Dossier d’œuvre architecture IA38000514 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, Patrimoine industriel
Tissage Schwarzenbach dit Société Lyonnaise de Soierie SLS
Œuvre monographiée
Copyright
  • © Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Rhône-Alpes patrimoine industriel - Bourgoin-Jallieu Sud
  • Hydrographies la Bourbre
  • Commune Ruy
  • Adresse chemin de Ruy
  • Cadastre 2004
  • Dénominations
    tissage
  • Précision dénomination
    usine pensionnat
  • Parties constituantes non étudiées
    atelier de fabrication, logement d'ouvriers, logement patronal

L´origine de ce site remonte à l´acquisition par Joseph Victor Auger, fils d´un riche négociant et rentier, d´un tènement de cinq hectares, acquisition provenant de la dot de sa femme Claudine Emilie Gindre qui lui avait été remise par sa tante Vettard. Ce site comprenait une maison bourgeoise et de nombreux bâtiments annexes à Boussieu. Joseph Victor Auger et son beau-père, Louis Rose Gindre, négociant soyeux, décidèrent de s´associer afin de construire un atelier de moulinage et de tissage mais cet investissement nécessitait d´acquérir d´autres terrains. En décembre 1847, le tènement des moulins, qui appartenait à Antoine Rivoire, propriétaire à Bourgoin et son épouse Marie Aimée Vettard, est acheté et en 1849 ce sont la majorité des terrains situés au sud de la propriété qui sont acquis (acquisition de maître Benoît Orcel, avocat à Bourgoin). Il faudra attendre trois ans avant que toutes les autres parcelles soient réunies. En 1855, Victor Auger reçoit l´arrêté préfectoral autorisant la dérivation des canaux, l´un pour alimenter le tissage, l´autre pour le moulinage. Les travaux purent alors être entrepris. L´usine fut fondée en 1850 et dès l´ouverture, Joseph Victor Auger fit venir les soeurs de Sainte-Philomène de Saint-Marcellin afin d´assurer l´encadrement et l´éducation des jeunes ouvrières logées au sein de l´usine, qui étaient pour la majorité des filles de la campagne que la galère amenait le lundi à l´usine et ramenait le samedi vers midi. Une chapelle fut aménagée pour permettre la célébration des offices. Victor AUGER va perfectionner son outil de production avec la venue à Bourgoin d´un mécanicien, Théophile DIEDERICHS. En 1863, l´usine s´agrandit et vers 1865, elle prit le nom de GINDRE et AUGER . En 1883, Victor AUGER vendit son entreprise à Michel GRATALOUP, négociant lyonnais et ami des GINDRE. L´affaire fut conclue le 27 février 1883 par un acte signé en l´étude de Maître GIBOULET, notaire à Bourgoin. Puis l´entreprise fut rachetée par les établissements suisses SCHWARZENBACH à la fin des années 1890. Johannes SCHWARZENBACH fonda sa firme en 1830 à Thalwill (Suisse), époque où l´on tissait avec des métiers à bras. Il décèdera en 1861. Robert SCWHARZENBACH, un de ses fils parti étudier aux Etats-Unis les techniques d´exportation, choisira à son retour de fabriquer des articles jusque là spécifiques aux soyeux lyonnais et de créer une fabrique de soierie en Dauphiné. En 1891, Julius MALHER, associé de Robert SCHWARZENBACH, vint prospecter le Dauphiné afin de créer une fabrique de tissus de soie. L´usine située au lieu-dit « Boussieu » devint alors l´usine SCHWARZENBACH et Julius MALHER, directeur de la Fabrique était assisté par Edwin IRMINGER promu contremaître. Il fit venir des spécialistes comme Rudolf STAUB et le chef-monteur Henri WILMAN. Alfred MALHER, fils de Julius MALHER, vint remplacer son père à la tête de l´usine. Il sera le moteur de l´extension des Tissages de Boussieu. Le tissage commença avec 151 métiers à bras auxquels furent rapidement adjoints 418 métiers mécaniques. Le nombre de métiers à bras qui avait augmenté en 1901 pour atteindre 820, baissa en 1912 jusqu´à 282 tandis que les métiers mécaniques de la Tour du Pin et de Boussieu atteignirent en 1912 un total de 1040. Alfred MALHER va contribuer à une bonne intégration de ses compatriotes suisses en fondant l´Helvetia, association regroupant l´ensemble du personnel suisse de l´usine. Chaque année, une fête réunissait, dans les salons de l´hôtel César de Bourgoin, le personnel suisse et français pour l´Arbre de Noël. En 1896, l´usine de Boussieu comptait 600 ouvrières y vivant du lundi au samedi, encadrées par les religieuses de Sainte-Philomène. En 1897, une convention entre l´abbé Rieffel et Alfred Malher, directeur de l´usine, fut signée, ce dernier s´engageant à construire une maison pour loger les sourdes-muettes, la maison Saint-Antoine, dans le but d´assurer une main d´oeuvre stable à l´usine avec l´aide de Monsieur et Madame Auger. Une association fut créée en 1905 sous le nom Association pour la protection des Sourds-Muets adultes avec comme objectif : d´assurer l´existence de la Maison de pension affectée aux ouvrières sourdes-muettes travaillant à l´usine de soieries de MM. Schwarzenbach à Boussieu (...), de fonder dès que cela sera possible une Maison de Retraite pour les ouvrières sourdes-muettes, de s´occuper du placement des Sourds-Muets des deux sexes, ainsi que de leurs intérêts spirituels et de leur venir en aide pour la gestion de leurs affaires . La maison fut achevée en 1898 et les sourdes-muettes vinrent l´habiter au mois de mai. Cela durera jusqu´en 1936. Elles seront 20 en 1898, 50 en 1904 et plus de 60 de 1910 à 1936 . Les sourdes-muettes trop âgées pour travailler, vaquèrent aux soins du ménage et effectuèrent des travaux de broderie, de couture, ou de peinture sur étoffes. La maison Saint-François, construite à côté de la maison Saint-Antoine, servait de logements pour les soeurs et pour ces ouvrières-retraitées. Le 8 mars 1902, Soeur Mère PERPETUE prend en charge la maison et la petite communauté des Soeurs. En 1910, une chapelle remplace l´édifice initial: les vitraux et la table de communion sont en verre de Lalique, le chemin de Croix est celui de l´ancien hôpital de Bourgoin. A la fin du XIXème siècle, l´entreprise connaît une expansion internationale (Italie, Etats-Unis, Allemagne et France). Le site de Boussieu emploiera jusqu´à 2500 personnes en 1902. L´usine fonctionnera comme usine-pensionnat jusque dans les années 40. La cité ouvrière témoigne d´une volonté plus récente de fixer la main d´oeuvre (années 30-40). L´usine de Boussieu deviendra la Société Lyonnaise de Soierie (SLS) en 1974 avec comme directeur Pierre Schwarzenbach, date avant laquelle elle faisait encore partie du groupe suisse Schwarzenbach. L´essentiel de la production consistait en la production de paillettes de soie. Les produits étaient principalement diffusés sur le marché français mais s´exportaient aussi en Angleterre. La Société Lyonnaise de Soierie répartissait sa production en deux départements : le tissu d´habillement et le tissu industriel (planches à voile, rubans d´ordinateur). Elle déposa le bilan à la suite de difficultés financières en 1983. Le secteur de l´habillement sera démantelé, les métiers seront évacués et les tissus bradés. La Société Nouvelle Corkis emploiera, après 1983, 48 collaborateurs de la SLS avec comme perspective une nouvelle répartition des locaux, une transformation de l´ancien internat fermé depuis les années 40 en appartements de fonction. L´entreprise connaît un second dépôt de bilan en 1987 puis l´activité reprendra avec 70 salariés en faisant du tissage à façon pour l´habillement. L´entreprise rachetée par la Société Suisse Stehli en 1992 et les Tissages de Ruy seront liquidés en 1993 mettant 56 salariés au chômage. Le bâtiment Saint-François avec la chapelle qui appartient à l´Association paroissiale de Boussieu (commune de Nivolas-Vermelle). Le rez-de-chaussée sert de salle de réunion et de salle de catéchisme pour l´association. Cette dernière loue l´étage qui a été réhabilité en un appartement. Ce bâtiment n´a pas changé d´aspect, hormis un petit garage qui a été ajouté. La chapelle, construite par l´abbé Rieffel, se vit ajouter en novembre 1934 un chœur et un clocher grâce aux kermesses organisées par les religieuses. Une cité ouvrière située sur trois communes, Nivolas-Vermelle, Ruy et Bourgoin-Jallieu. Sur la commune de Nivolas-Vermelle se situent les deux barres appelées les cités vertes du fait de la couleur qu´ont pu avoir les volets. Sur Bourgoin-Jallieu se situent les maisons individuelles ; on peut donner comme exemple la rue de Genève où se trouvaient les « maisons des directeurs » appelées encore les préfectures. Sur Ruy existent deux ensembles ; un ensemble appelé les maisons roses et un autre appelé les maisons vertes. L´ensemble de la cité ouvrière est habité. Une partie des logements a été démolie au moment de la construction de l´autoroute. Ses habitants sont soit locataires soit propriétaires. On peut noter que dans la rue de Genève se situe la majorité des anciens ouvriers de l´usine ; c´est aussi la rue où les logements ont subi le moins de modifications. Les maisons ont été vendues à partir de 1960 environ. Le hameau de Boussieu possédait également une école située dans un premier temps en face de la Maison Saint-François, qui a été déplacée à l´emplacement actuel du terminus des bus. Elle est aujourd´hui située sur la commune de Bourgoin-Jallieu. Le hameau de Boussieu possédait du temps de l´usine un certain nombre de petits commerces ; on peut noter la Maison Blanche qui était un café, une épicerie, une boulangerie fermée depuis environ deux ans. Certaines personnes rencontrées évoquent une garderie gérée par les soeurs située face à l´usine sur la commune de Ruy. La maison patronale constitue une entité à part : elle possède son entrée indépendante qui se compose d´un grand portail ainsi que de la maison du gardien. Elle s´élève sur deux niveaux de volumes simples couverts d´une grande toiture à quatre pentes. Sa façade principale est composée symétriquement par rapport à un axe vertical. Au premier étage, le balcon domine le porche de l´entrée. En arrière plan, on distingue d´autres bâtiments constitués par les dépendances. Cette maison est devenue un grand restaurant, « Les Séquoias », et appartient à un Monsieur Laurent Thomas. Le plan d´ensemble de l´usine a été conçu de telle sorte que chaque unité s´insère au gré des espaces disponibles. Les bâtiments de moulinage et les dépendances ont été détruits. La chapelle de l´usine a, quant à elle, été démontée en octobre 1990. Il existe une rumeur autour de cette chapelle prétendant qu´elle aurait été reconstruite dans une propriété de la famille Schwarzenbach Les tombes des soeurs ayant encadré les sourdes-muettes se situent au cimetière de Nivolas-Vermelle. Les bâtiments de production appartiennent à un propriétaire privé. Le musée de Bourgoin-Jallieu, musée de société qui a un rôlr majeur à jouer sur la valorisation du patrimoine textile en Nord-Isère, s'intéressait à cet ensemble et prévoyait de le sauvegarder et d'entreprendre des visites pour les journées du patrimoine. Les bâtiments de l'usine-pensionnat ont brûlé le 12 juillet 2004.

  • Période(s)
    • Principale : 3e quart 19e siècle
  • Dates
    • 1850, daté par source

Le site se compose actuellement de : l´unité de production, c´est-à-dire le bâtiment de tissage situé sur la commune de Ruy. Il constitue l´élément le plus important par sa volumétrie. Il réunit trois étages d´ateliers sur un rez-de-chaussée. C´est un parallélépipède surmonté d´une toiture à quatre versants. Les façades sont percées d´un nombre considérable de baies verticales : 17 travées. La trame des colonnes de fonte détermine le positionnement régulier des ouvertures. Ce bâtiment était éclairé initialement par des lucarnes à coupes débordantes disparues lors de la réfection de la toiture. Le bâtiment d´hébergement qui est l´un des plus anciens de l´usine (1850) et qui n´avait subit aucune transformation a été démoli en partie en octobre 1990 (commune de Ruy). Il se composait de trois étages avec un toit à deux versants. Il possédait des lucarnes comme les autres bâtisses éclairant ainsi un étage de combles. On pense qu´au rez-de-chaussée s´organisaient les différents services (cuisine, réfectoire, locaux destinés à l´instruction religieuse et à l´apprentissage des tâches domestiques). Les étages supérieurs servaient de dortoirs. Ils étaient desservis par trois escaliers, un central dans l´axe du bâtiment, un à l´extrémité ouest et un dans une tourelle. Ce bâtiment est orienté est/ouest. A l´est, sur la route de Ruy à Boussieu, il forme l´enceinte de l´usine et à l´ouest il donne sur la cour intérieur de l´usine. Il aurait été réaménagé en logements dans les années 80. Les ateliers sous sheds (commune de Ruy): une première partie a été construite à la fin du XIXème siècle, une autre dans les années 1948, sur l´implantation de l´ancienne cours de l´usine. On peut penser que les constructeurs ont réagi en fonction d´un problème de lumière car l´ancien atelier en étage faisait écran. Ce type d´architecture correspond à une charpente sur poteaux. Ces ateliers nécessitaient une importante surface d´implantation. La maison Saint-Antoine où logeaient les sourdes-muettes (commune de Nivolas-Vermelle). Elle a été réhabilitée en appartements. Son aspect a peu changé.

  • Murs
    • pierre
  • Toits
    tuile mécanique
  • Étages
    3 étages carrés
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • Typologies
    usine pensionnat
  • État de conservation
    bon état
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler

Le bâtiment principal (tissage) est de très belle qualité architecturale et mérite d'être réutilisé ou protégé monument historique : bel exemple d'usine-pensionnat du nord-dauphiné. Le musée de Bourgoin-Jallieu, musée de société qui a un rôlr majeur à jouer sur la valorisation du patrimoine textile en Nord-Isère, s'intéressait à cet ensemble et prévoyait de le sauvegarder et d'entreprendre des visites pour les journées du patrimoine. Les bâtiments de l'usine-pensionnat ont brûlé le 12 juillet 2004.

  • CHARRUT, Estelle, La construction du patrimoine industriel textile à Bourgoin-Jallieu, étude de cas autour d'un projet de valorisation : le site de l'usine Schwarzenbach, mémoire de master 2, SADL, sociologie, université Lyon 2, 2003-2004Croquis Lelard et Pivot

    AP
  • CHARRUT, Estelle, La construction du patrimoine industriel textile à Bourgoin-Jallieu, étude de cas autour d'un projet de valorisation : le site de l'usine Schwarzenbach, mémoire de master 2, SADL, sociologie, université Lyon 2, 2003-2004plan : état des constructions en 1891

    AP

Bibliographie

  • CHARRUT, Estelle, La construction du patrimoine industriel textile à Bourgoin-Jallieu, étude de cas autour d'un projet de valorisation : le site de l'usine Schwarzenbach, mémoire de master 2, SADL, sociologie, université Lyon 2, 2003-2004

  • VAILLERANT, Jacques, (ss la direction de) Le nord-dauphiné : points de vue, écomusée nord-dauphiné, mars 1984

    p. 96 à 115
  • ALLOUA, F., NAVE, H., RUET D. Sous la direction de DUPRAT B., Architecture du tissage, usines pensionnats et internats du Dauphiné, Ecole d'Architecture de Lyon, 1982

Date(s) d'enquête : 2004; Date(s) de rédaction : 2004
© Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel