Dossier collectif IA42000240 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, Patrimoine 19e-20e siècles de Saint-Etienne
Les immeubles du centre de Saint-Etienne
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Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    immeuble
  • Aires d'études
    Saint-Etienne Centre
  • Adresse
    • Commune : Saint-Étienne

L´analyse architecturale effectuée à la fin de la première mission d´inventaire a dégagé les types suivants :

Les immeubles d'artisans et d'armuriers

Edifié à la fois pour abriter les nombreuses activités artisanales liées à l´industrie des armes (14 spécialistes interviennent successivement dans la fabrication d'une arme de chasse) mais aussi pour loger les ouvriers, ce type d´immeuble se développe au XVIIIe siècle en raison du formidable essor de la manufacture d´armes organisée comme telle en 1764. Les matrices du plan terrier de 1767 comparées aux relevés des terriers antérieurs permettent d´attester l´établissement de nombreux armuriers. La construction de ce type d´immeuble se poursuit jusqu´au milieu du XIXe siècle ; en effet, en 1864, la manufacture nationale déménage dans la plaine du Treuil, en dehors de l´aire d´étude.

Les logements des ouvriers se trouvent dans des bâtiments situés le long de la rue, et les ateliers sont placés immédiatement derrière les fenêtres à deux vantaux verticaux avec impostes, dans les édifices donnant sur la ou les cours. Le grand nombre des ouvertures explique le terme local "travailler en fenêtre", employé pour qualifier le travail artisanal des armuriers et donne aux façades un aspect très évidé.

Les commanditaires de ces immeubles sont issus de la petite bourgeoisie terrienne. Ils cherchent un revenu supplémentaire avec la location des « fenêtres de travail ». En effet, les artisans trop modestes ne peuvent pas payer le prix de la construction de ces ateliers bâtis par des artisans ou compagnons maçons, charpentiers, etc.

Les matériaux utilisés proviennent de la région. Ces immeubles ne présentent pas de décor extérieur ou intérieur. Seul le jeu harmonieux qui existe parfois entre le grès houiller, le bois et la brique et des éléments de ferronnerie constitue une touche décorative. Le gros oeuvre des bâtiments sur la rue est généralement en moellons de grès houiller tandis que la structure des bâtiments sur cour est constituée de poteaux de bois entre lesquels le remplissage est de nature variable.

Les multiples rehaussements du XIXe siècle et les locaux sanitaires ajoutés contre la façade arrière des bâtiments perturbent aujourd´hui la lisibilité des édifices.

Ces immeubles occupent des parcelles souvent étroites de 10 à 15 mètres de largeur environ, sur plus de 30 mètres de profondeur, ce qui permet la création de plusieurs bâtiments de trois étages sur rez-de-chaussée, articulés autour d´une ou deux cours carrossables empruntées par les chariots qui transportent les marchandises finies ou les matières premières. La hauteur des ateliers sur cour est variable, de deux à quatre niveaux.

Le rez-de-chaussée du bâtiment sur rue est souvent occupé par un commerce. L'accès de l'immeuble est latéral pour un immeuble de moins de quatre travées. Le passage cocher, centré pour un immeuble de cinq travées et plus, traverse jusqu'à la cour arrière. Celle-ci est peu soignée, pavée de galets grossiers provenant des bords de Loire, envahie au fil du temps par des bâtiments annexes, locaux artisanaux ou dépôts. Les immeubles implantés sur des parcelles larges présentent parfois une cour végétalisée (arbres, arbustes). En raison de l'étroitesse de la parcelle, la cage d'escalier empiète souvent sur le passage, notamment au niveau de la deuxième volée d'escalier.

Cette industrie très morcelée, impose un espace armurier resserré où les marchandises et les hommes occupent le réseau viaire jusqu´à saturation. Le déplacement des piétons s'effectue alors par un réseau interne de traboules et passages entre les propriétés. Ce type de cheminement particulier sera appliqué aussi pour relier les collines au centre-ville et reste perceptible dans le réseau actuel malgré les profonds changements urbains du XIXe siècle.

Les immeubles de négociants

Cette forme urbaine particulière se diffuse considérablement entre 1767-1773, date de la levée de l´atlas-terrier de Saint-Priest et 1824, date des premières matrices du cadastre napoléonien. Les commanditaires négociants, fabricants ou maîtres artisans, souvent déjà propriétaires, choisissent ce type d´immeuble en raison de plusieurs facteurs historiques, géographiques ou juridiques : la présence d'un site plat en fond de vallée vierge de tout édifice, rendu constructible par la saisie et la vente des biens nationaux, l´imposition d´un modèle de façade dessiné par l´architecte-voyer Dalgabio, et enfin l´existence, avant la Révolution, des premiers immeubles à cour dans le quartier des armuriers, ce type d´immeuble se nomment localement « des recettes ».

Les rubaniers profitent ainsi de l'essor formidable de cette activité et spéculent sur des bénéfices fonciers. Ce terme local de recettes désigne aussi bien l´immeuble dans lequel se regroupent les différentes activités du fabricant de rubans - création artistique, suivi économique et financier, gestion administrative du personnel de magasin et mise au point technique des phases de fabrication - que la petite pièce dans laquelle s´effectue la « rendue », c´est-à-dire la remise par le passementier des rubans commandés.

Sur des parcelles de 20 à 25 mètres de largeur et de 40 à 50 mètres de profondeur, les immeubles sont composés de quatre corps de bâtiment généralement de même hauteur, de quatre à cinq niveaux avec un rez-de-chaussée entresolé. Le bâtiment principal, situé en bordure de rue, occupe toute la largeur de la parcelle sur une profondeur comprise entre 10 et 15 mètres. Afin de pouvoir développer leur activité toujours croissante au cours du XIXe siècle, les fabricants ajoutent des bâtiments latéraux disposés en « U » ou en « L » dans la parcelle. Cette disposition se rencontre soit en totalité, soit partiellement. Dès 1860, les recettes les plus importantes possèdent des constructions latérales dans la cour.

Le passage cocher centré, caractéristique de ce genre d'immeubles, est indispensable pour l´accès des véhicules qui acheminent les matières premières et expédient, en direction du monde entier, les rubans tissés. Il permet la liaison entre la rue et la cour et l'accès aux cages d'escaliers qui desservent les étages.

Les façades des recettes, construites jusqu´en 1860 par des maîtres maçons ou des architectes locaux anonymes, laissent apparaître des blocs de pierre de taille en grès houiller et sont très rarement ornées, reflétant la mentalité des commanditaires négociants. Sans doute, l´absence d'un véritable règlement urbain publié et l´application du plan de façade dressé par l´architecte voyer Jean-Michel Dalgabio en 1821 permettant uniquement les saillies de balcons, expliquent-ils que seule la ferronnerie des balcons d´axe et des lambrequins anime la façade. La diversité et la taille de ce décor métallique indiquent une hiérarchie des étages déterminée par la position sociale des différents métiers exercés derrière ces fenêtres.

A partir de 1870, le décor extérieur prend plus d´importance et témoigne de la richesse et de la réussite sociale du commanditaire propriétaire de l´entreprise. L´intérieur des locaux, les cages d'escaliers, les portes palières sont généralement l'objet d´une réalisation soignée et signée.

Les immeubles-ateliers de passementiers

Les nombreux façonniers à domicile, appelés passementiers, s'installent dans ces immeubles-ateliers appelés localement des fabriques situées à proximité du centre-ville où ils se rendent fréquemment afin de remettre leur travail, percevoir leur salaire et obtenir de nouveaux fils. Ils tissent des rubans, selon un ordre donné par les fabricants de rubans, sur des métiers actionnés manuellement.

La diffusion massive d'un nouveau métier permettant de fabriquer plusieurs pièces de rubans à la fois en 1790 et l´invention de la mécanique Jacquard en 1804 sont des facteurs qui ont permis une avancée technologique susceptible d´entraîner des gains de productivité importants pour les utilisateurs « modernes ». Répondant aux sollicitations des rubaniers, les passementiers ont recherché des espaces plus adaptés à ces nouvelles techniques de production.

Les principaux commanditaires des fabriques sont soit des passementiers enrichis par l´essor économique de leur activité, soit des négociants également propriétaires terriens qui louent des ateliers aux passementiers sans locaux pour accroître leurs revenus.

Ce type d´immeuble se multiplie à partir de 1830 lorsque les nouvelles techniques de tissage sont assimilées et que l´on peut concevoir un édifice spécifique pour abriter les métiers à tisser. La particularité de ces fabriques est de distinguer, dans un même édifice, les espaces de travail que sont les ateliers où se trouvent les métiers à tisser, des espaces de logements souvent réduits à deux pièces pour le passementier qui travaille entouré de sa famille. Elles sont construites par des artisans maçons, avec des matériaux locaux, moellons de grès houiller extraits des carrières limitrophes, briques rouges, poutres de sapin et poutrelles métalliques.

L´implantation des immeubles-ateliers s´effectue sur des parcelles étroites de 12 à 18 m. de large environ, disposées perpendiculairement aux rues situées le long des courbes de niveau des collines stéphanoises. Le bas des pentes est loti au début du XIXe siècle en raison de la proximité immédiate du centre-ville, et mêle fabriques et immeubles d´habitation. Le haut de la colline, bénéficiant de l´ouverture précoce des rues qui permettent à la population d´accéder aux cimetières, est loti dans la première moitié du XIXe siècle.

Les rues à mi-pente sont ouvertes de 1850 à 1880. C´est là que l´on rencontre le modèle le plus typique des immeubles-ateliers. Entre ces fabriques, un espace non construit permet aux passementiers de cultiver un jardin et d´obtenir un recul suffisant dans la pente de la colline pour implanter une autre fabrique. Les fabriques individuelles avec un seul atelier et une seule famille de passementier sont souvent localisées en fond de parcelle. Les plus importantes, à deux ou trois étages, avec deux à six ateliers, se trouvent soit en bordure de rue, soit en rupture d´alignement si le recul n´est pas suffisant pour créer les ouvertures adéquates.

L´accès aux fabriques se fait depuis la rue par une porte latérale ou décentrée, parfois centrée si la fabrique présente plus de cinq travées. La porte ouvre sur un couloir qui distribue la cage d´escalier et le passage au jardin ou à la cour arrière permettant de rejoindre les fabriques situées en amont ou en aval de la pente.

A l´intérieur de l´édifice, un mur de refend marque la séparation entre l´espace sur la rue et celui sur le jardin. Il sert d´appui aux poutres des planchers longues de six mètres environ. Côté espace de travail, on trouve jusqu´à deux ateliers superposés de plus de six mètres de hauteur sous plafond pouvant accueillir chacun quatre métiers à tisser, hauts de plus de cinq mètres, disposés perpendiculairement aux fenêtres, et côté logement, trois niveaux d'appartements d´environ trois mètres de haut. La communication entre ces deux espaces s´effectue par la cage commune de l´escalier. Les différences de hauteur entre le côté rue et celui du jardin sont rattrapées par des paliers intermédiaires situés entre la cuisine et l´atelier.

Les grandes fenêtres verticales des ateliers permettant l´apport de la lumière nécessaire à la confection des rubans sont aujourd´hui les seuls témoins visibles de cette activité. Ce type d´édifice constitue le groupe le plus important des immeubles repérés pendant l´étude d´inventaire, soit plus de 25% et apparaît fréquemment sous une forme typologique complète. Les seules variantes proviennent de particularités techniques, financières ou géographiques du contexte de construction. Le succès de ce type d´immeubles au XIXe siècle s´explique par la réussite économique des rubaniers et par la facilité d´adaptation du bâti qui peut absorber l´évolution technique des différents savoir-faire.

La diffusion importante de ce modèle d´immeubles a pallié pendant un siècle l´absence de construction de logements sociaux pour les plus défavorisés, les mineurs en particulier qui ont trouvé dans les fabriques des pièces libres non utilisées par les familles de passementier.

Les immeubles de rapport

La première époque de construction concerne les immeubles dits « Dalgabio » édifiés dans le deuxième quart du XIXe siècle ; la deuxième les immeubles bâtis de 1850 à 1880 et la dernière ceux construits de 1880 à 1914, dits immeubles « fin de siècle ». Un des critères communs aux trois périodes est la nature des principaux commanditaires, notables stéphanois, institutions publiques et privées comme les hospices civils, ou industriels fortunés. Ces édifices sont également tous construits par des professionnels du bâtiment (maçons, charpentiers, menuisiers, couvreurs) sous la direction d'un architecte local de notoriété plus ou moins établie, suivant la fortune du maître d'ouvrage. Les matériaux employés proviennent des carrières locales (grès houiller, brique, tuile) au début du XIXe siècle. L'aspect extérieur reste simple car la décoration n'est pas une priorité. Dès 1850, l´évolution du transport rend plus accessible l´acheminement de matériaux non régionaux, comme les pierres calcaires ou les ardoises, même si le coût du transport reste élevé. Les façades en pierre calcaire manifestent la réussite sociale du commanditaire. A partir de 1880, l'emploi de ces matériaux se généralise et les immeubles construits à compter de cette date présentent des façades ouvragées, soit en pierre calcaire, soit en pierre de grès enduite de ciment prompt, ce qui permet de créer des modénatures.

Les dimensions des parcelles, de 20-25 mètres de large sur 30 mètres de profondeur en moyenne, sont variables. Les plans de ces bâtiments sont classiques pour l´époque, sans grande innovation, afin de séduire le plus de locataires possible. Chaque étage est divisé en appartements de cinq pièces en moyenne, en fonction de la largeur de la parcelle.

L´escalier, puis l´ascenseur à la fin du XIXe siècle, assurent la distribution verticale et sont fréquemment l´objet d´un dessin soigné. Alignés sur la rue, les immeubles disposent toujours d´une cour ou d´une courette qui éclaire les pièces de service, les offices des appartements les plus prestigieux positionnés aux étages nobles et les logements placés aux étages supérieurs et destinés aux classes sociales modestes. Les domestiques sont logés dans les combles de l'immeuble ou dans de petites chambres situées à l'intérieur du logement, à proximité des espaces réservés aux services.

L´immeuble dit « Dalgabio »

En 1822, Jean-Michel Dalgabio, architecte-voyer, réalise la percée de la rue Saint-Louis, actuelle rue Gambetta, au sud de la place du Peuple, pour compléter le deuxième tronçon de la Grand-Rue et relier les routes de Roanne et d'Annonay. Cette nouvelle artère de plus de 11 m. de largeur, coupe un tissu parcellaire du XVIIe siècle suivant la direction des rues José-Frappa et Saint-François. Jean-Michel Dalgabio recrée néanmoins des parcelles de différentes largeurs qui permettent l´implantation d´immeubles disposant tous d'un nombre impair de travées. Si le parcellaire ne permet pas de placer des entrées centrales, des balcons au premier étage situés dans l'axe de l'immeuble rééquilibrent la symétrie de l´édifice. Les édifices rue Saint-Louis sont des immeubles de trois étages carrés et un étage d´attique, sur rez-de-chaussée entresolé à arcades en plein cintre. Aucun document graphique ne permet d´attribuer un seul de ces immeubles à l´architecte Jean-Michel Dalgabio. Cependant, des similitudes de style et d´époque nous le laissent supposer. En effet, Dalgabio est l´auteur du plan de façades imposé place Jean-Jaurès à partir de 1822, modèle fourni par l´administration municipale aux propriétaires demandant un alignement et une autorisation de bâtir.

Les élévations de ces édifices sont très sobres, Les appartements présentent de grandes pièces dont les principales, chambre, salon et salle à manger, donnent sur la rue et sont desservies par un vestibule où débouchent la cuisine et les pièces de service, éclairées par la cour, tout comme l'escalier de l'immeuble qui présente souvent un caractère monumental.

L´immeuble dit « Exbrayat »

Le long du cours Saint-André (actuel cours Victor-Hugo), la Ville réalise en 1856 une grande opération d'urbanisme en couvrant le Furan, rendant ainsi possible la régénération des quartiers anciens de Saint-André et des Gauds qui s'étiraient le long de la rivière. L'architecte lyonnais Jules Exbrayat, auteur du projet de 1856 d´aménagement intérieur du théâtre et casino lyrique de Saint-Etienne, mobilise plusieurs notables stéphanois pour créer une société nommée Compagnie Immobilière de Saint- Etienne.

Celleci s'engage à mener à bien toutes les opérations d´expropriation des petites habitations souvent insalubres afin de libérer de vastes terrains constructibles. L´architecte conçoit alors une série de huit immeubles de sept niveaux destinés à loger toutes les classes sociales, du rentier à l´ouvrier, disposés équitablement de part et d´autre du cours Saint-André. Chaque immeuble occupe la totalité d´un îlot créé sur ces terrains libérés. Les corps principaux sont alignés sur la rue délimitant des cours intérieures. Les façades sur la rue Saint-Louis (actuelle rue Gambetta) sont conçues comme des assemblages d´éléments du modèle parisien de l'époque, les immeubles de la rue de Rivoli, représentés sur la brochure publicitaire qui vantait les mérites d´une telle construction auprès des Stéphanois.

La faillite de la société en 1859, puis la mort de l'architecte, suivie du manque d´enthousiasme de la population à partager les mêmes locaux, ont conduit à la modification du projet initial. Il existe un seul groupe d'immeubles bâtis sur un îlot, présentant quatre niveaux sur rez-de-chaussée entresolé avec une seule cour intérieure.

L'immeuble moderne

Le 19e immeuble construit de 1930 à 1932 par la Société des immeubles par étages est le seul à Saint-Etienne qui puisse prétendre à l'appellation d'immeuble moderne selon les critères de la modernité architecturale rappelés par Mario Bonilla en 1989 dans Les immeubles d'appartements modernes.

Sur une parcelle très étroite placée en oblique par rapport à la rue, cet immeuble de 7 niveaux sur rez-de-chaussée offre 21 appartements de 3 à 5 pièces. La volumétrie extérieure complexe est en totale rupture avec l'environnement architectural. L'architecte Auguste Bossu la présente dans la conférence qu'il donne dans le hall de l'immeuble pour l'inauguration en 1932 comme le résultat d'une série d'encastrements et il se réfère à l´oeuvre de Rob Mallet-Stevens. Dans cet immeuble, plus de volumes rectangulaires alignés sur la rue, plus de toit à deux pans, plus de bâtiments formant un U autour d'une cour intérieure. La façade sur la rue des Creuses présente un encorbellement de 1,20 m., rendu possible par l'emploi de la technique du béton armé. Bossu en profite également pour imposer des refends intérieurs de 20 cm d'épaisseur au lieu des 40 cm requis pour les étages, qui gagnent ainsi de la surface, ce qui est appréciable du fait de l'étroitesse de la parcelle. La disposition intérieure est rigoureuse et aucune surface n'est gaspillée. L'accès s'effectue par la rue des Creuses ; après quelques marches, le hall distribue la loge de concierge, une courette, l'unique escalier, l'ascenseur et les locaux situés au rez-de-chaussée. Les pièces des appartements s'articulent autour d'un hall sans recourir à un couloir de circulation.

Les urbanistes stéphanois disposent ainsi sur le secteur du centre-ville d´informations élémentaires, architecturales, historiques ou urbaines qui facilitent leur travail d'instruction des permis de construire, leur permettent d´élaborer des données prospectives sur les enjeux de renouvellement de la ville en intégrant des facteurs patrimoniaux à la réflexion sur le futur développement urbain. Actuellement, il conviendra it d´étudier avec cette même méthode d´inventaire thématique régional, le reste du territoire communal voire de l´agglomération correspondant au bassin industriel et de poursuivre les recherches sur une période allant jusqu´à la fin des années 90 de manière à avoir une base de données complète de l´architecture et de l´urbanisme stéphanois.

A la suite de cette première opération d´inventaire, les données qui font l´objet de cette publication ont intégré la base architecture "Mérimée" du ministère de la Culture et de la Communication. Dix édifices remarquables ou jugés représentatifs ont fait l´objet de protection au titre de la loi de 1913 sur les Monuments historiques depuis 2001. Deux ZPPAUP ont été créées sur les quartiers du Crêt de Roch et de Tarentaize-Beaubrun en 2004, le périmètre d´une troisième zone est arrêté autour du Site Couriot, celui du centre-ville est à l´étude.

L´importance de la documentation recueillie pendant ces années d´étude témoigne de la diversité, de l'intérêt du patrimoine stéphanois des XIXe-XXe siècles et de la nécessité de poursuivre des recherches à l´échelle du bassin industriel. Afin de valoriser les premiers éléments de connaissance du patrimoine stéphanois, la Ville a intégré le réseau national des Villes et Pays d´art et d´Histoire en 2000, se dotant ainsi de moyens de valorisation en direction de tous les publics.

Les immeubles les plus anciens sont des immeubles d'armurier et d'artisan, construits au 18e siècle, mentionnés dans le plan terrier de 1767 mais non construits en 1715 d'après les mentions du terrier précédent. Une campagne de construction démarre à partir de 1792, le long de la trame viaire dessinée par l'architecte voyer Pierre-Antoine Dalgabio. L'immeuble 4 place Jean-Jaurès daté de 1822 est le plus ancien repéré ; il correspond au modèle de façade à décliner, mentionné dans les arrêtés de voirie, par l'architecte Jean-Michel Dalgabio. 127 immeubles sur 180 sélectionnés datent du 19e siècle, leur répartition par quart de siècle est relativement homogène. 53 immeubles datent du 20e siècle dont 42 sont contruit entre 1900 et 1925. 51 sont attribués à un architecte dont 14 pour Léon ou Marcel Lamaizière. 11 immeubles ont une appellation locale témoignant ainsi de leur relative notoriété. Les immeubles de négociant et les immeubles-ateliers de passementier, liés à l'industrie textile, apparaissent majoritairement sous cette forme vers 1850.

  • Période(s)
    • Principale : 18e siècle
    • Principale : 19e siècle
    • Principale : 20e siècle

A part les immeubles-ateliers de passementier parfois en retrait sur cour ou jardin, tous les immeubles sont construit à l'alignement de la rue et présentent une cour autour de laquelle sont disposés les autres corps de bâtiment. La taille de la cour varie en fonction du genre des immeubles : les immeubles d'artisan ou d'armurier ont les plus petites. La plupart des immeubles possèdent au moins un édifice en plus du bâtiment principal sur la cour. Les édifices anciens possèdent également une écurie. Les immeubles de passementier abritent tous un ou plusieurs ateliers de production. Les immeubles de négociant et les immeubles de rapport sont souvent signés par des architectes ayant déjà des liens professionnels avec les commanditaires, les autres types d'immeubles très rarement. Les immeubles de rapport et les immeubles de négociant sont les plus hauts ; ils ont trois ou quatre étages carrés. Les escaliers, tous maçonnés, sont à l'intérieur des édifices. On remarque l'existence de huit ascenseurs présents surtout dans les édifices du 20e siècle à partir des années Trente. Les immeubles sont construits en grès houiller (matériaux local) pour les plus anciens. Le calcaire apparaît dès la fin du 19e siècle, avec l'essor du transport ferroviaire. Il existe très peu de toit terrasse. La majorité des immeubles, sauf les immeubles-ateliers de passementier, présente un décor de ferronnerie. Seuls les immeubles de rapport ou les immeubles de négociant présentent des éléments sculptés ou en ciment moulé.

  • Typologies
    immeuble de passementier ; immeuble de négociant ; immeuble d'artisan ; immeuble d'armurier ; immeuble de rapport
  • Toits
  • Décompte des œuvres
    • bâti INSEE 6 895
    • repérés 1 109
    • étudiés 186

Documents d'archives

  • AM Saint-Etienne. 4G. Permis de construire classés par date

  • AM Saint-Etienne. 25S. Archives de la Société anonyme HLM Bâtir et Loger

  • AM Saint-Etienne. Fonds d´archives d´architecture « Lamaizière »

Bibliographie

  • Bonilla, Mario, Vallat, Daniel. Les immeubles d´appartements modernes, Saint-Étienne, 1923-1939. Saint-Étienne : École d'architecture, Centre d'Études Foréziennes, 1987

  • Bonilla, Mario, Tomas, François, Vallat, Daniel. L´immeuble collectif des années 50, Saint-Étienne : de la place Foch à Beaulieu. Saint-Étienne : École d'architecture, Centre d'Études Foréziennes, 1993

  • E.P.U.R.E.S. Saint-Étienne, Quartier du Crêt de Roc, Études préalable Opération Programmée d´Amélioration de l´Habitat. Saint-Étienne : agence d´urbanisme, novembre 1979. 46 p. multigr.

Périodiques

  • SANQUER, Cendrine. Les immeubles de la rue de la République. Bulletin du Vieux Saint-Étienne, n°174, 1994

Date(s) d'enquête : 1996; Date(s) de rédaction : 2005
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