Ce lieu-carrefour, devenu aujourd’hui espace de convergence des rues principales de la ville haute, représente en quelque sorte son centre, en termes d’usage si ce n’est du point de vue de la géométrie. Jusqu’aux récents travaux de 2007, il n’a toutefois jamais été conçu véritablement comme une place « pensée » et « ordonnancée », malgré son appellation locale de place ("de la Mairie" ou "Antonin-Chastel"). Il résultait plutôt d’un ensemble d’espaces résiduels laissés libres par la voirie et les différents édifices bâtis en périphérie.
Sa vocation et sa permanence viennent peut-être du fait que ce quartier a rassemblé, au moins depuis le début du 17e siècle, plusieurs édifices de la vie publique et religieuse de la ville et a été traversé par la grand-route de Clermont à Lyon à partir du 18e siècle. Il constitue donc un centre de la vie publique, dont les édifices, en partie étagés sur la pente, ont été maintes fois transformés ou reconstruits et leurs fonctions modifiées, mais jamais totalement abandonnées. Ainsi se sont succédé ou cotoyé un couvent d’Ursulines et un collège-séminaire avec jardins et vignes, la mairie, une école publique, la sous-préfecture, un marché couvert, un bureau de poste, une gendarmerie et une médiathèque, sans oublier commerces, restaurants et cafés...
La topographie, pourtant, n’offrait pas un site aisé à organiser et à bâtir. Cela explique le manque d’ampleur de cet espace qui, pour être véritablement aménagé, a dû être longtemps contraint par d’impressionnants murs de soutènement à contreforts, rendus nécessaires par les très forts dénivelés. La rue desservant le collège (rue des Treilles puis rue du Huit-Mai) se trouvait nettement en contrebas du bâtiment des Ursulines, puis remontait en direction de l’actuel hôtel de ville. Une autre allée serpentait en descendant la pente pour atteindre le niveau de la cour et des autres accès au collège (et plus tard à l’école centrale). C’est aussi en bordure de cette voie qu’a été bâti le marché couvert dans les années 1880. La place proprement dite consistait en un simple espace élargi autour de la route de traverse, à l’avant de l’ancien couvent des Ursulines. Le périmètre en était découpé au gré du parcellaire, fortement remanié depuis les origines, en particulier lors des grands travaux d’arasement et de percement du 19e siècle - route de Lyon ou avenue Pierre-Guérin.
Le chantier de réaménagement de l’ensemble de ces espaces date des années 2006-2008 : il est dû au cabinet d’architectes Fabre et Speller. Ces travaux ont favorisé l’extension des surfaces disponibles en construisant un grand plateau horizontal sur piles au-dessus des anciens espaces de circulation situés en contrebas, utilisés désormais comme soubassements de parkings et locaux techniques. Ceux-ci sont venus combler les espaces vides dus au dénivelé. Cette plate-forme s’appuie aussi partiellement sur les bâtiments de l’école.
Il s’agit là d’un mode de faire qui, pour paraître moderne, n’en est pas moins très ancien, puisqu’utilisé déjà fréquemment par les Romains pour élargir les espaces constructibles autour des monuments édifiés sur des reliefs, grâce à des systèmes de caissons voûtés et de galeries de type cryptoportiques : nous en avons un proche exemple avec l’ancien forum d’Augustonemetum, sur la butte de Clermont-Ferrand, à l’emplacement de la cathédrale et de la place de la Victoire 1.
Ce système a permis d’égaliser les niveaux d’une grande partie de la place, mais a créé d’autres dénivelés, en particulier à son extrémité est : une passerelle, enjambant l’avenue Pierre-Guérin, a été aménagée pour faire le lien entre le fond de la nouvelle place et les terrasses de l’hôtel de ville, situées au même niveau mais de l’autre côté de la rue, restée en contrebas ; un escalier permet aussi de rejoindre directement l’avenue depuis cette même extrémité de la place.
Architecte (cabinet Fabre et Speller).