Une nouvelle cité ouvrière au nord-ouest de l'usine de Cataroux est projetée par la Manufacture Michelin en 1923 : un plan d'implantation est produit en juin et le 26 juillet 1923, Michelin décrit le projet dans un courrier envoyé à la mairie de Clermont-Ferrand : il prévoit alors un total de 220 logements répartis en 18 bâtiments de type O (soit 72 logements) et 74 bâtiments de type T (soit 148 logements).
En mai 1924, Michelin complète son projet avec 2 maisons ouvrières supplémentaires de type O (soit 8 logements) rue de Chalonnax, au sud-est. Puis des travaux pour 10 maisons supplémentaires de type T (un type T qui sera légèrement transformé et amélioré), au centre de la partie nord, sont engagés en 1939 et terminés en octobre 1940 (certificat de fin de travaux délivré en novembre 1942).
Les permis de construire seront obtenus, mais il semblerait que le nombre de constructions ait été revu un peu à la baisse en ce qui concerne le type O, puisqu’on ne retrouve, après-guerre, que 15 habitations quadruples de type O (60 logements) au lieu des 20 prévues ; en revanche les habitations de type T sont donc plus nombreuses que dans le premier projet : 84 habitations doubles au lieu des 74 prévues, puisque 10 maisons ont été ajoutées en 1940.
Prévue à l'origine comme une cité d'un seul tenant, étagée depuis le haut du coteau de Chanturgue jusqu'au bas, à proximité, côté ouest, de la cité de Chanteranne (qui s'édifie pour l'essentiel à la même époque), la cité va se retrouver scindée en une partie haute au nord et une partie basse au sud lors du tracé du boulevard Daniel-Mayer, entre 1994 et 1996. Cette nouvelle voie ôte toute homogénéité à la cité d'origine, même si les différentes typologies (maisons O et T) créaient déjà dans les faits des zones différenciées.
Désormais, parmi les constructions de type O, seules deux habitations de 4 logements (partiellement remaniées) sont encore en place en 2018 au sud de la rue Chalonnax ; les autres ont été progressivement démolies entre 1978 et 2017 : trois (entre le boulevard Daniel-Mayer et la rue Chalonnax) entre 1978 et 1980, deux (aux abords nord du boulevard Daniel-Mayer) entre 1996 et 1999 et, au même endroit, une entre 2000 et 2004 ; puis entre 2004 et 2006 ce sont trois constructions et demi (soit 14 logements) qui ont été détruites (à l'angle de la rue Chalonnax et de l'allée des Amandiers), la moitié restante (2 logements) ayant été à son tour démolie entre 2006 et 2009. Enfin, trois de ces constructions de type O, de part et d'autre du boulevard Daniel-Mayer, ont été démolies en 2016-2017.
Les habitations de type T ont, elles, presque toutes été conservées mais avec de nombreux remaniements. Sur l'ensemble de ces habitations doubles, 75 sont encore en place en 2018 (dont les plus récentes de 1940) et 9 ont été détruites : deux entre 1987 et 1991 (au sud-est de la partie haute de la cité), une entre 2000 et 2004 (au sud de la partie haute de la cité, à proximité de l'actuel boulevard Daniel-Mayer), cinq entre 2004 et 2006 (une au nord du boulevard Mayer et quatre au sud, allée des Amandiers) et une entre 2012 et 2016 (au nord du boulevard Daniel-Mayer).
D'autres types d'habitations coexistent dans la cité de Chanturgue, mais en nombre plus restreint : un habitat en bandes composé, d'une part, de 26 maisons individuelles accolées avec garages indépendants, et d'autre part, de 12 autres maisons individuelles, en bandes également, mais d'un modèle différent, toutes ayant été édifiées entre 1956 et 1960 dans le bas de la cité, au sud. Figurent également, dans cette même zone, trois immeubles collectifs et leurs garages, réalisés là encore dans les années 1956-1960. Ces constructions sont toujours en place en 2018.
Enfin, une campagne de construction de garages a été menée en 1987-1988 dans la partie haute de la cité, selon deux types de constructions, simples ou jumelées, adaptées au terrain en pente.
Cartographe-dessinatrice au service de l'Inventaire général du patrimoine culturel.