L’œuvre de la Samaritaine, AC Lyon : 744 WP 076, n° 1, [1892 ?]

I Fondation et but de l’œuvre

L’œuvre de la Samaritaine, fondée en 1891, a pour but de fournir aux jeunes filles tombées et repentantes, les moyens de retrouver une place dans la société. Ce but éminemment social réunit, sur le terrain de la bienfaisance, tous les amis de la véritable civilisation et tous ceux qui ont à cœur le relèvement moral du pays.

Nous aimons à voir, dans l’Évangile, le Christ conversant avec la Samaritaine et la réhabilitant aux yeux de ses compatriotes ! Le souvenir de cette page admirable a fait donner à cette création nouvelle de la charité lyonnaise le nom : d’œuvre de la Samaritaine.

II Moyens d'atteindre le but de l’œuvre

1° L’œuvre offre un asile aux filles repentantes le jour où, repoussées par leur famille ou congédiées par leurs maîtres, et cependant incapables d'obtenir encore leur admission immédiate à l'Hospice de la Charité, elles ont la douleur de constater qu'il est tout ensemble, pour elles, trop tard et trop tôt ! Recueillir alors, sans distinction de croyances religieuses, ces pauvres créatures, qui portent le lourd fardeau d'une seule faute, et qui ont de cette faute un regret sincère et profond ; les préserver du découragement ; les sauver de l'infamie, les arracher peut-être à la tentation du suicide ; en tout cas, leur ménager le contact d'un milieu sain et bienfaisant, et les préparer à remplir les devoirs de la maternité, tel est le premier but de l’œuvre de la Samaritaine.

2° Elle les recueille ensuite à nouveau, au sortir de l'Hospice de la Charité, et s'efforce de parfaire ce qu'elle a commencé, en essayant, si la chose est possible, de leur faire épouser l'auteur de leur chute et s'employant ainsi à légitimer une union qui assure avec leur avenir, celui de leur enfant.

3° Si elle n'y peut réussir, elle travaille, du moins, à aviver en elles le sentiment du devoir, et à les confirmer dans leurs généreuses résolutions, en même temps qu'elle s'étudie, par une intervention discrète et efficace, à leur faciliter la rentrée au foyer paternel, ou la reprise de quelque honnête occupation.

4° Pour cela, elle a organisé un vestiaire qui lui permet de les pourvoir de vêtements.

Après quoi elle paye les frais de retour au pays natal.

III Direction de l'Oeuvre

L’œuvre de la Samaritaine, fondée sous de hautes influences, est dirigée par un conseil composé de dames : une présidente, une vice-présidente, une trésorière, une secrétaire, sont choisies par les dames directrices.

Au conseil est confié le soin de recruter de nouvelles associées et de donner à l'Oeuvre le plus d'extension possible.

Les dames du bureau ont, en outre, pour mission de visiter leurs protégées après leur sortie de l'asile de l'oeuvre, afin de les encourager et les entourer de leur sollicitude et de leur affection.

Comme il sera toujours vrai de dire que le cœur répond au cœur, ces jeunes filles réhabilitées à leurs propres yeux par le tendre intérêt qui leur sera prodigué, suivront, pour la plupart, la voie qui leur aura été tracée et feront honneur à leurs protectrices.

Chaque année une assemblée générale réunira toutes les associées. Dans cette assemblée, lecture sera donnée d'un rapport sur les annuités recueillies sur les dons faits à l’œuvre, sur les travaux accomplis et les résultats obtenus pendant l'année écoulée ; ce rapport sera ensuite imprimé et distribué aux associées.

Les dons en espèces et en nature sont reçus au siège de l'Oeuvre, rue Victor-Hugo, 2, au premier. Le minimum de l'annuité est fixé à 5 francs.

Asile de la Samaritaine

3 rue du Premier-Film

Lyon 8e

Maison conçue pour accueillir des mères célibataires construite entre 1900 et 1903. Le sol des couloirs est revêtu de carreaux de différentes couleurs (ocre jaune, ocre rouge) portant au revers la marque suivante :

V. DECKER MOURAUX & CIE FABRIQUE DE CARRELAGE MARQUE DEPOSEE FOUG PRES TOUL, accompagnée d'armes et d'une couronne.

Renseignements fournis par Pascal Thiébaut, chercheur Patrimoine industriel (service régional de l'Inventaire, DRAC Lorraine), septembre 2004.

LA FABRIQUE DE CARREAUX EN GRES DE FOUG (10 KMS à l'ouest de Toul, 54) a

commencé à produire en 1900 (date de construction de l'usine : 1899), et a

fermé ses portes entre 1935 et 1939.

Production essentielle connue : carreaux pour pavements (14 X 14 ; 16 X 16 ; 20 x 20).

En grès artificiel (à base de poudre de laitier finement broyée, colorée dans la masse en jaune, brun) incluant certainement un peu de terre à grès (Rambervillers, 88, et Pouilly, 71).

Ce que j'ai pu identifier des productions de Foug est tout à fait conforme à des produits équivalents d'autre usines céramiques (defrance à Pont-Sainte-Maxence, 60 : l de smet à Canteleu-lès-Lille, 59).

Les marques :

Celle que vous indiquez (V.DECKER-MOURAUX ET CIE FABRIQUE DE CARRELAGES-MARQUE DEPOSEE-FOUG PRES TOUL ; blasons à croix de Lorraine (à gauche) blason de la ville de Toul (à droite) surmontés d'une couronne de ville)) est la première marque de cette société utilisée entre 1900 et environ 1907.

Marque entre 1907 et 1910-1912 : la raison sociale V.DECKER MOURAUX ET CIE disparaît de l'inscription, la marque est inscrite dans 2 cercles concentriques (au lieu d'un dans la marque originelle).

Marque après 1912 : FABRIQUE DE CARRELAGES DE FOUG, inscrite dans un cercle, avec triangle central.

J'ajoute que, malgré ces modifications, la raison sociale semble être restée la même.

Utilisation

Dans la région de Toul et Nancy, les carreaux paraissent avoir été surtout utilisés pour les constructions économiques et militaires (couloirs de casernes ; salles d'hôpitaux), certains ont été exceptionnellement utilisés en parement extérieur de maisons (pignon d'une maison du parc de Saurupt à Nancy).