Historique et descriptif des peintures du choeur de l'ancienne église Sainte-Catherine
En avril 1889, la démolition de l´église est engagée. Lors de la chute de plaques de badigeon des murs de l´abside, des peintures apparaissent. La voûte en cul-de-four, déjà démolie devait aussi être peinte. Les peintures s´établissent sur trois registres : le registre inférieur, d´une hauteur de deux mètres comporte une draperie jaune avec galon, ornée d´un poste et relevée de distance en distance révélant un fond brun rouge. Le second registre, d´un mètre de hauteur, illustre des scènes de la vie de sainte Catherine ; au-dessus, un bandeau comporte des inscriptions latines encadrées de motifs floraux. Le dernier registre, sur une hauteur de quarante centimètres, représente des feuillages gris peints sur un fond noir.
Les scènes de la vie de sainte Catherine se répartissaient sur neuf ou dix tableaux à l´origine, les deux ou trois premiers (dont peut être le mariage de la sainte avec le Christ) ont été détruits lors du percement de la fenêtre et de la porte nord du choeur. Les scènes sont placées entre deux colonnes peintes hormis celles séparées par la prison de la sainte. Le fond des peintures est vert sauf celui des trois dernières qui est bleu ; fonds semés d´étoiles à six branches.
Les tons sont appliqués au lavis : verdâtre pour les fonds, jaune pour les cheveux, gris-vert pour les vêtements, noir pour les chaussures, rouge-brun pour la terre.
Les couleurs sont appliquées à la colle, en aplat, le modelé est indiqué au trait noir. La datation des peintures est entre 1290 et 1320 (forme des vêtements, chaussures, cheveux, épée).
Description des scènes :
1- Un sergent portant une masse, et deux autres personnages soufflant dans une trompette, proclament un édit de l´empereur Maxence (ou Maximien ?) ordonnant de faire un sacrifice en l´honneur des Dieux. Le sergent désigne une idole (en jaune) placée sur un monument circulaire à sainte Catherine qui s´en détourne, mains levées en signe d´indignation. La légende est illisible (sauf le lettre S).
2 - L´empereur, portant une couronne sur la tête et un sceptre à fleur de lys, est assis sur son trône. Il ordonne au sergent portant une masse de mettre la sainte en prison, lequel la pousse dans une tour. A cet endroit se trouve la fenêtre axiale de la prison. Légende : ... S. X. SCS. KATERIN...
3 - Deux philosophes sont envoyés par l´empereur pour la mettre à l´épreuve et avoir un débat philosophique mais la sainte arrive à les convertir. L´impératrice assiste à la scène. On observe un oiseau s´approchant de la sainte : est-ce un pigeon lui apportant sa nourriture ou la colombe du Saint-Esprit insufflant la Parole à la prisonnière ? Légende : ...F (?) R (?) S : PHIL...P...S...
4 - L´empereur couronné et tenant son sceptre fleurdelisé, ordonne de jeter les philosophes convertis au bûcher. Un personnage attise les flammes et la main de Dieu bénit les martyrs. Légende : ...SCS. KATERINA. MA...ENS...
Suivent les scènes détruites par le percement de la fenêtre du 16e siècle.
5 - Fragments : un ange détruit la machine à roues garnies de crocs (quatre selon la tradition), inventée par l´empereur pour tuer la sainte, et dont des morceaux blessent les spectateurs. Légende : ...SCA. KATERIN...
6 - Fragments : le bourreau (chapeau pointu) saisit la sainte par les cheveux et lui coupe la tête avec une grande épée. Légende : ...S.
7 - Deux anges portent le corps de la sainte dans un tombeau sur le mont Sinaï. Dessous, des fidèles en prière
E. Brassart pense que les peintures n´ont pas été achevées : seuls les 3 derniers tableaux l´auraient été, sur les autres le fond n´aurait pas reçu sa dernière couche bleue (appliquée sur un substrat vert) et les visages n´auraient jamais été peints.
Le maire de l´époque projette de garder l´ancienne abside, avec une nouvelle toiture, pour conserver les peintures, l´emplacement de la nouvelle église devait être légèrement déplacée pour cela.
Lors de travaux à la chapelle de Notre-Dame de Chalain-le-Comtal (Notre-Dame des Anges), des peintures furent mises au jour, et Monsieur H. Forissier, maire de Chalain. 20 décembre 1890 en commente la découverte [Copie par l´abbé Valendru, le 19 mars 1898, dans le registre paroissial, p. 40-45 ; il ajoute à cette occasion l´anecdote du traineau transportant la pierre provenant de l´étang Bardoire - ancienne pierre d´autel - qui se brise devant la porte du cimetière pour signifier qu´elle ne doit pas aller plus loin], [des photocopies de ce registre sont conservées dans les AC et à la Diana, où elles ont été consultées.]
« Au moment de sa restauration [de la chapelle], on découvrit sous une couche de badigeon des débris de peinture exacte [sic] comme coloris à celles existant encore (1890) dans le choeur de l´église de Grézieux-le-Frommental, laquelle n´a été abandonnée et détruite qu´en 1888, époque où elle s´effondra un jour de la fête de la Sainte Vierge (grâce à mon beau-frère baron de Vazelhes, on a conservé jusqu´à ce jour les peintures à l´abri de la pluie et du soleil. Elles ont été reproduites par ses soins dans le Bulletin de la Diana). Malgré toutes mes recherches, je n´ai pu trouver trace de personnage. Au reste il ne subsistait que de minces débris, suffisamment néanmoins pour en déterminer le coloris.
Il existait en plus annexe aussi grande que celle existant actuellement, laquelle était bâtie en cailloux roulés de la Loire, beaucoup moins soignée par conséquent que le choeur, lequel, comme on peut le constater, est bâti en pierre taillées qui sont en partie des pierres à chaux » (note 1) [provenance de ces pierres : attribuée à Précieux ou Grézieux ; des pierres de même nature étaient employées en grand nombre dans les murs de l´ancienne église de Grézieux et dans le mur d´enceinte du château détruit par M. de Vazeilhes vers 1882-1885. à Chalain comme à Grézieux cette pierre était mélangée à de la lose ou pierre d´alose, friable, provenant de la Loire].