Dossier d’œuvre architecture IA01000716 | Réalisé par
Dandel Elisabeth (Rédacteur)
Dandel Elisabeth

Chercheuse indépendante depuis 2003 auprès des services régionaux de l'Inventaire et de collectivités. A réalisé ou participé en tant que prestataire aux opérations suivantes : " Patrimoine des lycées " (avec la collaboration de Frederike Mulot), 2010-2015, " 1% artistiques ", 2019-2020 (avec la collaboration de Valérie Pamart), " Inventaire topographique de deux communes de l'ancien canton de Trévoux " (Pays d'Art et d'Histoire Dombes Saône Vallée, pour la communauté de communes Dombes Saône Vallée), 2019.

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  • inventaire topographique, Pays d'art et d'histoire de Trévoux Dombes Saône Vallée
Maison du passeur de Grelonges
Œuvre monographiée
Copyright
  • © Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays d'art et d'histoire de Trévoux Dombes Saône Vallée
  • Hydrographies Saône
  • Commune Fareins
  • Lieu-dit Grelonges
  • Cadastre 2017 AD 1  ; 1933 A2 404  ; 1831 A2 480
  • Dénominations
    maison
  • Appellations
    Maison du passeur
  • Destinations
    prieuré

La maison du passeur à Grelonges se dresse sur un point culminant qui résulterait d’un aménagement anthropique ancien, étudié par la géomorphologie appliquée à l’archéologie au début du 21e siècle par Emma Bouvard et Laurent Astrade. Par cette méthode, les chercheurs entérinent l’existence du prieuré clunisien fondé à la fin du 11e ou au début du 12e siècle par l’un des seigneurs de Beaujeu à un endroit stratégique du territoire. Le prieuré est en effet installé à la frontière entre le royaume (rive droite) et l’Empire (rive gauche), sur un lieu de passage à gué pratiqué depuis des lustres. Les fondateurs auraient pu installer concrètement le prieuré de moniales sur l’une ou l’autre rive, mais c’était lui conférer une étiquette politique non souhaitée. La solution d’une île, au sol pourtant instable, au milieu d’un lieu de passage avéré depuis longtemps, permettait de créer « une zone franche entre les possessions beaujolaises et les conquêtes de l’Empire ». Bien que construit sur un sol instable et fragile, le prieuré marque un carrefour territorial et politique, et « renforce la connotation de franchissement à cet endroit, et la prééminence des seigneurs sur la rivière, ressource économique de la plus haute importance : seigneurs laïcs – les Beaujeu, seigneurs spirituels mais tout aussi politiques – les abbés de l’ordre de Cluny, deuxième puissance religieuse d’Occident après Rome. »

La confrontation des sources lacunaires avec l’analyse topographique et les différents sondages des composants sédimentaires du secteur permettent à Emma Bouvard et Laurent Astrade de valider l’hypothèse de la présence d’un bras de la Saône, formant une île à Grelonges, avant la période 1250-1300 qui marque la fin du fonctionnement actif du prieuré. Les chercheurs déterminent que les moniales, au 13e siècle, se sont régulièrement trouvées confrontées à des crues érodant considérablement la partie ouest de l’île et la rive droite, côté royaume. Là où des témoignages laissent penser que le franchissement pouvait se faire à l’aide d’une simple planche, un écart se creusait, amenant les religieuses à couper tous leurs arbres, en 1291, pour avoir matière à combler le chenal les séparant de l’Empire. Fragilisée par la disparition des troncs et des racines, l’île ne pouvait que s’effacer sous le poids de l’eau. Le plan terrier de 1606 conservé aux Archives nationales ne la mentionne plus. Le tracé supposé du chenal et la forme de l’île subsistent sur les plans du cadastre napoléonien (AD de l’Ain, Fareins, 3 P 6104, feuille A2) et de la carte topographique de la Saône terminée en 1862, où le « pont de la goutte de Grelonge » (feuille 7) enjambe le bras du chenal à l’aval de l’ancien gué.

Rien ne subsiste du prieuré en termes de vestiges bâtis (arases, fondations). Des découvertes fortuites, la toponymie, des archives lacunaires, associées à la majesté du site, nourrissent la mémoire orale, enrichie par les dernières méthodes d’investigation archéologique pluridisciplinaire. Des éléments paraissent réemployés ponctuellement dans la maçonnerie de la maison du passeur.

Le cadastre napoléonien levé en 1831 montre la Maison du passeur de Grelonges faisant face à la Grange du Diable, en rive droite de la Saône sur la commune de Saint-Georges-de-Reneins (69) dépendant du domaine du Boitray. L’édifice (bâtiment, sol et cour) appartient alors à César Dominique de la Ferrière, propriétaire du château de Fléchères. La maison a probablement été construite par les châtelains de Fléchères qui contrôlaient le franchissement de la rivière. Elle restera propriété de la famille de la Ferrière jusqu'au début du 20e siècle. Relevant de la 7e classe, la maison est imposée sur 6 ouvertures.

Les matrices cadastrales signalent la démolition de la maison en 1842, puis sa reconstruction en 1882. Cette démolition est probablement une conséquence de la crue exceptionnelle et particulièrement dévastatrice de la Saône en 1840 (souvent portée avec retard aux matrices). Elle pourrait également correspondre au réaménagement du chemin de halage, du passage entre les deux rives et de la protection de la rive gauche par la surélévation du talus conduits vers 1860 par le service des ponts et chaussées. En effet, le promontoire sur lequel se dresse la nouvelle et actuelle bâtisse est conforté à l’ouest par un perré imposant avec rampes d’accès au chemin de halage en amont comme en aval, sur une longueur de 160 mètres. La « carte topographique du cours de la Saône flottable et navigable, levée et gravée de 1857 à 1866 par l’Administration des Ponts et Chaussées » indique nettement le « Port Laferrière », du nom du propriétaire des terrains (feuille 8). Un peu plus loin en aval est clairement dessiné le « pont de la goutte de Grelonge » (feuille 7), marquant l’endroit-même où se termine l’ancien chenal.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 19e siècle , daté par source
  • Dates
    • 1882, daté par source

La maison est construite suivant un plan rectangulaire, sur un promontoire, le long du chemin de halage. Elle comprend un rez-de-chaussée et un étage de combles, éclairé à l’ouest par quatre baies. Le toit à longs pans à croupe est revêtu de tuiles creuses.

  • Murs
    • calcaire
    • pisé enduit partiel (incertitude)
  • Toits
    tuile creuse
  • Étages
    rez-de-chaussée surélevé, étage en surcroît
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
  • Typologies
  • État de conservation
    bon état
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Bibliographie

  • BOUVARD, Emma, ASTRADE, Laurent, « Reconstitution paléo-environnementale d’un site archéologique insulaire : le prieuré clunisien de Grelonges en bord de Saône (Fareins, département de l’Ain) », Revue archéologique de l’Est [en ligne], tome 54, 2005, mis en ligne le 07 septembre 2008. URL : http://journals.openedition.org/rae/378.

  • BERTHET, Jacques, RENOUX, Carine. Richesses touristiques et archéologiques du canton de Saint-Trivier-sur-Moignans. Bourg-en-Bresse, 2000.

    p. 123-124

Documents figurés

  • Carte de la Saône : feuille 7 : BK 45 à BK 41 (pont de la goutte de Grelonge, pont du bief de Fareins) ; feuille 8 : BK 51 à BK 46 (port Laferrière) / Service des Ponts-et-Chaussées, 1860-1862, encre et aquarelle sur papier (A VNF).

Date(s) d'enquête : 2020; Date(s) de rédaction : 2021
© Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
© Communauté de communes Dombes Saône Vallée
Dandel Elisabeth
Dandel Elisabeth

Chercheuse indépendante depuis 2003 auprès des services régionaux de l'Inventaire et de collectivités. A réalisé ou participé en tant que prestataire aux opérations suivantes : " Patrimoine des lycées " (avec la collaboration de Frederike Mulot), 2010-2015, " 1% artistiques ", 2019-2020 (avec la collaboration de Valérie Pamart), " Inventaire topographique de deux communes de l'ancien canton de Trévoux " (Pays d'Art et d'Histoire Dombes Saône Vallée, pour la communauté de communes Dombes Saône Vallée), 2019.

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