HISTORIQUE
Vers 1849, les habitants du quartier des Tapis (les tapis font référence au gazon qui couvraient les talus des anciens remparts) de la ville de la Croix-Rousse, se plaignant de l´éloignement et de l´insuffisance de l´église paroissiale Saint-Denis, décident d´obtenir la création d´une paroisse nouvelle. En effet, d´après le recensement de 1845, la Croix Rousse compte 30 549 habitants, la paroisse de Saint-Denis en compte 24 349, celle de Saint-Eucher 4600, et celle de Saint-Charles 1600 (AD Rhône, 6 DEM 222). Les habitants de la Croix-Rousse nomment à cet effet, une commission formée de M. Gors, Jourdan, Millet, Mouchet, Cuzin et Sarsay, Boussuge Mouchat et Viron. Cette commission ouvre des souscriptions et charge M. Sarsay et Piquet d´acheter en leur nom un terrain de 740 mètres carrés de superficie, situé dans l´ancien clos Nesme, pour y bâtir la nouvelle église. M. Bourdet, architecte à la Croix-Rousse, est désigné par la commission pour diriger cette construction. Son emplacement, à l´angle des rues Denfert-Rochereau (ancienne rue d´Enfer) et Valentin Couturier (ancienne rue Saint-Augustin) est justifié par sa proximité avec le quartier le plus peuplé et par la nécessité de laisser tout le surplus du terrain libre, pour pouvoir en disposer plus tard pour la construction d´une église définitive (AD Rhône, 6 DEM 222).
Les travaux de construction, en partie financés par un le legs de l´abbé Gervais, ancien ecclésiastique de la Croix-Rousse, commencent en juillet 1850 et se terminent en avril 1851. Le 25 février 1851 un décret du président de la République, confère une existence légale et assigne ses limites à la nouvelle paroisse.
Le dimanche des Rameaux, 13 avril 1851, a lieu la bénédiction solennelle de l´église Saint-Augustin par l´abbé Callot, chargé des fonctions curiales jusqu´à la nomination d´un titulaire et délégué par le cardinal de Bonald, archevêque de Lyon. Le vocable de Saint-Augustin est choisi en hommage à l´évêque d´Hippone auquel aucune église n´est encore dédiée dans le diocèse de Lyon, il doit garder la mémoire du couvent des Pères Augustins Réformés fondé en 1624 à la Croix-Rousse. Le 27 avril 1851 a lieu l´installation du premier curé de Saint-Augustin, l´abbé Jean-Claude Parrel. En 1853, l´église, devenue trop exiguë, est agrandie et dotée de sacristies et de dépendances (AD Rhône, 2 V 22).
La paroisse connait de nombreuses difficultés budgétaires occasionnées par l´achat du terrain et les travaux de construction. En effet, les règlements de la voierie municipale, ont obligé à faire en pierre et à rendre ainsi définitive, une construction qui n´avait été projetée qu´en pisé et qui ne devait être que provisoire. Il en résulte une augmentation de dépenses qui double le chiffre du devis primitif que les dons et souscriptions des paroissiens, en grande majorité ouvriers tisseurs, auraient pu suffire à couvrir. Ce n´est que vingt ans plus tard que les dettes finissent par être résorbées grâce à une subvention municipale ainsi qu´à plusieurs dons, legs testamentaires et souscriptions des paroissiens.
L´intérieur de l´église est enrichi grâce aux dons des paroissiens, notamment celui de Mme Ricard, rentière, qui fait exécuter à ses frais en 1859, par M. Pinet, quelques peintures murales dans le rond-point de l´abside.
Entre temps, la commune de la Croix-Rousse est rattachée à Lyon en 1852. Les anciens remparts qui, depuis le XVIe siècle, séparaient de la ville le faubourg de la Croix-Rousse, sont démolis en 1868 et remplacés par un boulevard. Le curé veut alors mettre fin à la situation provisoire de l´église Saint-Augustin, trop exiguë, en en faisant construire une nouvelle sur la nouvelle avenue. Mais cette demande reste sans suite. Des travaux sont alors entrepris à l´intérieur de l´église provisoire : une double rangée de colonnes divise l´ancien parallélogramme en trois nefs qui sont recouvertes de fausses voûtes. Le tout reçoit une ornementation peinte exécutée sous la direction et d´après les dessins de M. Sarsay, président de la fabrique. Tous ces travaux sont achevés au commencement de l´année 1875. L´abbé Antoine Chomel fait réédifier, en septembre 1891, le clocher qui menaçait de tomber. Cet édicule en forme de dôme arrondi, est remplacé par une flèche classique (A paroissiales église Saint-Augustin, journal de l´église Saint-Augustin, série 5 C/1). L´unique cloche qu´il renfermait date de l´année 1854. Elle est bénite, le dimanche 26 mars, par un vicaire général de Lyon, en présence de M. Jean-Louis Lucy, parrain, et de Mme Marie-Frédérique-Guillelmine Gérard, née Girodon, marraine, qui lui donnent le nom de Marie-Louise. Elle pèse 317 kilogrammes, et a été fondue par Gédéon Morel, de Lyon, aux frais de la paroisse et des confréries du Saint-Sacrement et du Saint-Rosaire.
En 1912, alors qu´une nouvelle église, cette fois-ci définitive, est construite à l´angle de la rue Denfert-Rochereau et de la rue Jacquard, l´ancienne église continue d´exister jusqu´au 17 février 1915, date du décret du président de la République prononçant sa désaffection (A paroissiales église Saint-Augustin, journal de l´église Saint-Augustin, série 5 C/1). Une partie des objets de culte provenant de l´ancienne église sont rachetés par le curé pour le nouvel édifice (Inventaire des biens de l'église Saint-Augustin 1905, AD Rhône, série V).
DESCRIPTION
Situation et composition d'ensemble
L'église Saint-Augustin est située dans un quartier d'habitat, à l´angle des rues Denfert-Rochereau (ancienne rue d´Enfer) et Valentin-Couturier (ancienne rue Saint-Augustin), avec une entrée principale à l'angle des deux rues et deux entrées latérales rue Valentin-Couturier, la dernière commune avec la sacristie et un petit bâtiment portant le n° 34 et composé d´un rez-de-chaussée de deux pièces formant le logement du sacristain (Inventaire des biens de l'église Saint-Augustin 1905, AD Rhône, série V). Il s'agit d'une construction placée dans l´alignement de la rue projetée, appuyée contre le mur latéral d'une maison, et élevée au niveau de la dite rue par un remblais pour en faciliter les abords( AD Rhône, 6 DEM 222). Un passage sépare l´église du mur du presbytère (Inventaire des biens de l'église Saint-Augustin 1905, AD Rhône, série V).
Matériaux et couvertures
La nef est couverte par une toiture à deux pans et les bas-côté par un toit en appentis, sans doute en tuiles (?). Le clocher, d'abord simple édicule en charpente et zinc est remplacé par une flèche classique en 1891 (A paroissiales église Saint-Augustin, journal de l´église Saint-Augustin, série 5 C/1). A l'intérieur, la nef est couverte de fausses voûtes en ogive dès 1868. Auparavant, il s'agissait d'une simple charpente (AD Rhône, 2 V 22).
L'église
L'église, de plan allongé avec chevet plat, comporte une nef et deux bas-côtés. Cette construction en pierre de 22 m de longueur dans oeuvre, sur 11 m de largeur dans oeuvre, sur une hauteur de 10 m sous le plafond, a un sous-sol avec calorifère et un étage servant de salle d'école et de grenier. Deux chapelles sont situées à chaque extrémité des collatéraux : la chapelle de La Vierge et la chapelle de saint Augustin avec chacune un autel en marbre blanc. Le vaisseau central se prolonge par le transept, le choeur et l'abside semi-circulaire où se situent les stalles et le maître-autel derrière lequel se trouve un escalier en pierre avec rampe en fer (Inventaire des biens de l'église Saint-Augustin 1905, AD Rhône, série V). De part et d'autre du choeur se trouvent deux sacristies dont une donne sur la rue. Un vestibule est situé entre la sortie de la sacristie et l´escalier menant au clocher.
Le porche d´entrée à fronton triangulaire faisant avant-corps par rapport aux bas-côtés à angle rabattu, est précédé par un perron. Le grand portail d'entrée cintré est surmonté d'une rose. Les côtés de l'église sont divisés en quatre travées à baies cintrées, celle du choeur comportant une baie jumelée surmontée d'un oculus.
On entre dans l'église par un grand portail et une entrée latérale. Le grand portail comporte un tambour en bois blanc peint montant presque jusqu´au plancher de la tribune large de 3 m et profond de 2,50 m. Au dessus de cette entrée se trouve une tribune en bois tenant toute la largeur de l´église avec une barrière en bois de chêne, et appuyée sur le tambour à laquelle on accède par un escalier en pierre de 30 marches. La porte latérale est également équipée d'un tambour en bois blanc peint de 3 m de hauteur, 2m de largeur, et 1,50 m de profondeur (Inventaire des biens de l'église Saint-Augustin 1905, AD Rhône, série V). Les trois vaisseaux de la nef sont d'abord séparées par des poteaux en bois de sapin. En 1868, ils sont remplacés par des colonnes en pierre (A paroissiales église Saint-Augustin, journal de l´église Saint-Augustin, série 5 C/1). Une table de communion sépare le choeur de la nef (Inventaire des biens de l'église Saint-Augustin 1905, AD Rhône, série V).
Le décor consiste en une ornementation peinte, et stuquée dans le choeur. Le décor peint est exécuté entre 1868 et 1875 sous la direction et d´après les dessins de M. Sarsay, président de la fabrique. Sur le mur absidial sont représentés les quatre évangélistes. Dans le choeur se dressent les statues de saint Joseph et de sainte Monique, ainsi que celles de la Vierge et de saint Augustin par le sculpteur Cubisole, placées dans leurs chapelles respectives à l´extrémité des collatéraux. Les baies sont ornées de verrières que forment des marqueteries coloriées, enchâssant un médaillon central. Celles du choeur présentent les figures en buste du Christ, de la Vierge et de saint Augustin. Celles des basses nefs reproduisent, d´un côté des emblèmes eucharistiques, de l´autre des images symboliques empruntées aux litanies de la sainte Vierge (A paroissiales église Saint-Augustin, journal de l´église Saint-Augustin, série 5 C/1).