Le projet est détaillé dans la demande effectuée en 1872 par les usiniers. Ce projet comprend un canal équipé d´une seule vanne greffée à la prise d´eau protégée par une grille en fer. D´une longueur de 30 mètres, entièrement creusé dans la molasse, le tunnel comporte un canal d´amenée et un canal de fuite en pente douce. Par un ingénieux système, l´eau se déverse naturellement ne nécessitant pas la construction d´un seuil. Les eaux du Fier sont donc guidées dans une galerie souterraine de 1,60 mètre de largeur et de hauteur. Au sortir de la chambre de la turbine, l´autre galerie de 15 mètres permet la restitution des eaux. Ce dispositif permet aux pétitionnaires de profiter d´une chute d´eau d´une hauteur de 4 mètres 30. Affleurant en surface, de nombreux blocs rocheux formaient des chutes d´eau naturelles ce qui explique l´implantation de la filature. C´est au début du XXème siècle que la compagnie des Forges et Fonderies de Cran-Gevrier décide de dynamiter en partie ces blocs. Constatant une diminution du débit, la filature décide de faire de même pour construire un barrage.
De 1872 à 1939, l´activité du site ne cesse de croître. Pendant les périodes les plus favorables, la production atteignait 300 kg de laine par mois, incluant la production à façon, l´échange et la vente directe à l´atelier ou la boutique située rue Vaugelas à Annecy. En 1985, la production moyenne varie entre 5 et 10 kg de laine par jour. La fabrication continue de se faire de façon artisanale grâce à des machines antérieures à 1958. Les producteurs de laine livrent eux-mêmes la matière première à l´usine. Le site dispose de nombreux équipements dont une chaudière au sous-sol qui assure une bonne température aux cuves de lavage. Deux machines au sous-sol de l´atelier installées en 1952 par la maison Cretin à Vienne en Isère, assurent le battage de la laine. Elles remplacent progressivement l´ancien battoir mélangeur dont le coffrage et le mécanisme étaient en bois. En 1983, on dénombre deux cadres nappeuses montés en 1880 sur des bâtis récupérés à la Manufacture de coton d´Annecy, une des deux machines fonctionnait encore. La carde-bobineuse a aussi été récupérée à la Manufacture de coton d´Annecy. Les ateliers comportent aussi une fileuse fabriquée par l´atelier Poncin de Vienne. La machine à filer et le renvideur Constant et Cie fabriqué à Pouru-Brevilly et installés en 1929, complètent l´équipement. Acquis en 1924, l´ancienne assembleuse de marque RYO-CATTEAU de Roubaix assure le dévidage. A chaque étape de fabrication, une machine différente garantie la cadence la production. Dans l´entre deux guerres, la production du site décline sensiblement mais l´établissement propose encore une gamme de produits variée allant de la laine à tricoter au tapis.