Sur les quelque 303 km que compte la ligne Clermont - Nîmes, dite du "Cévenol", près de 167 km concernent la région Auvergne (départements du Puy-de-Dôme et de la Haute-Loire), entre Clermont-Ferrand et Jonchères (peu avant Langogne, en limite de région côté Lozère), et desservaient, à l'apogée de la ligne, 26 gares (27 si l'on compte Chapeauroux, dont la gare est en Lozère, mais à une centaine de mètres seulement du territoire auvergnat) : Clermont-Ferrand, Clermont - La Pardieu, Sarliève - Cournon, Le Cendre - Orcet, les Martres-de-Veyre, Vic-le-Comte, Parent - Coudes - Champeix, Issoire, Le Broc, Le Breuil-sur-Couze, Le Saut-du-Loup, Brassac-les-Mines - Sainte-Florine, Arvant, Laroche - Faugère, Beaumont - Lauriat, Brioude, Fontannes, Frugières-le-Pin, Paulhaguet, Saint-Georges-d’Aurac, Langeac, Chanteuges, Prades - Saint-Julien, Monistrol-d’Allier, Alleyras, Chapeauroux et Jonchères.
La compagnie du Grand Central (GC) signe une convention de concession en 1853 - au-moins pour une partie de la ligne (tronçons de Clermont à Issoire et d'Issoire à Brassac-les-Mines - Sainte-Florine). Les différentes sections s'ouvrent "à tous trafics" entre 1855 et 1870 (juillet et septembre 1855 respectivement pour les tronçons de Clermont-Ferrand à Issoire et d'Issoire à Brassac-les-Mines - Sainte-Florine, mai 1856 pour celui de Brassac à Arvant, mai 1857 pour ceux d'Arvant à Laroche - Faugère, Laroche - Faugère à Beaumont - Lauriat et Beaumont - Lauriat à Brioude, décembre 1866 pour ceux de Brioude à Saint-Georges-d’Aurac et de Saint-Georges-d’Aurac à Langeac, et enfin mai 1870 pour celui de Langeac à Langogne, partie accidentée de la ligne plus complexe à mettre en oeuvre). Après 1857, la ligne est exploitée par la compagnie du PLM, celle du GC n'ayant été en activité que quelques années, de 1853 à 1857.
Cette ligne est le résultat de la jonction faite entre plusieurs tronçons destinés à l'origine à desservir des secteurs miniers (vers Brassac-les-Mines et, plus au sud, vers Lalevade-d'Ardèche - voir annexe). Son ouverture a facilité les échanges commerciaux entre l'Auvergne et le sud de la France et donc profondément modifié l'économie des zones traversées (notamment en entraînant la disparition des convois muletiers dans le Midi ou en diminuant, dès les premières années du trafic ferroviaire, l'activité de batellerie sur l'Allier, notamment à Brassaget, le port de Brassac-les-Mines). Outre le charbon, le fret concernait aussi les bestiaux et le vin (dont la production était importante en Auvergne au 19e siècle, en particulier entre Clermont et Brioude).
Le tracé de la ligne dans la traversée des Cévennes (d'où l'appellation de "Cévenol" donnée à partir de 1955 aux trains parcourant la ligne) a nécessité des travaux de grande envergure à cause du relief tourmenté, et généré de nombreux et importants ouvrages d'art - tunnels et viaducs (dont le grand viaduc courbe de Chapeauroux, dit aussi viaduc du Nouveau Monde). C'est sans doute en raison de ces difficultés techniques que cette ligne représente l'unique axe ferroviaire traversant ce massif dans son ensemble et donc l'une des artères principales parcourant le Massif Central.
Après le succès du train "Le Cévenol" de 1959 à 1979 avec les autorails "panoramiques" (justifiés par la beauté des paysages traversés), puis dans les années 1980 avec les trains "Corail" (qui partaient de Paris pour rejoindre cette ligne Clermont - Nîmes et au-delà, Marseille, en seulement 852 km), la situation s'est dégradée progressivement, avec en particulier la suppression de la ligne directe depuis Paris (changement obligatoire à Clermont-Ferrand), la fermeture de plusieurs gares (8 ne sont plus en service : Le Saut-du-Loup, Laroche - Faugère, Beaumont - Lauriat, Fontannes, Frugières-le-Pin, Chanteuges, Prades - Saint-Julien et Jonchères) et la suppression de certaines correspondances.
Un groupement d'élus a vu le jour en 2006 pour défendre la ligne des Cévennes, association qui a permis d'éviter la fermeture de la section Langeac - Langogne en 2008 (de plus, un train touristique a été créé et y circule l'été). L'association a également réussi à faire inscrire la ligne parmi les 40 "lignes d'équilibre du territoire" (selon la convention "Trains d'équilibre du territoire" signée en novembre 2010 par la SNCF et l'Etat). Malgré cela, même si des travaux sont en cours, l'avenir de cette ligne reste très incertain.
Chercheure à l'Inventaire général du patrimoine culturel d'Auvergne-Rhône-Alpes.