• enquête thématique régionale, Patrimoine industriel
Usine de textile DONNAT-CROZEL puis usine VAGANAY actuellement réaménagée en bureaux et gymnase municipal
Œuvre monographiée
Copyright
  • © Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
  • © Ville de Vienne

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Vienne patrimoine industriel - Vienne
  • Hydrographies la Gère
  • Commune Vienne
  • Lieu-dit Vallée de la Gère
  • Adresse 10, 12 rue Albert-Thomas
  • Cadastre 2005 AO 317, 362

Selon Renée Bony, le site était occupé de moulins à blé, dits les moulins de la Tour. ILs ont été donnés par Rodolphe III et la reine Ermenegarde à l'abbaye Saint-André-le-haut qui les a gardés jusqu'au XVIème siècle. ILs ont été ruinés à partir de 1354, probablement après une crue dévastatrice.Puis, en 1453, le dauphin Louis, futur Louis XI, donne en fief à Auguste Montaigu, son valet de chambre, l'emplacement des moulins. Les soeurs de l'abbaye Saint-André-le-haut ne peuvent contester cette décision mais essaient sans cesse de racheter ce qui fut leur possession. En 1646, le propriétaire est François de la Tour. Son successeur Humbert de la Tour vend les moulins en 1665 à l'abbaye. Celle ci les loue tout au long du XVIIème et XVIIIème siècle. Ces aménagements hydrauliques touchaient à l'est les remparts de la ville qui s'ouvraient sur le faubourg Pont Evêque par la porte Saint Martin. Ici se trouvait le corps de garde de la porte. Il a été construit par l'architecte Bruyas en 1781 à condition de la construction d'une porte monumentale. En 1809, il est déjà loué à des habitants du quartier et en 1820, un bail est passé avec M. Pierre Serverin. Sa veuve renouvelle le bail en 1843. Il y avait un appartement de 6m de long et 4m de large.Selon Pascale Bodin, les immeubles appartenant à l'abbaye sont vendus nationalement en 1791 en un seul lot adjugé à Paul et François Marie Reymond. Ils comprenaient alors deux corps de bâtiments, l´un sur la rue Saint-Martin (actuellement rue Albert Thomas), où étaient six moulins à farine et un pressoir à huile, et l´autre entre le canal de Villards et la rivière, contenant un battoir à chanvre. En 1811, les anciennes constructions sont remplacées par des nouvelles plus vastes, louées à plusieurs industriels pour la fabrication du draps.Le bâtiment dont il s'agit ici a été construit sur les parcelles allant du n°1012 à 1013, section B du cadastre napoléonien. Entre 1860 et 1864, la première parcelle appartenait à Chenevrier, la deuxième à Fournier, la troisième à Martinet puis à Donnat, et les trois dernières à Donnat. A cette époque, aucun des édifices n'est aligné. Les industriels Donnat-Crozel acquièrent peu à peu l'ensemble de ces édifices et, entre 1864 et 1870, font reconstruire un seul et unique bâtiment, celui que l'on voit aujourd'hui, par les architectes viennois Couturier et Rondepierre. IL est aligné selon le plan déterminé en 1860. Ce nouveau bâtiment est mitoyen de l'ancien corps de garde, toujours en place en 1875. A cette date, il est la propriété de M. Rondet.Les industriels Donnat-Crozel possèdaient également un autre bâtiment sur la rive gauche de la Gère construit dès 1860 mais reconstruit suite à un incendie par les architectes lyonnais Paufique et Baile. Ils ont pris en compte la présence des murs romains en les faisant apparaitre sur leur plan. Le 21 juillet 1896, les usines sont vendues aux enchères et acquises par VAGANAY Frères. ILs construisent un nouveau bâtiment à l'ouest, là où est gravé l'inscription Manufacture Vaganay frères. Cette nouvelle construction nécessite le rétrécissement de l'ancien. Les usines étaient associées à un barrage, dont il reste encore un canal d'amenée. Une passerelle surplombait la rivière à l'arrière du bâtiment rive droite. Sur celle ci, a été aménagée un petit appenti en encorbellement en 1905. Le bâtiment sur le rive gauche a été détruit vers 1970 lors de la restauration des murs de soutènement tandis que l'appenti a disparu. L'ancien corps de garde a lui aussi été supprimé. IL reste toutefois des traces d'arranchement sur le côté est de l'usine Vaganay.

  • Période(s)
    • Principale : 3e quart 19e siècle
    • Principale : 20e siècle

Cette ancienne usine aujourd'hui réhabilitée se situe sur la rive droite de la Gère, à l'entrée ouest de la place de la Fûterie.Ce grand ensemble qui comporte environ 3000 m² de plancher, est composé de deux corps de bâtiment principaux de plan rectangulaire, disposés parallèlement l'un à l'autre, et réunis à chaque étage par des passerelles couvertes. Une grande cour intérieure est ainsi formée au milieu. Un troisième bâtiment désaffecté leur est accoté perpendiculairement à l'ouest. Le premier bâtiment se situe au nord de l'ensemble, sa façade principale se développant le long de la rue Albert Thomas sur environ cinquante mètres. Il s'agit d'une construction en grand appareil, en pierre de taille (encadrements, chaînage d'angles et soubassements) et moellons équarris (trumeaux et plein de travées) qui comporte un sous-sol au niveau de la Gère, un rez-de-chaussée et trois étages. Une très belle charpente en bois sculptée sur l'extrémité des entraits, porte une toiture à quatre versants avec avant-toit, couverte de tuiles canal. La façade sur rue orientée au nord, se compose de treize travées dont la dernière à droite est plus étroite, (certainement réduite postérieurement par la construction du bâtiment voisin). Le rez-de-chaussée est percé d'une suite de larges baies avec arcs en plein-cintre s'appuyant sur des piliers assez étroits en pierre de taille.Une entrée monumentale est aménagée à la huitième travée. Cette grande ouverture rectangulaire est couverte d'un linteau métallique et couronnée d'un tympan et d'une corniche.La dernière travée à l'ouest abrite une petite porte piétonne avec arc plein-cintre en briques, réaménagée dans une ancienne arcade.Le premier et le deuxième étages sont percés de grandes baies barlongues avec appui saillant et arc en anse de panier, tandis que les fenêtres du dernier étage sont à arc segmentaire. Les fenêtres des trois étages à la dernière travée ont été réduites et sont plus étroites que les autres.L'angle nord-est de ce bâtiment a été adouci par un pan coupé, décoré sous la pointe du toit d'un bloc taillé. La façade latérale orientée à l'est est percée de deux travées de baies, sur le même registre que celles de la façade principale. Une baie au deuxième étage a été semble-t-il condamnée. Un escalier à vis métallique situé à l'angle gauche dessert l'issue de secours. On constate sur cette façade des blocs de pierre en saillie, traces d'un arrachement de mur. La façade sur cour orientée au sud, est également composée de treize travées. Les baies des étages sont identiques à celles de la façade sur rue. Les baies du rez-de-chaussée sont des arcades en plein-cintre, dont certaines ont été en partie condamnées pour y aménager des fenêtres plus petites.A la sixième travée, une grande arcade à arc segmentaire et encadrement mouluré correspond à un porche donnant sur la rue par l'entrée monumentale décrite plus haut.Les passerelles occupent trois travées à chaque étage de cette façade. Elles se situent certainement à l'emplacement des anciennes passerelles métalliques car les ouvertures du bâtiment à ce niveau sont des arcades de plain-pied avec la passerelle.Celles-ci sont éclairées par de grandes baies vitrées à l'est et à l'ouest.Le sous-sol de ce bâtiment, qui a été réaménagé en garages, est couvert d'un plafond à entrevous et ouvert au sud, sur une petite cour intérieure située à l'ouest, par des arcades à arc segmentaire.Le deuxième bâtiment se situe au sud de l'ensemble, au bord de la rivière.Il s'agit d'une construction en pierre de taille et moellons équarris très proche du premier bâtiment, de mêmes dimensions et comportant un sous-sol, un rez-de-chaussée et deux étages. La toiture et la charpente sont identiques. La façade sur Gère, orientée au sud, est composée de douze travées. Le niveau de garages est ici en rez-de-rivière, et est percé de baies à arc segmentaire reposant sur des piliers en pierre de taille. De l'autre côté ce niveau donne sur la cour intérieure à l'ouest, par des ouvertures avec piliers en briques et linteaux métalliques.Le niveau supérieur, correspondant au rez-de-chaussée, est percé d'arcades en plein-cintre tandis que les deux étages sont éclairés par des baies à arc en anse de panier.A la septième travée on peut observer les traces des anciennes passerelles qui établissaient la communication au dessus de la Gère avec les bâtiments construits rive gauche, aujourd'hui disparus. Cette travée est plus étroite et les baies sont plus hautes.Un balcon soutenu par des consoles, le tout en pierre, occupe toute la longueur de la façade, juste sous les baies du rez-de-rivière. La façade sur cour, orientée au nord, rompt avec l'homogénéité de l'ensemble. En effet, il s'agit d'une façade à pans de bois qui n'a conservé quasiment aucune ouverture, et est seulement percée aux deux étages de fenêtres oblongues en bandeau.On retrouve au niveau des garages l'ancienne structure porteuse en bois, mais celle-ci étant très délabrée, elle est soutenue par une structure en béton.Cette façade à pans de bois est coupée en deux par un avant-corps en pierre de taille faisant saillie sur deux mètres environ au niveau des passerelles.Cette construction semi hors-oeuvre pénètre également le bâtiment, occupant une partie de l'espace intérieur à chaque niveau. Elle abrite un grand escalier en pierre de taille suspendu, à deux volées droites et repos formant retour. Il s'agit de l'escalier principal qui dessert l'ensemble de l'usine. Chaque palier comporte deux grandes arcades à arc segmentaire ou plein-cintre, l'une au sud permettant de pénétrer dans le bâtiment sur Gère, l'autre au nord ouvrant sur les passerelles.Cette cage d'escalier est également éclairée par des fenêtres rectangulaires avec un linteau en pierre sculpté, situées sur le côté est. La façade latérale orientée à l'est est occupée par une extension en béton, avançant vers le nord comme une proue de bateau et abritant un grand escalier en béton à deux volées droites qui dessert tout le bâtiment. Ce bâtiment a été transformé en gymnase municipal, avec une salle à chaque étage. Le troisième bâtiment situé à l'ouest de l'ensemble correspond aux anciens bureaux de l'usine Vaganay et sont aujourd'hui totalement abandonnés, menaçant ruine. Cette construction est accotée à l'est et à l'ouest et ne présente que deux façades, l'une sur la rue et l'autre sur la Gère.Ce bâtiment est probablement constitué de deux parties car la façade sur la Gère comporte un niveau de plus que celle sur la rue. La façade sur rue comportant un rez-de-chaussée et un étage se compose de quatre travées.Le rez-de-chaussée est percé à gauche, d'une porte piétonne à deux vantaux en bois sculptés, avec l'inscription Bureaux sur le linteau, et surmontée d'un tympan à arc plein-cintre ajouré, orné d'une grille en fer forgé avec des motifs de volutes. Ce niveau est éclairé de trois baies plein-cintre. Celle de la deuxième travée est particulièrement remarquable par sa taille (plus haute et plus large que les deux autres) et par la grille en fer forgé qui la protège. Celle-ci est ornée de tout un réseau de volutes et porte en son centre dans un ovale, les initiales FV. L'étage est percé de baies à arc en anse de panier, dont la largeur correspond à celle des baies du niveau inférieur. Les deux fenêtres de gauche sont couronnées d'un tympan à modillons et corniche, portant l'inscription : Manufacture Vaganay Frères. Cette première partie du bâtiment est couverte d'un toit terrasse percé de verrières. La façade sur Gère comporte cinq niveaux et se compose de cinq travées de larges baies rectangulaires à appui saillant. Le premier niveau correspond à un sous-sol, dont les fenêtres sont un peu moins hautes que celles des étages, et le deuxième niveau correspond au rez-de-chaussée côté rue. Cette partie est également couverte d'un toit terrasse.

  • État de conservation
    mauvais état
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Son riche historique et sa belle architecture en font un bâtiment remarquable de la vallée. DDE de l'Isère, cabinet d'architecture Bernard Paris, associations, gymnase municipal.

Bibliographie

  • RAYMOND, F., Plan général d'alignement à parcelles fermées de la ville de Vienne, accompagné de son index de noms, échelle 1/2000, CREAM, 1875 RAYMOND, F., Plan dressé par le géomètre soussigné, échelle 1/2000, CREAM, 1891

  • AD Isère, VII S2 179 Travaux publics, usines 1862 AD Isère, VI S 3 42 Travaux publics, cours d'eau, la Gère 1864 AD Isère, VI S 3 41 Travaux publics, cours d'eau, la Gère 1860 BODIN, P., Les bâtiments à usage industriel de la vallée de Gère à Vienne (Isère), actifs entre 1800 et 1900, Mémoire de maitrise, Institut d'Histoire de l'Art, Université Lyon 2, Directeur de mémoire : M.F. PEREZ 1989 BONY, R., Urbanisme à Vienne du XVIème au XVIIIème siècle, thèse d'histoire de l'art, sous la direction de Mr Ternois, Université Lyon II 1985 AM Vienne, 1 D 6 Délibérations municipales 17 mai 1843 BM Vienne Monniteur Viennois 29 avril 1864 BM Vienne Journal de Vienne 27 juin 1896 Cartes postales anciennes

Documents figurés

  • Plan napoléonien, échelle : 1/2500ème, services techniques, Mairie de Vienne 1824

Date(s) d'enquête : 2006; Date(s) de rédaction : 2009