INDUSTRIES
114 dossiers ont été réalisés lors de l'étude d'inventaire du patrimoine industriel dans le 3e arrondissement de Lyon.
La carte industrielle de 1910-1914 (AC Lyon : 1S/282) lithographiée par J. Muzy, illustre l’activité industrielle de Lyon et son agglomération au début du siècle. Elle permet d’observer la grande concentration d’activités dans le secteur de la Villette et Villeurbanne (cf photo.) « Lyon industriel, carte indiquant les principales usines et manufactures de l’agglomération lyonnaise », 1909-1914, dim : 105cm x 125xm, ech : 1 :10 000e (A.M. Cote 1S/282) ; Cette carte appartenait à Claude Mermet ; La notice explicative « Lyon Industriel » destinée à fournir des renseignements précis sur chaque industrie (numérotée sur le plan) n’a pas été retrouvée
Une seconde carte de 1932, permet de distinguer deux forts secteurs d’activité : Industries métallurgiques et industries chimiques (AC Lyon : 2S456).
Le patrimoine industriel du 3e présente deux caractères distincts, nous distinguons de grands sites qui occupaient souvent des emprises parcellaires importantes et de petites et moyennes industries qui restent elles majoritaires. Ces espaces sont en pleine mutation aujourd'hui. La connaissance de ces parcellaires mutables peut aider à une meilleure gestion urbaine. Le tissu urbain change et évolue en fonction de besoins et des politiques urbaines qui se succèdent.
Le quartier de Montchat, peut être un modèle de ce que sont les caractéristiques d´une architecture industrielle urbaine. Les industries sont en général, de taille moyenne mais également peuvent représenter de grandes emprise industrielles l'exemple de l'usine Rochet Schneider est représentatif. Ces ensembles sont intégrées dans le tissu urbain. C´est cet urbanisme restreint avec des hauteurs limitées qui donne son caractère architectural particulier à ce quartier. Les industries sont en général des usines de taille moyenne dite en cœur d´îlot qui sont intégrées à un habitat. Les immeubles ne s´élèvent que sur deux ou trois étages. Cette disposition confère encore au secteur un air de village qui disparaît peu à peu.
Rappel historique
Le développement industriel du 3e arrondissement viendra prendre place sur les emprises militaires (secteur de La Villette-Baraban). L´enceinte fortifiée de 1831, dont le fort Montluc est le plus important, se complète dans le quartier par le petit fort de la Part-Dieu et la lunette des Hirondelles. Puis s´installe la caserne de la Part-Dieu, en 1844, sur les 13,6 ha vendus par les H.C.L. Les zones de servitudes militaires gênent beaucoup au développement urbain, et industriel et obligent le contournement des voies de circulations.
À Saint-Amour et à la Part Dieu s´installe en 1860 une usine de gaz et gazomètres (actuellement rue du gazomètre) et les fabriques d´allumettes qui sont très nocives. Teintureries, fonderies et blanchisserie prennent place à proximité de la Rize. À la Buire, dès 1847, Jules Froissard fonde les ateliers de la Buire précurseur, pour la construction du matériel ferroviaire. C´est la création des ateliers de la Buire, dirigés par les frères Mangini. Les constructions d´équipements (églises, écoles) vont suivre le développement urbain des différents secteurs. Le développement des activités se poursuit après 1860, mais au rythme des terrains qui sont peu à peu ouverts à l´urbanisation. Le secteur du plâtre, situé après le grand port au bois, est dédié aux activités liées à l´alimentation ( fabrication de sirop et de semoules et pâtes alimentaires).
Le chemin de fer de la ligne de l'Est est proposé dès 1865 par les frères Mangini, plusieurs tracés sont possibles. Le tracé qui part de la gare de la Part Dieu est retenu. Il traverse en oblique tout le 3ème pour rejoindre les communes de banlieues. (Villeurbanne, Décines, Meyzieu...). Un tissu d´activités industrielles va s´implanter autour. Cette ligne de l´est sera le déclencheur du développement industriel de tout l´est lyonnais dans les années 1880-1890. La mise en service de la ligne de chemin de fer de l´est va favoriser le développement de l´industrie à l'est.
Cette ligne qui mène de Lyon à Saint-Genis-d´Aoste traverse la zone nord-ouest de Montchat. La ligne est mise en service en 1881 et rapidement, de nombreuses industries s´installent dans ce secteur. Les raccordements privés se multiplient le long de la voie de l´est. Les industries voient dans cette zone plusieurs avantages pour leur installation et leur développement. Les terrains disponibles sont nombreux et les parcelles sont de tailles très différentes permettant ainsi de satisfaire les besoins des petites comme des grandes industries. La desserte est efficace et la main d´oeuvre est disponible à proximité. La mixité entre industrie et habitat caractérise Montchat et le secteur, on retrouve cette singularité au nord du 3ème arrondissement et jusqu´à Villeurbanne. Les petits et moyens ateliers s´installent partout, ils sont souvent construits sur cour, les plus grands occupent toute la surface des parcelles.
Le long de la voie de l´est, sur l´avenue Lacassagne les sites industriels prennent place sur des tènements qui sont souvent plus importants, sur les parcelles les usines prennent place aux côté de villas qui accueillaient les bureaux, ayant pignon sur l´avenue et conférant prestige et importance aux ateliers de fabrication. Rue du Dauphiné, les ateliers de fabrication étaient en fond de cour derrière un immeuble de trois ou quatre étages ayant pignon sur rue. Rue Girie, on retrouve le même tissu urbain qu´à Montchat où les industries sont complètement indissociables des habitations. Chaque secteur garde encore aujourd´hui une identité qui lui est propre et c´est ce qui fait toujours la particularité du patrimoine industriel urbain du 3ème arrondissement.
En 1880, on dévie et canalise le cours de la Rize, devenu trop pollué. Les travaux sont rapidement effectués dès 1882 et le ruisseau ne subsiste que dans le quartier de la Ferrandière où est localisée l'usine de vêtement professionnel Lafond, jusqu´aux petites Sœurs des Pauvres, installées à la Villette-Baraban, dans l´ancien couvent des Capucins chassés pendant la Révolution de 1848. Début XXème, la Rize reste à l'état d'égout.
A partir de 1912, le mélange de l´habitat et des activités industrielles et artisanales est la règle : relation travail/habitat est courante. La proximité est un avantage. Les activités industrielles sont très variées, les plus importantes sont les usines Rochet-Schneider puis Berliet, chemin Feuillat ; la robinetterie de cuivre des établissements Seguin proche de la manufacture des tabacs ; la chimie avec la société Vuillot-Ancel près de la rue du Dauphiné et le textile chemin de Baraban (société de Velours et peluches). Les fonderies sont dispersées. De petits ateliers sont totalement intégrés à l´habitat. Une grande société de conditionnement de vins, Les Grandes Caves de Lyon se situe avenue Lacassagne il reste encore aujourd'hui le château bâtiment administratif.
Le quartier est populaire et très vivant. Des maisons individuelles avec jardins et petits parcs sont construites. Le voisinage entre usine (polluantes et bruyantes) et habitat finira par générer des conflits.
Histoire, développement et urbanisation du 3e arrondissement.
Cet arrondissement se situe au centre de la rive gauche du Rhône sur 680 hectares. À l´origine, le 3ème arrondissement était beaucoup plus important. Il a été créé en 1852 pour se substituer à la commune de la Guillotière, rattachée en mars 1852 à la ville de Lyon. En 1867, la partie septentrionale devient le 6ème arrondissement et en 1912 la partie méridionale devient le 7ème arrondissement.
C´est aujourd´hui l´arrondissement le plus peuplé de Lyon, sa croissance est la plus rapide. Il est le plus hétérogène et se compose de différents quartiers qui se sont individualisés les uns des autres au cours de l´histoire du développement de la rive gauche du Rhône. Ainsi on distingue aujourd´hui six secteurs, d´ouest en est : Préfecture, Part Dieu, Saxe/Paul Bert, Villette, Sans Souci, Monplaisir et Montchat.
Montchat longe aujourd´hui le boulevard Pinel. Dans ce secteur, de nombreuses carrières ont été longtemps exploitées et l´avenue Rockefeller s´appelait encore au début du XXe siècle la montée des Sablons (sources Jean Pelletier, ). Cette altitude, même faible, met ces terrains à l´abri des inondations du Rhône, ce qui ne sera pas sans effets sur le développement de ses quartiers au XIXe siècle.
Enfin, le reste de l´arrondissement, la Part Dieu, La Villette, la Préfecture la Guillotière constitue la zone d´inondation du Rhône jusqu´à ce que celui-ci soit maîtrisé par des digues et barrages en amont. La Rize dont l´origine est au moulin de Chassin (actuellement Décine) se divise ensuite en deux, après avoir traversé Vaulx en Velin, au lieu dit du pont des Planches (carte de la Rize). Cette zone ne sera à l´abri des inondations que tardivement, les trois plus importantes crues de 1812, 1840 et 1856 ont recouvert tout ce secteur.
Les pieux des dernières arches du pont de la Guillotière (médiévaux ?), qui rejoignaient la Grande Rue du même nom (sous l´actuel cours Gambetta), ont été retrouvés lors du percement du tunnel du métro D en 1992.
Au début du XVIIIe siècle, le territoire est représenté par le plan Mornand (vers 1710), syndic de la commune de la Guillotière. Les berges du Rhône ne sont pas fixes et la seule partie urbanisée est au débouché du pont. De nombreux terrains appartiennent encore aux archevêques de Lyon, la Part Dieu appartient à madame de Servient.
La première moitié du XIXe siècle.
En, 1852 l´ensemble de l´arrondissement fait partie de la commune de la Guillotière, il n´y a pas de plan d´urbanisation sauf pour les Brotteaux, grâce au plan Morand imposé par les Hospices ce plan ne débordera que sur les parties proche du cours Lafayette (La Corne de cerf et La Part-Dieu).
La croissance économique et démographique de Lyon reprend à la fin du Premier Empire surtout dans les communes périphériques. Le 3ème devient alors le lieu d´accueil pour les activités dangereuses et polluante (blanchisseries, teintureries fabriques d´allumettes).
En 1827, Le Comte Jean des Tournelles maire de la Guillotière décide de lotir sa propriété de 90 hectares, le plan est dessiné par l´architecte Hotelard. Le lotissement est loin du centre de la ville et conçu pour accueillir des maisons de campagnes. De nouvelles servitudes apparaissent dans les actes notariés : pas plus de 2 étages par maison qui doit se située à 20 mètres de la rue pour un jardin. Le lotissement du quartier fut assez rapide mais peu homogène : ce sont de grandes villas avec des espaces arborés. Beaucoup ont disparu lors du percement du cours Albert Thomas.
La mise en place des voies de chemin de fer et le choix des gares principales questionnent. Entre 1835 et 1851 les communes de Lyon et de la Guillotière engagent des discutions. Après le projet de gare de marchandise à la Part Dieu et d´une gare de voyageurs au pont de la Guillotière, le 1er décembre 1851, un décret fixe finalement l´emplacement de la gare centrale à Perrache (inaugurée en 1856).
Second empire (1848)
En mars 1852, la Guillotière est rattachée à la ville de Lyon et constitue le 3ème arrondissement qui est déjà le plus peuplé. En 1862, il compte 87 796 habitants sur 318 203 de Lyon. 7918 sont comptés à part, des soldats essentiellement et 8028 considérés comme habitants hors agglomération. Le développement urbain et industriel se poursuit, mais l´agriculture reste encore très présente surtout dans l´est de l´arrondissement (Montchat, Chautagne, Grange Blanche, et Baraban).
En 1854, des opérations d´aménagement urbain s´organisent. Le cours des Brosses (Gambetta) est prolongé au-delà de la place du Pont. Une place circulaire, la place Victor-Basch est mise en place, à l´est de l´avenue de Saxe en cours de percement. Une deuxième se situe au clos de l´Abondance. Les rues de Créqui et Vendôme sont prolongées, créant ainsi la trame viaire que nous connaissons aujourd´hui.
D´autres percements ont lieu, la rue Servient en 1860, pour la parade des troupes du quartier de cavalerie de la Part-Dieu. Mais aussi le boulevard de ceinture.
Côté Rhône, on raccorde la trame viaire du plan Morand avec celle de la Guillotière en prolongeant l´avenue de Saxe avec les rues Monsieur et Madame. Après la grande crue de 1856, c´est la construction du quai de Joinville (actuel quai Victor Augagneur). Cet aménagement s'achèvera vers 1860.
3e République.
En 1912 on divise l´arrondissement : la partie méridionale devient le 7ème.
Le développement n´est pas homogène et les différents quartiers qui constituent aujourd´hui le 3ème s'individualisent. Le quartier de la préfecture devient un secteur résidentiel avec la construction d'immeubles Haussmanniens.
Le quartier du Plâtre, près du pont de la Guillotière voit se développer de nombreux petits commerces populaires. La Part-Dieu reste à dominante militaire. Au-delà de la voie ferrée, grandes usines et ateliers s´installent à Monplaisir, Baraban, Sans Souci et La Villette. Montchat s´agrandit (avec la création du clos Chautagne) mais change peu de physionomie. L´implantation de l´hôpital de Grange Blanche montre le souci grandissant d'équipements.
L´urbanisation progresse encore, l´avenue de Villeurbanne et le cours Gambetta vont changer la structure urbaine. Cette urbanisation se poursuit avec la mise en place de la ligne du chemin de fer de l´est qui va considérablement transformer ce quartier qui devient un quartier industriel.
Les quartiers se différencient
La construction de la préfecture (1883-1890) par l´architecte Louvier va entraîner dans ce secteur le développement d´un habitat bourgeois (immeubles Art Nouveau).
À la Villette-Paul Bert et Monplaisir, les industries se développent. Le secteur est situé entre la voie ferrée et les cours Lafayette et Albert-Thomas, il va vers l´est jusqu´à Villeurbanne et Montchat. Après la création de l´avenue Félix Faure et du cours Albert-Thomas et le percement de rues par de petits lotissements comme la rue Turbil, on ne réalise aucune opération de voirie importante. La structure générale est assez informe, mélange d'anciens chemins sinueux comme la rue Paul Bert et de rues rectilignes comme le chemin de Baraban, formant biais et croisements inattendus.
Ce secteur présente d´excellentes conditions pour les industriels désireux de s´installer. Les terrains sont plats, le sous sol de bonne portance et l´eau en abondance pour les teintureries par exemple la société de teinturerie Vulliot-Ancel. La desserte ferroviaire est optimum et de nombreux branchements particuliers sont mis en place. Les irrégularités de la trame viaire deviennent même un atout car les parcelles sont de tailles très différentes (de quelques centaines de m² à plusieurs hectares). Tous les besoins, de l´atelier à la grande usine peuvent être satisfaits. Les terrains sont encore peu cher et une main d´œuvre abondante est disponible.
Le quartier de Montchat n´occupe qu´une petite partie d´un espace encore loin de la ville. Les exploitations agricoles sont encore présentes. Le développement du secteur se fait au fur et à mesure des besoins de l'urbanisation grandissante. A la fin du XIXe siècle, le lotissement s´agrandit considérablement avec la vente des terrains autour du château de Montchat entraînant un développement urbain et industriel.
En 1908, Edouard Herriot propose avec l'architecte Tony Garnier un projet de construction d'un nouvel hôpital en remplacement de celui de la Charité devenu vétuste. D'une architecture nouvelle qui reprend deux grands principes : les pavillons disposés en rangées forment un U, ils sont liés par des couloirs souterrains de grande dimensions. Les bâtiments sont couverts par des toits terrasses, et éclairés de larges ouvertures. Décrochements, et des pignons à redans rythment les façades. Localisé au 331 cours Gambetta sur un tènement d´un seul tenant entre les rues Trarieux et Claude Viala (15 hectares 29) sa réalisation sera longue et interrompue par la guerre. L´inauguration a lieu le 12 mars 1933.
La vocation médicale du secteur se confirme avec la construction de la faculté de médecine, de l´école d´infirmière (8ème arrondissement), du centre Léon Bérard et de l´institut international du Cancer.
Les transformations contemporaines.
Depuis les années 1950, l´arrondissement a encore beaucoup évolué, de manière inégale suivant les quartiers. La mutation de la Part Dieu a été un changement radical. Les activités industrielles remplacées par de l´habitat et du tertiaire, à partir de la fin des années 1970.
En 1958, la caserne de la Part Dieu est mise en vente. 9 hectares sont alors disponibles au cœur de la ville. Après des pérégrinations compliquées, la caserne de cavalerie est rasée, et un centre d´affaire et commercial se construit. En 1975, ce centre dispose d´une desserte locale (métro) puis d´une desserte nationale et internationale avec la Gare de la Part Dieu et le TGV (la gare a été agrandie en 2001) faisant de La Part Dieu le centre d´affaire de Lyon. Les bureaux se sont installés en nombres non seulement à la Part Dieu mais aussi à la Villette. Ce secteur est alors profondément transformé par de nouveaux percements. La création de l´avenue Georges Pompidou et l´élargissement de la rue de la Villette modifient entièrement l´urbanisme. Les édifices de bureaux ont aussi colonisé place de la Villette.
L´opération Moncey Nord où le bâti ancien et vétuste a été détruit (y compris la cité Rambaud) et remplacé par des immeubles issus des idées de Le Corbusier construits par l´architecte Zumbrunnen marque la mutation du secteur qui est complétée en 1997, par le nouveau palais de justice. Vient ensuite la réhabilitation du quartier du plâtre et de la place Gabriel Péri.
Mais ce qui marque le plus le paysage du 3ème arrondissement à partir de 1970-1980, c´est le départ des industries. À la Villette-Baraban, Monplaisir Sans-Souci, les usines ferment ou partent dans des zones industrielles périphériques.
La nécessité de séparer les fonctions production/habitat dans une ville moderne pour éviter les dangers et les nuisances engendrées par ces activités en est une des causes. Pour certains industriels c´est le moyen de générer de bonnes opérations immobilières en vendant des terrains à un prix élevé (comme terrain à bâtir) pour des tènements souvent de grandes dimensions. Leur départ permet de cesser des activités devenues peu rentables (les fonderies par exemple). Le phénomène est présent partout mais particulièrement sur l´axe Saxe-Albert-Thomas. L´arrivée de la ligne D du métro en 1991 a fortement développé l´attractivité de l´arrondissement : les terrains disponibles ont donc été rapidement occupés par des immeubles de 5 à 6 étages. Le tissu ancien disparaît peu à peu. Ces constructions se font de manière ponctuelle, sans plan d´ensemble et sans toucher à la trame viaire sauf pour la Buire, où les anciens ateliers ont laissé place à une urbanisation dont l´organisation est cohérente autour de l´ancienne place de la Buire, l´actuelle place Bir Hakeim.
Le 3ème est un arrondissement riche aux multiples facettes. Les différents quartiers qui le composent se sont individualisés les uns des autres, formant aujourd´hui l´arrondissement le plus dynamique de Lyon. Une urbanisation grandissante le modifie : de plus en plus de constructions neuves viennent remplacer le tissu urbain ancien. Cependant, il est encore possible aujourd´hui d´apercevoir, au détour des rues, le caractère originel des différents secteurs. Ainsi à Montchat, l´architecture industrielle côtoie encore un habitat de petite dimension.
La trame viaire est classiquement en damier, mais l´orientation n´est aucunement liée aux points cardinaux ni autres trames en cours d´ouvertures (celles de Morand et Tournelles). Les rues, dont l´axe central est le cours Henri (actuel cours du Docteur Long), sont tracées du SO au NE. Ce cours correspond à la grande allée ombragée de tilleuls qui conduit au château depuis le XVIIIe siècle. À l´extrémité nord, le cours Richard-Vitton recoupe le tracé en légère courbe du vieux chemin de la route de Genas.
L´opération qui est un succès est déjà largement engagée quand en 1858, Richard-Vitton écrit au préfet Vaïsse (maire de Lyon et préfet) et à Delerue (ingénieur des ponts et chaussées chargé de la rive gauche du Rhône), pour offrir de céder le sol des rues du lotissement. L´entretien est à la charge de la ville. En réalité, la ville est mise devant le fait accompli car les rues sont déjà tracées et parfois même empierrées. Le cours Henri est légèrement infléchi pour constituer une ligne droite dont le prolongement (qui n´a jamais été réalisé) devait aboutir à la place de Monplaisir (aujourd´hui Ambroise Courtois). Sur ce même cours, il est préconisé dans les actes de vente que les maisons doivent être construites à 10 mètres des limites pour permettre des plantations. Celles-ci s´ajoutant à celles du cours donneraient naissance, selon Delerue, à un « axe vert comparable à ceux des quartiers périphériques de Londres » . Ces prescriptions ont été longtemps suivies et Montchat est encore, en quelques endroits, un quartier de Villas noyées dans la verdure.
Ces zones vertes perdureront longtemps. La famille Bonfy, fermiers des Richard Vitton est encore en activité en 1936, ce zonage agricole sera remplacé par le développement urbain et industriel.
Le développement de ce secteur est lié à l´essor des transports en commun qui facilite les déplacements. En 1881, le tramway à chevaux relie Montchat au centre de Lyon avec la ligne Bellecour Montchat. En 1896, la ligne de tramway à vapeur rejoint les Cordeliers à Montchat. Le tramway électrique fait son apparition en 1902. Puis les bus et la ligne de métro D viendront parfaire la desserte de Montchat.
Dans les années 1930, le secteur de Grange-Blanche devient indépendant de Montchat avec l´essor des grandes enceintes médicales qui se mettent an place. En 1928, Rockefeller fit un don pour la construction de la faculté de médecine. L´hôpital Edouard Herriot est inauguré en 1933. Dans le même temps, une clinique mutualiste s´installe rue Trarieux, puis peu après l´hôpital militaire Desgenettes prend sa place Boulevard Pinel, sans oublier l´Hôpital du Vinatier à Bron.
Les petits ateliers et industries sont encore en activités mais, ce qui marque la fin du XXe siècle, à Montchat, comme pour le 3ème arrondissement, c´est le départ des industries qui ferment ou qui vont s´installées en périphérie. En conséquence, les espaces vacants sont nombreux et le tissu urbain se densifie. L´habitat se développe et même si au début des années 1960 Montchat semble encore épargné par l´urbanisation grandissante, la situation évolue et les maisons les plus petites sont remplacées par des immeubles collectifs de six étages en moyenne. Ces mutations urbaines sont surtout visibles cours du Docteur Long. Dans les années 1980, l´urbanisation est telle, que les Montchatois protestent contre les constructions d´immeubles de grandes hauteurs autorisées par le plan d´occupation des sols.
Aujourd´hui, Montchat garde son caractère résidentiel originel, de nombreuses petites industries ont été remplacées par des activités commerciales ou tertiaires, certains sites sont encore en activité. D´autres sites industriels ont été reconvertis, mais certains sont vides et désaffectés. Ce sont les témoignages industriels de Montchat. Ces sites méritent une attention particulière puisque leur mutation est prévisible à court terme. Les traces du passé industriel sont encore aujourd´hui présentes dans ce secteur, mais il est parfois difficile de les repérer puisqu´elles sont totalement confondues dans le tissu urbain. Ce périmètre industriel qui s´étend au nord-ouest contraste avec la partie sud-est qui est essentiellement résidentielle avec le clos Chautagne. Cette différence créée une césure dans la lecture du tissu urbain. La question de la place des sites industriels et des villas d'industriels de ce secteur reste posée.
Ces questions sont d´actualité puisque tout près de Montchat, au sud-ouest, entre les rues Feuillat, et Dauphiné et entre l´avenue Lacassagne et le cours Albert Thomas, le secteur est entièrement modifié : les constructions contemporaines effacent le tissu ancien. Le 3eme arrondissement reste donc un laboratoire d´une ville qui se reconstruit sur elle-même.
Source principale : PELLETIER Jean, Connaître son arrondissement, Le 3ème de la Guillotière à la Part-Dieu, de Montchat à Monplaisir, ed. Lyonnaises d´art et d´histoire, C. E., 2000.
A.M. Lyon, cote 1 S 165a : plan de scénographique de Lyon de 1550
CHAUVY Gérard, Les quartiers de Lyon au fil des rues. ed Privat, Toulouse, 1993.
BAZIN George, Montchat, Lyon 3ème, un ancien lieu dit de la rive gauche. 1956. P. 29
PELLETIER Jean, Connaître son arrondissement, Le 3ème de la Guillotière à la Part-Dieu, de Montchat à Monplaisir, ed. Lyonnaises d´art et d´histoire, C. E., 2000. P. 34
JAMBON Yannick, aux marges des villes modernes, les faubourgs dans le Royaume de France du XVIe au début du XXe siècle., PUL, 2017. Carrel Suzanne : Histoire du quartier de la Villette de 1850 à 1950, ed Bellier, 1998.
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