Dossier d’œuvre architecture IA15000481 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, Patrimoine industriel
Barrage de l'Aigle dit barrage de la résistance et cité EDF
Œuvre étudiée
Copyright
  • © Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Auvergne-Rhône-Alpes - Aurillac-3
  • Commune Chalvignac
  • Lieu-dit
  • Adresse ,
  • Cadastre 2022
  • Précisions

Le barrage de l'Aigle dit « barrage de la Résistance » conçu par Jean Bellier, est construit entre 1941 et 1945 par les ingénieurs André Coyne associé à André Decelle et les architectes Brochet et Chabbert. Il est l’un des plus puissants barrages du bassin de la Dordogne avec six groupes de production qui totalisent 360 MW.

Débuté en 1935, la construction du barrage de l'Aigle n'a été terminée qu'en 1945 (à la place de la date prévue de 1942). Il est surnommé le barrage de la "Résistance" car son chantier abritait l'Organisation de la Résistance de l'Armée (ORA) du Cantal durant la Seconde Guerre mondiale. Ces résistants ont retardé volontairement sa construction pour ne pas donner une puissance énergétique supplémentaire à l'occupant. Une plaque commémorative "A la mémoire des constructeurs du barrage de l'Aigle, le barrage de la Résistance" est installée à proximité du site.

Une cité ouvrière est construite en 1936 pour accueillir les ouvriers du chantiers de construction du barrage à Aynes. L'entreprise Jean Ballot est chargée de la construction des baraquements ouvriers qui comprennent lavabos, WC, vestiaires et peuvent accueillir entre 20 et 40 hommes.

La naissance et les premiers développements de l’énergie hydroélectrique dans le Cantal sont principalement liés à l’activité des compagnies ferroviaires. L’électrification des grandes lignes de chemin de fer traversant le Massif central devait permettre de réduire les coûts et les temps de trajet. Ainsi par exemple, l’usine hydroélectrique de Coindre (commune de Saint-Amadin, Cantal), mise en service en 1927, fut construite par la Compagnie Paris-Orléans. Il en fut de même pour le barrage de Marèges et son usine de style Art déco (1932-1935, communes de Saint-Pierre, Cantal, et de Liginiac, Corrèze).

Le bureau d’études André Coyne et Jean Bellier assura sa conception. André Coyne, ingénieur spécialiste des grands barrages, a dirigé l’étude de plusieurs barrages du Massif central : Marèges, Saint-Étienne-Cantalès et Le Chastang.

  • Période(s)
    • Principale : 3e quart 20e siècle , daté par source
  • Dates
    • 1941, daté par source
    • 1945, daté par source
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      COYNE André
      COYNE André

      André Coyne (Paris 16e, 10 février 1891 - Neuilly-sur-Seine, 21 juillet 1960), Polytechnicien, Ingénieur des Ponts et Chaussées, est l’auteur de l’étude d’environ 70 barrages en France et à l’étranger. En 1947, avec l’ingénieur Jean Bellier (son gendre), il fonda le bureau d’études André Coyne et Jean Bellier  (ACJB). Ce bureau a poursuivi son activité après le décès d’André Coyne (il a été absorbé récemment par la société Tractebel, filiale du groupe Engie). Il a conçu près de 200 barrages en France et à l’étranger, dont le barrage de Grandval (Cantal, 1955-1960). André Coyne était considéré, à l'échelle internationale, comme l’un des meilleurs concepteurs de barrage.

      Le Massif central occupe une place particulière dans la carrière d’André Coyne. En effet, dans cette région, l’ingénieur conçut et dirigea la construction de ses premiers barrages. André Coyne s’intéressa aux barrages dès 1920. Il étudia notamment les barrages-voûtes en béton et béton armé réalisés aux États-Unis d’Amérique. Le 15 juin 1928, il fut nommé chef du Service spécial d’aménagement hydroélectrique de la haute Dordogne. À ce titre, il acheva d’abord la centrale hydroélectrique de Coindre (commune de Saint-Amadin, Cantal). Il fut également chargé de la conception du barrage de Marèges (sur la Dordogne, entre le Cantal et la Corrèze, construit de 1932 à 1935). Il dirigea ensuite l’étude de plusieurs barrages sur La Dordogne et ses affluents, ainsi que sur la Truyère. Dans l’ordre chronologique (et sans que cette liste soit exhaustive), il s’agit des barrages de Saint-Étienne-Cantalès (sur la Cère, 1930-1946), de l’Aigle (sur la Dordogne, 1941-1946), de Neuvic (sur La Triouzoune, 1942-1945), de Bort-les-Orgues (sur la Dordogne, 1942-1952), de la Valette (sur Le Doustre, 1945-1949), de la Luzège (sur la rivière éponyme, 1947-1951), de Chastang (sur la Dordogne, 1947-1952), de Grandval et de Lanau (sur la Truyère, respectivement 1955-1960 et 1959-1962).

      Voir Jean-Louis Bordes et Bernard Tardieu, « André Coyne, de la Dordogne au Zambèze, la passion de construire », Bulletin de la SABIX (Société des amis de la Bibliothèque et de l’histoire de l’École polytechnique), n° 56, 2015, p. 9-53 (consultable sur internet).

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      ingénieur des Ponts et Chaussées attribution par source
    • Auteur :
      Bellier Jean
      Bellier Jean

      Jean Bellier (Paris 13e, 21 juillet 1905 - Garches, Hauts-de-Seine, 11 juin 1986), ingénieur des Ponts et Chaussées, travailla dès 1928 avec André Coyne sur le projet du barrage de Marèges. En 1947, il co-fonda avec André Coyne le Bureau d’études André Coyne et Jean Bellier (ACJB). Ce bureau a conçu près de 200 barrages en France et à l’étranger (dont le barrage de Grandval, Cantal, 1955-1960). Jean Bellier a épousé en 1946 Christine Coyne, fille d’André Coyne (née en 1923).

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      ingénieur attribution par source
    • Auteur : architecte attribution par source
    • Auteur : architecte attribution par source
    • Auteur : entrepreneur de maçonnerie attribution par source

Le barrage de l'Aigle de type « poids de voûte », construit de 1941 à 1945, est situé sur la rivière la Dordogne entre les communes de Soursac en Corrèze et Chalvignac dans le Cantal.  Une route passe sur l'ouvrage de forme demi-cylindrique de 150 m de rayon, pour une longueur de couronnement de 289 m et une largeur de 5,5 m.

La production d'électricité se fait à l'intérieur du barrage. Les quatre déversoirs permettent d'évacuer l'eau de la retenue en cas de crue. Le barrage de l'Aigle est situé entre le barrage de Marèges en amont et le barrage de Chastang en aval.

Ce barrage se distingue par l'audace de son architecture avec ses doubles évacuateurs-déversoirs de crues (ou vannes de segment en "saut de ski"), faisant de lui un ouvrage unique aux dimensions majestueuses : 290 m de long et 90 m de haut. La construction d'un sixième groupe de production en 1982 en fait aujourd'hui l'aménagement EDF le plus puissant du bassin de la Dordogne, avec une puissance installée de plus de 360MW. A lui seul, le barrage peut répondre à la consommation en électricité d'une ville de 210 000 habitants, comme Limoges ou 6 fois celle d'Aurillac.

Caractéristiques du barrage: Altitude 342m, hauteur 95 m, longueur à la crête 290 m, épaisseur à la base 47,50 m,  productibilité 500 millions de Kwh à l'aide de 5 turbines. L'usine hydroélectrique de forme semi-circulaire est équipée de turbines Francis à axe vertical. En 1982 un cinquième groupe principal avec une turbine Francis est ajouté. Le corps du barrage abrite sept conduites forcées, quatre alimentant les groupes principaux, un le groupe auxiliaire et deux servant aux vidanges.

Caractéristique de la retenue: superficie 750 ha sur 28 km, volume d'eau retenu 230 000 000 m3 , profondeur maximale de 60 m pour une moyenne de 23 à 25 m. La dernière vidange du barrage remonte à 2001.

Une route reliant Chalvignac à Spontour est construite en 1936 pour acheminer les matériaux nécessaires à la réalisation des baraquements.

Deux cités ouvrières [1]

Une cité ouvrière est construite en 1936 pour accueillir les ouvriers du chantiers de construction du barrage à Aynes. L'entreprise Jean Ballot est chargée de la construction des baraquements ouvriers en bois et en tôle à partir d'un modèle standard. Ils comprennent lavabos, WC, vestiaires et peuvent accueillir entre 20 et 40 hommes célibataires qui représentent 70% de la population du village.

En 1939, une autre série de maisons maçonnées en pierres locales est réalisée pour loger le personnel de la centrale-usine incluant une école, une salle des fêtes, une infirmerie, des magasins d'alimentation, une cantine et une chapelle (Saint-André). En 1943, Aynes compte 1 200 habitants, dont les ouvriers ayant pour certains été rejoints par leur famille. Une trentaine de nationalités se côtoient, Espagnols recrutés au camp d'Argelès (Pyrénées Orientales), Polonais, Indochinois, Nord-Africains, Italiens.

Plus largement, ce barrage s’inscrivit dans le vaste programme d’équipement hydroélectrique de la France. Réalisé pour l’essentiel des années 1920 aux années 1970, ce programme tira profit au maximum des ressources hydrauliques exploitables. Il permit d’obtenir une production électrique non négligeable et surtout très rapidement disponible lors des pics de consommation. De nos jours, à l’heure du dérèglement climatique, l’apport de cette énergie presque totalement « décarbonée » s’avère précieux.

Au cours des Trente glorieuses, la production hydroélectrique joua en Auvergne un rôle croissant. Elle augmenta globalement grâce à la mise en service de nombreux équipements. En 1979, l’Auvergne produisit ainsi 50 % de sa consommation électrique [2]. Elle put répondre partiellement à la forte hausse de sa consommation d’électricité, qui bondit de 357 % entre 1954 et 1978. La part de l’électricité basse tension dans cette augmentation fut prépondérante. En effet, avec la hausse du niveau de vie, l’amélioration du confort des logements et l’achat d’objets fonctionnant grâce à cette énergie, les usages domestiques de l’électricité se multiplièrent.

notes

[1] Les cités construites à l’occasion des chantiers des barrages du Massif central (entre autres) constituent un sujet en soi. Leur urbanisme, leurs bâtiments provisoires préfabriqués ou non, leurs bâtiments pérennes, leur vie sociale, leur devenir, mériteraient une étude d’ensemble.

[2] Il convient cependant de rappeler que la production hydroélectrique varie fortement en fonction des aléas climatiques. Les centrales hydroélectriques de l’Auvergne produisirent ainsi 1 195 gigawatt en 1951, 739 en 1955, 1 412 en 1975 et 2 076 en 1977 (source : Mémento économique et énergétique de l’Auvergne, EDF, 1981, non paginé).

  • Murs
    • béton béton armé
  • Toits
    tuile mécanique
  • Plans
    plan rectangulaire régulier
  • Étages
    rez-de-chaussée, 1 étage carré, 2 étages carrés
  • Couvrements
    • voile mince de béton
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
  • Escaliers
    • escalier de distribution extérieur : escalier droit suspendu
  • Typologies
    architecture industrielle (3e quart 20e siècle)
  • Statut de la propriété
    propriété d'une société privée, Le barrage, la retenue, les terrains et les bâtiments sont la propriété d’Électricité de France.
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Protections
    aucune

Documents multimédia

  • http://www.lacorreze.com/regions/barrages/barrage_aigle.htm

Annexes

  • Bibliographie indicative
  • Les principaux équipements hydroélectriques sur la Dordogne et la Truyère
  • Caractéristiques techniques
Date(s) d'enquête : 2023; Date(s) de rédaction : 2023
© Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel