En 1876, Émile Guimet, fils de Jean-Baptiste Guimet inventeur du bleu outremer artificiel, et lui-même industriel, ingénieur, chimiste, philanthrope, musicien, passionné d'archéologie, de philosophie et d'histoire des religions, se rend, en compagnie du peintre Félix Régamey, aux États-Unis, au Japon, en Chine, en Indochine, à Ceylan, en Inde. Le voyage dure une dizaine de mois. Au cours de ce périple, Émile Guimet prévoit de créer à Lyon dès son retour une véritable institution de recherche et de formation sur les religions et principalement sur celles d'Extrême-Orient. Il désire fonder dans un même lieu un musée, une bibliothèque et une école de langues, grâce aux objets qu'il rapporte, achats ou dons, et avec l'aide de plusieurs religieux rencontrés en Asie prêts à venir à Lyon partager leurs connaissances. Il insiste davantage sur l'aspect scientifique de son institution que sur son aspect artistique. Il profite de l'Exposition universelle de 1878 à Paris pour exposer dans deux salles du Trocadéro des objets rapportés de son voyage et des tableaux de Félix Régamey ; il commence à mettre en œuvre ses idées sur la muséographie ; le musée ethnographique de Copenhague sert de modèle à Guimet. La construction de son musée des Religions réunissant "sous un même toit tous les dieux de l'humanité" est sans doute effectuée durant l'été 1878 sur les plans de Jules Chatron (1831-1884), les sculptures étant dues à L. Pascal, et sur un terrain acheté aux Hospices civils de Lyon. Les travaux sont arrêtés en novembre : la rotonde et l'aile sur le boulevard des Belges sont réalisées, l'aile sur la rue Boileau étant simplement fondée pour des raisons financières. Le 30 septembre 1879, Jules Ferry, ministre de l'Instruction publique, et le directeur de l'Enseignement supérieur, inaugurent le musée à Lyon. Si les premières esquisses révèlent un goût pour les chinoiseries, la réalisation adopte plutôt un style néoclassique. Aux premier et deuxième étages de la rotonde se trouvait la bibliothèque dont Guimet avait souligné l'importance. La paroi aveugle du troisième étage de la rotonde était ornée d'un diorama peint en trompe-l’œil. L'institution édite de nombreuses publications visant autant les spécialistes qu'un public plus large. Dès 1882, Guimet craint de voir son œuvre péricliter en province à cause du manque de visiteurs et de chercheurs, de difficultés financières et de problèmes avec la mairie de Lyon ; en outre, l'école doit fermer ses portes faute d'étudiants. Avec un vocabulaire d'entrepreneur, Guimet expliquera : "J'avais fait une sorte d'usine scientifique et je me trouvais loin de la matière première et loin de la consommation." Il entre en contact avec l'administration de la Ville de Paris et le ministère de l'Instruction publique pour un transfert éventuel du musée à Paris. En avril 1897, le musée de Lyon est mis en vente volontaire aux enchères publiques : aucune transaction ne se fait. Il est loué à messieurs Rambaud, Gallaud et Guy, qui y construisent une patinoire, un théâtre et une brasserie, puis à la Société frigorifique de Lyon en 1899 qui l'acquiert en 1901. Depuis la brasserie du Palais de Glace, on aperçoit à la fois le boulevard et les patineurs. Une fabrique de glace alimentaire y trouve également sa place ; l'ensemble est baptisé en 1904 Casino des Sports. Le premier club lyonnais de hockey sur glace, le Sporting club de Lyon y est fondé. Comble du luxe, la patinoire est associée à un palmarium. Dès 1909, l'affaire périclite. La Ville de Lyon acquiert l'ensemble pour y transférer les collections du muséum d'histoire naturelle (cf annexe) auquel est associé le nouveau musée Guimet. Les travaux de transformation nécessaires à l'implantation du muséum sont réalisés sur les plans dressés en 1911 par l'architecte lyonnais Tony Blein (domicilié 74 cours de la Liberté), élève de Chatron. L'édifice agrandi est inauguré en mai 1913. Émile Guimet y présente une partie de ses collections dans les salles construites en 1878. La galerie de l'ex-patinoire est élargie pour faire place aux grandes vitrines du musée Saint-Pierre où se trouvaient les collections du muséum d'Histoire naturelle. La cheminée d'usine liée aux installations frigorifiques est détruite en 1913.
Toujours propriété de la Ville de Lyon, le bâtiment est géré depuis 1991 par le Conseil général du Rhône.
En cas de réhabilitation ou de changement de fonction de l'édifice, il serait souhaitable de conserver les façades (éléments sculptés compris) de la rotonde, de la rue Morellet et de la cage d'escalier ainsi que le châssis de tympan de la porte secondaire ouvrant sur la rue Boileau ; à l'intérieur, il faudrait également conserver la rotonde et la cage d'escalier dans leur ensemble, les consoles ornées de masques féminins, cloches, lyres et grelots de la grande salle de l'aile Guimet (premier étage carré), la salle Géologie et son entrée située dans le prolongement de l'aile Guimet, le volume et la verrière de la grande salle (ancienne patinoire) ainsi que le garde-corps de sa galerie, enfin le revêtement de sol en mosaïque situé entre la grande salle et l'escalier, et le tableau des donateurs orné d'hippocampes qui se trouve à proximité (cf dossier Palissy).
Le musée Guimet de Paris, quant à lui, est volontairement conçu comme une copie de celui de Lyon. Le terrain sis place d'Iéna permet une configuration en triangle. Jules Chatron étant décédé, le projet est confié à l'architecte parisien Charles Terrier qui connaissait l’œuvre de Jules Chatron et d’Émile Guimet. Les travaux commencent en janvier 1886, les ouvriers ainsi que tout le personnel sont lyonnais et les matériaux proviennent de la région lyonnaise. Le musée est inauguré le 20 novembre 1889. Il ne reste aujourd'hui de cet édifice que la rotonde : les premier et deuxième étages où se trouve la bibliothèque sont bien conservés avec caryatides et parquet alors que le rez-de-chaussée a été assez transformé. La rotonde et la bibliothèque sont classés au titre des Monuments historiques depuis 1979.
Architecte, actif à Lyon au début du 20e siècle. Cabinet au 74 cours de la Liberté (1905).