Dossier d’œuvre architecture IA74001067 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, Patrimoine hydraulique des Pays de Savoie
Centrale hydroélectrique de Bonnevaux dite usine du Pont de l'Eau Noire
Œuvre monographiée
Copyright
  • © Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
  • © Assemblée des Pays de Savoie

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays de Savoie - Abondance
  • Hydrographies la), Dranses Dranse de Bonneveaux
  • Commune Bonnevaux
  • Lieu-dit Le Pont de l'Eau Noire
  • Adresse Chez Rosset
  • Cadastre 0A 2 2, 240, 238, 237, 243
  • Dénominations
    centrale électrique
  • Parties constituantes non étudiées
    usine, barrage, canal

A la fin du XIXème siècle, l´énergie électrique connaît de nouvelles applications et les progrès réalisés dans la production et l´acheminement de cette énergie permettent un développement sans précédent de cette industrie dans les Alpes. Dans un premier temps, ce sont les investisseurs locaux qui valorisent cette industrie. C´est le temps des pionniers de l´hydroélectricité qui ont permis en Haute-Savoie la construction de petites unités comme la centrale hydroélectrique de La Roche-sur-Foron en 1885 et de la centrale hydroélectrique du Pignet à Thône en 1893. Très vite, ces précurseurs sont remplacés par les investisseurs et les industriels qui rachètent de nombreuses chutes d´eau dans les Alpes afin de les valoriser par la construction de complexes hydroélectriques. Prénommés « les barreurs » de chutes d´eau, ces spéculateurs entendent bien valoriser leurs investissements. La centrale hydroélectrique de Bonnevaux illustre parfaitement cette frénésie spéculative car elle a fait l´objet de nombreuses transactions. Elles ont une incidence sur les délais de construction de cet ensemble. Dans la Dranse d´Abondance, la chute d´eau du Pont de l´Eau Noire fait l´objet de toutes les attentions. En 1908, une convention est passée entre M. Poncet notaire à Abondance, M. Joly ingénieur électricien à Lyon et M. Tony Aroud propriétaire à Grenoble. Les trois partenaires s´entendent pour racheter des terrains à proximité de cette chute d´eau. En 1912, M. et Mme Poncet font l´acquisition des doits de riveraineté sur la Dranse d´Abondance et du passage sur des terrains pour l´utilisation de cette chute. Cette même année, la Société électrique du Chablais s´intéresse également à cette chute. Par pétition du 17 juillet 1912, M. Brunhes demeurant à Thonon a demandé pour la Société d´Electricité du Chablais, l´autorisation d´établir un barrage dans la Dranse au lieu dit « Sous-le-Pas » commune d´Abondance. Cette entreprise rachète auprès de M. Joly, ses droits de riveraineté sans en informer les autres partenaires. Mme Poncet s´oppose à la Société électrique du Chablais. En 1915, pour pallier au manque d´activité économique M. Poncet s´engage dans l´armée et son épouse part vivre à Strasbourg. Par arrêté préfectoral du 12 août 1915, la Société électrique du Chablais est autorisée à construire une centrale hydroélectrique. Cette décision marque le début d´un bras de fer entre la société et Mme Poncet qui dura plus de cinq ans. Au-delà de cet aspect judiciaire, la construction de cette centrale intervient en période troublée. Le 3 août 1914 l´Allemagne déclare la guerre à la France. Cette déclaration a une incidence directe sur les travaux d´aménagement de l´usine. L´actionnaire majoritaire de la Société d´Electricité du Chablais est allemand. M. Ganz, sujet allemand et administrateur délégué de la société fuit le territoire français. Une mise sous séquestre des travaux de la Société est ordonnée par l´Etat français. Les éléments allemands de la Société sont évincés, le séquestre est levé en 1916. M. Régis Joya, propriétaire des Ateliers de Grosse Chaudronnerie et construction métallique à Grenoble, est nommé administrateur délégué. Les services de la Guerre ont l´intention d´utiliser l´énergie produite par la chute d´eau à aménager; il y a lieu de reprendre d´urgence la réglementation du barrage. Les dispositions prévues en 1913 pour la hauteur et l´emplacement du barrage de prise d´eau pour l´emplacement de la conduite d´amenée, de l´usine et du canal de fuite n´ont pas varié. Mise en exploitation en août 1919, la centrale de Bonnevaux trouve très vite une application puisqu´elle fournit l'électricité aux Etablissements Braunstein frères. Cette papeterie située à plus de 20 km, au lieu de Vongy à la frontière des communes de Thonon-les-Bains et Publier dispose d´une réceptrice. Une ligne de 30 000 volts est créée. En 1921, la Société d´Electricité du Chablais devient la Société Hydroélectrique des Dranses. Dans les années 1920, elle profite des revenus engendrés par l´exploitation de Bonnevaux pour financer les travaux d´une nouvelle centrale hydroélectrique sur la Dranse d´ Abondance au pont de Bioge dans la commune de Vinzier. Cette société est intégrée dans la Société des Forces Motrices de Savoie dans les années 1930. En 1946, Energie de France qui a le monopole de la distribution et de la production électrique récupère la gestion de la centrale hydroélectrique de Bioge, de Chevenoz et de Bonnevaux. Ces trois centrales hydroélectriques font partie du même groupement hydroélectrique. Entièrement automatisées, l´usine de Bonnevaux et de Chevenoz sont contrôlées depuis la centrale de Bioge.

Le bassin-versant des Dranses se situe dans le Chablais, à l´extrême Nord des Alpes françaises, en limite de la Suisse. C´est le principal affluent du Lac Léman en Haute-Savoie. Il se compose de trois cours d´eau principaux : le Brevon à l´ouest (ou Dranse de Bellevaux), la Dranse de Morzine au sud (ou Dranse de Saint-Jean-d'Aulps) et la Dranse d´Abondance à l´est. Ces trois cours d´eau se réunissent dans la commune La Vernaz pour former le torrent de la Dranse qui se jette dans le Lac Léman plus au nord. Ils irriguent trois sous bassins-versants. D´une superficie de 180 km² le bassin-versant de la Dranse d´Abondance correspond aux limites géographiques de la vallée du même nom. Le groupement EDF d´usine Fessy-Bioge assure l´exploitation de trois centrales hydroélectriques dans ce secteur. Aménagé en trois paliés avec plusieurs prises d´eau situées sur les autres cours d´eau, ce torrent comprend l´usine de Bonnevaux, l´usine de Chevenoz et l´usine de Bioge. La hauteur de la chute du Pont de l´Eau Noire est estimée à 98,6 mètres. Construite sur le premier palié, l´usine de Bonnevaux turbine les eaux de la Dranse d´Abondance grâce à une prise d´eau située à plus de 4,67 km en amont au lieu-dit du Sous le Pas (commune d´Abondance). Entièrement reconstruite dans les années 1990, cette retenue est un barrage en béton de 2,5 mètres de hauteur et d´environ 35 mètres de longueur de crête. Il comprend une échelle à poisson et l´évacuation des crues s´effectue par un déversement. Il est suivi par une galerie d´amenée à écoulement libre, d´une longueur de 4 250 mètres ponctuée sur son parcours par un siphon de franchissement situé sur le nant de la Joux verte et d´une tour d´eau. Cette galerie débouche sur une cheminée d´équilibre qui injecte l´eau dans une conduite forcée de 248 mètres qui attaque directement les turbines de la centrale hydroélectrique. La salle des machines comprend deux turbines Francis à axe horizontal développant une vitesse de 1 000 tours/minute pour une puissance de 1 200 KW chacune. Située à l´entrée nord de la commune de Bonnevaux, l´usine du Pond de l´Eau Noire occupe un tènement de 8 662 m². A cet endroit la Dranse dessine un coude et est surplombée par le pont de la route départementale D22. Cette route longe la propriété sur sa partie est. Située en fond de parcelle, le bâtiment de la centrale hydroélectrique est monté sur une plateforme. De plan carré, ce bâtiment en béton se caractérise par la pureté de ses lignes. Cet édifice se compose d´un corps principal avec deux extensions en appentis : l´une située au nord, l´autre à l´ouest. Le bâtiment des bureaux au sud se caractérise par ces trois travées de baies. A l´origine, cette façade antérieure comportait une porte d´entrée surmontée d´une fenêtre avec un arc plein cintre symétrique à celle donnant sur la salle des machines prolongeant cette façade dans sa partie nord. Les baies donnant sur la salle des machines sont plus importantes. Elles sont distribuées en deux travées surmontées par des fenêtres de lucarnes. Sur la façade latérale nord, cinq travées se succèdent le longe de la conduite forcée. Le bâtiment des machines comporte trois travées de fenêtres avec arc plein cintre au rez-de-chaussée surmontées par trois fenêtres lucarnes au dernier étage. Dans ce prolongement le mur pignon deux travées éclairent le bâtiment des transformateurs. Au pied de cet édifice, le canal de fuite restitue les eaux de la Dranse. Une corniche couronne l´ensemble des façades.

  • Énergies
    • énergie hydraulique
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler, à étudier

Autorisée le 14 décembre 1918 et mise en service en 1909, la centrale hydroélectrique de Bonnevaux est indissociable de la papeterie du Léman (les Anciens Etablissements Braunstein frères). Généralement les papèteries alpines disposent de leur propre chute d´eau. Construite en 1920, l´usine de Vongy à Publier est l´une des premières papeteries à s´équiper d´une usine génératrice de courant électrique. L´ingénieur M. Brunhes et M. Régis Joya, propriétaire des Ateliers de Grosse Chaudronnerie et construction métallique à Grenoble ont oeuvré pour la construction de ce complexe. Rattachée au groupement de Bioge, cette centrale hydroélectrique est l'une des trois usines aménagées en palliés dans les Dranses. Si les solutions techniques utilisées pour la construction de cette centrale sont peu innovantes, les solutions architecturales sont surprenantes pour l´époque. Une étude plus approfondie de ce site serait à envisager.

  • Détail du barrage de retenue Pilastre de l'ancien four à réverbèrePhoto

    CAH Haute-Savoie
  • Pont siphon enjambant le nant de la Joux Verte Pilastre de l'ancien four à réverbèrePhoto

    CAH Haute-Savoie
  • Vue générale de la centrale hydroélectrique de Bonnevaux prise depuis la route départementale D22 Pilastre de l'ancien four à réverbèrePhoto

    CAH Haute-Savoie
  • Façade antérieure du bâtiment des bureaux adossé au bâtiment des machines Pilastre de l'ancien four à réverbèrePhoto

    CAH Haute-Savoie
  • Façade latérale nord Pilastre de l'ancien four à réverbèrePhoto

    CAH Haute-Savoie
  • Détail d'une des turbines de type KAPLAN Pilastre de l'ancien four à réverbèrePhoto

    CAH Haute-Savoie

Documents d'archives

  • AD Haute-Savoie : 6 S 1, Prise d'eau sur le torrent du Malève au lieu dit Les Mouilles pour le fonctionnement d'une usine hydro-électrique de M. Benand Alexandre. 1903.

  • AD Haute-Savoie : 6 S 1, Prise d'eau sur la Dranse d'Abondance à Bonnevaux pour le fonctionnement d'une usine par la Société d'Electricité du Chablais. 1913.

  • AD Haute-Savoie : 7 S 87, Prise d'eau sur la Dranse d'Abondance à Bonnevaux pour le fonctionnement d'une usine par la Société d'Electricité du Chablais. 1913.

  • AD Haute-Savoie : 6 S 31, Construction d'une centrale hydro-électrique par la Société d'Electricité du Chablais avec barrage de prise d'eau dans la Dranse au lieu-dit Sous le Pas. 1913 - 1916.

  • AD Haute-Savoie : 6 S 264, Commune de Bonnevaux - la Dranse d'Abondance - Construction d'une usine hydroélectrique - Société d'Electricité du Chablais pétitionnaire. 1913 - 1918.

Documents figurés

  • Cadastre 2011, Conseil général de la Haute-Savoie/ Direction des Affaires Culturelles/ SIG/ BDORTHO® - BDCARTO® - © IGN - copie et reproduction interditesPlan

    CAH Haute-Savoie
Date(s) d'enquête : 2011; Date(s) de rédaction : 2011
© Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
© Assemblée des Pays de Savoie