la partie aval du terrain, profitant de la vue à la fois sur l'amont de la montagne (soleil au sud) et sur la vallée (panorama des sommets lointains au nord et à l'est). Les chambres occupent l'autre partie du plan, réparties de part et d'autre d'un couloir central. Les sanitaires, adossés à la cuisine, forment alors la transition entre l'espace de jour et l'espace de nuit, permettant ainsi la réalisation d'une souche unique en toiture regroupant les ventilations et les conduits de fumée. Le living-room s'ouvre sur une terrasse au sud, de dimensions suffisantes pour pouvoir y déjeuner. Une cheminée équipe le living-room, soit en pierres maçonnées, soit plus généralement en tôles d'acier recouvertes de cuivre ou de laiton. Le mobilier du living-room, comme celui des chambres, fait souvent l'objet d'une conception particulière, sinon d'un choix approprié par le maître d'oeuvre avec son client : pour le living-room du chalet Lang, choix d'accrocher une carte en relief des montagnes de la Vanoise dans un cadre menuisé et idée de décorer l'abat-jour de la grande lampe d'une peinture de Samivel, etc...

matériaux

L'ossature principale est en béton armé (piliers et plancher haut) et supporte une structure secondaire (verticale pour les murs et horizontale pour la toiture) mixte composée généralement de colonnes métalliques et de poteaux bois. Les parements extérieurs sont faits en planches de bardage bouvetées et les menuiseries sont de grandes dimensions sur les faces exposées au panorama et au soleil (équipées de vitrages isolants type "thermopane") tandis que sur les autres faces les menuiseries sont limitées au strict nécessaire. Les occultations de ces petites baies sont faites de contrevents en bois de contreplaqué, recouverts de tôles d'aluminium, coulissant verticalement à l'extérieur devant l'allège, alors que les grandes baies sont simplement équipées de rideaux intérieurs en tissus d'ameublement. La toiture est à très faible pente (10%), généralement de type "double toiture" composée d'une étanchéité faite d'un feutre bitumé type "27S", elle-même recouverte par des tôles nervurées, avec une circulation d'air intermédiaire.

concepteurs - date de construction

Le "chalet à pattes" est le fruit du travail de recherche de Denys Pradelle, architecte, qui s'installe en accord avec Laurent Chappis urbaniste de la station, au mois de décembre 1946 à Courchevel. Le premier projet de "chalet à pattes" conçu par Denys Pradelle est la première esquisse dressée au mois de mars 1949 pour la construction du chalet de vacances d'Irène et Frédéric Joliot-Curie. Préférant un chalet plus "rustique", la construction du premier "chalet à pattes" sera reportée d'une année avec la réalisation du chalet Lang conçu par Denys Pradelle au mois de janvier 1950 et réalisé durant l'été de la même année. Pour le calcul des bétons (portiques et tablier), l'architecte s'entoure des conseils de l'ingénieur Trézzini (associé de l'architecte parisien Lods, avec qui Pradelle entre en contact grâce à un étudiant en stage - Jean Coignet - élève alors à l'atelier Lods).

Plusieurs autres chalets seront réalisés sur le même principe, parmi lesquels on peut citer le chalet Dzarko au Jardin Alpin, dont les plans ont été dressés par l'Atelier d'Architecture à Courchevel (Denys Pradelle et Guy Rey-Millet en 1957 environ), mais la réalisation effectuée par le client seul (avec une totale incompétence technique), ce dernier ayant oublié de régler les concepteurs. Le chalet de Monsieur Guichard aux Chenus - "la Cabane" - répond aux mêmes caractéristiques du "chalet à pattes"; chalet resté jusque là dans sa configuration d'origine (le séjour est placé du coté amont).

Par contre le chalet "le Toutounier" aux Chenus, d'une conception identique au chalet Lang, fut surélevé et agrandi transformant totalement l'architecture de ce chalet (conçu par Denys Pradelle, mais dont les plans d'exécution furent dessinés par l'architecte Christian Durupt installé alors à Méribel-les-Allues).

évolution du type

Comme pour les "chalets pleins", les "chalets à pattes" sont soumis à la pression des principes de surélévation et d'extension définis par la nouvelle municipalité à partir de 1983 (cf. 2 - les "chalets à pattes", évolution du type).

Sur les quatre "chalets à pattes" recensés sur le territoire de la station de Courchevel 1850, seul le chalet "le Toutounier" fut totalement transformé dans la période récente, dissimulant totalement les principes de son architecture d'origine derrière une allure de gros "chalets" de type "tyrolien".

B - LE "CHALET PLEIN"

concept

"Le chalet plein" est le résultat d'une réflexion particulière établie par les concepteurs de la station de Courchevel (cf "contribution à une architecture de montagne"...). La construction répond à une triple préoccupation :

- compacité du plan, conduisant à une disposition "évidente" prévoyant un niveau "nuit" en bas et un niveau "jour" en haut ;

- prise en compte des conditions physiques et des éléments naturels du lieu dans la conception : protection contre la neige (amoncellement et chutes des toitures), recherche d'un ensoleillement maximum, utilisation de la pente du terrain pour raccorder tous les niveaux de la construction au sol ;

- recherche d'une construction la plus économique qui soit par l'emploi de matériaux et la mise en oeuvre de techniques simples.

implantation

Les "chalets pleins" sont implantés dans des terrains pentus, dont la pente est orientée soit au nord-est (les Chenus, Bellecôte), soit au nord (Nogentil, Jardin Alpin). Ils peuvent être disposés sur des parcelles situées en amont de la route de desserte (chalet La Forcle à Nogentil, chalet La Godille à Plantret) ou en aval (chalet La Douna au Jardin Alpin, chalet Arionda à Nogentil, chalet Altitude 1850 à Nogentil), ou encore dans une boucle (chalet Le Petit Navire aux Chenus, chalet le Troll aux Chenus). Cette distinction peut déterminer le sens de disposition du plan et le raccordement, ou non, au terrain du niveau haut.

Le gabarit du chalet et l'implantation sont fixés par le cahier des charges du lotissement (recul, hauteur, pente de toiture etc...), règles que les concepteurs se devaient de respecter.

forme - disposition

"Le chalet plein" est généralement conçu sur un plan carré de sept mètres de coté environ (chalet Roche à Bellecôte, chalet Le Troll aux Chenuts, chalet Le Petit Navire aux Chenuts, chalet Arionda à Nogentil, chalet Altitude 1850 à Nogentil, chalet Guiral aux Tovets, etc...). Le chalet peut aussi être de plan rectangulaire. Il est alors fait de deux carrés de sept mètres de coté environ, disposés côte à côte. Dans ce dernier cas, le chalet est souvent composé de deux habitations mitoyennes, disposées de façon symétrique (La Forcle à Nogentil, La Douna au Jardin Alpin, la Godille à Plantret, etc...). La construction comporte toujours deux niveaux, mais parfois trois lorsque le terrain est plus pentu (La Douna au Jardin Alpin).

À l'étage (mais accessible de plain-pied), ce sont les pièces de jour, tandis qu'au rez-de-chaussée, ce sont les chambres.

A l'étage, le plan carré est desservi de la façon suivante :

- le living-room sur la moitié du carré exposé au sud équipé de grandes baies coulissantes ou fixes (d'un format approchant souvent le carré et occultées par des rideaux intérieurs), équipées de vitrages isolants de type "thermopane"; d'un coté une partie destinée au repas (face à la cuisine, et du coté amont par rapport au terrain, ouvrant ainsi sur la terrasse) et de l'autre un espace de salon (ave des vues ensoleillées au sud et des vues lointaines sur les montagnes à l'est) ;

- la cuisine dans le quart arrière, placée vers l'amont du terrain (pour permettre une sortie directe de plain-pied) ;

- une chambre complémentaire séparée par une cloison de type "rideau-accordéon", ouverte sur le living-room dans le quart restant (espace bien souvent devenu avec le temps, un prolongement direct du living-room) ;

- entre la cuisine et le coin chambre, adossé à la paroi arrière, l'escalier en maçonnerie de béton dessert le niveau du rez-de-chaussée ;

- une grande terrasse extérieure (portée par une structure mixte béton/bois) prolonge le living-room sur son coté sud avec un retour du coté amont du terrain (à l'ouest généralement, mais cela dépend de l'orientation du terrain) ;

- une "cloison-meuble" sépare la cuisine du coin repas, permettant à la fois le rangement de la vaisselle et le passage des aliments, construite en menuiserie bois, équipée de portes coulissantes de part et d'autre ;

- une cheminée est placée en position centrale du living-room adossé à l'escalier, avec un foyer ouvert sur la pièce, équipée d'une grande hotte en tôle d'acier recouverte d'une feuille de cuivre (ou de laiton), formant ainsi un apport de chaleur complémentaire ;

- une banquette, droite ou en angle, est souvent disposée dès la conception, en fonction de la vue et de l'emplacement de la cheminée.

Au rez-de-chaussée, le plan carré est desservi de la façon suivante :

- une entrée formant sas, prévue pour le rangement des matériels de montagne et de ski ;

- trois chambres, dont deux ouvrent en façade sud, équipées alors souvent d'une porte extérieure et d'une fenêtre; les chambres sont toujours prévues équipées de lits et de rangements, dont la disposition a été pensée avec la conception de l'ensemble du chalet ;

- une chaufferie ;

- l'escalier d'accès à l'étage ;

- la salle de bains.

matériaux et construction

L'ossature de la construction est généralement en béton, soit en béton armé (chalet Le Petit Navire aux Chenus), soit en maçonnerie d'agglomérés creux de béton (chalet La Godille à Plantret, chalet Le Raboliot aux Chenus). Mais pour les premiers chalets réalisés, les soubassements (et parfois les murs) peuvent être en maçonnerie de pierres appareillées (notamment le chalet Joliot-Curie aux Tovets). Les structures horizontales sont soit en bois d'épicéa non équarris (chalet Le Raboliot aux Chenus, chalet Joliot-Curie aux Tovets, chalet La Godille à Plantret), soit en béton armé avec poutrelles et hourdis (chalet Altitude 1850 à Nogentil, chalet la Douna au Jardin Alpin, chalet La Forcle à Nogentil). La toiture est généralement composite, mais la technique a évolué. Pour la première génération (cf. les chalets Joliot-Curie, le Petit-Navire, le Raboliot, Roche...), il s'agit d'une structure simple faite de poutres en bois posées sur des murs en béton, ou une structure mixte faite de poteaux en béton armé, supportant un ensemble de poutres béton et de poutres bois.

La seconde génération est caractérisée par l'introduction d'une poutre métalliques de type "H" comme poutraison : trois poutres métalliques de type "H" reposent sur les murs latéraux, sur lesquels sont placés les chevrons bois.

La dépassée de toiture est portée par des consoles en béton armé coulé et coffré avec les chaînages des murs latéraux. Pour porter la poutre métallique en façade sud (qui forme linteau pour les deux grandes baies), on place un pilier central dans la façade sud (entre les deux baies) fait parfois d'un simple tube cylindrique en acier ou en béton (type tuyau "fibrociment") servant de coffrage dans lequel sont disposés armatures et béton (chalet Altitude 1850 à Nogentil, chalet la Douna au Jardin Alpin, chalet La Forcle à Nogentil, chalet Arionda à Nogentil).

La couverture est très faiblement pentue (10%), composée successivement :

- d'une isolation thermique dont la qualité et l'épaisseur a évolué au cours du temps ;

- d'un panneau aggloméré formant support de l'étanchéité ;

- d'une étanchéité faite d'un "feutre bitumé" dont la qualité et le vieillissement au temps a aussi évolué, de type "27S" ;

- d'une couverture en tôles nervurées d'acier galvanisé.

La nécessité de ventiler l'espace compris entre le matériau de couverture et l'étanchéité de toiture afin d'éviter les phénomènes de condensation s'est imposée aux concepteurs et aux constructeurs de ces chalets, améliorant le système technique au gré des observations faites sur leurs chantiers; notamment le dimensionnement de l'espace de ventilation en fonction de la largeur de la construction, l'orientation privilégiée nord-sud assurant une meilleure ventilation de la double toiture, etc...

La souche de la cheminée est unique, regroupant tous les conduits (fumée et ventilation). La forme est dessinée en étrave de façon à résister à la reptation de la neige. Elle est souvent totalement recouverte de cuivre.

Les terrasses sont de dimensions variables suivant les chalets et le terrain. Elles sont équipées d'un platelage en bois de mélèze sur une poutraison bois, reposant elle même sur des piliers en béton. Les garde-corps sont en bois, tracés suivant une disposition simple faite de "palines" rectangulaires fixées entre une lisse haute formant appui, et une lisse basse.

Les façades en maçonnerie de béton sont recouvertes d'un bardage de planches posées verticalement, formant une protection mécanique de l'isolation extérieure (isorel mou imprégné de bitume). Deux techniques sont employées :

- les planches de sapin posées bord à bord, clouées sur un lambourdage, sont recouvertes de couvre-joints cloués, faits de "dosses" d'épicéa (chalet La Forcle à Nogentil) ;

- Les planches de bardage bouvetées sont clouées sur un lambourdage (chalet Le Petit Navire aux Chenus).

Lors de travaux de réfection ou d'entretien, les "dosses" sont supprimées et remplacées par des couvre-joints ou par un bardage en planches bouvetées (chalet Altitude 1850 à Nogentil). Exceptionnellement la maçonnerie a pu être laissée brute, recouverte d'un simple enduit de ciment peint, pour des raisons d'économie (chalet Le Raboliot aux Chenus).

concepteurs - date de construction

Le "chalet plein" est issu du travail de recherche de Denys Pradelle, architecte, qui s'installe en accord avec Laurent Chappis urbaniste de la station, au mois de décembre 1946 à Courchevel.

Le premier projet de "chalet plein" conçu et construit par Denys Pradelle est le chalet de vacances d'Irène et Frédéric Joliot-Curie. Ils préfèrent d'ailleurs ce type de chalet au "chalet à pattes" que Denys Pradelle leur propose dans sa première esquisse (mars 1949). Le chalet se développe sur trois niveaux, construit totalement en maçonnerie de pierres, réalisé durant l'été 1949. Pour la construction de ces chalets, Denys Pradelle fait appel aux artisans de la vallée. Parmi ceux-ci, c'est avec l'entreprise de charpente Chedal de Brides les Bains (la Perrière), animée par le charpentier Jean Chedal, que les contacts seront les plus fructueux permettant de mettre au point la technique de la double toiture ventilée à partir des nombreux chantiers menés en commun pendant plus de vingt ans. Il réalise d'ailleurs la plupart de ces chalets entre 1950 et 1955 (chalet Le Petit Navire aux Chenuts, chalet Roche à Bellecôte, chalet Le Rabolliot aux Chenuts, chalet la Godille à Plantret, etc...), mettant ainsi au point les principes d'architecture et de construction qui seront développés et repris pour des programmes plus vastes de construction collectives. Ce sont ces principes qui seront d'ailleurs transcrits et exposés dans la brochure Construire en montagne. À partir de 1958, Denys Pradelle quitte Courchevel pour s'installer à Chambéry. Il est rejoint un an auparavant à Courchevel par Guy Rey-Millet, jeune architecte qui réalisera de très nombreuses constructions de type "chalets pleins" à partir des principes et des techniques imaginées par Denys Pradelle (chalet Le Troll aux Chenuts, chalet La Forcle à Nogentil, chalet Altitude 1850 à Nogentil, chalet La Douna au Jardin Alpin, etc...).

évolution du type

Les constructions de la station de Courchevel commencent à se transformer vers 1975 environ (en 1971, le conseil général a rétrocédé l'ensemble des terrains à la commune de Saint-Bon), à l'occasion de programmes de surélévation et d'extension des constructions existantes; et ce mouvement ne fut que confirmé et amplifié à partir de 1983 : changement municipal, abandon du règlement d'urbanisme d'origine, adoption d'un nouveau P.O.S., mise en place des lois de décentralisation, etc... Mais ces projets se réaliseront suivant des principes tout à fait différents de ceux retenus jusque là :

- dépassement des gabarits fixés à l'origine du plan d'urbanisme pour répondre au besoin de densification, conduisant à des surélévations et des extensions des constructions existantes ;

- adoption de fait, de nouveaux principes pour l'architecture des constructions, cherchant ainsi à imposer une "nouvelle image" pour la station : double toiture, type porte-neige, faite systématiquement de deux versants fortement pentus couverts de lauzes, fenêtres de petites dimensions, systématisation des menuiseries ouvragées (encadrements de baies, contre-vents, planches de rive, bardages, garde-corps, consoles, contre-fiches, etc...).

Ces principes sont repris dans le règlement du P.O.S. de Courchevel 1850 et présentées comme une obligation en cas d'entretien d'une construction existante; le respect de ces règles d'architecture autorisant la construction de surfaces supplémentaires (même dans le cas où le "gabarit" peut déjà être totalement utilisé).

Les projets de transformation de ces constructions sont établis par des concepteurs qui n'entretiennent aucun lien professionnel avec l'équipe de concepteurs d'origine. Seul le charpentier Jean Chedal poursuit son activité, ayant dessiné une multitude de tracés complexes, faits de volutes, d´ellipses, de cercles, etc... Plusieurs exemples manifestent clairement cette nouvelle pensée : le chalet Roche devenu le Rocher (Bellecôte), le chalet Arionda (Nogentil), etc...

C - LE "GRENIER- MAZOT"

concept

II s'agit d'un ensemble de chalets de petite dimension - des "GRENIERS" démontés en Maurienne au-dessus de Saint-Jean de Maurienne, transportés, puis remontés à Courchevel 1850 - regroupés en lotissement (autorisé le 7 février 1954), placé sous le quartier de Bellecôte, dans un terrain très pentu et orienté nord-est.

La première de ces constructions fut bâtie par Laurent Chappis architecte urbaniste de la station de Courchevel 1850. Il choisit de racheter par l'intermédiaire d'un parent, un "GRENIER" situé dans une montagne au-dessus de Saint-Jean de Maurienne. Il le transporte et le reconstruit de ses propres mains. De dimensions très réduite (3,00 m x 3,00 m environ) avec un appentis sur le coté (1,00 mètre de large environ) dans lequel sont placés la cuisine et les sanitaires, c'est la démonstration des possibilités offertes par un "habitat minimum", suffisantes pour abriter une famille venant passer quelques jours par an aux sports d'hiver ou à la montagne. Le lotissement comprend une quarantaine de chalets comparables. Le ministre de la Reconstruction et de l'Urbanisme, Eugène Claudius-Petit, en visite sur la station au cours du printemps 1951, se laisse convaincre de l'intérêt architectural de ce chalet, après un séjour en famille dans le chalet "MAZOT" de Laurent Chappis à Noël 1951. Ami et admiratif du travail de l'architecte Le Corbusier, il réalise l'intérêt de la superficie minimum. Menuisier et ébéniste de formation, il trouvera là, l'occasion d'exercer son métier pour l'aménagement intérieur et la construction des mobiliers fixes.

implantation

Les chalets "MAZOT" sont construits sur un terrain fortement pentu, orienté au nord-est, nécessitant la construction d'un socle maçonné en soubassement. Certains profitent de ce socle pour y aménager des pièces supplémentaires, et pour construire sur le devant une terrasse d'une superficie équivalente au chalet lui-même. Les chalets "MAZOTS" sont inaccessibles directement en voiture.

forme - disposition

Le chalet "MAZOT" est un volume unique ne comportant qu'une seule pièce de 3,00 m de côté environ, avec un appentis d'un mètre de large environ pour les sanitaires (cuisine, wc, salle d'eau). Le volume sous le toit, ouvert directement sur la pièce unique, est équipé pour faire dormir quatre personnes généralement. Le soubassement est généralement inhabité, la construction ne comportant aucun escalier intérieur. La pièce est accessible par la porte placée au centre du "GRENIER". De part et d'autre de la porte d'entrée, deux grandes baies fixes ont souvent été ouvertes apportant ainsi de la lumière et du soleil au chalet, et de même à l'est avec les vues lointaines.

matériaux et construction

Le chalet "MAZOT" est construit en pièces de bois montés suivant la technique des "pièces sur pièces". Les madriers s'assemblent par embrèvement, par tenons et par mortaises. La toiture est à deux versants pentus couverts de tôles.

concepteurs - date de construction

Le premier "MAZOT" est construit en 1950 par Laurent Chapppis, puis le lotissement se remplit progressivement.

évolution du type

Le chalet "MAZOT" fait parfois l'objet d'agrandissement avec l'aménagement de chambres dans le soubassement maçonné, induisant ainsi la vie sur deux niveaux avec la multiplication des lieux.

Le déplacement de nombreux "MAZOTS" pour cette opération, mais aussi la construction de plusieurs sous la forme de répliques conformes, ouvre l'imagination à Laurent Chappis qui reprendra ce concept là avec l'aide de Georges Dufayard, jeune architecte, pour mettre au point des chalets contemporains aussi compacts.

D - LE CHALET "TYPE A" OU "CHARBONNIÈRES" A

concept

La mise en oeuvre du chalet préfabriqué "type A" ou "Charbonnières A" est liée au système des "dommages de guerre". En 1948 (délibération du 22 mars 1948 de la commission des sports d'hiver et du tourisme du conseil général de la Savoie, présidée par Monsieur Sibué), il est indiqué (sur les conseils de Maurice Michaud devenu en janvier 1948 directeur départemental de la Reconstruction de la Savoie) "qu'il serait particulièrement intéressant d'aiguiller vers Courchevel 1850 les personnes qui bénéficient de dommages de guerre...". Maurice Michaud, dans ses nouvelles fonctions, obtient que le "tourisme" soit considéré comme une "industrie touristique", permettant ainsi l'ouverture de la procédure du transfert des dommages de guerre (de leur lieu d'origine sur le site de la station). Avec cette procédure le "sinistré" (ou la personne ayant acquis le "sinistre" auprès d'un "sinistré") obtient simultanément la priorité de sa créance, à la condition de réaliser une construction de type préfabriqué, dont la conception a été définie par les services du ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme (M.R.U.) à destination des habitants de ces zones sinistrées afin qu'ils soient relogés le plus rapidement possible.

C'est ainsi que sont apparus à Courchevel 1850, le chalet "type A" dit "Charbonnière A", le chalet "type B" dit "Charbonnière B" et le chalet "Barbara".

Le "type A" est un chalet résidentiel de type préfabriqué en bois, fait d'une ossature reposant sur un soubassement maçonné. Le principe de distribution et de construction a été mis au point, dès le début de la période de la reconstruction par l'architecte parisien Bourdais de Charbonnière et ces chalets furent construits d'abord en Allemagne, puis dans les Vosges, la Haute-Savoie (établissements Joly-Pottuz à Annemasse) ou à Lons le Saunier (les constructions Roch).

implantation

Les "chalets de type A" sont implantés dans des terrains pentus, dont la pente est orientée au nord-est. Ils furent bâtis principalement dans le secteur de Bellecôte, dans le cadre de l'opération dénommée alors "les chalets Fath" (chalets "la Bartavelle", "le Chamois", "le Blanchot", "la Gelinotte", "l'Astragale", "les Myrtilles", "les Airelles", "la Gentiane", "le Lys Martagon", "les Arcosses", "l'Edelweiss", "la Colchique", "l'Anémone", "les Bruyères", "les Aroles", etc...).

L'opération "les chalets Fath" (quartier de Bellecôte) est la première opération de construction mise en oeuvre à Courchevel 1850, qui utilise les dommages de guerre. Il s'agissait de réaliser un complexe hôtelier de 200 lits, résultat d'un transfert d'un important dommage de guerre correspondant à un hôtel de luxe - l'hôtel les Trois Épis - à Colmar, propriété de Monsieur Fath. Celui-ci retient l'idée de réaliser à Courchevel 1850 un "hôtel pavillonnaire" qui serait composé d'une vingtaine de chalets préfabriqués groupés autour d'un "club house" (mais ces chalets furent rapidement loués, puis vendus et devinrent des résidences secondaires).

Le plan de masse est dessiné en 1947 par Denys Pradelle, architecte installé à Courchevel depuis l'automne 1946. Il s'agit de l'un de ses premiers projets. Il dessine notamment le mode d'implantation au sol des chalets préfabriqués. Il dessine les soubassements en maçonnerie de pierres qui relient le chalet au sol (les accès, les escaliers, les entrées, les terrasses), traitant ainsi les espaces intermédiaires compris entre le chalet et le sol, en pensant à la fois aux périodes avec neige et aux périodes sans neige. C'est la question de 1' "intégration" de ces constructions préfabriquées dans le lieu qui est ainsi pensée.

Pour les règles d'implantation, le respect du gabarit fixé par le cahier des charges du lotissement (recul, hauteur, pente de toiture, etc...) est une contrainte qui s'impose à la construction de tous ces chalets.

forme - disposition

Le "chalet type A" est une construction de plan rectangulaire (7,00 m x 10,00 m environ), s'élevant sur deux niveaux et couvert par une toiture à deux pans pentus. Si les principes de distribution intérieure sont classiques et s'opposent ainsi à ceux mis au point par l'équipe de concepteurs de Courchevel, la technique de construction repose sur la préfabrication totale de tous les éléments de la structure, proposant ainsi une économie de la construction par la mise en oeuvre d'une technique contemporaine, préoccupation permanente développée par l'équipe de concepteurs de Courchevel. Au rez-de-sol sont disposés le living-room et la cuisine ainsi que deux chambres. L'entrée formant sas et vestiaire se prolonge par un porche abrité compris dans la construction. À l'étage, accessible par un escalier placé en position centrale de la construction (non éclairé) sont disposées trois ou quatre chambres en partie mansardées, ainsi qu'une salle d'eau. Un balcon, protégé par l'avancée du toit, court le long de la façade principale à l'étage, sur lequel ouvrent une chambre. Les extrémités sont fermées et forment grenier. Au rez-de-sol, on a prévu une circulation extérieure protégée par le balcon en mur pignon (terrasse exposée au soleil) et par la dépassée largement débordante (un mètre environ) en mur gouttereau (protection de l'entrée, notamment). Au sous-sol sont disposées plusieurs chambres complémentaires.

matériaux et construction

La superstructure du chalet est en charpente bois, totalement préfabriquée et préparée en atelier. Les parois verticales sont faites de poteaux en forme de I, entre lesquels sont placés des panneaux pleins composés d'une ossature en sapin avec un bardage de sapin (planches horizontales en bois vernis ou peint) à l'extérieur de 27 mm d'épaisseur (placées verticalement dans la partie supérieure et abouts de planches sciées à 45°), un panneau rigide de laine de verre tenu sur un grillage, un vide d'air de six centimètres, et une plaque de placoplâtre de 10 mm. La charpente est composée de fermes en bois, clouées, qui laissent le comble habitable. La toiture est fortement pentue et couverte en tôles.

Les menuiseries extérieures et intérieures sont en bois. Les contrevents et les garde-corps des balcons sont composés d'éléments de bois, dont la composition est soulignée par l'emploi d'une peinture bicolore. Les cloisons intérieures sont faites d'une ossature de bois, équipée de part et d'autre de plaques de placoplâtre ou d'un lambris ("frisette" en sapin) vernis. Le soubassement est construit en maçonnerie de pierres appareillées hourdées au mortier, sur lequel repose une dalle en béton.

concepteurs - date de construction

Le développement du "chalet type A" à Courchevel 1850 est lié à l'autorisation donnée par le conseil général de la Savoie (sur les conseils de Maurice Michaud devenu en janvier 1948 directeur départemental de la Reconstruction de la Savoie, on décide "qu'il serait particulièrement intéressant d'aiguiller vers Courchevel 1850 les personnes qui bénéficient de dommages de guerre.,."; Maurice Michaud, dans ses nouvelles fonctions, obtient ainsi que le "tourisme" soit considéré comme une "industrie touristique, permettant ainsi l'ouverture de la procédure du transfert des dommages de guerre) à l'emploi des dommages de guerre (transférés depuis des lieux déclarés "sinistrés" sur le territoire français, à la suite des destructions liées aux combats de la seconde guerre mondiale) pour la construction de résidences dans la station. Le principe du chalet est mis au point par l'architecte parisien Bourdais de Charbonnière. Mais les chalets seront fabriqués en Allemagne dans la région de la Forêt Noire et mis à disposition de la France au titre des dommages de guerre.

Pour l'opération "les chalets Fath", l'implantation dans le site et la conception des soubassements des chalets "type A" sont dessinés par l'architecte Denys Pradelle (installé à Courchevel depuis l'automne 1946, ce projet constitue l'un de ces premiers projets, étudié au printemps 1947). En septembre 1949, les soubassements maçonnés des cinq premiers sont en chantier. Puis pendant trois saisons (1950 à 1952), le charpentier Jean Chedal (Brides-les-Bains, La Perrière) s'occupera, entre autre activité, du montage de ces chalets : transport des chalets depuis Mulhouse jusqu'à Moûtiers par chemin de fer, puis par camion jusqu'à Courchevel 1850; construction des charpentes, en une semaine pour un chalet, effectuée par une équipe de charpentiers résidant sur place, sur le site de la station. Les travaux de second oeuvre et les soubassements sont réalisés par d'autres artisans travaillant sur le site de la station.

évolution du type

Les "chalets de type A" regroupés pour l'essentiel dans l'opération "les chalets Fath" sont en cours de transformation depuis une dizaine d'années environ. Mais la plupart sont encore dans leur état d'origine, y compris dans les couleurs employées pour peindre les éléments extérieurs de charpente, et les éléments de menuiserie (chalets "les Airelles", "la Gelinotte", "les Myrtilles", "la Gentiane", "Lys Martagon", "les Bruyères", "Anémone", "Colchique", "Edelweiss", "l'Astragale", "le Blanchot"). Les transformations sont liées à la rénovation des parois extérieures : pose d'une isolation thermique plus performante placée à l'extérieur de la paroi d'origine, pose d'un bardage neuf, remplacement des menuiseries, et réfection de la couverture suivant le principe de la double toiture. Ces travaux de menuiserie et de charpente (parfois réalisés par la même entreprise de charpente Jean Chedal) sont bien souvent le prétexte à une modification de l'allure générale du chalet, pour le rendre comparable à ceux construits à partir des années 1980 (notamment les chalets de Bellecôte réalisés par Raymonde Fénestraz avec l'entreprise de charpente Jean Chedal, sur des plans de l'architecte parisien Pascal Desprez, construits en 1989 et 1990). C'est le cas du chalet Le Chamois équipé d'imposantes fausses consoles ouvragées tenant l'avant-toit, recouvert d'un bardage bois aux motifs complexes, et réparé avec des planches de rives et des garde-corps en bois ouvragé, etc...D'autres font l'objet de travaux d'entretien plus respectueuse de la construction originelle, malgré la disparition des bois peints de couleurs vives, remplacés par des bois de ton neutre et uniforme (chalets les Rhododendrons, les Arcosses, les Aroles, les Genièvres notamment).

E - LE CHALET "TYPE B" OU "CHARBONNIÈRES" B

concept

De même que pour la construction des "chalets type A", la mise en oeuvre du chalet préfabriqué "type B" ou "Charbonnières B" est liée au système des "dommages de guerre" (cf. concepteurs-date de construction, les chalets préfabriqués "type A »). Le chalet de "type B" est un chalet résidentiel de type préfabriqué en bois, fait d'une ossature reposant sur un soubassement maçonné pouvant comprendre plusieurs niveaux. Le principe de distribution et de construction a été mis au point, dès le début de la période de la reconstruction par l'architecte parisien Bourdais de Charbonnière et ces chalets furent construits d'abord en Allemagne, puis dans les Vosges, la Haute-Savoie (établissements Joly-Pottuz à Annemasse) ou à Lons-le-Saunier (les constructions Roch). En comparaison avec les "chalets type A", les "chalets type B" étaient des "modèles" de construction considéré alors comme plus économique. Il en est ainsi du projet de "chalet type B" établi par Denys Pradelle en 1950 pour André Tenneguin qui souhaitait alors réaliser une seule construction la plus économique qui soit au quartier de Plantret (projet devenu en 1955 un ensemble de quatre chalets de type "chalets pleins" : la Godille, le Bolet, la Becca-Motta, l'Igloo).

implantation

Les "chalets de type B" sont des constructions simples, de type préfabriqué, issue de la politique des dommages de guerre. D'une volumétrie plus importante que le chalet "type A", et d'une conception plus simple, ils furent implantés suivant la demande des clients, sans faire l'objet d'une opération d'ensemble comme pour l'opération les "chalets Fath" et le choix de ne construire que des "chalets type A".

Mais c'est dans la partie inférieure du quartier des Chenus que furent construits la plupart des "chalets type B", au cours des premières années de construction de la station. Construits sur un versant pentu exposé au nord-est, ils étaient alors disposés dans la pente avec une orientation de la grande façade tournée le plus possible vers le sud, ouvrant sur un balcon. En fonction de la déclivité du terrain, le chalet peut comprendre un ou deux niveaux de soubassement construits en maçonnerie de pierres ou de béton armé.

L'implantation des "chalets de type B" est semblable, en raison d'une volumétrie comparable, à celle retenue pour les "chalet à pattes".

C'est ce modèle là que Maurice Michaud, ingénieur des ponts et chaussées, responsable de la Reconstruction du département de la Savoie et directeur départemental des ponts et chaussées, choisira pour lui, lorsqu'il construira en 1955 son propre chalet au quartier de Nogentil, le chalet "le Pantièvre".

forme - disposition

Le "chalet type B" est une construction de plan rectangulaire (8,00 m x 15,00 m environ), s'élevant sur un seul niveau, et couvert par une toiture à un seul versant peu pentu (10 % environ). La distribution intérieure est organisée suivant un plan en longueur orienté le long de sa plus grande façade ouverte sur un balcon ensoleillé.

Les niveaux inférieurs, construits en maçonnerie comprenaient les chambres, tandis qu'à l'étage supérieur (en charpente bois) se trouvaient les pièces de vie (cuisine et living-room, entrée et sas,

chambres complémentaires).

matériaux et construction

La technique de construction du "chalet type B" est identique à celle développée pour le "chalet" type A". La superstructure du chalet est en charpente bois, totalement préfabriquée et préparée en atelier. Les parois verticales sont faites de poteaux en forme de I, entre lesquels sont placés des panneaux pleins composés d'une ossature en sapin avec un bardage de sapin (planches horizontales en bois vernis ou peint) à l'extérieur de 27 mm d'épaisseur (planches placées verticalement dans la partie supérieure), un panneau rigide de laine de verre tenu sur un grillage, un vide d'air de six centimètres, et une plaque de placoplâtre de 10 mm. La charpente est composée de quatre fermes en bois, clouées, qui laissent le volume du comble utilisable soit comme volume haut des pièces de vie, soit comme grenier. La toiture est pentue faiblement (10 à 15 % environ) et couverte en tôles. La toiture se prolonge sur l'avant couvrant ainsi le balcon, chaque ferme étant alors soutenue par une jambe de force prenant appui sur la partie inférieure maçonnée.

Les menuiseries extérieures et intérieures sont en bois. Les contrevents et les garde-corps des balcons sont composés d'éléments de bois, dont la composition est soulignée par l'emploi d'une peinture bicolore. Les cloisons intérieures sont faites d'une ossature de bois, équipée de part et d'autre de plaques de placoplâtre ou d'un lambris - une "frisette" - vernis. Le soubassement est construit en maçonnerie de pierres appareillées hourdées au mortier, sur lequel repose une dalle en béton.

concepteurs - date de construction

Le développement du "chalet type B" à Courchevel 1850 est lié à l'autorisation donnée par le conseil général de la Savoie d'utiliser les dommages de guerre pour développer la station (cf. concepteurs-date de construction, les chalets préfabriqués "type A »). Comme pour les "chalets type A", l'architecte Denys Pradelle fut sollicité pour concevoir les socles maçonnés (distribution, accès, etc...). De même le montage des charpentes fut aussi pour la plupart réalisé par l'entreprise de charpente Jean Chedal à la Perrière (Brides-les-Bains).

évolution du type

La plupart des "chalets de type B" réalisés à Courchevel 1850 ont aujourd'hui disparu par suite de modifications, surélévations, voir démolitions et reconstructions.

Au quartier des Chenus, seules deux constructions témoignent encore de cette architecture. Il s'agit des chalets "La Sucine" (ou "La Sugine") et "Ski Sim's". Les autres "chalets type B", ont laissé la place à des constructions aujourd'hui de grande dimension, dont certaines ont été plusieurs fois surélevées. Il en est ainsi de l'hôtel Le Chabichou (reconstruit pour la dernière fois en 1988 par l'entreprise Jean Chedal), de l'hôtel La Pomme de Pin (composé à l'origine de deux "chalets type B" jumelés dans le sens de la longueur, puis surélevé avec trois niveaux de soubassement en maçonnerie, et enfin totalement recomposé avec le projet de l'architecte Jean-Louis Chanéac réalisé en 1991-1992 à l'occasion des Jeux Olympiques d'hiver avec le concours de l'entreprise de charpente Jean Chedal).

De même, en bordure du Jardin Alpin, le chalet Le Pantièvre, premier chalet acheté et construit en 1955 (revendu en 1962) par Maurice Michaud, a fait l'objet d'une recomposition avec la construction d'une toiture à deux versants, et la réalisation d'une isolation thermique extérieure protégée par un bardage bois neuf équipé de tous les attributs demandés aujourd'hui en 1995 à l'architecture et à la construction à Courchevel : planches de rives ouvragées, garde-corps bois découpé, consoles massives et découpées, etc..., l'ensemble étant agrémenté de volets roulants en aluminium pour protéger les grandes baies du living-room de toute effraction...

F - LE CHALET "BARBARA »

concept

De même que pour la construction des "chalets type A" ou des "chalets type B", la mise en oeuvre du chalet préfabriqué type "BARBARA" est liée au système des "dommages de guerre" (cf. concept, les chalets préfabriqués "type A").

Le chalet de "type BARBARA" est un chalet résidentiel de type préfabriqué en bois, fait d'une ossature reposant sur un soubassement maçonné pouvant comprendre plusieurs niveaux. D'une allure apparemment comparable au chalet "type A", il en diffère sur plusieurs aspects.

Il s'agit d'une construction de conception et de fabrication totalement allemande, de type "villa" de montagne, destinée à la région de la Forêt Noire, soit une région d'altitude moins élevée que le site de Courchevel 1850.

implantation

Les chalets de type "BARBARA" sont des constructions simples, de type préfabriqué, issue de la politique des dommages de guerre. Ils furent proposés aux acquéreurs dès le commencement de la politique des dommages de guerre. C'est pourquoi ils sont en si grand nombre dans la partie supérieure du lotissement des Chenus : chalets "la Clée des Neiges", "l'Isard", "Arana", "la Maisonnée", "le Cavan", "l'Edelweiss", "Perrin".

L'implantation des chalets type "BARBARA" est comparable à celle des chalets "types A", réclamant la conception d'un soubassement maçonné qui raccorde au terrain la construction proprement dite par la réalisation de murets, et d'escaliers, etc... Mais en règle générale, ils ne firent pas l'objet d'un travail aussi soigné que pour les chalets "type A".

forme - disposition

Le chalet "type BARBARA" est une construction de plan rectangulaire (7,00 m x 10,00 m environ), s'élevant sur deux niveaux de charpente et un niveau de soubassement en maçonnerie, couvert par une toiture à deux versants pentus.

Pour les chalets construits au quartier des Chenus, sur un versant nord-est, le chalet est disposé sur trois niveaux :

- au rez-de-sol, la cuisine et le coin repas, deux chambres et une entrée couloir disposée en partie centrale du chalet ;

- à l'étage, le living-room est ouvert à l'est sur une terrasse couverte par l'avancée supérieure de la toiture, et prolongée au sud par le terrain ou par une terrasse maçonnée; des chambres et des sanitaires ;

- en combles, une chambre mansardée éclairée sur le pignon de façade venant en avancée sur le balcon inférieur et une ou deux chambres mansardées éclairées sur le pignon arrière.

matériaux et construction

La superstructure du chalet type "BARBARA" est en charpente bois, totalement préfabriquée et préparée en atelier. Il s'agit de panneaux de façade porteurs, entièrement en bois faits d'une ossature en sapin avec un bardage de sapin (planches horizontales en bois vernis ou peint) à l'extérieur de 27 mm d'épaisseur (planches placées verticalement dans la partie supérieure), un panneau rigide de laine de verre tenu sur un grillage, un vide d'air de six centimètres, et une plaque de placoplâtre de 10 mm. La charpente est composée de fermettes en bois, clouées, qui laissent malgré tout le volume du comble utilisable pour des chambres. La toiture est pentue (20 %) et couverte en tôles. La toiture se prolonge sur le pignon exposé au soleil couvrant ainsi le balcon de la chambre des combles, protégeant lui-même la terrasse-balcon de l'étage inférieur.

Les menuiseries extérieures et intérieures sont en bois. Les contrevents à lamelles et les garde-corps des balcons sont composés d'éléments de bois, dont la composition est soulignée par l'emploi d'une peinture bicolore. Les cloisons intérieures sont faites d'une ossature de bois, équipée de part et d'autre de plaques de placoplâtre ou d'un lambris - une "frisette" - vernis. Le soubassement est construit en maçonnerie de pierres appareillées hourdées au mortier, sur lequel repose une dalle en béton.

concepteurs - date de construction

Le développement du chalet type "BARBARA" à Courchevel 1850 est lié à l'autorisation donnée par le conseil général de la Savoie d'utiliser les dommages de guerre pour développer la station (cf. concepteurs-date de construction, les chalets préfabriqués "type A »). Comme pour les "chalets type A" et les "chalets type B", l'architecte Denys Pradelle est sollicité pour concevoir les socles maçonnés (distribution, accès, etc...). De même le montage des charpentes fut aussi pour la plupart réalisé par l'entreprise de charpente Jean Chedal à la Perrière (Brides-les-Bains).

évolution du type

La plupart des chalets de type "BARBARA" sont aujourd'hui dans leur état d'origine. Pour le quartier des Chenus, il s'agit des chalets suivants : chalets "la Clé des Neiges", "l'Isard", "Arana", "le Cavan", "l'Edelweiss", "Perrin".

Seul le chalet "la Maisonnée" a fait l'objet d'une transformation complète par surélévation et extension latérale, laissant la place à une autre architecture.

J.-F. LYON-CAEN

L'architecte Denys Pradelle est concepteur du chalet "à pattes" en 1949. Il propose son projet à la famille Joliot-Curie qui lui préfère le chalet "plein". Le chalet "type A" ou "Charbonnière A", lié au programme de la reconstruction, mis au point par l'architecte parisien Bourdais de Charbonnière, est implanté à Courchevel 1850 par Denys Pradelle en 1947 pour les Chalets Fath. Les chalets "type B" ou "Charbonnière B" répondent à des demandes individuelles. Le premier chalet préfabriqué "Barbara", également lié au système des dommages de guerre, est acheté en 1955. Les "greniers-mazots" ont été démontés en Maurienne, transportés et remontés à Courchevel 1850, regroupés dans un lotissement autorisé en 1954 dans le quartier de Bellecôte.

Le chalet "à pattes" s'affranchit de la pente du terrain par une conception en pont de l'édifice. Le chalet "plein" est conçu sur un plan carré, en général de 7 m de côté, sur deux niveaux. Le chalet "type A" ou "Charbonnière A" est une construction préfabriquée en bois reposant sur un soubassement maçonné. Le chalet "type B" ou "Charbonnière B", de même structure, mais plus important, répond à une conception plus simple. Le chalet "Barbara", d'un type semblable, est composé de poteaux entre lesquels sont placés des panneaux pleins. Les "greniers-mazots", construits en bois monté "bois sur bois", ne comportent qu' une pièce de 3m de côté.

  • Typologies
    chalet à pattes ; chalet plein ; charbonnière A ; charbonnière B ; barbara ; grenier-mazot
  • Toits
  • Décompte des œuvres
    • bâti INSEE 85
    • repérés 25
    • étudiés 14

Périodiques

  • Contribution à une architecture de montagne. Etude faite à Courchevel 1850 par l'Atelier d'Architecture, Laurent Chappis (urbaniste), Jean-Marc Legrand, Denys Pradelle animateur de cette étude, architectes DPLG, avec la participation de Roger Boudet et P. Jomain (architectes DPLG) et Adrien Kiss (E.D.B.A.). Etudes et informations, 4e année, n° 3, mars 1955 (AD Savoie. 6J 2373)

Documents figurés

  • Etudes pour l'implantation des boutiques. Les avant-toits et auvents protecteurs de la neige. [Laurent Chappis], [1948 ?]. Calque, encre (AD Savoie. 6J 6)

  • Les Trois Vallées. Savoie. Un chalet de séjour. Atelier d'Architecture, L. Chappis, J.-M. Legrand, D. Pradelle, 1er février 1949. Ech. 1 : 50

  • Station de Courchevel. Propriété de M. Joliot-Curie. Un chalet famillial. Esquisse. Denys Pradelle, mars 1949. Ech. 1 : 400

  • Station de Courchevel. Propriété de M. Joliot-Curie. Un chalet famillial. 4. Esquisse. Denys Pradelle, mai 1949. Ech. 1 : 400

  • Station de Courchevel 1850. Propriété de M. Lang. Chalet de séjour. 5 esquisses. Denys Pradelle, février 1950. Ech. 1 : 400. 1 et 2. Chalet de séjour, 3 et 4 février 1950 ; 3 et 4. Deux pentes, 5 mars 1950 ; 5. Solution idéale, 5 mars 1950

  • Station de Courchevel 1850. Propriété de M. Lang. Coupes et façades. Denys Pradelle, juin 1950. Ech. 1 : 200

  • Chalet familial sur la parcelle n° 31 du plan d'urbanisme. Courchevel 1850 (Savoie). Propriété de Mr Charles Roche. Plans, élévations. Atelier d'Architecture, 10 juillet 1954. Ech. 1 : 100 (AD Savoie. 6J 233)

  • Chalet Altitude 1850. Plans des fondations, du rez-de-chaussée et de l'étage ; Coupes ; Elévations. Ech. 1 : 100

  • Chalet Roche. Plans, coupes et élévations

  • Chalet Le Troll. Plans, coupes et élévations. Guy Rey-Millet, février 1958. Ech. 1 : 100

  • Courchevel 1850. Plans, coupes, élévations d'un chalet de type chalet plein. [Atelier d'Architecture de Courchevel], [vers 1955] (AD Savoie. 6J 102)

  • Les Trois Vallées. Savoie. Vallée de Saint-Bon. parcelle n° 151 du plan d'aménagement. Chalet type B. aménagement du soubassement. Atelier d'Architecture, 4 mai 1957. Ech. 1 : 100 Projet d'aménagement d'un chalet de type B La Sucine. Guy Rey-Millet, 1957

  • Courchevel 1850. Jardin alpin. Parcelle 500. Gabarit / L. Chappis, 2 janvier 1958. Ech. 1 : 1000. Légende

  • Chalet La Douna. Plans, coupes et élévations. Ech. 1 : 100

  • Courchevel 1850. Nogentil 2. Parcelle 467. Propriété de Mr Grimaud. Implantation Atelier Berthe, Chappis, Jomain, 28 août 1959. Ech. 1 : 200

  • Courchevel 1850. Nogentil 1. Gabarits. L. Chappis, 3 juillet 1958. Ech. 1 : 1000

  • Chalet résidentiel. Plans, coupes, élévations. Atelier d'Architecture, 14 mai 1961. Ech. 1 : 100

  • Station de Courchevel 1850. Un chalet résidentiel. 1. Atelier d'Architecture de Courchevel, 24 avril 1951. Ech. 1 : 200

  • Station de Courchevel 1850. Salle de séjour. 5. Cheminée. 6. Atelier d'Architecture de Courchevel, 21 juin 1951

  • Perspective cavalière et détail de la cheminée. Chalet Le Troll. Guy Rey-Millet, février 1958

  • Les Trois Vallées. Savoie. Vallée de Saint-Bon. Station des Tovets. Bellecôte 117. Projet d'ensemble. Laurent Chappis, Denys Pradelle, 28 novembre 1946. Plan de situation ; plan masse ; élévation. Ech. 1 : 1000 (AD Savoie. 30J classeur 1)

Date(s) d'enquête : 1995; Date(s) de rédaction : 1995
© Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
© Ecole d'architecture de Grenoble