Le quartier du Clos-Chanturgue est créé en 1925, à partir d'un projet daté de juillet 1924 (obtention du permis de construire le 20 août 1924) : il se compose de 18 bâtiments de type T (adapté à la pente), soit 36 logements. Orienté sud-est, il surplombe l'usine de Cataroux au nord. Cette cité est directement voisine de la cité Saint-Vincent, au sud-ouest. Ses habitations sont encore en place en 2018.
Fin 1952, les demandes de permis d'un second chantier sont déposées ; il s'agit cette fois de maisons "Castors" (chantier mené par les futurs propriétaires), dont au-moins un modèle-type a été dessiné par l'architecte J. Bosser. Ce chantier s'ouvre à proximité de la première cité (du côté nord-est) : les habitations, prévues au nombre de 25 à l'origine (maisons strictement individuelles ou jumelées), seront 28 au final. Les travaux de construction sont achevés en octobre 1954 (et obtiennent le certificat de conformité en novembre 1956).
Une petite moitié (13) de ces maisons n'a pas fait l'objet de transformations notables jusqu'en 2018 ; les autres ont subi quelques aménagements et agrandissements dès 1953 et jusqu'en 2016 mais aucune n'a été détruite.
Enfin, en mai 1975, une demande de permis est faite par le service Logement de Michelin pour le projet d'un nouveau groupe de maisons. Il concerne la construction de 10 pavillons individuels mitoyens rue d'Apollon, à proximité des maisons déjà existantes du Clos-Chanturgue, côté nord-est, et dont les plans ont été dressés en décembre 1974. Le permis de construire est accordé le 4 juillet 1975. Les travaux sont déclarés comme étant achevés début mai 1977, mais des aménagements complémentaires des abords ayant été demandés - et finis de réaliser en février 1978 - le certificat de conformité n'est délivré que début décembre 1980. Ces pavillons sont toujours en place et n'ont a priori pas subi de grandes transformations.
Jean Bosser (Clermont-Ferrand, 22 février 1902, idem, 21 octobre 1984) suivit des études d’architecture à l’École spéciale des Travaux publics de Paris puis à l’École des Beaux-Arts de Clermont-Ferrand. Il exerça de 1926 à 1980 à Clermont-Ferrand et plus largement dans le Puy-de-Dôme. A la fin des années 1930, il est domicilié au 72 rue Lamartine. En 1965, son adresse est au n°7 du boulevard Duclaux.
A conçu en particulier, en 1951, les plans de certaines des maisons "Castor" de la cité ouvrière Michelin du Clos-Chanturgue à Clermont-Ferrand. Aurait également travaillé à des projets pour l'établissement thermal du Mont-Dore à la fin des années 1940. En 1929 puis en 1933, la maison et l'immeuble édifiés au 81 boulevard Jean-Jaurès et au 16 boulevard Fleury ne se démarquent pas des productions de l'époque encore très influencée par le style des années 1910. En revanche, en 1933, il dessine les plans de l'immeuble du 59 boulevard Jean-Jaurès qui prend la manière moderne (travée centrale en bow-window, couronnement par entablement, abandon de l'ornement des baies). En 1938, il produit les plans de la maison du n°1 du boulevard Cote-Blatin. La contrainte parcellaire, un triangle donnant au bâtiment le profil d'un fer à repasser, l'amène à adopter une solution que l'on voit émerger en 1937 chez Valentin Vigneron (renfoncement de travée ménageant des balcons), au n°29 du boulevard Cote-Blatin ou au n°110 du boulevard Lavoisier, sans que pour autant le morphologie parcellaire ait induit ce parti pour ce dernier. En 1939, pour l'immeuble du n°64 boulevard Jean Jaurès, Jean Bosser persiste dans l'inspiration de Vigneron (traitement de la travée centrale rappelant celle du 24 boulevard Jean-Jaurès, V. Vigneron architecte, 1938). C'est également en 1939, qu'il s'écarte de cette source d'inspiration pour l'immeuble de la Caisse primaire de l'Union des sociétés de Secours mutuel, au 50 avenue d'Italie puis, au début des années 1960 pour sa surélévation. La même année (1939), il produit les plans d'un immeuble au n°9 boulevard Cote-Blatin. La réalisation s'écarte du projet d'origine et y perd son sobre équilibre. En 1947, il propose le bâtiment en extension de l'école ménagère Sainte-Jeanne -d'Arc, au 54 boulevard Jean-Jaurès, dont l'élévation sud se conforme au bâtiment préexistant (Charles Marc, architecte) mais dont la façade, à l'est, révèle une série d'ouvertures barlongues. Il poursuivra l'évolution du site en édifiant, en 1962, un bâtiment en fond de parcelle à élévation en ossature béton conservant en façade le principe des ouvertures barlongues. En 1951, le dessin d'élévation de la maison au 81d du boulevard Jean-Jaurès reprend le quadrillage en faux-joints de Valentin Vigneron tandis que les volumes sont d'expression assez brute, en parallèle, l'année d'après, la maison du 81e boulevard Jean-Jaurès revient au code traditionnel (bossage du rez-de-chaussée, fonctionnalisme). En 1955, il s'associe à Valentin Vigneron pour réaliser l'immeuble du n°31 boulevard Cote-Blatin. Si la symétrie de l'édifice peut renvoyer à la manière de Jean Bosser, le marquage des lignes horizontales et verticales de l'ossature en béton du bâtiment est volontiers employé par Valentin Vigneron. On retrouve cette affection pour la symétrie dans l'immeuble édifié dans le courant des années 1960 au n°3 du boulevard Jean-Jaurès. Dans la seconde moitié des années 1960, il est architecte d'opération de la résidence universitaire de jeunes filles, située au n°24 du boulevard Cote-Blatin (maître d'ouvrage, ministère de l'éducation nationale, direction de l'équipement scolaire universitaire et sportif, office public d'HLM de la ville de Clermont-Ferrand, architecte en chef Auguste Arsac, 180 bd Saint-Germain, Paris). Cette opération immobilière implantée sur une vaste parcelle ne s'affranchit pas totalement de l'alignement par rapport à la voirie mais adopte une non mitoyenneté ménageant un effet de dissémination en bord de rive.
Le milieu catholique lui assura des commandes importantes, parmi lesquelles, à Clermont-Ferrand, dans les années 1930, les chapelles de la Maîtrise (école Massillon) et de l’évêché (rue Pascal), et dans les années 1950-1960, les églises Notre-Dame de la Route, Sainte-Thérèse de l’Enfant-Jésus (avec Jean-Louis Douat), Sainte-Bernadette et Saint-Austremoine.
Il construisit aussi à Clermont-Ferrand trois cinémas : l’« ABC », « L’Ambiance », « Le Globe », ainsi que la salle Saint-Genès (à l’arrière du n° 9 place Michel-de-l’Hospital). Il fut enfin le maître d’œuvre de nombreuses maisons (certaines très modestes) et d’immeubles d’habitation (par exemple à Clermont-Ferrand n° 9 place Michel-de-l’Hospital et n° 13 avenue des États-Unis).