Dossier d’œuvre architecture IA73004656 | Réalisé par ;
Guibaud Caroline (Enquêteur)
Guibaud Caroline

Chercheur au service de l'Inventaire Rhône-Alpes puis Auvergne-Rhône-Alpes (1999- )

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  • inventaire topographique, Inventaire du Parc naturel régional du Massif des Bauges
Demeure dite château de Chanay
Œuvre monographiée
Auteur
Copyright
  • © Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
  • © Parc naturel régional du Massif des Bauges

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Combe de Savoie
  • Commune Saint-Jean-de-la-Porte
  • Lieu-dit Curiaz
  • Adresse route du Chanay
  • Cadastre 1730 Su 2303, 2306, 2307, 2308 n° 2303 (verger), 2306 (maison), 2307 (jardin), 2308 (jardin) ; 1808-1812 A 947 à 953bis  ; 1892 H2 497 à 503  ; 1988 H2 306, 307, 318  ; 2018 ZX 139, 140, 148
  • Dénominations
    demeure
  • Appellations
    château
  • Parties constituantes étudiées
  • Parties constituantes non étudiées
    grange, étable à vaches, pigeonnier

Historique du site et du château

La mappe sarde de 1732 pointe l’ensemble des propriétés de Charles Bazin, noble, dans la commune de Saint-Jean-de-la-Porte. Au lieu-dit la Curia (actuellement la Curiaz), 12 parcelles bâties et non bâties lui appartiennent : n° 2303 (verger), 2306 (maison), 2307 (jardin), 2308 (jardin), 2309 (masure), 2319 (pré et arbres), 2321 (masure), 2365 (pré), 2374 (champ), 2381 (champ), 2392 (champ), 2395 (pré).

La parcelle 2306 correspond à l’actuel château, malheureusement celle-ci représente l’emprise totale de la construction et de sa cour sans distinction du bâti du non-bâti, par conséquent nous ne connaissons pas l’emprise du bâtiment et ne pouvons donc pas établir de comparatif entre l’état de 1732 et celui de 1812.

Nous constatons cependant la permanence des jardins situés au sud du château au fil des cadastres : un grand jardin rectangulaire comprenant aujourd’hui, comme au 19e siècle, un bassin central, et un second, trapézoïdal, attenant à l’ouest et abritant vraisemblablement une « orangerie » voûtée.

Au nord de cette parcelle 2306, et adossées au chemin ceinturant par l’ouest la propriété, deux maisons mitoyennes appartenant en 1732 à Jean et Antoine Carret tombent après coup dans le giron du propriétaire du château.

Le cadastre de 1812 et les matrices cadastrales afférentes pointent que Montillet Charlotte, veuve Duchaney est propriétaire du domaine composé de : A 931 (pré), 932 (terre vaine), 946 (pâture), 947 (bâtiment), 948 (cour), 949 (écurie), 950 (maison), 951 (cellier), 952 (cour), 953 (jardin), 953bis (jardin), 954 (gravier), 1026 (terre labourable), 1027 (vergue), 1028 (terre labourable), 1029 (vigne). Ce cadastre nous montre l’emprise parcellaire des bâtiments. Nous constatons que les bâtiments actuels ont la même emprise à deux exceptions près : le corps de bâtiment adossé à l’est du corps principal comportait un petit retour en saillie sur son angle sud-est ; ce bâtiment servait alors de cellier pour le travail de la vigne. On note effectivement aujourd’hui à cet emplacement un retrait du mur indiquant un remaniement. Le second changement intervient au niveau du bâtiment perpendiculaire au bâtiment principal où l’angle sud-est de celui-ci n’existait pas. Ce bâtiment servait alors d’écurie à chevaux (?). On remarque sur le terrain que l’actuelle grange, construite sur cet espace vide, n’utilise pas le même mode de construction que le reste du bâtiment, et que la liaison entre les deux montre des désordres.

Les deux petits édifices, aux angles est de la cour (chapelle et pigeonnier), sont en place.

Le cadastre de 1892 quant à lui nous donne le nom du propriétaire : Ernest Arminjon, avocat de Chambéry. Il indique également la présence de l’escalier circulaire situé au droit de la porte d’entrée du bâtiment principal, de la fontaine, du bassin circulaire situé au centre du jardin, mais « ne parle pas » du bassin lavoir et du petit édicule abritant le cochon et les poules placés contre le mur est du corps de bâtiment abritant les dépendances, qui sont donc des rajouts postérieurs.

L’étude des cadastres successifs nous donnent donc des indications sur l’évolution parcellaire des bâtiments. L’étude de ces derniers in situ nous en délivre d’autres.

Les relevés des caves et du rez-de-chaussée nous indiquent trois possibles phases principales de construction distinctes. L’épaisseur des murs, la différence de hauteur des planchers entre les parties nord et sud de la demeure, les ouvertures et percement des caves, les éléments anciens de la cuisine, nous permettent d’émettre les hypothèses suivantes.

La partie sud du corps de bâtiment principal, correspondant au niveau de plancher le plus bas, représente vraisemblablement la partie la plus ancienne du site. La grande salle puis la cuisine et la tour en saillie attenante, ont une épaisseur de mur moyenne de 100 cm alors que pour les autres parties elle n’est que de 80 cm. A supposer que la plaque en fonte de la cheminée datée 1700 soit en place, ou provienne d’une de ces pièces, le premier bâtiment encore en place daterait de cette époque. La plaque de cheminée comporte des armoiries qui se retrouvent au-dessus de l’ancien autel de l’ancienne chapelle située dans l’angle nord-ouest de la cour ; il est donc permis de croire que cette plaque de cheminée est originaire du site.

La partie nord du corps de bâtiment principal, attenante au précédent, a ses niveaux de planchers plus hauts du fait de la présence d’une cave voûtée sous cet espace. Les boiseries, les cheminées en place, les décors d’impostes dans une chambre, tout concoure à dater ces espaces de la seconde moitié du 18e siècle. Intérieurement un escalier à deux volées droites rattrape la différence de niveau existante entre les deux parties accolées. La cave voûtée en plein-cintre, d’orientation est/ouest est accessible par un passage perpendiculaire ouvrant dans la grande salle. Elle possède un soupirail barreaudé de type « extérieur » située à l’est et au droit du mur est du corps de bâtiment principal ; par conséquent tout laisse à penser qu’il n’y avait pas de bâtiment accolé à l’est lors de l’établissement de cette cave. Par la suite, une autre cave voûtée en arc segmentaire prolonge la précédente.

Sur l’angle sud-est de ce corps de bâtiment rajouté à l’est du corps principal, le cadastre de 1808-1812 indique une construction en appendice, construction qui n’existe plus en 1892.

Descriptif du site

Le site de la demeure, dite Château de Chanay, est tripartite et clos par un mur sur tout son pourtour.

Au nord-ouest se trouve le bâtiment d’habitation avec caves en arrière d’une cour accessible par une porte charretière adossée à une porte piétonne. Sur l’angle intérieur nord-ouest de la cour se trouve l’ancienne chapelle de la demeure tandis que le pigeonnier occupe l’angle sud-ouest de la cour occupée principalement par deux grands arbres. Contre le mur nord de la cour et au nord de la demeure, un corps de bâtiment trapézoïdale et d’orientation est-ouest abrite les communs. Une fontaine est également adossée au mur nord de la clôture, à mi-chemin entre les communs et la chapelle.

Un muret, « tendu » entre les façades sud de la demeure et du pigeonnier, sépare la cour du jardin. De forme trapézoïdale ce dernier comprend deux parties : la principale, de forme approximativement rectangulaire, est dans le prolongement de la demeure et comporte un bassin en son centre ; la secondaire, longeant l’enclos à l’ouest et de forme trapézoïdale, comporte en son centre, et dans sa largeur une cave voûtée semi-enterrée accessible de part et d’autre d’une rampe maçonnée qui relie les deux espaces créés par la présence de la cave. S’agit-il d’une ancienne orangerie ?

Enfin un grand pré rectangulaire s’étire à l’est, au droit de la demeure et du jardin. Dans l’angle nord-ouest du mur ceinturant le pré, nous trouvons un bassin à même le sol, à cheval sous la clôture.

Descriptif général de la demeure (Cf. Plan RDC)

La demeure est principalement constituée de deux corps de bâtiment rectilignes adossés en profondeur, mais de longueurs différentes. Le principal, le plus long, ouvre sur la cour. Au sud-ouest du bâtiment, une construction aveugle est en saillie (une ancienne tour ?). La façade sur cour comporte une porte d’entrée axiale, accessible par un escalier droit circulaire de six degrés, encadrée de part et d’autre de trois travées qui s’élèvent sur deux niveaux à sa gauche, de trois à sa droite. Les niveaux de planchers étant différents, les fenêtres de gauche (de dimensions plus importantes que les autres) sont plus hautes que celle de droite. Ce décalage s’explique par la présence de caves voûtées semi-enterrées sous la partie nord du bâtiment. Les baies de l’édifice sont rectangulaires verticales, en pierre de taille calcaire. Certaines d’entre-elles, sur la façade sud de la demeure, comportent des numéros de montage sur l’intrados de leurs piédroits. Le bâtiment est construit en moellon de calcaire enduit en façade au ciment, à pierre vue à la chaux pour les autres façades. Le pignon nord de la demeure est à redents couverts de pierres plates, le reste de la toiture couverte en ardoise est à longs pans, et croupes pour la toiture couvrant la tour en saillie et l’espace situé dans son prolongement. Cette dernière portion de toiture est ainsi perpendiculaire au reste du bâtiment.

Le niveau du rez-de-chaussée comporte un vestibule central (1) au droit de la porte palière. Il distribue à gauche un salon (2), adossé au nord à une autre pièce avec laquelle il communiquait par l’intermédiaire d’une porte aujourd’hui murée et qui devait être occupée par une chambre (3). Cet espace, aujourd’hui indépendant et accessible depuis la façade nord du corps de bâtiment, a servi de cuisine aux fermiers.

Le vestibule distribue à droite, et en contrebas d’un escalier droit à repos intermédiaire de dix degrés, une vaste salle carrelée qui devait servir de salle à manger (8). Depuis le repos de cet escalier en bois on accède de part et d’autre à deux petits réduits (6a, 6b). Depuis la salle à manger, on accède au sud à deux espaces adossés : un salon (9) qui a investi l’espace en saillie sur cour, et plus à l’est une ancienne cuisine (10). Toujours depuis la salle à manger, mais côté nord, une double porte (b) dévoile l’accès aux caves accessibles par une large échelle en bois descendante tandis qu’à l’opposé, un escalier en bois montant dessert un espace oblongue servant aujourd’hui de salle de bain (7)et aménagé dans le second corps de bâtiment oriental.

Dans l’angle droit du vestibule, un escalier en pierre de taille, tournant avec repos intermédiaire, dessert à mi-hauteur et coté droit les chambres situées à l’étage, et à son sommet celles situées à l’étage de la partie nord de la demeure.

Le vestibule distribue également, percée dans son mur du fond, une porte aménagée entre les deux corps de bâtiments de la demeure, placée sous l’escalier, qui ouvre sur une étroite cave voûtée en berceau (5), parallèle à la salle de bain précédente. Cette cave à vin possède un étroit soupirail dans son mur est.

L’étage de comble, accessible par l’escalier droit en bois situé dans l’espace avec salle de bain, dessert au sud deux chambres situées dans la partie en saillie sur cour, au centre le grand espace correspondant à la superficie cumulée de la salle à manger, des réduits et du vestibule du rez-de-chaussée, et au nord, un massif surélevé correspondant aux deux dernières pièces situées au nord du bâtiment (le salon et la cuisine).

Descriptif des pièces du rez-de-chaussée (Cf. Plan RDC)

Le vestibule (1). L’espace central s’élève sur toute la hauteur des deux niveaux et abrite l’imposant escalier comportant deux volées droites de dix puis neuf marches.

Le salon (2) comporte une cheminée en marbre veiné noir, au linteau chantourné et adossée à un trumeau orné en partie haute d’un décor en stuc : un cadre mouluré, autour duquel s’enroulent des fleurs, fermé en partie inférieure par un nœud et coiffé d’un motif de cuir découpé. Aux extrémités opposées aux deux fenêtres éclairant la pièce, deux placards latéraux sont fermés par des portes à décor de cartouches rectangulaires et chantourné. Une imposte en bois, situé au-dessus des portes reprend le thème décoratif du trumeau mais avec seulement la présence de fleurs et tiges feuillues.

La cuisine (10) située à l’extrémité droite du bâtiment, attenante à la cuisine a son entrée sur le mur pignon à redents est. La porte de communication entre cet espace et le salon attenant a été murée. Contre son mur sud, au revers de la plaque de cheminée du salon, une bretagne (espace aménagé et fermé au revers d’une plaque foyère pour profiter de sa chaleur et ainsi chauffer la pièce adjacente et faire sécher des objets) en molasse réchauffait l’espace. En face, contre le mur opposé, se trouve une petite cheminée en brique. Le fond de la pièce était cloisonné, comme l’attestent l’interruption du plafond orné d’un cadre en stuc et le négatif de l’escalier contre le mur. Plusieurs ouvertures aménagées dans le mur pignon ouvraient sur cette cuisine, elles sont aujourd’hui murées.

Le cellier (4) situé au revers des cuisine et salon précédentes, est aménagé dans le corps de bâtiment est. Son accès s’effectue par une double porte percée dans le mur pignon nord accessible intérieurement par deux marches d’escalier. A droite de la porte d’accès, au jour aménagé dans le mur succède un conduit aménagé dans l’épaisseur du mur et se terminant à un niveau inférieur au sol de la cave ; y avait-il un espace aujourd’hui disparu sous le cellier ou le niveau de son sol actuel a-t-il été surélevé ? Notons la présence en pied de mur ouest et en son centre d’une ouverture barreaudée (a) correspondant au soupirail de la cave voûtée située en dessous du salon précédent.

La cave oblongue (5) située dans le prolongement du vestibule est voûtée en arc segmentaire. Le long de son mur de droite s’appuient deux niveaux de casiers en béton en arc segmentaire avec deux rayonnages en bois pour y stocker les bouteilles de vin. Un étroit soupirail ouvre sur le mur sud extérieur.

Les deux réduits (6a, 6b) sont situés de part et d’autre de l’escalier en bois rattrapant la différence de niveau des planchers entre le nord et le sud de la demeure. Celui de gauche (à l’ouest) est situé au-dessus du passage conduisant à la cave voûtée.

La salle à manger (8), située en contrebas de l’escalier conduisant au vestibule, est carrelée. Elle possède un accès sur la cour via une porte-fenêtre, et une double porte, dans l’angle nord-ouest de la pièce (b), ouvre sur le couloir conduisant à la cave voûtée située sous le salon et dont le sol est situé 1,50 m en contrebas ; une échelle en bois permet de franchir le dénivelé.

Le salon (2) implanté dans le corps de bâtiment en saillie sur cour communique avec la cuisine à l’est et avec la salle à manger au nord. Ce dernier accès, aménagé dans l’épais mur qui sépare les deux espaces, semble avoir été percé de biais postérieurement, conduisant à un rétrécissement du mur séparant le salon de la cuisine dans sa partie nord. La pièce ne possède pas d’ouverture en dehors de celles ouvrant sur le jardin.

La cuisine (10), de plan rectangulaire, comporte une cheminée monumentale dans le mur nord. Les piédroits sont en calcaire gris et les consoles chanfreinées ; le linteau en bois est récent et le sol du foyer est remonté. La plaque de foyer en fonte est datée de 1700 et comporte des armoiries : forme de W avec la branche de droite en moins ; présence de motifs géométriques sur les trois branches : losanges sur les deux premières, étoiles à cinq branches sur la troisième ; deux palmes liées ceinturent le blason armorié. Ces armoiries se retrouvent peintes dans la partie basse des armoiries de la chapelle de la demeure. Présence également d’un large évier en pierre contre le mur est et d’un large potager en molasse au-devant de la fenêtre percée dans le mur sud (six trous coniques de diamètres différents, percés dans leur centre et recouverts d’une grille circulaire, sont disposés en ligne sur deux rangs). En partie haute du mur nord, trois corbeaux en pierre, supportent une sablière du plafond. La cuisine comporte deux sorties extérieures, une à l’est sur l’arrière du bâtiment, une au sud sur le jardin.

Descriptif du premier étage et de certaines pièces (Cf. Plan étage) .

Depuis le vestibule du rez-de-chaussée, l’escalier tournant à repos intermédiaire distribue alternativement les chambres situées dans la partie sud de la demeure puis, au sommet de l’escalier celles de la partie nord.

Le premier ensemble de pièces à vivre est distribué par un long couloir (13) comportant un plafond à hautes solives dont le chant est mouluré, ce plafond devait se prolonger au-delà des cloisons de deux chambres (4, 5) qui ont cloisonné le grand espace rectangulaire d’origine. Deux corbeaux y supportent la sablière du plafond contre le mur est. La chambre (5) comporte un important décor et une cheminée du 18e siècle. En face de celle-ci, une pièce comportant une salle de bain (15), abrite également un escalier droit en bois conduisant aux combles. Au bout du couloir, au sud, se trouvent deux chambres (6, 7) dont une (6) possède un escalier communicant avec une des chambres installées dans les combles.

Au sommet de l’escalier du vestibule nous rencontrons à nouveau un grand nombre de chambres, trois à l’ouest, trois autres à l’est. Ces dernières sont venues occuper un ancien espace occupé alors par un bûcher, au-dessus de la cave située au rez-de-chaussée.

Chambre (3). Cheminée en marbre noir du 19e siècle avec trumeau non orné.

Chambre (5). Chambre comportant une toile peinte suspendue sur toute la surface du plafond (traces d’auréoles laissées par des écoulements d’eau). Le décor est celui d’une coupole architecturée sur écoinçons en trompe-l’œil, avec couronne de fleurs entourant des nuées en stuc placées au centre. Boiseries des portes de la seconde moitié du 19e siècle avec impostes ornés de peintures sur toile. Au-dessus de la porte d’entrée le tableau représente, à l’intérieur d’un cadre en trompe-l’œil un personnage en pied dans un décor extérieur végétalisé ; il tient un bâton dans la main droite, un chapeau à plumet et est accompagné d’un chien se situant à ses pieds. Au-dessus de la porte sud, dans un cadre végétalisé et peint, se trouve un centaure de peau noire soufflant dans un oliphant dans un environnement architectural et végétal imaginaire de type japonisant. Au-dessus de la porte nord, dans le même contexte, avec le même type de cadre et d’environnement se tient un homme en pied tenant à deux mains un étendard ; il est auréolé d’un motif ressemblant à une nageoire de poisson. Une cheminée en marbre veiné gris est adossée au mur sud, le linteau est orné d’une coquille sculptée et de cadres moulurés qui se retrouvent sur les montants. Le trumeau comporte un grand cartouche orné de fleurs en gypse.

Salle de bain (15). Au-dessus de l’entrée de la salle de bain se trouve un cadre mouluré en gypse.

Description des communs

Les communs sont positionnés au nord de la demeure et ont une forme trapézoïdale. Le bâtiment est partitionné en quatre avec, d’ouest en est un espace de stockage fermé à l’est par une porte (NV), une étable accessible depuis une porte double en arc plein-cintre, une autre étable puis une grange - cuvier qui abrite un pressoir. Adossés au mur pignon est se trouvent une soue à cochon combinée avec un poulailler, et un bassin - lavoir en ciment au toit en appentis couvert de tôle contre le mur de clôture.

Sur l’angle sud-est de la grange, un piédroit en pierre de taille avec gonds pointe l’existence d’un ancien portail d’une ancienne clôture de la parcelle.

La grange étant plus haute que le reste des communs, les toitures à longs pans et couvertes d’ardoises ne sont pas au même niveau. Deux lucarnes sont aménagées dans les deux toitures.

Descriptif du pigeonnier

L’ancien pigeonnier est un bâtiment rectangulaire de 297 cm en largeur et de 332 cm en profondeur situé dans l’angle sud-ouest de la cour fermée. Construit en moellon de calcaire enduit à pierre vue, il possède une toiture à longs pans dissymétrique couverte en ardoise ; le pan orienté à l’est est plus court que le second. Accessible par une simple porte aménagée dans le mur gouttereau est, le rez-de-chaussée comporte un espace de stockage. Au-dessus du linteau, une planche d’envol et une tablette en pierre aménagée de trous permettaient aux pigeons d’aller et venir dans la partie supérieure de l’édifice.

La mappe sarde de 1732 pointe l’ensemble des propriétés de Charles Bazin, noble, dans la commune de Saint-Jean-de-la-Porte dont une maison, l’actuel château (n° 2306), une masure (2309), et deux jardins (2307 et 2308). L’emprise du parcellaire bâti n’étant pas précisé, il nous est impossible établir de comparatif entre l’état de 1732 et celui de 1812. Nous constatons cependant la permanence des jardins situés au sud du château au fil des cadastres. Celui de 1812 nous donne le nom du propriétaire du domaine : Montillet Charlotte, veuve Duchaney ; les numéros cadastraux des bâtiments sont : 947 (bâtiment), 948 (cour), 949 (écurie), 950 (maison) et 951 (cellier). Nous constatons qu’à cette date les bâtiments ont une emprise semblable à ceux d’aujourd’hui, à deux exceptions près aux niveaux du corps de bâtiment adossé à l’est du corps principal et des communs. Les deux petits édifices, aux angles est de la cour (chapelle et pigeonnier), sont déjà en place. En 1892 Ernest Arminjon, avocat de Chambéry est le maître des lieux. L’étude des constructions semble déceler trois possibles phases de construction distinctes : la plus ancienne correspond vraisemblablement à la partie sud du corps de bâtiment principal, datant peut-être de la date 1700 portée par la plaque de cheminée de la cuisine ; la partie nord est plutôt de la seconde moitié du 18e siècle ; enfin au 19e siècle plusieurs aménagements intérieurs et modifications apportées aux ouvertures des façades lui confèrent sont aspect actuel.

  • Période(s)
    • Principale : 1er quart 18e siècle , daté par travaux historiques
    • Principale : 2e moitié 18e siècle , daté par travaux historiques , (incertitude)
    • Secondaire : 1ère moitié 19e siècle
  • Dates
    • 1700, porte la date

Le site de la demeure, dite Château de Chanay, est tripartite et clos par un mur sur tout son pourtour. Au nord-ouest se trouve le bâtiment d’habitation avec caves en arrière d’une cour accessible par une porte charretière adossée à une porte piétonne. Les deux corps de bâtiments distincts abritent respectivement le logis et les communs. Le premier comporte quatre niveaux (caves voûtées en sous-sol, pièces à vivre au rez-de-chaussée surélevé, chambres à l'étage et grenier dans le comble à surcroît) et trois travées de part et d’autre de la porte centrale. Une petite aile, en saillie à son extrémité sud, révèle quatre travées. L'accès à l'étage carré s'effectue par un escalier tournant à repos en pierre de taille, ceux permettant l'accès au comble à surcroît, aux caves et rattrapant les différents niveaux intérieurs de l'habitation, sont droit et en bois. Sur l’angle intérieur nord-ouest de la cour se trouve l’ancienne chapelle de la demeure tandis que le pigeonnier occupe l’angle sud-ouest de la cour occupée principalement par deux grands arbres. Les constructions, en moellon de calcaire enduit, reçoivent chacune une toiture à longs pans (avec croupe pour l'habitat) couverte en ardoise. Contre le mur nord de la cour et au nord de la demeure, un corps de bâtiment trapézoïdale et d’orientation est-ouest abrite les communs. Une fontaine est également adossée au mur nord de la clôture, à mi-chemin entre les communs et la chapelle. Un muret, « tendu » entre les façades sud de la demeure et du pigeonnier, sépare la cour du jardin. De forme trapézoïdale ce dernier comprend deux parties : la principale, de forme approximativement rectangulaire, est dans le prolongement de la demeure et comporte un bassin en son centre ; la secondaire, longeant l’enclos à l’ouest et de forme trapézoïdale, comporte en son centre, et dans sa largeur, une cave voûtée semi-enterrée accessible de part et d’autre d’une rampe maçonnée qui relie les deux espaces créés par la présence de la cave. Peut-être une orangerie ?

  • Murs
    • calcaire moellon enduit
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    sous-sol, rez-de-chaussée, 1 étage carré, comble à surcroît
  • Couvrements
    • voûte en berceau plein-cintre, en tas de charge, à lunettes
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours avec jour cage ouverte, en maçonnerie
    • escalier dans-oeuvre : escalier droit en charpente
  • Jardins
    arbre isolé, bois de jardin
  • Statut de la propriété
    propriété privée
Date(s) d'enquête : 2018; Date(s) de rédaction : 2019
© Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
© Parc naturel régional du Massif des Bauges
Guibaud Caroline
Guibaud Caroline

Chercheur au service de l'Inventaire Rhône-Alpes puis Auvergne-Rhône-Alpes (1999- )

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