Les papeteries Montgolfier s'étendent le long de la Deûme, au lieu-dit Vidalon situé en amont du bourg d'Annonay. Leur noyau primitif se trouve sur le territoire de Davézieux, mais l'établissement fut ensuite étendu sur la rive droite de la rivière qui est rattachée à la commune d'Annonay. Le site se trouve en contre-bas d'une grande zone commerciale d'entrée de ville, mais le caractère très encaissé de la vallée en fait un lieu relativement préservé et verdoyant. La Deûme apportait du Pilat une eau abondante et pure, essentielle pour une production qui utilisait l'eau comme source d'énergie mais aussi comme matière première. L'inactivité estivale pour cause de sécheresse était limitée à quelques semaines et le climat tempéré autorisait le collage toute l'année. Par Lyon, la Saône apportait les chiffons de Bourgogne et la production pouvait être envoyée vers Paris, Orléans et Marseille. Les Montgolfier eux-même possédaient d'autres papeteries, autour d'Annonay (Vidalon-le-Bas au XVIIIe siècle, Saint-Marcel créée en 1805, Grosberty à Boulieu en 1817, le Moulin du Roi à Saint-Marcel en 1846, Pont de la pierre à Boulieu en 1864) ou en Isère (Rives, Voiron). En 1798, Barthélémy Barou de Canson, fils d'un riche propriétaire foncier d'Annonay, épousa Alexandrine de Montgolfier. À la mort de son beau-père Étienne de Montgolfier un mois plus tard, ilprit une part active à la direction de la manufacture. L'entreprise prit la raison sociale « Montgolfier et Canson » en 1801 et « Canson-Montgolfier » en 1807. Le nouveau directeur continua l'oeuvre de son beau-père en étendant la gamme des produits et en améliorant les processus de fabrication. Il mit au point la fabrication du papier à calquer (avant 1809) et la coloration en pâte (1809).
En 1861, Marc Seguin, petit-fils de Pierre Montgolfier, racheta les papeteries dont la raison sociale resta cependant Canson et Montgolfier. Elles commercialisèrent du papier photographique positif et négatif avant le milieu du XIXe siècle. En 1865, elles déposèrent un brevet pour un procédé facilitant le tirage et obtinrent un diplôme d'honneur à l'exposition internationale de photographie de1892. En 1877, le catalogue des papeteries proposaient 712 articles auxquels s'ajoutent les possibilités de commandes spéciales ; à côté de la production destinée aux bureaux et aux écoles, les papiers à dessiner et à calquer constituaient une production recherchée. En 1878, il existait 80 nuances de miteintes et 60 coloris de teintes vives. De nombreux artistes utilisèrent le papier Canson pour leurs oeuvres : Delacroix, Van Gogh, Degas (calque), Matisse (C à grain, Lavis B pour les papiers gouachés découpés), Picasso (C à grain pour les croquis et dessins à la plume, Arches pour les gravures et lithographies).
À la fin du XIXe siècle, les papeteries formaient une véritable ville où vivaient plus de mille personnes. Chaque famille disposait d'un logement et un internat accueillait les jeunes filles célibataires. À partir de 1866, les papeteries eurent leurs propres magasins, boulangerie et boucherie.Une crèche fut créée en 1835, une école primaire en 1876. Une caisse de secours mutuel obligatoire prenait en charge les frais médicaux et indemnités d'arrêt de travail, congé de maternité et retraite. En 1972, les Manufactures Canson et Montgolfier absorbèrent les entreprises de Boulieu et Saint-Marcel, pour donner naissance aux Papeteries Canson et Montgolfier. En 1976, le groupe Arjomari devint actionnaire majoritaire de l'entreprise ─ Arjomari étant lui-même issu de la fusion de quatre papeteries, dont les Johannot d'Annonay. Arjowiggins succéda à Arjomari en 1990. Un musée fut créé en 1987, alors que pour la première fois, l'usine n'était plus dirigée par un descendant des Montgolfier. Il conserve toutes les archives liées à l'activité de Vidalon depuis le XVIIe siècle et celles d'autres papeteries annonéennes ; le matériel provient du site ou d'autres papeteries ayant fermé leurs portes. Musée d'entreprise, il s'ouvrit immédiatement au public extérieur. Il occupe l'ancien logement des Montgolfier et une partie du sous-sol où était installée la production au XVIIIe siècle.
Une cité ouvrière est localisée au nord de l'usine sur la commune de Davézieux également. Elle se compose de plusieurs maisons dont une extension de la cité certainement effectuée dans les années 1950 peut-être représentée par trois maisons-doubles en préfabrication (cf photos).
Photographe au service de l'Inventaire général du patrimoine culturel, site de Lyon