Dossier d’aire d’étude IA74002481 | Réalisé par ;
Guibaud Caroline (Enquêteur)
Guibaud Caroline

Chercheur au service de l'Inventaire Rhône-Alpes puis Auvergne-Rhône-Alpes (1999- )

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  • inventaire topographique
  • Inventaire du Parc naturel régional du Massif des Bauges
Présentation de la commune de Cusy
Auteur
Copyright
  • © Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
  • © Parc naturel régional du Massif des Bauges

Dossier non géolocalisé

  • Aires d'études
    Hauts de l'Albanais
  • Adresse
    • Commune : Cusy

Géographie

Cusy est l’une des principales communes rurales de l’Albanais, entre Préalpes et Jura, tant pas la population (près de 1850 habitants en 2017) que par la superficie (1743 hectares). Limitée au sud par la frontière départementale savoyarde, au nord-ouest par les communes de Saint-Ours, Chainaz-les-Frasses et Héry-sur-Alby, et au nord-est par la tumultueuse rivière du Chéran, elle s’adosse au massif des Bauges, dont elle est à la fois l’une des entrées et un débouché. Etagée entre 420 m (au niveau du Chéran) et 1 365 m (au lieu-dit les Trois Bornes, point de rencontre des communes de Cusy, Saint-Offenge et Arith), elle est classée en zone de moyenne montagne mais s’étend largement dans les collines de l’avant-pays, où son chef-lieu positionné sur un petit promontoire est positionné à 547 m d’altitude.

La population de la commune est confinée dans sa moitié ouest avec le hameau de la Pallud pour point de convergence et situé à l’intersection de la D 911 (Aix-les-Bains /le Cœur des Bauges ) qui traverse d’est en ouest la commune, de la D 211b (d’orientation Nord-sud) des D3 et D 253 qui desservent respectivement Héry et Chainaz, et enfin, et non des moindres la D31 qui emprunte le pont de l’abîme (étudié : IA74002525 ) s’élançant à 90 m. au-dessus du Chéran et se connecte à la commune de Gruffy puis de là à Annecy.

La partie est de la commune, située sur la rive gauche du Chéran, est une longue langue de forêts qui épaulent la montagne de Bange où de rares constructions s’égrènent au centre de petites clairières.

L’habitat se répartie assez uniformément sur cette première partie de la commune en plusieurs écarts (d’importance variable), en nombreux lieux-dits et fermes isolées éparses. Le chef-lieu de Cusy (étudié : IA74002482), en léger retrait des grands axes de circulation n’est pas le plus peuplé, les écarts de la Tropaz (étudié : IA74003014), la Pallud (étudié : IA74003004), Balevaz (étudié : IA74002492), les Chavonnes (étudié : IA74002538), Chez les Bogeys (étudié : IA74002544), Pételaz (étudié : IA74002546), Lachat (étudié : IA74002551) sont bien souvent plus denses.

Historique

« Le village de Cusy se trouve situé au sud-ouest d’Annecy sur la route qui, suivant la rive gauche du Chéran, relie la vallée de l’Isère à celle du Fier. Il constitue le point terminus d’une autre route qui vient d’Aix-les-Bains. C’est par là que passait autrefois la voie romaine qui conduisait directement de Chambéry à Genève par Annecy, mais cette vois fut plus tard abandonnée au profit de la route royale passant par Alby et Albens qui fut créée en 1818 et seuls en subsistent de nos jours quelques vestiges et notamment l’arche d’un pont sur le Chéran.

C’est lors de la construction de la voie romaine, et en vue de la surveiller, qu’un proconsul nommé Cusius aurait fait édifier, au sommet d’une motte artificielle une villa servant de poste d’observation.

Cette villa fut détruite lors des invasions barbares et remplacée sans doute vers l’an 100 par un château qui semble avoir été bâti par le premier comte de Savoie Humbert-aux-Blanches-Mains. (Georges Chapier. Revue Savoisienne, 1947)

« Il est hors de doute que la voie à l’entrée de Vernet (Gruffy) ne pouvait que descendre au Chéran par le vieux chemin assez raide et en lacet qui y conduit actuellement. Arrivé au lieu-dit « vers le pont », il tournait à gauche et franchissait le torrent sur un pont. Ce pont s’appuyait à la rive droite sur un banc molassique qui servait d’appui naturel à l’une des culées et se reliait par une voûte en pierre à la rive voisine. De là elle escaladait par le moulin Vauteret et passant sous les épaisses murailles du château de Cusy perché au bord de l’abîme pour défendre et fermer le passage, elle gagnait la villa Cusiacus » (Charles Marteaux et Marc le Roux, revue Savoisienne 1900)

Notons également les ruines d'un ancien pont romain, dont il reste les traces des piles enjambant le Chéran, en amont du pont de Banges. Le pont de Banges datait des Romains et était situé sur la voie romaine, très fréquentée pendant la bonne saison, qui reliait Annecy à Chambéry, par le col de Leschaux, la commune d'Arith et le col de Plainpalais.

En 1022, la paroisse de Cusy est mentionnée pour la première fois dans une charte, comme relevant du comté de Genève. Elle est une possession du comte Humbert, qui fait don de l’église à l'évêque de Langres sous certaines conditions, de l'église. La première mention d'un château remonte à 1263 (étudié : IA74002513). Il semble que dès le XIIe siècle, le château relève de la famille de Grésy, une branche cadette de la famille de Faucigny. En 1262, le comte Raoul de Genève prête hommage au comte Boniface de Savoie pour ses châteaux de Cusy et de Charousse2. Cette même année Raoul/Rodolphe III de Grésy devient homme-lige du comte de Genève. Il serait ensuite passé à son frère, Guillaume, qui fait hommage pour la châtellenie au comte de Genève et au comte de Savoie, en 1273. Il l'aurait donné par la suite en dot à Béatrix, sa fille, lors de son union avec Guy de Seyssel. Le couple, sans héritier, le château passe à la maison de Savoie. En 1287, lorsque la paix est signée à Annemasse entre le comte de Savoie et le comte de Genève, Cusy n'apparaît plus dans les possessions de ce dernier. L'année suivante, le comte Amédée V de Savoie octroie une charte de franchises à Cusy.

En 1372, il est donné en fief à Rodolphe IV de Grésy, puis fait de nouveau retour à la maison de Savoie avant de passer à la famille de Montmayeur. En 1432, il est la propriété de Jacques II de Montmayeur, maréchal de Savoie. Il sera élevé au titre de comte en 1447. À son décès en 1487, le château passe en différentes mains avant d'échoir à Sébastien de Luxembourg. Ce dernier le vend aux frères Emmanuel-Philibert et Louis de Pingon le 10 mars 1560 contre une somme de 3 500 écus d'or. Le château leur est donné en fief le 12 mars 1563 et ils verront leurs terres élevées au titre de baronnie.

À la fin du XVIIe siècle y vivent Jacques Sylvestre, mort en 1691, et Claude Eugène de Pingon, fils d'Aimé de Pingon et de Suzanne de Montmayeur.

En 1771, il est entre les mains du sénateur du Freney. Sous la Révolution, le château est pillé puis incendié. Il ne sera jamais relevé et servi comme carrière de pierre.

Châtellenie de Cusy

Le château de Cusy est le siège d'une petite châtellenie, dit aussi mandement (mandamentum), appartenant au bailliage de Savoie. Il s’agit d’une châtellenie ayant relevé des comtes de Genève et de Savoie, selon les périodes, puis définitivement à partir de 1287 au comté de Savoie. Dans l'organisation du comté de Savoie, elle appartient au bailliage de Savoie.

Le châtelain est un « [officier], nommé pour une durée définie, révocable et amovible ». Il est chargé de la gestion de la châtellenie, il perçoit les revenus fiscaux du domaine, et il s'occupe de l'entretien du château. Le châtelain est parfois aidé par un receveur des comptes, qui rédige « au net [...] le rapport annuellement rendu par le châtelain ou son lieutenant ». https://fr.wikipedia.org/wiki/Ch%C3%A2teau_de_Cusy

Un deuxième château se trouvait sur la commune au N-O sur les hauteurs entre Chainaz et Cusy et appartenait à la famille de Fésigny (étudié : IA74002575). Au XVe siècle, un différend entre Jacques 1er de Montmayeur et Guy de Frésigny, président du conseil de justice, se solde par la décapitation du second et fait grand bruit.

Un dernier château enfin, au lieu-dit actuel les Parisiens, prenait place. Sous le Château, Morel Mathieu, noble était en 1732 propriétaire d’un château et d’un important domaine dont nous retrouvons les traces sur la mappe sarde (parcelles n°443 à 455, dont au numéro 443 un château en masure, 448 : une grange et 451 : une maison et four). Aucune information n’a été trouvée concernant le site.

Situation administrative

Le décret du 20 décembre 1860 transfère la commune de Cusy du canton d'Albens (département de la Savoie) au canton d'Alby (département de la Haute-Savoie), nouvellement formé. Le 21 novembre 1884 (J.O. du 09 février 1885), de nouvelles délimitations entre la commune de Cusy et celle de Saint-Ours sont définies. Aujourd’hui Cusy appartient au canton de Rumilly, qui compte 29 communes selon le redécoupage cantonal de 2014. Ses habitants se nomment les Cusiards/Cusiardes ou Cusillards/Cusillardes ou Cuséens/Cuséennes.

La commune appartient depuis le 1er janvier 2017 au Grand Annecy qui remplace la communauté de communes du Pays d'Alby-sur-Chéran, créée en 1993 et qui fait suite à différents syndicats communaux (syndicat intercommunal pour le développement économique du canton d'Alby, syndicat intercommunal pour l'équipement scolaire du canton d'Alby, syndicat intercommunal pour le ramassage des élèves du canton d'Alby). On retrouve ainsi les onze communes de l'ancien canton d'Alby-sur-Chéran.

La commune de Cusy a adhéré au parc naturel régional du massif des Bauges dès sa création le 7 décembre 1995. Celui-ci regroupe 67 communes dont 46 en Savoie et 21 en Haute-Savoie, plus six villes portes. Au total, le parc compte 67 000 habitants pour une superficie d'un peu moins de 90 000 hectares, dans le massif des Bauges, qui s'étend globalement entre Annecy au nord, Aix-les-Bains et Chambéry à l'ouest et Albertville à l'est, limité au sud par la vallée de l'Isère.

En septembre 2011, le parc a obtenu le label géoparc, le troisième en France.

http://www.plancherine.fr/iso_album/atlas-diag-pnr-bauges.pdf

http://www.parcdesbauges.com/fr/

Cusy au 18e siècle

Lors de l’établissement du cadastre sarde en 1732, l’habitat de la commune se répartit entre plusieurs écarts :

* Le chef-lieu (lieux-dits Dessous le Puis, au Feys, la Pallud), La cure de Cusy détient une grange, l’église et son cimetière, un presbytère avec jardin et divers prés et jardins. Les propriétés de « l’hôpital de Dieu de Chambéry » sont importantes, situées entre l’église et la ferme de la Pallud (Réf. IA7002585)

* La Tropaz (La Troppaz, Réf. IA74003014), l’écart de loin le plus gros de la commune avec la présence de 29 maisons, dont 6 sont associées avec des granges, de 20 granges indépendantes et de 3 masures, soit un total de 52 bâtiments aux mains de 34 propriétaires ; présence également de deux fours appartenant au village

* Les Crêts, lieu-dit le Village des Crêts où se trouvent 11 fermes, 8 granges isolées et un four à pain commun à deux personnes, le tout appartenant à 14 personnes

* Les Fillards, hameau assez concentré composé de 3 maisons, 3 maisons et granges, 5 granges et 7 masures, dont la famille Millioz composée de 5 membres est propriétaire de la majorité des maisons ; présence de nombreuses châtaigneraies aux alentours

* Chez les Reys (Réf. IA74002574), 21 constructions, dont sept d’entre-elles sont constituées de « maison, grange et cour » sous le même toit, deux familles sont massivement représentées : les Rey et les Martin, 14 personnes se partagent le bâti

* Lachat (village de La Chapt, Mas de la Coste, Mas des vergers de la Chapelle) (Réf. IA74002551), Deux familles sont massivement représentées : les Grellier et les Morel avec respectivement dix et six personnes distinctes. Présence de 19 maisons, 6 maisons avec grange, 10 granges et 4 masures

* Pételaz (village chez Petellat, Réf. IA74002546), divisé en deux parties (l’une au nord-est, l’autre au sud-ouest) de part et d’autre du chemin de Saint-Offenge-Dessous à Cusy ; toutes deux possèdent des bâtiments distendus entre eux. Présence de 5 maisons, 3 autres avec grange et 5 granges distinctes. On trouve la présence nombreuse de représentants de la famille Paris qui possèdent 7 bâtiments

* Les Mièges (Village des Mièges et Mas dessus la Pra), hameau s’étirant le long du chemin comportant 10 maisons et 7 granges distinctes, pas de signalement de maison avec grange, aux mains de 12 propriétaires différents

* Les Bogeys (Villages des Genets et des Amand, Réf. IA74002544), le hameau des Bogey est divisé en deux ensembles distincts le long du chemin actuel des Bogeys. Celui au nord concentre onze édifices ruraux dont deux fours à pain, La seconde partie du village, au sud, regroupe quatre constructions qui s’étirent de part et d’autre du chemin rural, dont deux sont divisées en deux parties mitoyennes. Le patronyme le plus fréquent est celui des Bogey. Présence de 6 maisons, 3 autres avec grange et 8 granges distinctes et une masure

* Les Chavonnes (mas et village des Chavonnes et le mas de Liseroz, Réf. IA74002538), écart divisé en deux regroupements distincts qui comprend 6 maisons, 6 granges distinctes et 1 masure appartenant à 7 propriétaires distincts

* Les Massettes, village des Mascettes, Dessous les Macsettes, occupé par la famille Grosjean uniquement (Claude François, Aymé, Maurice, Jean dit Tocquet, Jean dit le Vert) et propriétaires de 4 maisons, 5 granges.

En dehors de ces écarts relativement importants, plusieurs lieux-dits regroupent un ensemble restreint de bâtiments. Ainsi, plusieurs granges au Mas de Longe Fant (lieu-dit actuel Meurat), plusieurs fermes au Village des Vauterets (actuellement Vautray), le domaine de Rocheray appartenant à l’Hôtel-Dieu de Chambéry (actuellement les Christollets), le village des Genets (actuellement Chez Genet, dont les seuls propriétaires sont, en dehors d’une maison de l’Hôtel-Dieu, les 3 membres de la famille Genet qui possèdent 1 maison avec grange, 2 maisons et 2 granges), le village des Armand (actuellement Pré Armand, dont les seuls propriétaires sont les frères Jacques et Jean-Claude Armand qui possèdent deux maisons et une grange et peut-être un four à pain (non cadastré)), un ensemble de bâtiments appartenant aux révérents Pères des Carmes au lieu-dit mas du Pont de Banges (2 masures, une grange et un jardin), présence également de l’ancien pont des Banges, Sous le Château, Morel Mathieu, noble est propriétaire d’un château et d’un important domaine (parcelles 443 à 455, dont au numéro 443 un château en masure, 448 : une grange et 451 : une maison et four)

Enfin quelques bâtiments isolés sont présents sur la commune. Chez Rosset, une maison et une grange appartenant à Grellier François (1396), Mas de Chez Bogey, une maison et jardin appartenant à Effrancay Claude et frères (2916), un four et une maison avec grange à Chabert Antoine au lieu-dit Chez la Perrière (3007, 3009), un fourneau et un bâtiment à Devidonne Joseph Marie baron, à la Tuilhere (3081, 3082), et un certain nombre de masures isolées.

Nous notons ainsi, aux vues de ces dénombrements que nous avons énormément de maisons sans grange attenante mais plutôt distinctes à cette époque, ainsi que de nombreuses masures qui pourraient être des remises ou constructions mineures. Autour des maisons (ou fermes) la présence régulière de jardins potagers est significative, auxquels succèdent souvent des prés vergers. Plusieurs fours de hameaux sont pointés sur la mappe sarde, propriétés de l’ensemble des habitants dudit village : les villages de Longefaud (n° 151), de Chavonnes (n° 939), du Villard (n° 1136), de chez les Bogeys (n° 2017), de la Troppaz où il y en a deux (n° 3205 et 3227) ; d’autres plus nombreux appartiennent à un seul propriétaire, voire deux : fours appartenant à une seule personne (n° 33, 44, 108, 310, 332, 688, 714, 1955, 2164, 3007, 3281), fours appartenant à deux personnes (n° 287, 332, 2020, 3245), et un four familial pour les frères et sœurs (n°594), soit un total de 21 fours à pains dispersés sur la commune.

Une rapide étude anthroponymique pointe un certain nombre d’écarts et de lieux dits qui prennent le nom des personnes y résidant, il en est ainsi des villages des Genets, des Armand, des Mièges, des Reys, des Bogey et du lieu-dit Dessous Chez Gilloz. Plusieurs écarts étudiés pointent la présence sur certains d’entre eux d’une prédominance de quelques patronymes (voir par exemple le hameau de Lachat)

L’étude des tabelles de la mappe sarde souligne également l’existence, dans la liste des propriétaires, de plusieurs familles qui, pour se distinguer d’un homonyme ont des surnoms commençant par « dit » placé après le prénom, ou entre le nom et le prénom pour caractériser une autre branche familiale, quelques exemples : Grosjean Jean dit le Vert, Grosjean Jean dit Tocquet, Paris Jacques dit Donnet, Paris dit Benin Joseph , Paris dit l’Espérance Jacques, Chabert Claude dit Baron, Filliard dit Carrier Jean, Filliard dit Carrier Claude, Grellier dit Chappuis Claude, Grellier dit Chapuis Etienne, Grellier dit Chappuis Joseph, Grellier dit Grenettier Claude, Grellier dit Goulet Claude, Grellier dit Maquignon Claude, Morel dit Brave Jacques, Morel dit Bonevos Christophe, Morel dit Bonnevos Baptiste, Morel dit Bonnevos Jacques Claude Pierre François, Morel dit Brave Joseph fils de Christophe, Morel dit Brave Claude, Morel dit Brave Jacques, Gilloz dit Goudet Georges, Gilloz dit Baron Claude.

Parfois, pour différencier les différentes branches familiales les personnes indiquent « fils de », quelques exemples : Beguin Jacques fils de Claude, Beguin Jacques fils de François, Grellier Jean fils de Guillaume

Au passage on note également la présence de plusieurs nobles et bourgeois présents sur la commune de Cusy qui possèdent généralement d’assez grands domaines que le dépouillement plus complet des tabelles permettrait de quantifier. Voici la liste de ceux-ci et leurs propriétés bâties : • Montfalcon Claude Philibert (maison cour grange, grange) à Dessous le Puis (Chef-lieu)

• Derolland Jean-Baptite (grange maison et four) au Feys (Chef-lieu)

• Devidonne Joseph Marie ancien baron de Cusy (château de Cusy, jardin, parterre à fleurs, chapelle, maison, moulin) au Mas de la Crusaz, (chalay et alentours) au mas du Chalay du Baron (fourneau, bâtiment) à la Thuilhere

• Jouty Abel, bourgeois de Montmellian (maison et four, maison, jardins, grange) au Village des Crêts

• Verdet Louis bourgeois de Chambéry (maison) au Village des Vauterets

• Vachery Marc bourgeois de Chambéry (grange) au Village des Fillards

• Derolland Jean-Baptiste noble (maison, masure) au Village des Fillards (terrains divers) à la Montagne appelée la Teppe de la Dame.

• Devincent François Michel, seigneur de Fésigny (château) à Fésigny

• Guichon François et frère Dodon bourgeois de Chambéry (maison) au village de Lachapt

• Dussangle Claude noble (chalays) à la Montagne appelée la Teppe de la Dame

Ces nobles détiennent également les quelques artifices existant sur la commune : deux moulins, une scie (scierie) et un fourneau appartenant à Devidonne Joseph Marie ancien baron de Cusy respectivement au lieux-dits au Maz de la Crusaz (n° 251 ), Sous le Château (n° 413 et 414), à la Thuilhere (n° 3081)

En plus de ces grands domaines aux mains de quelques nobles, la commune de Cusy, et d’autres sont aux mains de l’hôtel-Dieu de Chambéry qui possède plus de 100 Ha que lui a donné par testament (10 juillet 1700) François Charvet, opulent propriétaire de Cusy et bourgeois de Chambéry, avocat au Sénat. Sur Cusy, voici la liste des propriétés bâties recensés en 1732 : Au Feys (Cusy)(38 : maison et cour au Cimetière / 39 : grange et cour en plaine), La Pallud (51 : masure / 52 : maison / 55 : masure), au Chappet (91 : grange / 97 : maison grange et cour au Château), Village des Genets (sous les Mièges)(591 : maison), Grand Champ (685 : grange dite grange de la Pallud / 688 : four / 689 : grange), Mas dessus la Pra (les Mièges)(1022 : grange / 1034 : grange), Rocheray (1970 : grange / 1971 : maison / 1985 : grange au Ripaillay), Village des Bogey (2016 : grange).

Le 19e siècle

L’implantation du bâti, au 18e siècle est identique à celle du 19e siècle. Globalement les écarts et lieux-dits se retrouvent d’un siècle à l’autre, quelques granges éparses ont disparu, un lieu-dit a disparu (le Mas du pont de Banges occupé par les révérents Pères des Carmes) et les nouveaux sont rares (Bellegois). Le parcellaire bâti s’est cependant densifié en tous lieux mais la superposition (pas toujours aisée) de celui-ci, d’un cadastre sur l’autre, nous montre que pratiquement tout le bâti du 18e siècle a disparu et que les rares bâtiments qui se retrouvent en place au 19e siècle ont soit été reconstruits sur la même emprise, soit considérablement rénovés, masquant les éléments anciens permettant de les dater avec certitude. Beaucoup d’anciennes fermes comportent des encadrements de baies anciens (chanfreins, congés, accolades) qui sont très généralement des remplois, mais occasionnellement datent de l’origine du bâtiment.

Des propriétés des Hospices civils de Chambéry de 1732, en 1892 il ne reste que celles de la Pallud, Chappet, Rocheray, et Grand Pré, lesquelles sont en 1892 cadastrées ainsi :

* Chapet-Nord (le), Châteaupair, B1 4 : bâtiment, B1 14 maison (bâtiment, B1 4 ; B1 10, existe)

* Les Marais de la Pallud, B5 264 : bâtiment (la Pallud, B5 307, 308, existe)

* La Pallud, B5 312 : maison (la Pallud, B5 1109, existe)

* Grand Pré (le), les Christollets, Rocheray, E13 920 : maison (le Grand Pré, E13 1250,1249, existe)

D’autres nouvelles tombent dans le giron de l’Hôtel-Dieu de Chambéry :

* Chez Filliard, A7 724 : maison (les Filliards, A7 588, existe)

* Grand Verger (le), E8 609 : bâtiment (les Filliards E8 523, très modifié)

* Chante Merle, E9 666 : bâtiment (Chante-Merle, E9 972, n’existe plus)

Quoi qu’il en soit, au 19e siècle, leurs propriétés restent importantes, les matrices cadastrales de 1892 les montrent bien. Il faudra attendre le début du 20e siècle pour que les domaines hospitaliers soient vendus et rachetés bien souvent par les derniers fermiers en place, et par des particuliers pour y construire des maisons avec commerces (la Pallud) ou par la commune pour y fixer un certain nombre d’édifices municipaux (la poste, le cimetière) (voir dossier écart de la Pallud)

L’étude qui a été faite de nombreux écarts et du chef-lieu de la commune pointe un certain nombre de renseignements concernant l’anthroponymie des dits écarts : les matrices cadastrales dévoilent également la correspondance du patronyme des habitants et du nom du lieu-dit (les Christollets, Chez les Rey) ou la suprématie d’une ou deux familles en ces mêmes lieux (famille Gaime , écart des Parisiens ; les Bogey au lieu-dit Meurat, les Grosjean et Bogey à l’écart de Balévaz, les Grosjean encore à Bordin, toujours les Grosjean à la Muffat… ).

La lecture des matrices, toujours source de nombreux renseignements, nous apprend le lieu où un certain nombre de Cusiard-e-s s’expatrièrent pour trouver du travail : majoritairement à Paris (27 personnes), Lyon (5 personnes), Chambéry (3 personnes) et 1 personne à Belley, avec pour fonction : 7 garçons d’hôtel ou de café, 5 concierges, 5 domestiques, 2 cochers, 2 marchands de vin, 2 charpentiers puis 1 seul employé de commune, horloger, parfumeur, avoué, jardinier, cuisinier, camionneur, contre-maître, restaurateur, chauffeur, cordonnier, négociant, frotteur (sic).

Concernant les moulins, plus nombreux au 19e siècle, certains éléments historiques pour certains sont en annexe et nombreux sont ceux qui ont été étudiés dans le cadre de l’inventaire du patrimoine hydraulique des Pays de Savoie (portée par l’assemblée des Pays de Savoie). La liste de ces « artifices » de Cusy (moulin, scierie, battoir, huilerie) est celle-ci :

• 2 moulins aux Reisses, de Plat Claude (A3 244, 244 bis)

• 1 forge à la Pallud, de Paccard Jean (B 310)

• 1 moulin vers Chéran, de Vautrey François (B6 384) (ROCHET Sabine, GARCIN Catherine, CHATILLON Marie-Jo. Chronique d’un village et de son canton. Viuz-la-Chiésaz, raconte-moi ton histoire ! Tome 2, Agriculture – Métiers, p. 302)

• 1 moulin à Bassat-Est, de Collomb Pierre François et Louis François (B7 402)

• 1 scierie à la Biollière, de Christollet Jean (B7 433)

• 1 huilerie à Champs de la Tuilière, de Davat François (B12 1004)

• 1 battoir, 1 moulin, 1 scierie au Pont de Banges, de Dagand Jean Claude (C8 494 bis, 495, 495 bis)

Les fours à pain, comme au 18e siècle peuvent être soit communs aux habitants d’un écart ou appartenant à un ou deux particuliers ; en observant les cadastres, certains petits édicules pourraient laisser à penser qu’ils pourraient abriter un four à pain, mais en l’absence d’indication. voici la liste des fours à pain « déclarés », où seuls 3 fours (dont deux à la Tropaz) sont de hameau et 1 seul de lieu-dit :

• 1 four privé à la Fin des terres, de Gaime Joséphine (A 34)

• 1 four privé à Cusy, de Dagand Charles (B 85)

• 1 four privé aux Massettes, de Christollet François (B 287)

• 1 four privé aux Perrières-Est, de Chabert Joseph (B 749)

• 2 fours de hameau à la Tropaz (B 879, 898)

• 1 four privé chez les Bogey-Nord, de Thiervoz Etienne (D 434)

• 1 four à deux personnes à Lésinas, de Paris François et Porcheron François Sylvain (D 511)

• 1 four à deux personnes à Pételaz-Est, de Domenget François et Paris Etienne (D 649)

• 1 four de lieu-dit (3 personnes) à la Grand’Raie, de la famille Balthazar (E 375)

• 1 four de hameau à Chez les Rey-Nord (E 510)

• 1 four privé aux Galères, de Balthazar Bernard (E 744)

Un oratoire et de nombreuses croix de chemin (17) sont quant à elles bien pointées sur les cadastres :

• A3 250 (vers) : croix de Balèva

• A4 NC (vers 453) : croix de Vautrey

• A6 NC (vers 636) Croix de Fésigny

• A7 NC (vers 722), Croix de Chez Filliard

• B1 NC (vers 22), Croix de Châteaupair

• B2 NC (vers 82), Croix de cimetière

• B4 224 (NC), croix de chemin. Croix dite Croix Bérard

• B4 150 (NC), croix de chemin. Croix dite Croix des Trois Vies

• B5 308, la Pallud, Croix dite « Croix de la Pallud »,

• B7 NC (vers 578), Croix des Crêts

• B8 NC (vers 563), Croix du Pré du Sang

• B11 NC (vers 926), Croix de la Troppaz

• C4 NC (vers 277), la Grande Raie-Ouest, Croix de la Grande Raie.

• D7 NC (vers 655) : Croix de chemin dite de Pételaz

• E3 NC (vers 212) : Croix de la Chat

• E4 NC (vers 339) : Croix de la Chat

• E5 NC (vers 456), Croix de Chez les Rey

• D7 NC (vers 645b, limitrophe avec St-Offenge-Dessous), oratoire

Au 18e siècle, le hameau de la Tropaz est de loin le plus important, sans en connaître les raisons. Etait-ce parce qu’il existait, le long de la route de communication principale qui se rendait à Aix-les-Bains peu d’espaces où il était possible de construire du fait de la présence entre Lachat et la Pallud de nombreux espaces marécageux et que le terrain était la propriété de noble et d’un riche bourgeois, terrain qui échoit en grande partie aux hospices en 1700 (testament Chabert) ? Etait-ce également la relative proximité de l’ancien château et de son bourg fortifié, de l’existence d’un vaste espace propice aux cultures et situé entre le Chéran et les bois des contreforts de la montagne de Banges ? Ce hameau, encore aujourd’hui, est l’un des plus dense.

A contrario, la Pallud, n’est, au 18e siècle qu’une ferme avec un vaste domaine appartenant à l’Hôtel-Dieu de Chambéry, mais son positionnement le prédestine à devenir un lieu d’échanges car situé au carrefour de deux axes principaux, le premier d’orientation nord-sud qui traverse le Chéran, dite la route des Bauges, et le second, l’axe est-ouest qui longe le Chéran, dite la route d’Aix-les-Bains et aménagée en 1842 (actuelle D 911). La création du pont de l’Abyme en 1884 devient un trait d’union entre Gruffy et Cusy mais également entre les deux chefs-lieux des deux Savoie, la nouvelle voie entre Annecy et Aix-les-Bains est très fréquentée par les voyageurs et touristes désireux de profiter des points de vue variés et pittoresques.

La physionomie de la commune et de l’écart de la Pallud se modifie : des commerces et cafés, des auberges, une fruitière (1885), un maréchal-ferrant sont édifiés le long de la route. Avec la vente de terrains (1898) par l’Hôtel-Dieu, d’autres commerces, un bureau de poste (1899), une fruitière et un hangar aux pompes (1925) s’installent dans le premier quart du 20e siècle. A la même époque le bourg de Cusy reconstruit son église (1889) et translate son cimetière, crée une école-mairie (1875) qui n’aura de cesse de s’agrandir, 10 septembre 1922 le monument aux morts est érigé ; il n’y aura pas de commerce au chef-lieu hormis quelques cafés, ceux-ci se concentreront dans les écarts situés le long de la D 911 aidés pour cela par l’électrification progressive de la commune en 1928.

L’augmentation de la population et donc celui de l’élevage bovin génèreront la mise en place d’une école (1861) et une fruitière (1885) au hameau de Lachat, le second plus peuplé (où se trouve déjà une chapelle (1700))

En 1898 le conseil s’oppose au captage des eaux de la Monderesse par la ville d’Aix-les-Bains, source située sur Cusy et qui alimente le hameau de Lachat et met en mouvement un grand nombre d’usines, moulins, scieries, huileries, et à l’irrigation des prairies

Caractéristiques de l'architecture

Les croix de chemin

Sur les huit croix repérées lors de notre enquête de terrain, avec la croix de cimetière, deux sont très lacunaires : deux bases avec inscriptions. Nous avons vu précédemment qu’il en était dénombré 17 sur le cadastre de 1890.

• Croix de chemin, Fésigny (A6 NC (vers 577)), métal, déplacée, milieu 19e siècle

• Croix de chemin, Poutex (le) (B7 NC (vers 477)), béton et bois, 1992

• Croix de cimetière, Fay-Est (le) (B3 NC (129)), granite et calcaire, 1889

• Croix de chemin, Tour (la) (B4 NC (vers 1616)), béton et bois, existe en 1890

• Croix de chemin, Côte (la) (D7 NC (vers 455)), bois, 1996

• Croix de mission, Tropaz (la) (B11 NC (vers 2228)), calcaire, 1872 (déplacée)

• Croix de chemin, Pré du Sang (le) (B8 NC (vers 1666)), calcaire, 1812

• Croix de chemin, Châteaupair (B1 NC (vers 22)), bois, existe en 1890

Les fermes

66 fermes ont été repérées ou étudiées (2 cas) dans la commune. L'habitat est semi-dispersé, avec un chef-lieu central assez peu développé et à bâti lâche, onze écarts (Tropaz (la), Lachat, Pallud (la), Balevaz, Chavonnes (les), Chez les Bogey, Pételaz, Chez les Rey, Crêts (les), Mièges (les), Vautrey) qui sont souvent plus importants que le bourg, et une part importante de lieux-dits d’importances divers (Filliards (les), Massettes (les) Meurat…). Le bâti isolé est somme toute assez peu présent. Notons la présence de deux domaines (Châteaupair (IA74002502), Rocherex, Grand Pré (le) (IA74002570)). Les constructions sont implantées majoritairement sur des replats, à l’exception de celles situées dans les hameaux de Lachat, Chez les Reys, les Filliards et Vautray où la pente du terrain est plus prononcée. Un certain nombre de dates, avec ou sans initiale des propriétaires, sont gravées, parfois peintes, sur des encadrements de porte, fenêtre ou des cheminées, et dans quelques cas sur des pièces de charpente. 17 dates ont été relevées sur les bâtiments, repérage non exhaustif car difficile d’étudier tous les bâtiments en détail (1841, 1843, 1843, 1858, 1865, 1868, 1872, 1875, 1887, 1887, 1889, 1891, 1891, 1900, 1912, 1914, 1915)

Les fours à pain

Le repérage a permis de dénombrer environ 39 fours à pains (le livre des numéros suivis de la mappe sarde en mentionne 25, le cadastre de 1892 en dénombre 12), qui sont généralement situés dans des petits bâtiments à part, avec parfois une remise et/ou une petite étable adossée ; neuf d’entre eux ont fait l’objet d’un dossier, 30 autres nous ont été signalés comme ayant été détruits, ou sont à l’état de ruine. Certains se trouvaient adossés aux murs de construction et donnaient dans une cheminée intérieure, en excroissance (2015 A4 349, Vautrey, ancienne ferme, un four à pain en saillie sur le mur pignon Est ouvrait dans la cheminée ; 2015 B7 1910, 1911, les Crêts-Ouest, ferme, un four à pain contre le mur pignon du bâtiment (parcelle 456) est aujourd’hui détruit), deux autres se trouvent sous l’habitation (2015 D4 610 à 618, les Chavonnes (2015 B4 2360, 2361), les Chavonnes). Deux types de four à pain coexistent : le four à pain avec avant-toit plafonné ou voûté (ce dernier type semble être un modèle plus ancien que le précédent)

Les bassins

Plus de 45 bassins ou bassins-lavoirs ont été repérés. Ce sont généralement des bassins en béton de la fin du 19e siècle ou du début du 20e. Ces Bassins-lavoir à un ou deux bacs en béton armé, sont composés de quatre côtés obliques, ornées d’un décor de tables rentrantes sur les faces principales, avec tringles métalliques à l‘intérieur du bac destiné au lavage pour y glisser les planches à laver en bois. Une borne de plan carrée adossée au bassin, également en béton, est munie d’un bec en fonte ou métal d’où s’écoule l’eau. Plusieurs sont datés en creux et plus rarement en relief (1883, 1889, 1893, 1904, 1905, 1906, 1911, 1924, 1925, 1928, 1934). D’autres bassins sont en calcaire.

les fermes

L’architecture des anciennes fermes est « traditionnelle » : constructions à juxtaposition en ligne avec un logis de plain-pied (43%) ou en rez-de-chaussée surélevé, accessible par un escalier droit maçonné ou en bois desservant un perron (32%) ou une galerie filante (24%). Lorsque l’accès au logis est de plain-pied, la cave est soit à l’arrière de la cuisine (IA73004662), soit au même niveau mais adjacente, ou bien en étage de soubassement accessible depuis la façade principale via un escalier maçonné accolé au nu du mur, ou depuis le mur pignon si le dénivelé est plus important. Les caves sont généralement plafonnées, quelques-unes sont voûtées.

Les bâtiments dont l’accès au logis est de plain-pied ont les chambres à l’étage, accessibles par un escalier intérieur en bois et tournant ou occasionnellement par une galerie courante extérieure. Ces mêmes constructions, lorsqu’elles datent du début du 20e siècle, ont fréquemment un logis avec un couloir central, qui peut être traversant, desservant les quatre pièces d’habitation et abritant à son extrémité l’escalier en bois ; à l’étage se trouvent alors quatre chambres avec couloir et porte-fenêtre axiale sur la façade principale ouvrant sur un balcon avec garde-corps en fer forgé.

Les bâtiments, dont le logis est soit au rez-de-chaussée surélevé, s’il y a un étage de soubassement du fait de son implantation dans la pente (avec cave sous le logis) ou soit au premier étage, au-dessus d’une cave de plain-pied, sont accessibles soit par l’intermédiaire d’un escalier desservant un perron ou une petite galerie (originellement en bois), ou soit par celui d’un escalier desservant une galerie filante qui de déploie au droit des autres pièces d’habitation du logis. Les chambres, dans ces cas de figure, sont au même niveau que la cuisine, et moins nombreuses (deux en moyenne). Sous le massif maçonné supportant l’escalier en pierre desservant le logis, un espace était aménagé pour y loger un cochon (le « beu ») et/ou un poulailler. Ces accès au logis via un escalier menant à un perron ou à une galerie sont systématiquement dessinés au droit des façades principales des fermes en comportant alors un sur le cadastre de 1890. Ces détails architectoniques nous ont souvent aidés à mieux comprendre la typologie des fermes qui ont été remaniées ou dont l’agencement a été bouleversé.

La cuisine, pièce essentielle du logis, comportait une cheminée pour la cuisson. Cette dernière, plus ou moins importante était réalisée selon un modèle assez courant : un linteau et deux jambages à faces internes rentrantes en molasse, parfois datées. Les cheminées plus modestes avaient un linteau en bois sur consoles en bois, ou l’une de ses extrémités étaient bloquée dans la maçonnerie du mur adjacent.

Au revers de cette cheminée, dans la pièce à vivre qui faisait également office de chambre d’hiver, le pèle, se trouvait parfois ce que l’on pourrait appeler une « bretagne », à savoir un placard à deux portes et étagère placé au revers de la plaque de cheminée (en molasse ou en fonte) dont la chaleur, par rayonnement chauffait l’intérieur du placard, ou la pièce adjacente lorsque les portes étaient ouvertes. Nous avons trouvé de rares exemples en place (IA74002519).

Au droit de la fenêtre principale de la cuisine, se trouvait fréquemment « un potager » : pierre en molasse horizontale ajourée de trous circulaires ou carrés au-dessus desquels étaient placés les plats devant être tenus au chaud, chaleur provenant des braises du foyer de la cheminée qui étaient déposées dans un cendrier en molasse en dessous du potager.

Enfin, nous avons trouvé quelques traces d’ouvertures extérieures (petits et étroits jours, au nombre de deux généralement et superposés) aménagés dans le mur du logis exposé au nord et ouvrant intérieurement dans un placard fermé par deux portes avec rayonnage. Cet espace servait, par circulation de l’air froid, à maintenir au frais les aliments qui y étaient déposés, ancêtre du frigidaire (?). Les ouvertures étaient grillagées pour éviter l’intrusion des nuisibles et autres animaux indésirables.

Les fermes à juxtaposition en ligne possédaient donc un logis, accolé à plusieurs espaces agricoles mitoyens : parfois la cave, la grange, l’étable et parfois « la loge ». La loge est un espace de remise situé à l’extrémité des communs de la ferme, ouvert du côté de la façade principale du bâtiment, ou traversant et protégé sur son côté latéral par un mur maçonné ou en bardage bois. Couramment visible sur le cadastre de 1890, ces espaces sont par la suite fermés par des murs pour créer un espace agricole supplémentaire et mieux isolé à la ferme. Cet espace abritait fréquemment le pressoir à pommes.

Le matériau de construction usuel du gros-œuvre des bâtiments est le moellon de calcaire, enduit à pierre vue d’un matériau à base de terre ou de chaux ; l’enduit pouvait également être couvrant avec, pour le logis, un décor peint relativement modeste autour des ouvertures (bandeaux blancs ou ocrés) ou aux chaînes d’angle (faux appareillage harpé), à peine cinq exemples ont été pointés lors de notre étude. Aujourd’hui le ciment a très largement remplacé les anciens enduits plus « respirant »

L’encadrement des baies de la ferme est quasi systématiquement en pierre de taille et en calcaire, en plusieurs éléments, plus rarement monolithes. Lorsque c’est le cas, surtout pour les constructions à cheval sur le 20e siècle, le montant d’une baie est commun à une autre, accolée, ou bien commun avec la chaîne d’angle du bâtiment ; nous l’avons noté au moins à douze reprises.

Concernant l’encadrement des larges portes des étables et des portes doubles des granges, les piédroits sont souvent en pierre de taille, mais le linteau, de grande portée, est en bois ou en brique, souvent cintré. L’IPN a souvent, à la suite de réfection ou d’agrandissement de l’ouverture, fait office de linteau. L’usage de la molasse comme matériau d’encadrement des baies se faisaient de temps à autre, nous avons relevés au moins huit exemples de fermes l’ayant utilisée. Les encadrements ont fréquemment été refaits en béton, peut-être à cause de la proximité de Cusy où étaient installés des cimentiers (Emonet, Balthazar).

Fréquemment, quelques anciens encadrements en remploi sont présents au niveau des ouvertures des fenêtres du logis et des jours de cave ou d’étable ; les pierres de taille, du 15e ou 16e siècle sont généralement chanfreinées, parfois avec congés, plus rarement avec linteau en simple ou double accolade. Pierres récupérées sur de plus anciennes fermes, ou châteaux détruits. Rares sont les constructions datant de ces époques qui nous soient parvenues (ferme de la Pallud, IA74002585 ; ferme de Cusy (chef-lieu), IA74003003…).

Les toitures sont à longs pans avec, à leurs extrémités une demi-croupe ou une croupe ; parfois une de chaque, ou une seule d’elles. Au droit de la façade principale de la ferme, généralement orientée à l’est, un profond avant-toit, fermé par un bardage bois droit ou oblique, permet de protéger la circulation des habitants des intempéries (pluie et neige) mais également d’agrandir la surface du fenil placé sous le toit. Ces débords de toiture, asymétriques, sont réalisés de deux manières distinctes : soit par extension de la charpente, soit par désaxement de la charpente par rapport à l’axe centrale des murs. Le premier cas de figure est majoritairement propre à une toiture avec demi-croupe, le second cas (désaxement de la toiture) est quant à lui propre à la toiture avec croupe. De rares constructions ont un toit en pavillon (2015 D4 611, 614, 617, réf : IA74002537)

Au 20e siècle, les murs des fermes ont été rehaussées en moellons de béton plein, en mâchefer ou plus récemment en moellons de béton creux, et les dernières couvertures en chaume (1940) ont cédé la place aux couvertures en tuile plate mécanique (90% des fermes repérées) ou en ardoise. Les dalles de fibrociment sont également entrées en action sur bon nombres d’édifices, la tôle ondulée ou plate dans une assez faible mesure.

Sous ces avant-toits s’abritaient quelques pigeonniers en bois ou des claies de séchage en bois pour les châtaignes.

Sur le cadastre de 1890 on constate la présence de nombreux jardins attenants à la ferme, aujourd’hui encore, certains d’entre eux existent toujours, souvent clos d’un mur maçonné bas. Sur le même document, en deuxième couronne s’étendaient les prés et prés vergers. Les arbres fruitiers, nombreux, servaient à la confection du cidre (boisson usuelle) et à la gnôle. L’alambic itinérant passait de villages en hameaux et autour de lui conversations et affaires se déroulaient bruyamment ; nous avons trouvé deux alambics (un ancien et un moderne) au hameau de Lachat, propriétés de M. Grellier.

Les constructions sont généralement non mitoyennes, sauf dans les hameaux les plus importants, où le parcellaire est dense et les habitations parfois confinées sur de courtes portions (voir l’étude des écarts réalisée dans le cadre de ce travail d’inventaire). Concernant les autres configurations parcellaires, les fermes sont relativement distantes les unes des autres, mais parfois la mitoyenneté semble découler d'épisodes de partage-agrandissement d'un bâtiment non mitoyen à l'origine. Cela est vrai aujourd’hui, cela l’était également au 19e siècle où une ferme pouvait avoir jusqu’à sept propriétaires différents, avec des partages par niveau et pièce (Cusy, 1890 B2 108 à 118, réf : IA74003003) ou six propriétaires encore à Sous le Chat (1890 E1 39 à 42, réf : IA74002550).

Actuellement

Le cadastre de 2015 nous montre une certaine continuité de l’habitat et de sa répartition par rapport à celui de 1890, environ 80 % du bâti de cette dernière période se retrouve en place aujourd’hui, mais les rénovations, agrandissements et l’emploi de matériaux dits « modernes » les ont largement dénaturés jusqu’à parfois les rendre méconnaissables. La déprise agricole, le changement de fonction de ces anciennes fermes ont conduit les nouveaux propriétaires à transformer les communs en logements, à modifier les dimensions des ouvertures et à en créer de nouvelles, et, dans le cadre de réorganisations internes à modifier de place les entrées et les modes d’accès. Le bois des galeries et des escaliers a fait place au béton armé et les enduits à la chaux ont cédé leur place au ciment uniforme qui a réagréé les façades et habillé les ouvertures.

Néanmoins, si plusieurs fermes ont traversé les décennies sans trop de dommages, d’autres plus nombreuses ont sauvegardé l’essentiel, permettant d’en comprendre l’organisation ancienne.

La liste supplémentaire des bâtiments non repérés au sein de chacun des écarts étudiés et ceux présents à l’annexe « Présentation sommaire des bâtiments non repérés de la commune » illustrent ces remarques successives.

Economie

La mappe sarde nous indique, du fait de la nature des parcellaires, que la population bénéficiait de grandes surfaces de terre cultivable mais également de prés et champs, ainsi que de chènevières (chanvre) et de châtaigniers, conduisant à une agriculture de type polyculturel associé à un élevage bovin

En 1890, le résumé général des sections cadastrales précise que Cusy, avec sa superficie de 1695 Ha possède 656 Ha de terres ; 253 Ha de prés, vergers, prés-vergers ; 38,5 Ha de marais et prés marais ; 5,8 Ha de vignes ; 54 Ha de Châtaigneraies ; 601 Ha de Bois aulnaies, saulsaies, sapinières ; 36 Ha de broussailles ; 23 Ha de Pâtures ; 6,8 Ha de friches et terres vaines ; 14 Ha de sols de maisons, bâtiments et cours et enfin 5,5 Ha de jardins.

Nous constatons la part très infime de la vigne dans l’économie locale, vignes que l’on trouve sur la frange est de la commune ; a contrario la superficie des prés et vergers nécessaires pour la réalisation du cidre est importante et la présence de 55 Ha de châtaigneraies pour la consommation propre et la vente l’est aussi. Les agricultures sont très largement majoritaires et chacun d’eux possède généralement une variété de parcelles leur permettant de vivre en autarcie, avec deux ou trois vaches, un mouton et de la volaille pour en tirer parfois un revenu complémentaire.

En parallèle à la fin du 19e siècle s'organise le développement et la transformation de la production laitière, avec la construction de fruitières.

Aujourd’hui, sur la commune de Cusy, il ne reste que 25 personnes vivant de l’’agriculture (2019)Le parc naturel régional du massif des Bauges est une mosaïque de terroirs agricoles avec des espaces dédiés à l’élevage, à l’apiculture ou encore à la viticulture. Le massif a ancré son développement agricole sur la valorisation de savoir-faire ancestraux. L'économie du massif fonde l’essentiel de ses revenus sur huit produits qui ont adopté des signes de qualité :

• Cinq bénéficient d'une appellation d'origine contrôlée (AOC) : le reblochon, les vins de Savoie, l’abondance, la tome des Bauges et le chevrotin proposées par les fruitières et les producteurs fermiers. Les fromages de chèvre et de brebis sont également proposés dans une trentaine de fermes des villages et alpages.

• Trois ont une indication géographique protégée (IGP) : l’emmental de Savoie, les pommes et poires de Savoie et la tomme de Savoie.

L’agriculture a toujours porté la vie économique et sociale dans les Bauges. Elle a contribué à protéger l’héritage naturel du massif ainsi qu’à l’épanouissement d’une biodiversité exemplaire.

Le monde agricole est une réalité forte : tout d’abord c’est une présence visible grâce aux troupeaux de bovins dans les prairies ou les alpages.

C’est ensuite un atout économique puisqu’il fait toujours vivre la population avant l’industrie du bois et le tourisme, avec 1 000 exploitants agricoles en activité. Le massif des Bauges compte 24 000 hectares des surfaces agricoles dont 6 000 hectares d’alpages. Le savoir-faire des agriculteurs a favorisé le développement de l’élevage laitier avec comme produits emblématiques la Tome des Bauges. Cette dernière est une production en constante augmentation qui a obtenu la reconnaissance de l’AOC.

L’agriculture est répartie par secteurs géographiques : à l’est, les vergers de hautes combes cultivent des pommes et des poires. Au sud, les vignobles situés sur les coteaux ensoleillés de la Combe de Savoie révèlent les subtils arômes de vins de Savoie qui sont appréciés depuis le temps des Romains. Au centre, on trouve les zones dédiées à l’élevage. Les troupeaux sont constitués de vaches laitières rustiques appartenant aux races pures Abondance, Tarine et Montbéliarde. La profession agricole est très structurée et structurante pour le parc grâce à l’implication des agriculteurs dans le collectif comme les groupements agricoles, les coopératives et les associations des agriculteurs du parc naturel des Bauges.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Parc_naturel_r%C3%A9gional_du_massif_des_Bauges

Documents d'archives

  • AD 74. Série 6 S 216. Bassin du Chéran. Affluent du Chéran / Ruisseau de l'Adieu / Ruisseau des MiègesCusy. Ruisseau des Mièges.

    13 juin 1890. Par une pétition en date du 11 mai dernier adressée à M. le Préfet, le sieur Brunier Louis propriétaire à Cusy expose que le sieur Miège Etienne son voisin projette de déplacer le lit du ruisseau des Mièges pour régulariser le cours d'eau et d'agrandir son champ qu'il a acquise dans ce hameau en février 1889. Que le déplacement du cours d'eau peut lui être très préjudiciable et qu'il n'y consent qu'à la condition qu'il soit établi un mur de soutènement bordant sa propriété.

    AD Haute-Savoie : 6 S 216.

Bibliographie

  • JANIN Bernard. La vie à Cusy, de l’annexion à la Grande Guerre. 1860-1918. Ed : Cicero, 2009. 284 p.

  • ROCHET Sabine, GARCIN Catherine, CHATILLON Marie-Jo. Chronique d’un village et de son canton. Viuz-la-Chiésaz, raconte-moi ton histoire ! Tome 2, Agriculture – Métiers. Viuz-la-Chiésaz : La Vicusienne. 303p.

    pp. 118 à 120, 193, 209, 295 à 303, 348, 370 à 373,

Annexes

  • Liste des maires 1813 - 1989 (AD 74, AC Cusy)
  • Pont à reconstruire sur le Nant Favant, 1855, 1856
  • Pompe à incendie, construction d'un hangar à pompe (1879- 1882)
  • AD 74, série 2O 2414, Cusy, Pont à bascule (marché de gré à gré 1903-1904)
  • AD 74, Série 2D et 6FS 118 – 119, AC Cusy, M2. Cusy, acquisition, vente, utilisation et partage des communaux. 1824 - 1972
  • Documentation (archives, bibliographie) traitant des différents métiers de la commune. 1824 - 1932
  • 3H (dépôt) 23. Hôtel Dieu des pauvres de Chambéry. propriétés sur la commune de Cusy. 1740 - 1750
  • AD 74. série 2D Cusy et côte 6FS 118-119. Projet de reconstruction d’un moulin sous le Château , sur le bief de la Pallut et du nant de la Ville par Honoré Rey (déjà propriétaire d’un battoir). Opposition d’Amédé Collomb et Louis d’Alby, propriétaires de moulin. 1824
  • AD 74, cote 6S 58 Cusy. Prise d'eau Duffourd. Ruisseau de la Ville. (vers l’ancien château), 1863 - 1864
  • JANIN, Bernard. La vie à Cusy de l’annexion à la Grande Guerre. 1860-1918. Extraits traitant des moulins et meuniers.
  • Patrimoine du cadastre de 1890 non étudié ou disparu en 2015
  • Présentation sommaire des bâtiments non repérés de la commune.
  • AD 74. Série 2D Cusy. Archives diverses (population, électrification, marais, urbanisme, adduction d'eau, carrière...)
  • Existence d'une verrerie au Pont de Banges (Cusy) et à St-Jacques d'Allèves. 1645-1715. In Mémoires et documents académie Salésienne T. 47
Date(s) d'enquête : 2015; Date(s) de rédaction : 2018
© Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
© Parc naturel régional du Massif des Bauges
Guibaud Caroline
Guibaud Caroline

Chercheur au service de l'Inventaire Rhône-Alpes puis Auvergne-Rhône-Alpes (1999- )

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