En 1853, le curé de Lézigneux, l´abbé Barthélemy Fond, prend la résolution de remplacer la communauté de Saint-Joseph "qui vient de tomber" par un établissement dont le but sera d´instruire les jeunes filles et de former un atelier des métiers de soierie. La commune lui accorde comme subvention le legs du curé Bouchet (mort en 1826) : 900 F destinés à l´instruction des pauvres de la commune. L´abbé Fond achète le terrain le 28 février 1854. En avril, une maison à usage d´école et d´habitation pour des religieuses y est bâtie, par le maçon Thissier (Gérossier, 1994, p. 63). Une religieuse originaire de Lézigneux, la soeur du Sacré-Coeur (Benoîte Chauve), deux soeurs de la congrégation de la Croix, du Puy (Séverine et Séraphine Serre), puis la soeur de la Croix (Jeanne Marie Cerisier, de Merle), qui est la seule à avoir son brevet d´enseignante, forment la communauté, ensuite rejointe par deux autres religieuses originaires de Lézigneux. C´est une communauté autonome vivant sous la direction spirituelle du curé, où chaque religieuse administre elle-même ses biens ; le domaine hérité de ses parents par Benoîte Chauve assure le revenu principal de la communauté. L´enseignement des religieuses constitue en fait l´école publique de fille de la commune. Le 26 avril 1870, Jeanne Marie Cerisier achète "en son nom personnel" la maison de la communauté au curé Fond, pour 5000 F : "une maison d´habitation avec cour, bâtiments qui en dépendent et un jardin contigü, situé au bourg de Lézigneux, joignant le matin le cuvage de Jean-Claude Poncet" (le curé rembourse alors les 900 F d´aide allouées par la commune à ce projet en 1853). La commune accepte Jeanne Marie Cerisier comme institutrice des filles à condition de ne payer rien d´autre que la rétribution scolaire et que l´école aura lieu au bourg dans les bâtiments qui appartiennent aux soeurs de la Croix. En 1886, sur ordre de l´archevêque, elles doivent s´affilier à une congrégation régulièrement érigée : le chanoine Peurière, curé de la collégiale de Montbrison, leur conseille la congrégation de Notre-Dame-de-Fourvière (Gérossier, 1994, p. 63). La congrégation envoie dès lors des religieuses pour assurer l´instruction. Il y a une cinquantaine d´élèves, mais leur nombre chute à la fin des années 1880 (loi Ferry). A partir de la rentrée de 1886, l´école publique de filles doit cependant cesser d´être dirigée par une religieuse (elle appartient à une congrégation non reconnue). Cette école, désormais confiée à une institutrice laïque, est transférée dans l´ancienne école de garçons. Le 18 juillet 1886, Marie Cerisier remplit donc une déclaration d´ouverture d´école primaire libre de filles. En 1891, l´école est déclarée avec pensionnat. En 1897, il y a deux classes. Les biens des religieuses sont légués d´une religieuse à l´autre à l´intérieur de la communauté. En 1894-1895, une partie passe à une religieuse venant de la congrégation de Fourvière. Elle vend la majorité des parcelles et confie l´argent au maire, Justin Dusser, afin qu´il soit placé.
En 1903, le préfet notifie un refus d´autorisation à la directrice de l´école de filles (en vertu de la nouvelle loi qui contraint à la fermeture des écoles congréganistes). Le conseil municipal lui demande de surseoir à cette fermeture, car l´école convient aux habitants et est gratuite pour la municipalité. Craignant la spoliation de l´établissement, l´une des soeurs envoyées par Notre-Dame-de-Fourvière dépose alors les titres des valeurs appartenant à la communauté à la maison mère à Lyon, ce qui provoque des protestations des religieuses originaires de Lézigneux. Elles vont demander l´aide du maire Dusser, qui réclame à la congrégation de Fourvière de restituer le capital de la maison de Lézigneux ; la congrégation refuse, mais alloue une subvention annuelle à l´école de Lézigneux (Crozet et alii, 2003, p. 60 sq). Le conseil municipal continue de soutenir l´école des soeurs : en 1909, un avis favorable est donné au maintien des religieuses de Notre-Dame de Fourvière dans leur établissement de Lézigneux ; elles instruisent les enfants, soignent les malades et secourent les indigents.
En 1916, la soeur propriétaire de la maison d´école (que lui a léguée Marie Cerisier) décède en la léguant à une autre religieuse, Catherine Favard, institutrice depuis 1904. Cependant le testament est contesté par le fisc, et l´école mise sous séquestre, puis mise en liquidation comme bien appartenant à la congrégation de Fourvière, malgré les démarches du nouveau curé. Finalement, Catherine Favard rachète l´école lors de sa vente, puis la cède à la Société civile des écoles libres de Lézigneux, fondée en 1921. L´école peut ainsi continuer d´exister.
A partir d´une date inconnue ce sont des religieuses de Notre-Dame-de-Chambriac (Usson-en-Forez) qui tiennent l´établissement. En 1966, le nouveau curé, l´abbé Fulchiron, fait agrandir et transformer une partie du bâtiment pour y accueillir les filles pensionnaires de l´école de la Madeleine à Montbrison (et des colonies de vacances l´été).
L´école ferme en 1982. Une partie des bâtiments a été conservée par l´association Saint-Martin, fondée à cette époque, comme salle de réunion et de catéchisme ; le reste a été transformé en logements.
Chercheur au service de l'Inventaire Rhône-Alpes puis Auvergne-Rhône-Alpes (1999- )