• enquête thématique régionale, Eglises paroissiales du 20e siècle
Ensemble religieux : cité paroissiale Saint-Jean Apôtre, actuellement Notre-Dame du Liban
Œuvre monographiée
Copyright
  • © Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
  • © Ville de Lyon

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Lyon
  • Commune Lyon 8e
  • Adresse 29 rue Alexis-Carrel
  • Cadastre 1999 BD 16 A
  • Dénominations
    ensemble religieux
  • Vocables
    Saint-Jean-Apôtre
  • Destinations
    Notre-Dame du Liban
  • Parties constituantes non étudiées
    presbytère, bassin

HISTORIQUE

Le quartier des Etats-Unis est situé à la limite sud-est de Lyon. Son urbanisation s´est déroulée en deux temps. La période 1919-1934 voit la construction de la « cité des Etats-Unis », élaborée par l´architecte Tony Garnier, cité qui reste quelque temps isolée de la ville, le boulevard des Etats-Unis n´étant pas achevé ; La paroisse Saint-Jacques dessert cette cité. A la fin des années 50, l´urbanisation reprend vers l´ouest et les parcelles encore cultivées entre le boulevard des Etats-Unis et l´avenue Francis-de-Pressensé sont loties. Les premiers locataires du groupe Million emménagent en décembre 1956 ; en 1961, le quartier dits des Nouveaux Etats compte 12 000 habitants et on en prévoit 17 000 pour 1967.

En janvier 1957, le cardinal Gerlier, archevêque de Lyon, propose au maire de Lyon, Edouard Herriot, un échange de terrain entre la Ville et l´Association diocésaine : l´association cèderait à la municipalité la parcelle D 201, 95, 97 et 101 boulevard des Etats-Unis, nécessaire à la construction d´une maison des jeunes, en échange d´une parcelle située à l´angle de la rue Alexis-Carrel et de l´avenue Viviani, D 308-313, 315, sur laquelle l´évêché envisage de construire une nouvelle église paroissiale. L´acte d´échange est passé les 29 juillet et 10 août 1960, devant Delorme, notaire à Lyon (A. Office diocésain des paroisses nouvelles).

Entre temps, l´association paroissiale Saint-Jean s´était constituée depuis janvier 1958 et avait présenté au M.R.L., le 4 juillet 1959, un projet pour le nouveau centre paroissial ; la demande de permis de construire est déposée le 7 septembre 1959. Ce projet est contesté au M.R.U., en particulier par l´architecte conseil de l´art sacré Koch, qui souhaite un projet plus grandiose. L´association paroissiale maintient son projet et après avoir souscrit un emprunt de 45 000 000 Fr (anciens francs), obtient le permis de construire en septembre 1960. Un bâtiment préfabriqué est implanté dans un angle du terrain, afin d´y installer trois salles de catéchisme qui se transforment le dimanche en chapelle provisoire pouvant accueillir 250 fidèles (L´Echo-Liberté, 8 septembre 1960). L´association est soutenue par le parrainage de nombreuses paroisses, parmi lesquelles Saint-Bruno, Saint Polycarpe, Saint-Bernard, le Bon Pasteur, Saint-Jacques et Notre-Dame de Saint-Vincent.

Le 12 novembre 1960, la paroisse Saint-Jean des Etats-Unis est érigée sur le territoire de l´archiprêtré de Saint-Jacques. Les limites de la nouvelle paroisse sont la rue Professeur-Beauvisage depuis la route d´Heyrieux (avenue du Professeur-Paul-Santy) jusqu´à l´avenue Pressensé, puis l´avenue Viviani jusqu´à la route d´Heyrieux (Ibid.). L´abbé Joseph Jacquemond, ancien vicaire de Saint-Jacques, en est le premier desservant (A. Office diocésain des paroisses nouvelles). Ce territoire, composé de constructions neuves est soustrait de la paroisse Notre-Dame de l´Assomption

Les plans de l´église sont dressés par Alain Chomel, alors encore étudiant en architecture, et lui servirent pour soutenir son diplôme (AP Chomel).

Les appels d´offre sont lancés en décembre 1960, et l´entreprise La Construction Lyonnaise est retenue le 17 mars 1961, et le chantier ouvert le 31 mars (L´Echo-Liberté, 25 mai 1961). Les travaux, conduits par Gueffier de la Construction Lyonnaise, sont dirigés par Alain Chomel assisté par l´architecte Henri Beaupère.

En plus de l´église, le projet prévoit 12 salles de catéchisme et le presbytère.

Les travaux sont achevés au printemps de 1962 et l´église est baptisée Saint-Jean Apôtre.

En janvier 1975, pour tenir compte des nouveaux immeubles construits sur le terrain de l´ancienne usine Coignet, les limites des paroisses Saint-Jean Apôtre et Notre-Dame de l´Assomption sont modifiées : la paroisse Saint-Jean Apôtre est chargée des n° 163-167 du boulevard des Etats-Unis, n° 75-83 rue Philippe-Fabia et n° 34 rue Stéphane-Coignet ; celle de Notre-Dame de l´Assomption des n° 98-106 avenue Paul-Santy et de la rue Stéphane-Coignet à l´exception du n° 34 (A Office diocésain des paroisses nouvelles).

A partir des années 2000, la baisse de la pratique religieuse pousse l´archevêché de Lyon à fermer des églises. L´église Saint-Jean Apôtre est une des premières frappées par cette nécessité. Le 23 juin 2003, une convention est signée entre l´archevêché et la communauté des chrétiens maronites de Lyon : ceux-ci reçoivent les locaux de Saint-Jean Apôtre en échange d´un loyer annuel symbolique de 1 000 euros. L´église prend le vocable de Notre-Dame du Liban.

DESCRIPTION

Situation et composition d'ensemble

La cité paroissiale Saint-Jean-Apôtre est située sur une parcelle triangulaire à l´angle de l'avenue Viviani et la rue Alexis-Carrel. Elle est construite dans un quartier nouvellement urbanisé, composé d´immeubles non mitoyens ; un groupe scolaire lui fait face de l´autre côté de la rue Alexis-Carrel.

L´église occupe la pointe du triangle ; les bâtiments sont construits sur une très forte symétrie, de part et d´autre de la bissectrice de cet angle. L´entrée de l´église est à l´opposé du sommet du triangle ; elle ouvre sur un passage couvert d´un portique qui traverse la parcelle entre l´avenue Viviani et la rue Alexis-Carrel, et sépare l´église du presbytère construit à l´est, sur un plan en V très ouvert (fig. ). Des pelouses sont aménagées de chaque côté du presbytère. Une rangée d´arbres est plantée le long de l´avenue Viviani. Un bassin est construit sous le portique, au centre de la façade antérieure de l´église (fig. ). Du fait de l´adaptation de l´église à la forme de la parcelle, l´église n´est pas orientée.

L´ensemble de la parcelle est clos par un muret (fig. ).

L´église forme une masse compacte à l´ouest (22m de long sur 32 de large), de tris corps de bâtiments (2 corps symétriques pour la nef et le corps de choeur plus élevé) surmontée de la flèche du clocher de plan triangulaire. Elle permet d´accueillir 700 fidèles. Le presbytère, d´un étage seulement, se détache à l´ouest ; il est construit sur un plan en miroir par rapport à celui de l´église. Un portique assure la liaison entre les deux édifices ; composé d´un toit plat reposant sur des colonnes en métal, il se développe sur un plan en trois parties, avec deux appendices couvrant les entrées de l´église (fig. ).

Elévations

La façade antérieure de l´église, à l´est, s´articule en deux parties symétriques de part et d´autre de la flèche du clocher, selon un angle rentrant. Ces façades se développent sur deux registres, une partie inférieure ajourée sur un treillis de béton, et un registre supérieur, percé de fenêtres à la base et de baies étroites au sommet, dont la verticalité est accentuée par les pilastres qui ponctuent les huit travées (fig. ). Entre ces deux corps de bâtiment, la façade du clocher, incliné vers l´intérieur de l´église, est un triangle aveugle (fig. ). Cette sensation de masse est allégée par les ouvertures qui le traversent latéralement (fig. ). Les entrées de l´église, singulièrement étroites, se situent de part et d´autre du clocher. Des escaliers tournant à retours sans jour sont construits hors-oeuvre sur les façades latérales aveugles (fig. ).

Le chevet plat oppose sa façade également aveugle à celles des bas-côtés percés d´étroites baies transversales ; des baies triangulaires s´ouvrent sur chacun des côtés du chevet (fig. ).

L´austérité de l´édifice est accentuée par l´emploi d´un béton brut de décoffrage, mais particulièrement soigné (fig. ).

L´église est couverte de toits à deux pans inversés débordant sur la façade antérieure ; le presbytère est couvert d´un toit terrasse.

Distribution intérieure

- L´église paroissiale

Les entrées ouvrent sur deux vestibules (fig. ) longeant les côtés du clocher au rez-de-chaussée duquel est aménagé le baptistère dont la piscine baptismale dans laquelle on descend de quelques marches est alimentée par le bassin extérieur (fig. ). Le baptistère, de plan triangulaire, est éclairé par quelques pavés de verre multicolore insérés dans la façade du clocher et par les ouvertures ouvrant sur les vestibules (fig. ).

De chaque côté des vestibules s´ouvrent deux pièces en façade : à gauche, la sacristie et une salle de catéchisme (fig. ), à droite la chapelle de semaine et une autre salle de catéchisme (fig. ). Ces pièces sont éclairées en façade par des ouvertures quadrangulaires de taille et de disposition variées, fermées par des verres industriels (fig. ).

Au-delà des vestibules et du clocher, la nef se développe sur un plan triangulaire, symétrique par rapport à un axe reliant la pointe du baptistère au centre du maître-autel (fig. , ), reprenant un plan traditionnel avec un vaisseau central et deux bas-côtés.

De part et d´autre de l´allée centrale des escaliers en vis suspendus, à marches de ciment et garde-corps métalliques mènent aux tribunes construites contre la façade antérieure de l´église (fig. ), ouvrant également sur les escaliers extérieurs construits sur les façades latérales.

Le choeur, de plan trapézoïdal, est légèrement surélevé par un simple emmarchement. Il est surmonté d´un baldaquin en béton qui reprend et souligne la structure de l´édifice. Par opposition à la nef aveugle, le choeur est largement éclairé par de grands baies triangulaires développées sur toute la hauteur, et par des baies rectangulaires oblongues au sommet des murs latéraux ; ces baies sont fermées par des verres translucides.

Les bas-côtés s´achèvent sur un autel secondaire à droite et sur un local technique à gauche. Le mur ouest de ces bas-côtés est formé d´abat-sons surmontés d´une baie rectangulaire oblongue.

- Les locaux paroissiaux

Des salles de catéchisme sont installés sur trois niveaux dans la partie antérieure de l´église, dans un sous-sol à demi enterré (la partie correspondant à la nef étant remblayée, au rez-de-chaussée de part et d´autre de la sacristie et de la chapelle (voir ci-dessus), et à l´étage. Ces salles sont accessibles par les escaliers construits sur les façades latérales. Un passage souterrain relie le sous-sol de l´église à celui du presbytère.

CONCLUSION

Alain Chomel ne cache pas l´influence de Le Corbusier et de la chapelle de Ronchamp sur la conception de l´église Saint-Jean Apôtre. Il était également à l´époque de la construction un lecteur assidu de la revue L´Art sacré, animé alors par le père Cocagnac, successeur du père Couturier : la modernité des constructions religieuses s´appuie sur une architecture épurée et sur l´absence de décor (annexe 3). En 1981, un visiteur transmet à l´architecte une lecture très symbolique de l´église (annexe 2).

Le cardinal Gerlier, alors archevêque de Lyon, promulgue par ordonnance canonique du 12 novembre 1960 l´érection d´une nouvelle paroisse, sous le vocable de Saint-Jean. L´abbé fondateur et maître d´oeuvre est l´abbé Jacquemond, alors curé de la paroisse Saint-Jacques. L'eglise est construite en 1962 par l´architecte Alain Chomel, assisté par Henri Beaupère, architecte, et Pierre Delescluse, ingénieur en béton.

Le centre paroissial de Saint-Jean-Apôtre se compose d'une église à l'ouest, séparée de la cure, à l'est, par un portique. Le plan de l'église épouse la forme d'un triangle tronqué dont le sommet est situé au carrefour de l'avenue Viviani et de la rue Alexis-Carrel. Des salles de catéchisme sont installées sur trois niveaux de l'église.

  • Murs
    • béton
  • Toits
    béton en couverture
  • Étages
    sous-sol, rez-de-chaussée, 1 étage carré
  • Couvertures
    • terrasse
    • flèche carrée
  • Escaliers
    • escalier hors-oeuvre : escalier tournant à retours sans jour en maçonnerie
    • escalier dans-oeuvre : escalier en vis en maçonnerie, suspendu
  • Statut de la propriété
    propriété d'une association cultuelle
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler

Mérite le label XXe siècle : architecture remarquable

  • Au travers de cette église..., 1964

Documents d'archives

  • Arch. mun. Lyon. 4M 3 Cp 134. Dossier de presse. Echo - La Liberté

    jeudi 8 septembre 1960. En attendant la construction de l'église, une chapelle provisoire accueillera chaque dimanche les fidèles de St-Jean des Etats-Unis
  • Arch. mun. Lyon. 4M 3 Cp 134. Dossier de presse. Dernière Heure Lyonnaise

  • A Office diocésain des paroisses nouvelles Lyon. Acte d'échange entre l'association diocésaine de Lyon et la Ville de Lyon, acte reçu Delorme, notaire à Lyon, 29 juillet et 10 août 1960

  • A Office diocésain des paroisses nouvelles Lyon. Correspondance, 15 janvier 1957-21 août 2002

  • A Office diocésain des paroisses nouvelles Lyon.Erection de la paroisse Saint-Jean dans le quartier des Etats-Unis à Lyon. 12 novembre 1960

  • A Office diocésain des paroisses nouvelles Lyon. Rectification de limites entre les paroisses de Saint-Jean-Apôtre et de Notre-Dame de l'Assomption, à Lyon, 27 janvier 1975

  • AP Alain Chomel. Lettre adressée par Lélian Rinaldo à Alain Chomel, 17 juin 1981. 3 feuillets.

  • AP Alain Chomel. Note écrite par Alain Chomel à propos de la construction de l'église Saint-Jean-Apôtrel, décembre 1992. 3 feuillets.

  • AP Alain Chomel. Lettre adressée par Lélian Rinaldo à Alain Chomel, 17 juin 1981, 3 feuillets

  • AP Alain Chomel. Plan de l'église Saint-Jean-Apôtre,

  • AP Alain Chomel. Coupes longitudinales de l'église Saint-Jean-Apôtre,

  • AP Alain Chomel. A travers de cette église,,,amis vous pouvez découvrir l'église du Christ,

  • AP Alain Chomel. Lettre adressée par Lélian Rinaldo à Alain Chomel, Décembre 1992, 3 feuillets

Bibliographie

  • MISSION SITE HISTORIQUE DE LYON, Zoom rive gauche : lire la ville en creux et en relief : lieux, sites et acteurs du patrimoine, Ville de Lyon, mars 2004.

    p. 144
  • GARDES Gilbert. Lyon, l´art et la ville. Pariis : Éd. du CNRS. 1988. 2 vol. 188-251 p.

    t. 1, p. 178, 179 : ill.
  • JACQUEMIN Louis. Histoire des églises de Lyon. Lyon : Bellier.1983, 323 p.

  • MOUSSA, Jean. Saint-Jean-Apôtre, dit Saint-Jean des Etats-Unis. Rive-Gauche, mars 1976, p. 9-10

  • MARREY Bernard. Guide Rhône-Alpes de l'architecture du XXe siècle. Paris : Picard, Lyon : Union régionale des CAUE Rhône-Alpes, 2004. 341 p. : ill.

    p. 213

Périodiques

  • CAPELLADES Jean. Guide des églises nouvelles en France. Editions du Cerf. 1969. 244 p.

Documents figurés

  • Eglise Saint-Jean-Apôtre, Ensemble de deux vues aériennes et d'une vue intérieure de l'édifice, Alain Chomel (AP Alain Chomel)

  • [Plan d'ensemble du centre paroissial Saint-Jean des Etats-Unis], Alain Chomel , janvier 1961 (A Office diocésain des paroisses nouvelles Lyon)

  • Eglise Saint-Jean des Etats-Unis, coupes, Alain Chomel , Janvier 1961, (A Diocésaine Lyon)

  • Eglise Saint-Jean des Etats-Unis. Plan du sous-solde l'église, Alain Chomel, janvier 1961. 1 : 100 (A. Office diocésain des paroisses nouvelles Lyon)

  • Eglise Saint-Jean des Etats-Unis. Plan du rez-de-chaussée de l'église, Alain Chomel, janvier 1961. 1 : 100 (A Office diocésain des paroisses nouvelles Lyon).

  • Eglise Saint-Jean des Etats-Unis, plan de l'étage de l'église, Alain Chomel , janvier 1961. 1 : 100 (A Office diocésain des paroisses nouvelles Lyon)

  • Eglise Saint-Jean des Etats-Unis. Plan du rez-de-chaussée de la cure et du portique, Alain Chomel. janvier 1961. 1 : 100 (A Office diocésain des paroisses nouvelles Lyon).

  • Eglise Saint-Jean des Etats-Unis, plan du sous-sol de la cure et du portique, Alain Chomel , janvier 1961. 1 : 100 (A Office diocésain des paroisses nouvelles Lyon)

  • Vues de l'autel et du siège cathédral. In : Association Paroissiale Saint-Jean-Apôtre. Au travers de cette église... amis vous pouvez découvrir l'église du Christ. Lyon : RAAG, 1964. Ill.

Annexes

  • Annexe n°1
  • Annexe n°2
  • Annexe n°3
  • Annexe n°4
Date(s) d'enquête : 2007; Date(s) de rédaction : 2007
Articulation des dossiers